Déclaration de M. Kader Arif, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, sur le Centenaire de la grande Guerre, à Marchiennes le 11 novembre 2014.

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Circonstance : Centenaire de la Grande Guerre à Marchiennes (Nord), le 11 novembre 2014

Texte intégral


Monsieur le Préfet,
Monsieur le Sous-Préfet,
Messieurs les parlementaires,
Monsieur le Maire,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le Président de l'association « mémoire de nos aïeux »,
Messieurs les officiers généraux, officiers, sous-officiers,
Messieurs les anciens combattants et porte-drapeaux,
Mesdames et messieurs,
Chers élèves ici présents,
La ville de Marchiennes nous accueille aujourd'hui pour commémorer ensemble la Grande Guerre. Je vous en remercie, monsieur le maire. Et je remercie le député Jean-Jacques Candelier de m'avoir invité sur les traces de votre histoire.
Celle qui fait aujourd'hui votre mémoire et caractérise une partie de votre identité.
Je veux remercier, tout particulièrement et très sincèrement, l'association « mémoire de nos aïeux » et son président Guillaume Lesoin qui se sont engagés pour organiser une semaine commémorative.
Bivouac d'époque, animations au sein de l'abbaye, expositions… Votre ville vit depuis des jours au rythme du Centenaire de la Grande Guerre. Et je sais combien les scolaires ont été associés à ces temps de mémoire. Je ne peux que vous en féliciter. Je pense notamment aux écoles élémentaires Georges Brassens et Le Grand Meaulnes de Marchiennes qui ont interprété le weekend dernier des saynètes reconstituant une classe d'époque.
Monsieur Lesoin, depuis plusieurs mois, votre association retisse ce lien intergénérationnel indispensable à toute société.
Je suis étonné quand j'entends dire que la jeune génération est peu sensible à cette histoire lointaine qui s'est passée dans un autre siècle dont le temps nous éloigne. J'étais ce matin aux côtés du Président de la République pour remettre à des enfants de primaire les premiers prix du concours des « petits artistes de la mémoire ». 540 classes ont participé cette année. Un record. J'ai vu dans leurs yeux l'appétence pour notre histoire et la fierté de contribuer au travail de mémoire.
Oui, aujourd'hui la Grande Guerre n'est pas vue que sous le prisme de l'historien ou de l'ancien combattant. Elle est aussi vue par les enfants. Monsieur Lesoin, vous avez encouragé ce regard d'enfant. Nous ne pouvons que vous en remercier.
Au-delà d'une ville, c'est toute une région qui nous accueille depuis le début de la journée. J'étais il y a quelques heures à Notre-Dame de Lorette aux côtés du Président de la République pour rendre hommage aux 600 000 combattants venus de tous les continents mourir sur les terres de l'Artois.
Mais aussi pour célébrer cette terre du nord, terre d'histoire et de mémoire.
Dès l'ouverture du conflit en août 1914, l'angoisse de notre pays, la France, se nouait dans les sinuosités de la terre du Nord-Pas-de-Calais.
Les combattants venaient de métropole, des anciennes colonies, d'Outre-mer, des pays alliés. Ils étaient de toutes origines, de toutes nationalités, de toutes confessions et de toutes couleurs de peau. Ils ont donné leur vie pour permettre au mot Liberté de continuer à vivre. Ils ont marqué le territoire de leur empreinte et façonné les villes du Nord par leur présence. Et Marchiennes en fait partie.
Nous leur avons rendu hommage cet après-midi. C'était une volonté du Président de la République de rappeler la contribution des troupes étrangères. Aujourd'hui, pour la première fois, votre région et la France abritent un mémorial dédié à la mémoire universelle de cette guerre. Une mémoire partagée par les nations étrangères.
C'est toute la force de ce Centenaire de veiller à ce qu'il n'y ait aucune mémoire oubliée.
Je pense à celle des fusillés de la Grande Guerre. J'étais le 6 novembre dernier au musée de l'Armée pour inaugurer les nouvelles salles dédiées à ces hommes. Je sais combien cette question vous est chère, Jean-Jacques Candelier.
Je pense aussi à celle des victimes civiles. Dès le 4 août 1914, des milliers de civils du Nord et de l'Est fuient la région pour se réfugier à Paris. Des femmes et des hommes déracinés de leur terre, empruntant le chemin de l'exode. Oui, la Grande Guerre fut aussi celle des civils. Ceux qui subissent l'Occupation et les bombardements. Ceux qui voient débarquer les soldats étrangers.
De Arras à Merville, de Lille à Le Quesnoy, de Cambrai à Maubeuge… De Fromelles à la carrière de Wellington, de Vimy à Notre-Dame de Lorette… Autant de chemins de mémoire creusés dans cette terre meurtrie. Autant d'itinéraires qui conduisent les visiteurs, de mémoires en mémoires, de la France à l'Allemagne, de l'Angleterre à la Nouvelle-Zélande, de l'Australie au Canada. Tous ces lieux ont survécu aux hommes. Ils se sont mis à parler quand tous les témoins se sont tus. Ici, à Marchiennes, j'entends aussi leurs voix.
Celles des deux aviateurs français abattus dans le bois de Faux au matin du 4 juillet 1915. Celles des civils terrorisés par les bombardements qui s'abattent sur votre ville. Parmi eux, le célèbre peintre Félix Labisse. Celles enfin des familles endeuillées qui pleurent leurs « morts pour la France ». Parmi eux, Gaston Louis Lesoin. Il n'avait pas 20 ans. Gaston Dufour ou encore Victor Dupont, tous deux tombés à Verdun.
Mesdames et messieurs, votre ville nous livre une lecture unique de la Première Guerre mondiale liée à l'expérience, unique, qu'elle en a eue. Celle de toute une ville condamnée à vivre au rythme de la guerre. C'est ce dont témoigne cette semaine commémorative commencée samedi dernier. Ici s'est écrite une page de notre histoire. Depuis samedi, c'est une page de mémoire que votre ville écrit.
Voilà, mesdames et messieurs, ce que je tenais à rappeler de l'histoire de Marchiennes et de sa région. Une histoire d'engagement, une histoire de courage, une histoire de solidarité et de fraternité des peuples, une histoire d'hommes et de femmes. Et je vous remercie, très sincèrement, de m'avoir permis de venir le faire ici et parmi vous.
Source http://www.nord.gouv.fr, le 24 novembre 2014