Texte intégral
JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour Marisol TOURAINE.
MARISOL TOURAINE
Bonjour Jean-Michel APHATIE.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous confirmez l'arrivée sur le territoire français, de la jeune membre de l'ONG MEDECINS SANS FRONTIERES, et qui travaillait à Monrovia, au Liberia, elle est infectée par le virus Ebola et elle est maintenant hospitalisée en France.
MARISOL TOURAINE
Oui, elle est arrivée à 01h30 ce matin, elle a été immédiatement transportée à l'hôpital Bégin, dans des conditions de sécurité absolue, d'isolement. Elle a été immédiatement prise en charge, et elle est actuellement installée dans une chambre de confinement, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de contact avec les autres salles de l'hôpital, un personnel dédié lui est affecté, qui évidemment prend toutes les protections, toutes les mesures de précautions nécessaires pour la soigner. Je veux
JEAN-MICHEL APHATIE
L'enjeu, bien sûr, c'est d'éviter la diffusion du virus.
MARISOL TOURAINE
Oui. Je veux d'abord exprimer mon soutien à cette jeune infirmière de MEDECINS SANS FRONTIERES, française. Lui dire évidemment que nous lui souhaitons de se rétablir le mieux possible. J'exprime ce soutien à sa famille, ses proches, qui vont arriver très prochainement. J'exprime mon soutien à l'ensemble des professionnels, des personnels volontaires, de MEDECINS SANS FRONTIERES, qui travaillent dans des conditions très difficiles, et j'ai tenu ce matin
JEAN-MICHEL APHATIE
En Afrique de l'Ouest, dans ces pays-là.
MARISOL TOURAINE
à aller à Bégin, pour saluer aussi les équipes médicales qui la prennent en charge et qui sont très fortement mobilisées pour la prendre en charge. Donc elle est maintenant dans cette pièce, elle reçoit des traitements, elle a reçu, dès son transfert, un traitement expérimental, et elle est donc aujourd'hui soignée dans les meilleures conditions possibles. J'ai
JEAN-MICHEL APHATIE
Traitement expérimental, vaccin ?
MARISOL TOURAINE
Non, ce sont des traitements. Il y a plusieurs types de traitements expérimentaux, il appartiendra
JEAN-MICHEL APHATIE
Un vaccin a été testé sur certaines personnes infectées, notamment aux Etats-Unis.
MARISOL TOURAINE
Il appartiendra aux équipes médicales de déterminer
JEAN-MICHEL APHATIE
De communiquer.
MARISOL TOURAINE
De déterminer la nature des traitements qu'ils souhaitent, disons, lui administrer, mais enfin en tout cas elle reçoit des traitements expérimentaux, et elle est aujourd'hui prise, encore une fois, dans les meilleures conditions possibles.
JEAN-MICHEL APHATIE
Je parlais, bien sûr, l'enjeu c'est que le virus ne se diffuse pas, là-dessus on est à peu près certain, compte tenu des précautions prises, qu'il n'y a aucun risque de diffusion du virus en France ?
MARISOL TOURAINE
Cette jeune femme et arrivée dans les meilleures conditions de sécurité et de précautions que l'on puisse imaginer. Elle est maintenant dans un isolement, un isolement complet. Tout l'enjeu c'est de faire en sorte que quelqu'un qui est porteur du virus Ebola ne puisse pas le contaminer ne puisse pas le
JEAN-MICHEL APHATIE
Le diffuser.
MARISOL TOURAINE
Le diffuser. Évidemment, nous sommes, par ailleurs, en situation d'alerte maximale, pour identifier des personnes qui présenteraient des symptômes et pour être certain que ces symptômes ne traduisent pas le virus Ebola ou la maladie d'Ebola. Donc, toute la question pour nous, c'est, dans le cas où un malade est identifié, de le prendre en charge le plus vite possible. Le plus vite possible, parce que ce sont de meilleures chances de guérison, et le plus vite possible, parce que cela permet d'éviter la contamination. Donc moi je veux être rassurante ce matin, vis-à-vis des Français et de ceux qui nous écoutent, nous prenons en charge cette jeune femme, nous prendrons en charge d'éventuels malades, dans des conditions, qui sont les conditions de sécurité les plus grandes qui puissent exister.
