Texte intégral
CHRISTOPHE BORDET
Myriam EL KHOMRI bonjour.
MYRIAM EL KHOMRI
Bonjour.
CHRISTOPHE BORDET
L'actualité avant de parler de la politique de la ville, au moins six morts dans l'attaque d'une synagogue ce matin à Jérusalem, attaque à la hache et au couteau. Le Hamas revendique l'attentat. Représailles israéliennes en vue, c'est inévitable. Le Hamas qui a appelé ces derniers jours à commettre des attentats en Israël. Ambiance de plus en plus tendue, que peut faire la France concrètement aujourd'hui ?
MYRIAM EL KHOMRI
Ecoutez la France joue son rôle au niveau du conseil de sécurité justement pour que les négociations aillent de plus en plus vite. Donc c'est une situation qui est extrêmement compliquée bien évidemment, et je peux vous dire ici que le ministre des Affaires étrangères, Laurent FABIUS est particulièrement mobilisé, nous sommes bien sûr inquiets de cette situation, de l'embrassement bien évidemment possible sur cette région et donc il faut que nous puissions y apporter de l'apaisement. Je sais que c'est compliqué à dire puisque
CHRISTOPHE BORDET
Ca semble même impossible Myriam EL KHOMRI.
MYRIAM EL KHOMRI
Ecoutez je ne peux pas dire que c'est impossible parce que nous oeuvrons à travers le conseil de sécurité justement pour que les choses s'améliorent, bien sûr nous avons tous des pensées pour les familles, mais il est urgent bien évidemment que nous sortions de cette situation et je peux vous dire que Laurent FABIUS est particulièrement mobilisé sur cette situation.
CHRISTOPHE BORDET
On a l'impression que l'occident face à cette situation est dépourvu, qu'il n'y a pas de véritable solution.
MYRIAM EL KHOMRI
C'est un conflit qui est là depuis de très, très nombreuses années donc bien sûr qu'il n'y a pas de solution miracle et que la situation est extrêmement compliquée. Néanmoins il faut qu'à travers le conseil de sécurité nous arrivions à trouver des issues positives.
CHRISTOPHE BORDET
Myriam EL KHOMRI, parlons de cette vidéo ; cette vidéo diffusée hier par Aqmi, vidéo montant le dernier otage français Serge LAZAREVIC, appelant François HOLLANDE à le libérer. Là aussi que peut faire la France à part j'ai envie de dire payer ?
MYRIAM EL KHOMRI
Déjà j'ai une pensée pour la famille de Serge LAZAREVIC, c'est à la fois un signe d'espoir de l'avoir vu à travers cette vidéo. Il faut que, le président de la République l'a lui-même dit il faut que nous poursuivons le travail justement pour que cet otage puisse être libéré le plus rapidement possible notamment en raison aussi de son état de santé Donc j'ai bien
CHRISTOPHE BORDET
Le travail c'est quoi concrètement ? C'est faire passer des messages par un certain nombre de pays.
MYRIAM EL KHOMRI
Ecoutez nous le savons que toutes les informations que l'on peut donner à son public sur ces affaires peuvent avoir un impact très grave sur la situation des otages, donc je ne souhaite pas aujourd'hui rentrer dans la précision de quel est ce travail parce qu'il y a bien évidemment des vies qui sont en cause. Néanmoins voilà
CHRISTOPHE BORDET
Cela étant dit je le disais, à part payer, que peut faire la France pour sortir LAZAREVIC de cet enfer ?
MYRIAM EL KHOMRI
Il y a un travail de négociation, de poursuites, des contacts qui sont établis et c'est cela quand je dis le travail doit se poursuivre, c'est tout ce travail que font l'ensemble des services secrets avec le soutien d'autres pays étrangers et aussi je le dis aussi, nous combattons aussi Aqmi comme nous combattons Daech en Irak et je crois que ça c'est aussi extrêmement important, nous agissons bien sûr dans le cadre de négociation mais nous agissons aussi sur le terrain, que ce soit en Irak ou au Mali.
CHRISTOPHE BORDET
Et la France paye ou pas ?
MYRIAM EL KHOMRI
Ce n'est pas à moi de répondre sur cette situation, je vous le dis, je ne souhaite pas
CHRISTOPHE BORDET
Vous êtes représentante du gouvernement ce matin à notre micro.
MYRIAM EL KHOMRI
Non je n'irai pas sur ce terrain là, je ne suis pas chargée en étant membre du gouvernement bien sûr il y a une solidarité, une unité gouvernementale mais je ne suis pas chargée notamment quand la situation de personnes de vie sont en, la vie de personne sont en cause je ne suis pas chargée aujourd'hui à votre micro de vous dire quel est le travail qui est mené par les Autorités françaises pour libérer cet otage. Je pense qu'il y a une responsabilité face à cette situation humaine, il y a des responsabilités, il faut être responsable et en l'occurrence je ne suis pas dans le secret de ces négociations au titre de la politique de la ville, donc c'est pour cela que je ne souhaite pas me prononcer.
CHRISTOPHE BORDET
Dont on va parler dans un instant. Myriam EL KHOMRI vous avez vu ce rapport, rapport du centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'Islam. Les jeunes les plus fragiles ne sont plus les seuls à être séduits par le discours de l'Etat islamique. Des jeunes construits, intelligents, bien portants, sont désormais attirés par l'Etat islamique. 80% de personnes issues de familles athées. 67% issues de la classe moyenne. Comment lutter Myriam EL KHOMRI ?
MYRIAM EL KHOMRI
Ecoutez je connais bien ce sujet parce que j'étais adjointe à la sécurité à Paris.
CHRISTOPHE BORDET
Eh bien oui ! A la Mairie de Paris.
