Texte intégral
Q - On vient de vous voir poser avec le hashtag # Bringbackourgirls. Est-ce que vous croyez à la libération de ces jeunes filles, en sachant qu'il y a encore eu des enlèvements récemment, des attaques régulières. François Hollande a été très optimiste, est-ce qu'il a manqué de prudence ? Est-ce qu'aujourd'hui l'optimisme est permis dans cette affaire?
R - Nous venons, avec mon collègue allemand, de rencontrer longuement la société civile et en particulier les personnes qui mènent ce combat sur le terrain, un combat pacifique. C'est vrai qu'il y a eu une annonce de cessez-le-feu, mais qui n'a pas été suivie d'effet. On a discuté de la complexité de la situation parce que ceux qui discutent le cessez-le-feu devraient être sûrs qu'en face d'eux il y a des gens vraiment capables de décider. Et on n'est pas sûr que les jeunes filles se trouvent toujours au même endroit. Il y a des gens qui veulent discuter mais qui, en fait, sont des intermédiaires intéressés par l'aspect financier et qui n'ont pas de capacité de décision. Mais les discussions continuent et notre visite a pour objet - c'est effectivement l'un de ses objets - de faire en sorte qu'on puisse accélérer la libération de ces jeunes filles.
Maintenant, pour être honnête, il faut aussi dire que, comme vous l'avez souligné, il y a eu depuis d'autres enlèvements, et bien sûr la situation de ces jeunes filles est effrayante mais il y a beaucoup d'autres exactions qui sont commises. Ce que nous allons faire toute la journée, en rencontrant les responsables de la société civile et du gouvernement et le président du Nigeria, c'est de les écouter et d'insister sur le nécessité urgente de cette libération.
Q - Mais comment les aider pour libérer ces jeunes femmes ? Concrètement comment la France peut-elle aider ?
R - Concrètement, la France fait déjà un certain nombre de choses. Il y a quelques mois, nous avions réuni à Paris tous les pays limitrophes pour essayer de voir comment on pouvait les aider à lutter contre Boko Haram. Depuis, je ne vais pas révéler de secret, il y a un certain nombre d'informations qui sont livrées par nos propres services pour aider, non seulement à cette libération mais à la lutte contre Boko Haram. Nous sommes, évidemment, en contact avec le président du Tchad qui est très actif dans cette médiation et nous nous tenons aux côtés des différents gouvernements concernés. Il y a le gouvernement du Nigeria, mais il y a aussi ceux du Tchad, du Cameroun et du Niger et nous agissons sur tous ces points ensemble. Mais tant qu'elles n'auront pas effectivement été libérées, il y a des discussions. Mais ce qui compte c'est leur libération effective.
Q - En quoi la France se sent concernée par cette libération des lycéennes ?
R - Elle est concernée d'abord sur le plan humain. Quand vous voyez 200 petites jeunes filles enlevées, promises à être mariées de force ou à la prostitution, c'est une situation effrayante. On est aussi concerné parce que la France est l'amie de l'Afrique et du Nigeria et des pays voisins. Et on est concerné aussi parce qu'il s'agit de terrorisme, et les mouvements terroristes, même si chacun a sa spécificité, ont des atrocités qui s'additionnent les unes les autres. Il y a une crainte, c'est qu'à un moment donné ils fusionnent. Pour toutes ces raisons, on est vraiment concerné. (...).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 octobre 2014