JEAN-MICHEL APHATIE
Sait-on comment elle a été contaminée ? Parce que sur place aussi, les membres des ONG et notamment de MEDECINS SANS FRONTIERES disent prendre beaucoup de précautions, et néanmoins elle a été contaminée. Connait-on la forme qui a conduit à sa contamination ?
MARISOL TOURAINE
A l'heure à laquelle je vous parle, je ne la connais pas. Une enquête est en cours sur place et MEDECINS SANS FRONTIERES donnera les résultats, au moment où il le jugera utile.
JEAN-MICHEL APHATIE
Combien des Français, médecins, membres des ONG, peut-être des administrations, se trouvent actuellement dans ces trois pays de l'Afrique de l'Ouest où sévit Ebola ?
MARISOL TOURAINE
Environ une cinquantaine. Je ne suis pas certaine absolument de ce chiffre, mais c'est autour d'une cinquantaine, qui travaille.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et il faut les laisser, pour continuer à lutter contre le virus, il n'y a pas de souhait de rapatriement, par exemple de votre part.
MARISOL TOURAINE
Non, pas du tout. Au contraire, nous avons aujourd'hui besoin d'accentuer notre effort en direction de l'Afrique de l'Ouest, contre la maladie d'Ebola. Je veux dire que c'est une maladie, une épidémie gravissime, d'une ampleur absolument exceptionnelle. Il y a aujourd'hui 2 600 morts, plus de 5 000 cas qui ont été identifiés. Chaque jour ce sont des dizaines, voire des centaines de morts supplémentaires, et si nous voulons nous protéger, nous devons intervenir là-bas, et je le dis de la façon la plus claire qui soit, si nous voulons qu'il y ait des volontaires qui partent, il faut qu'ils aient la certitude de pouvoir rentrer, vite, dans de bonnes conditions, comme cela a été le cas pour cette jeune infirmière, et c'est pour cela que j'ai lancé un appel à la mobilisation européenne, pour que nous coordonnions mieux nos interventions et que nous mettions sur place des procédures de rapatriement.
JEAN-MICHEL APHATIE
A ce propos, et pour en terminer, certains disent que son rapatriement a été très long
MARISOL TOURAINE
Non.
JEAN-MICHEL APHATIE
et que notamment on a attendu l'avion qui la ramenait en France, une quarantaine d'heures, sur place, à Monrovia.
MARISOL TOURAINE
Non, honnêtement, entre le moment où nous avons été prévenus, mardi, à 20h00, et son arrivée, il s'est écoulé 50 heures, c'est exactement le temps qu'il a fallu pour rapatrier les personnels américains lorsqu'ils l'ont été, et il y a quelques jours, un membre de l'OMS a été rapatrié en Allemagne, cela a mis près de 80 heures, donc nous sommes là dans des délais tout à fait normaux.
JEAN-MICHEL APHATIE
Voilà, ça c'était le cas du virus Ebola, bien entendu on suivra ça, on compte sur vous pour faire la transparence qui mérite de l'être, sur ce sujet.
MARISOL TOURAINE
Oui, il faut qu'il y ait une grande transparence, dans le respect, évidemment de la vie privée de cette jeunes infirmière, et du secret médical, mais je veux dire que j'ai autorisé et c'est officiel dès aujourd'hui, à partir d'aujourd'hui, j'ai autorisé l'utilisation de médicaments expérimentaux, pour soigner d'éventuelles personnes infectées par Ebola, et cela va permettre d'être administré à cette jeune femme.
JEAN-MICHEL APHATIE
Le président de la République a tenu hier sa quatrième conférence de presse à l'Elysée, vous y assistiez bien sûr en tant que membre du gouvernement, Marisol TOURAINE. Hormis l'engagement officiel, réitéré par le président de la République, de la France en Irak, rien de très nouveau dans cette conférence de presse, surtout en matière économique, et certains disent « ça n'a peut-être pas servi à grand-chose cette conférence de presse ».
