Texte intégral
THIERRY BECCARO
TELEMATIN ! 7 h 50, c'est l'heure des 4 VERITES, Roland SICARD reçoit aujourd'hui Marisol TOURAINE, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, bonjour.
ROLAND SICARD
Bonjour à tous, bonjour Marisol TOURAINE.
MARISOL TOURAINE
Bonjour Roland SICARD.
ROLAND SICARD
Un mot avant de parler du budget de la Sécu qui sera adopté peut-être aujourd'hui à l'Assemblée nationale, je voudrais que l'on revienne sur l'affaire de cet écologiste mort tragiquement dans le Tarn, est-ce qu'il s'agit d'une bavure ?
MARISOL TOURAINE
C'est d'abord un drame humain, une tragédie, et moi je pense à ce jeune homme de 21 ans, je pense à ses parents, à sa famille - parce qu'on ne meurt pas comme cela dans une manifestation et, donc, je veux leur présenter mes condoléances ; et puis cet évènement tragique rappelle qu'il faut être responsable, attentif, dans les manifestations. Des enquêtes sont en cours, des enquêtes diront ce qui s'est passé et c'est à partir de là que des décisions pourront être prises.
ROLAND SICARD
Alors le budget de la Sécurité Sociale, plusieurs anciens ministres dissent déjà qu'ils ne le voteront pas. Est-ce que là il y a une ligne jaune qui est franchie, est-ce que ces anciens ministres font encore partie de la majorité ?
MARISOL TOURAINE
C'est un budget de la Sécurité Sociale qui est un budget à la fois efficace et juste ! Efficace pour engager des réorganisations de fond de notre système de Sécurité Sociale mais qui porte des mesures de justice et, donc
ROLAND SICARD
Mais, alors, pourquoi d'anciens ministres ne le votent pas ?
MARISOL TOURAINE
Eh bien moi je voudrais qu'ils m'entendent, parce qu'il y a bien un texte qui justifie ladhésion, le soutien de la gauche, c'est celui-là. Dans ce texte nous engageons la première étape du tiers-payant, c'est-à-dire ce dispositif qui va permettre d'aller chez le médecin sans avancer le prix de la consultation ; c'est dans ce texte que nous supprimons des franchises, des franchises médicales, sur les médicaments, sur les consultations pour les ménages les plus modestes ; je sais que beaucoup de ces parlementaires sont attachés, préoccupés par le manque de médecins par exemple dans les territoires ruraux, eh bien nous poursuivons le travail qui a été engagé, que j'ai engagé il y a deux ans, en permettant l'installation de jeunes spécialistes dans les territoires où il n'y a pas suffisamment de médecins. Donc, il y a toute une série de mesures, de mesures fortes, de mesures justes. Franchement être de gauche et permettre la suppression des franchises pour les ménages modestes, permettre le tiers-payant, la première étape du tiers-payant, c'est quelque chose qui doit nous rassembler et nous mobiliser et c'est donc un texte j'insiste c'est un texte qui engage des réformes de fond, on peut en parler avec les allocations familiales, on pourrait en parler avec la santé
ROLAND SICARD
On va en parler !
MARISOL TOURAINE
Mais qui engage des réformes de fond, qui est donc efficace dans la perspective du maintien de notre système social et qui prend des mesures fortes, concrètes, symboliques pour les Français.
ROLAND SICARD
Donc, selon vous, l'attitude des Frondeurs c'est une posture politique, politicienne ?
MARISOL TOURAINE
Franchement, j'appelle à la responsabilité et la solidarité. Parce qu'il n'y a pas dans ce texte d'élément qui justifie l'abstention des Frondeurs- ou de ceux qui s'appellent les Frondeurs - et donc je crois que vient un moment où il faut savoir assumer ses responsabilités, parce que des mesures de gauche
ROLAND SICARD
Donc, vous pensez que le budget sera voté ?
MARISOL TOURAINE
Moi j'ai confiance, oui, le budget de la Sécurité Sociale cet après-midi sera voté. Parce qu'il y va à la fois de la cohérence de l'action gouvernementale, de l'action de la majorité et puis il y va tout simplement de la conception que lon se fait à la fois du travail parlementaire et puis de la justice, de la justice qui est engagée, parce qu'il faut expliquer pourquoi on ne vote pas pour les mesures telles qu'elles figurent dans ce texte.
ROLAND SICARD
On parlait des allocations familiales, elles vont être réduites
MARISOL TOURAINE
Oui !
ROLAND SICARD
Est-ce que c'est une bonne idée de réduire des allocations familiales, qui est peut-être l'une des politiques qui marchent le mieux en France, puisque la France est le pays qui fait le plus d'enfants en Europe ?
MARISOL TOURAINE
La politique familiale française elle est forte et la natalité française c'est un atout dans l'Europe d'aujourd'hui, on le voit bien par rapport à d'autres
ROLAND SICARD
Mais les allocations familiales vont être baissées.
