Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, en réponse à une question sur la lutte contre le dérèglement climatique, au Sénat le 13 novembre 2014.

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Circonstance : Questions d'actualité au Sénat, le 13 novembre 2014

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Monsieur le Sénateur,
C'est vrai que la Conférence de Paris en décembre 2015 sera, sans doute, le plus grand évènement diplomatique jamais organisé. Il y aura 20 000 délégués plus 20 000 invités supplémentaires et son objectif est de permettre que la planète soit encore vivable d'ici quelques années. C'est évidemment un objectif très difficile à atteindre et c'est un grand honneur pour la France d'avoir été choisi pour accueillir et présider cette conférence.
Objectif très difficile mais, comme vous l'avez fort bien souligné, l'accord qui est intervenu avant-hier entre la Chine et les États-Unis donne un espoir supplémentaire de réussite pour cette conférence. Les États-Unis et la Chine sont les deux pays les plus grands pollueurs au monde et ils sont suivis de l'Inde. Jusqu'à présent ces deux pays apparaissaient comme assez réticents par rapport à la réduction d'émissions de gaz à effet de serre. Cet accord établit, du côté chinois, un montant maximum d'émission d'ici à 2030 et, même, si possible avant. Accord complété par une promesse d'atteindre 20 % pour les énergies propres, ce qui signifie un développement considérable de ces énergies y compris le nucléaire.
Du côté des Américains, l'objectif est également très ambitieux : réduction de 26 à 28 % des émissions d'ici à 2025 par rapport à 2005 et avec une perspective d'une baisse de 80 % des émissions à l'horizon de 2050.
Certains diront que ce n'est pas suffisant mais il s'agit d'un changement considérable qui va permettre de préparer la Conférence de Paris dans de bonnes conditions. Cet accord existe et il doit être additionné à l'accord intervenu, en octobre, entre les européens. Ces deux accords exercent une pression considérable sur tous les autres pays. Il y aura des étapes intermédiaires, ainsi dans quelques jours, à Berlin, il nous faut rassembler les financements suffisants. Ce n'est pas encore fait. L'Allemagne et la France s'y sont engagées et d'autres pays doivent le faire. Ensuite, il faut qu'à Lima au mois de décembre il y ait aussi un pas en avant durant cette réunion de la COP 20.
Mais ce qui a été signé mérite, même si l'adjectif est souvent galvaudé, d'être considéré comme un tournant dans l'attitude des premiers pollueurs du monde en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 novembre 2014