MARISOL TOURAINE
J'ai trouvé le président, déterminé, grave, très grave, engagé, engag pour le destin de la France, pour reprendre la formule qui a été la sienne, et le président a réaffirmé deux choses : il a réaffirmé d'abord que le cap économique, les choix économiques qui étaient les siens, étaient maintenant en place et qu'ils ne se discutaient pas. Et donc il ne s'agit pas de s'interroger sur la politique économique qui est suivie, il s'agit de se mobiliser pour la mettre en place. Mais il a aussi rappelé une deuxième chose, qui est que la politique qui est menée depuis deux ans, est une politique qui a produit des résultats et qui doivent être amplifiées par exemple en matière sociale. Parce que, ne faisons pas comme si à chaque conférence de presse ou à chaque discours du président ou du Premier ministre on devait redéfinir une nouvelle perspective, une nouvelle politique. Nous allons amplifier, poursuivre le travail qui est mené, et qui est mené pour améliorer la vie quotidienne des Français, c'est quand même cela notre responsabilité.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et on dit que pour boucler le budget 2015, il va encore falloir réduire les dépenses, il faut chercher les fameux 2 milliards qui nous manquent, à cause d'une faible inflation, c'est dur, avec Michel SAPIN, pour vous, Marisol TOURAINE, puisque les dépenses sociales devraient baisser encore l'année prochaine ?
MARISOL TOURAINE
Par définition, c'est toujours dur de discuter avec le ministre des Finances
JEAN-MICHEL APHATIE
Et là, ça l'est particulièrement.
MARISOL TOURAINE
La Sécurité sociale, cela a été annoncé il y a plusieurs mois, est engagée dans un travail de rétablissement des comptes
JEAN-MICHEL APHATIE
Pas assez vite, selon la Cour des Comptes.
MARISOL TOURAINE
des économies vont être faites. Je veux dire que le rythme de maitrise des dépenses n'a jamais été aussi rapide, et dans le même temps
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais ça ne suffit pas, dit la Cour des Comptes.
MARISOL TOURAINE
Oui, mais dans le même temps, moi je veux indiquer très fermement, que pour moi, la santé, ça n'est pas seulement un coût, la santé c'est un atout, c'est une force, c'est une chance. C'est une chance pour l'économie française, ça crée des emplois. C'est une chance pour les Français
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça, c'est ce que vous dites à Michel SAPIN.
MARISOL TOURAINE
et donc moi je ne remettrai pas en question la qualité de notre système de santé, et depuis deux ans, j'ai à la fois diminué de façon extrêmement forte le déficit de la Sécurité sociale, tout en permettant que ce que les Français paient de leur poche, pour leur santé, diminue, tout en faisant qu'ils aient accès à de nouveaux droits, qu'ils aient des traitements gratuits qui ne l'étaient pas auparavant, et je crois que c'est cela la marque
JEAN-MICHEL APHATIE
Message reçu.
MARISOL TOURAINE
la marque d'une politique de gauche, au fond
JEAN-MICHEL APHATIE
Message reçu à Bercy : ne coupez pas trop les crédits.
MARISOL TOURAINE
responsabilité financière, mais maintien de la qualité sociale de notre modèle de santé.
JEAN-MICHEL APHATIE
Ça c'est pour Bercy : ne coupez pas trop les crédits, voilà.
MARISOL TOURAINE
Oui, mais écoutez
JEAN-MICHEL APHATIE
Si Michel SAPIN écoute, il a sans doute compris.
MARISOL TOURAINE
En tout cas, moi, je le dis, ma volonté c'est celle-là et c'est de cette façon que je continuerai mon action.
JEAN-MICHEL APHATIE
Marisol TOURAINE, ministre de la Santé, était l'invitée de RTL ce matin.
YVES CALVI
Et elle confirme la prise en charge maximale de la jeune infirmière française contaminée par le virus Ebola, notamment avec des traitements expérimentaux. Merci à tous les deux.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 novembre 2014