MARISOL TOURAINE
Mais est-ce qu'on imagine que ce sont les allocations familiales seules qui expliquent la natalité française et le dynamisme de notre démocratie ? Bien sûr que non !
ROLAND SICARD
Ca joue !
MARISOL TOURAINE
De notre démocratie ? Bien sûr que non !
ROLAND SICARD
Ca joue !
MARISOL TOURAINE
Ce qui joue beaucoup c'est la possibilité pour les femmes, parce que c'est les femmes qui sont principalement concernées, d'être à la fois mères de famille et actives professionnellement. Une politique familiale forte aujourd'hui c'est une politique qui crée des places de crèche et nous avons créé des places de crèche depuis deux ans, nous devons amplifier le mouvement et, pour cela, notre politique familiale elle ne peut se limiter à des allocations et à des prestations. Il y a d'ailleurs déjà beaucoup de prestations qui sont sous condition de ressources et donc là, avec les allocations, qu'est-ce que nous faisons ? Nous disons : « au-dessus de 6.000 euros de revenu pour un ménage, elles vont baisser », 6.000 euros et au-dessus c'est 10 %, 11 % des familles seulement, donc on voit bien que la politique familiale elle est forte, concentrée, en direction des classes moyennes - des catégories modestes, mais des classes moyennes et puis elle développe, elle met l'accent sur les places de crèche, l'accueil des jeunes enfants, parce que jinsiste là-dessus, pour avoir des enfants les familles ont besoin d'être accompagnées, d'être soutenues, elles ont besoin que leurs enfants soient gardés lorsque les parents veulent travailler et l'immense majorité des femmes et des hommes veulent travailler bien sûr.
ROLAND SICARD
Est-ce qu'il ne fallait pas aussi couper dans l'Aide Médicale d'Etat, qui bénéficie aux clandestins, comme le demande Marine LE PEN ?
MARISOL TOURAINE
Les amalgames, il faut s'en méfier, imaginer qu'il suffit de supprimer des dépenses d'un côté pour régler les problèmes de l'autre c'est de la poudre de perlimpinpin et c'est faire miroiter des perspectives qui n'existent pas. Lorsque l'on soigne des personnes étrangères sur notre sol, qu'est-ce qu'on fait ? On prend les mesures de santé publique ! Lorsque la précédente majorité avait mis un ticket d'entrée pour pouvoir bénéficier de soins, il fallait payer. Qu'est-ce qu'avaient dit les médecins ? Les médecins avaient dit : « Attention ! Ce sont des risques pour la santé publique, parce que, si l'on peut pas soigner ces personnes-là, alors il y a des risques d'épidémie, de contagion, et cela n'est pas responsable du point de vue de la santé publique », et moi, ma seule préoccupation, elle est là : faire en sorte que la santé des Français, la santé de ceux qui vivent sur notre territoire, soit assurée pour l'intérêt public, collectif, de tous.
ROLAND SICARD
Autre gros dossier, Ebola, est-ce que la France est à l'abri ?
MARISOL TOURAINE
Le risque zéro nexiste pas et la France s'est préparée depuis le début de l'épidémie ! Je suis allée à Roissy pour m'assurer que la cellule médicale d'accueil des voyageurs était prête pour accueillir un malade d'Ebola au début du mois d'avril, il y a huit mois, et donc depuis huit mois progressivement est montée en puissance l'organisation de notre système de santé pour prendre en charge le cas échéant un malade d'Ebola
ROLAND SICARD
Alors, justement
MARISOL TOURAINE
Nous l'avons fait avec une jeune infirmière
ROLAND SICARD
Voilà ! Justement
MARISOL TOURAINE
De MEDECINS SANS FRONTIERES, qui a été soignée et qui a été guérie.
ROLAND SICARD
Où en sont les soignants qui ont justement traité cette malade ?
MARISOL TOURAINE
Nous avons suivi quotidiennement chacune, chacun des soixante-dix soignants qui ont été en contact avec cette jeune infirmière malade, le suivi a pris fin pendant ce week-end et donc je suis en mesure de vous dire ce matin Roland SICARD que l'équipe médicale qui a pris en charge la jeune infirmière de MEDECINS SANS FRONTIERES n'est plus suivie et que tout s'est très bien passé.
ROLAND SICARD
On parle de vaccin avant la fin de l'année, avant fin 2015, on dit ça vous parait possible ?
MARISOL TOURAINE
Ecoutez ! En tout cas des efforts intenses ont été réalisés à l'occasion de cette épidémie, nous sommes nous-mêmes extrêmement impliqués pour voir comment nous pouvons favoriser à la fois la prévention contre la maladie et puis le traitement dans le cas où la maladie survient, moi je souhaite que la recherche débouche le plus vite possible bien sûr sur des vaccins ou des traitements efficaces.
ROLAND SICARD
Merci. Thierry ! C'est à vous.
THIERRY BECCARO
Merci beaucoup Roland, bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 29 octobre 2014