Texte intégral
Lorsque l'Allemagne et la France ont des démarches communes, c'est bien sûr l'Europe qui est représentée. Nous pensons plus généralement que, à la différence des mathématiques, quand la France et l'Allemagne agissent ensemble, un plus un font plus que deux.
Monsieur le Ministre,
Je veux vous remercier chaleureusement de la gentillesse de votre accueil et vous donner, comme mon ami Franck-Walter, le sens de notre déplacement. Il s'agit à la fois d'apporter notre soutien au Nigeria face au terrorisme et pour la démocratie, et de redire notre volonté de coopération dans tous les domaines avec ce grand pays qui est le vôtre. Nous vous soutenons dans la lutte contre le terrorisme représenté par Boko Haram et nous soutenons les efforts qui sont faits pour libérer les jeunes filles de Chibok. Nous savons à quel point cette lutte est décisive pour le Nigeria et pour l'ensemble de la région et nous vous soutenons aussi dans votre action pour la démocratie.
Nous avons rendu visite ce matin à la commission électorale et nous sommes certains que les prochaines élections en 2015 seront des élections claires, transparentes et crédibles. En même temps, nous apportons notre volonté de coopération avec ce grand pays qu'est le Nigeria, dans tous les domaines : le domaine international - où nous sommes actifs ensemble notamment au Mali, et nous avons notre rôle au conseil de sécurité des Nations unies -, notre relation sur le plan économique et notre coopération sur le plan de la santé. Et c'est le sens de l'accord entre l'Allemagne, le Nigeria et la France qui est passé aujourd'hui contre Ebola.
Je voudrais conclure en disant qu'à partir de la préparation de ce voyage au Nigeria, nous avons décidé, Allemagne et France ensemble, de lancer une initiative que l'on pourrait appeler « initiative d'Abuja », en faveur de la création en Europe de « casques blancs ». Nous allons proposer cela à nos collègues européens pour que, dans les questions humanitaires et lorsque il existe des tragédies naturelles, l'Europe, à partir d'un schéma pré-établi, puisse rapidement mobiliser toutes ses forces à travers une initiative nouvelle qui sera « les casques blancs ».
Nous avons le sentiment de très bien travailler avec le Nigeria et nous vous faisons pleine et entière confiance.
Q - Question sur Ebola.
R - Sur Ebola, c'est évidemment une épidémie d'une grande gravité, qui concerne essentiellement trois pays. Mais il faut avoir à l'esprit que, compte-tenu des caractéristiques de cette épidémie, les pays voisins peuvent eux aussi être contaminés. Nous voulons saluer le Nigeria et le Sénégal, qui, grâce aux mesures qu'ils ont prises, ont su endiguer la première attaque d'Ebola.
Pour autant, il peut y en avoir d'autres et vous avez vu que dans tel ou tel pays limitrophe, il peut y avoir des cas. L'Allemagne et la France, et collectivement au niveau européen, nous intervenons très fortement.
En ce qui concerne la France, c'est essentiellement en Guinée que nous intervenons par toute une série de dispositions concrètes - construction de centres, envoi de personnel, préparation de vaccins. Mais comme l'a dit mon ami Franck-Walter, nous avons décidé aussi, avec nos amis nigérians, d'avoir une mesure particulière pour pouvoir former des personnels sur place. Nous espérons que l'on viendra à bout de cette épidémie qui, je le répète, est grave. Mais en même temps il faut avoir à l'esprit que si l'épidémie a pu se développer dans un certain nombre de ces pays, c'est parce que les systèmes de santé sont très faibles. Et il faudra immédiatement veiller à construire ou à reconstruire ces systèmes de santé, sinon, on s'exposerait dans le futur à de nouvelles épidémies.
Q - C'est une véritable guerre qui est menée contre Ebola. Est-ce que l'on peut parler de «casques blancs» quand vous parlez de formation sur le terrain, et qui va s'occuper de ces formations ?
R - Ce sont deux choses différentes. Pour les formations, ce sont nos ressortissants qui peuvent effectuer cette formation en liaison avec les personnels nigérians, mais aussi avec ceux de Guinée et ailleurs avec d'autres.
L'idée des casques blancs, c'est une autre idée à moyen terme mais à laquelle le ministre allemand et moi-même sommes très attachés. Quand vous avez des catastrophes humanitaires ou naturelles à travers le monde, les pays européens agissent souvent en ordre dispersé. Et nous travaillons avec Franck-Walter Steinmeier à une proposition que nous allons faire à nos autres collègues européens, pour créer, c'est le cadre original, des «casques blancs européens» qui auraient vocation à intervenir, en liaison aussi avec les ONG, à chaque fois qu'il y a une catastrophe humanitaire ou naturelle dans le monde. Ce sera un dispositif permanent et qui sera mis en alerte s'il le faut. Et, par cette meilleure coordination qui est un élément nouveau, cela peut être très utile au reste du monde et cela donnera à l'action européenne un visage nouveau.
Q - Question sur les «casques blancs»
R - Dans notre esprit, il s'agit d'une protection civile. Malheureusement, dans le monde, il y a beaucoup de catastrophes humanitaires et de désastres naturels qui se produisent. Aujourd'hui il y a l'épidémie tragique d'Ebola, et ce sont des circonstances où l'Europe se mobilise, mais souvent elle se mobilise en ordre dispersé. L'idée de mon collègue allemand et la mienne, c'est de créer les «casques blancs». Il existe les casques bleus de l'ONU, mais les casques blancs de l'Europe, qui seraient composés des forces civiles, seraient prêts, dès qu'il y a une catastrophe de ce type, à intervenir. Cela permettrait d'être beaucoup plus efficace. Le commandement et le contrôle resteraient de niveau national, mais ce serait beaucoup mieux coordonné que cela ne l'est aujourd'hui, et nous pensons que cette idée peut être une idée extrêmement fructueuse dans le futur.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 octobre 2014