Déclaration à la presse de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur les relations entre la France et le Soudan et sur l'évolution de la politique intérieure et extérieure du Soudan, Paris le 8 juin 1999.

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Circonstance : Entretien de M. Josselin avec M. Mustafa Osman Ismail, ministre soudanais des relations extérieures, à Paris le 8 juin 1999

Texte intégral

Q - Pouvez-vous nous parler de vos entretiens avec son excellence M. Mustafa Osman Ismaïl ?
R - J'ai été heureux de revoir le ministre soudanais des Relations extérieures que j'avais rencontré à Khartoum au mois d'août dernier. Ce voyage m'avait permis de rencontrer aussi le président du Soudan et avait, je crois, marqué sans doute une évolution dans le jugement que la France porte sur le Soudan. C'est un immense pays, qui a une situation stratégique privilégiée. Depuis, nous suivons avec attention l'évolution à la fois de la politique intérieure du Soudan mais surtout de ses relations avec ses voisins.
J'ai eu le plaisir, ce matin, à dire au ministre des Relations extérieures combien nous apprécions la manière dont les choses évoluent à la fois au plan intérieur mais aussi dans les relations extérieures du Soudan avec ses voisins.
Je pense que le moment est venu où le Soudan va pouvoir réintégrer pleinement la communauté internationale et jouer le rôle que son importance démographique, sa situation géographique mais aussi son potentiel économique, lui autorisent à jouer, à la fois pour le développement de cette région mais, aussi, pour participer à la stabilité et à la paix dans une partie de l'Afrique qui en manque encore cruellement. Nous sommes convenus également que, dans le cadre de l'Union européenne, la France s'efforcerait de faire en sorte que les relations entre l'Europe et le Soudan soient renforcées, avec peut-être, en perspective, l'adhésion du Soudan aux Accords de Lomé, même si ceci va demander encore un temps de réflexion.
J'ai dit aussi à mon interlocuteur que si la situation de son pays continuait d'évoluer favorablement du point de vue de la démocratie et des Droits de l'Homme, nous pourrions envisager que le Soudan rejoigne la "Zone de solidarité prioritaire" qui, comme vous le savez, définit en quelque sorte les pays avec lesquels nous voulons une relation privilégiée.
Q - La France pourrait-elle jouer un rôle dans les pourparlers menés par le gouvernement de Khartoum et l'opposition soudanaise ?
R - Nous avons déjà commencé, au sein de l'IGAD en particulier, à militer pour le dialogue et la réconciliation et nous avons surtout essayé de convaincre nos partenaires occidentaux que la violence au Sud avait peu de chances de déstabiliser Khartoum mais, par contre, qu'elle créait des souffrances dont la population civile est bien entendu la première victime. C'était aussi pour éviter de continuer à encourager, sans aucun espoir de résultats, des mouvements qui pour l'instant entretiennent l'instabilité dans toute la région.
Q - (Autres sujets de discussion)
R - Je compléterai simplement ce petit compte-rendu en rappelant que nous avons évoqué la situation de l'Algérie, - puisque M. Mustafa Osman Ismaïl était, il y a quelques jours encore, avec le président Bouteflika - et également avec l'analyse du Soudan concernant les chances de paix dans la région des Grands lacs. Le Soudan y est directement impliqué mais, surtout, beaucoup de ses voisins et cette question soucie le Soudan comme la France. Là encore, j'ai été heureux d'apprendre que les Soudanais pensent que l'espoir de paix dans la région des Grands lacs évolue favorablement.
Q - Les sanctions européennes pourraient-elles être levées ?
R - Je l'ai dit, j'espère que l'évolution de la situation intérieure du Soudan va nous permettre, assez rapidement, d'examiner le dossier des sanctions avec l'espoir de pouvoir les lever.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 juin 1999)