MYRIAM EL KHOMRI
Et j'ai moi-même monté la cellule, vous le savez le gouvernement, Bernard CAZENEUVE a lancé au printemps dernier tout un acte de prévention et de détection, il y a un numéro d'assistance aujourd'hui pour l'ensemble des familles qui a reçu plus de 650 appels et je disais je connais bien ce sujet parce que c'est moi-même qui est monté avec le Procureur MOLINS et le préfet de police de Paris l'instance au niveau départemental, au niveau parisien, qui vise justement à traiter les signalements. Donc le gouvernement agit sur deux pans à la fois au printemps dernier ils ont lancé un grand plan de prévention, de détection, de traitement des signalements, plus de 650 signalements aujourd'hui. Et en même temps en matière répressive puisqu'il y a eu la loi qui a été votée à une très large
CHRISTOPHE BORDET
Il y a quelques jours
MYRIAM EL KHOMRI
Le 13 novembre dernier qui permet de donner des moyens en matière de répression beaucoup plus actifs par rapport à ce phénomène. Ce qu'il faut dire sur le sujet et vous le montrez bien à travers ce rapport c'est que tout le monde peut être touché par rapport à cette situation.
CHRISTOPHE BORDET
Aujourd'hui c'est clair, tous les jeunes peuvent être touchés.
MYRIAM EL KHOMRI
Tout à fait. Et ce qui est important à dire c'est que la société française ce n'est pas l'Etat seul, ce n'est pas les collectivités seules qui peuvent régler ce phénomène c'est aussi l'ensemble de la société qui doit ouvrir les yeux sur ces manipulations mentales, sur ces dérives sectaires.
CHRISTOPHE BORDET
Mais tout cela c'est bien, ce sont des mots, c'est très bien, mais qu'est-ce qu'on fait concrètement ? Myriam EL KHOMRI il y avait
MYRIAM EL KHOMRI
Concrètement je vais vous dire
CHRISTOPHE BORDET
Il y avait les lieux de prière clandestins autrefois, maintenant on prie par exemple devant son ordinateur, devant Internet donc pour les services anti terroristes par exemple j'imagine bien que c'est de plus en plus compliqué de repérer ces jeunes qui pourraient partir faire le Djihad.
MYRIAM EL KHOMRI
Ecoutez quand vous avez un numéro d'assistance qui a été mis en place et qui a reçu plus de 650 appels en six mois, derrière il y a du traitement de ces signalements, c'est-à-dire que l'ensemble des services regardent au niveau des travailleurs sociaux, au niveau de toutes les personnes qui ont pu être en contact avec cette personne, l'état de sa situation est qu'est-ce qu'on peut mettre en oeuvre pour éviter, bien évidemment c'est plus complexe parce qu'aujourd'hui et nous le voyons bien s'agissant du jeune normand que tout se fait à travers des jeux vidéos ou sur Internet. Donc bien évidemment ça demande un arsenal juridique et c'était le sens de la loi terrorisme qui a été votée il y a quelques jours, qui a permis de renforcer les moyens juridiques pour poser cette question. Mais je crois que c'est aussi important de le dire ici, ce n'est pas du tout un phénomène qui touche que les banlieues, je crois que c'est important de le dire et nous le savons pertinemment il est important que les parents par exemple ouvrent les yeux, soient sensibilisés. Nous avons mis en place, Bernard CAZENEUVE, à travers des centres de formation a permis la formation de nombreux acteurs locaux sur ce phénomène. Nous visons notamment de sensibiliser aussi les acteurs associatifs, vous savez vous pouvez avoir un club de foot qui accueille un jeune qui peut être confronté aussi à cette situation. L'enjeu pour nous aujourd'hui c'est que le maximum de personnes sur le terrain, le maximum d'adultes puissent être formés à cette question parce qu'il s'agit clairement de manipulation mentale et de dérive sectaire.
CHRISTOPHE BORDET
Myriam EL KHOMRI on va parler de la politique de la ville puisque c'est votre secteur. Vous êtes secrétaire d'Etat à la ville, vous mettez en oeuvre la loi de François LAMY adoptée en février dernier, second programme de rénovation urbaine, dotée de 5 milliards d'euros, des quartiers prioritaires ciblés d'ici mi-décembre. Quels quartiers, que va-t-il se passer concrètement en quelques mots ?
MYRIAM EL KHOMRI
En quelques mots, la loi LAMY donne un cap d'action, on passe de 2.500 quartiers prioritaires à 1.300 quartiers. Ces quartiers ont été définis sur un critère unique qui est la concentration urbaine de pauvreté, donc il s'agit de concentrer les moyens là où il y a le plus de besoin. Sur ces 1.300 quartiers le conseil d'administration de l'ANRU qui va se tenir à la mi-décembre va définir 200 quartiers coeur de cible où nous allons en effet mettre à disposition près de 5 milliards d'euros, en lien action logement, 5 milliards d'euros pour faire de la rénovation urbaine. L'enjeu ce n'est pas juste de rénover les bâtiments c'est de pouvoir reconstruire des morceaux de villes, désenclaver des quartiers, y emmener des transports, y emmener des locaux commerciaux, des équipements publics, voilà l'enjeu donc c'est un enjeu extrêmement important, 5 milliards d'euros. Quand on dit l'ANRU va mettre 5 milliards d'euros, finalement c'est prés de 20 milliards d'euros d'investissements publics puisque les collectivités, les régions
CHRISTOPHE BORDET
On va en parler
MYRIAM EL KHOMRI
Les bailleurs y rajoutent. Et l'enjeu c'est de permettre justement de lier à la fois la cohésion sociale, le développement économique et l'emploi parce que 20 milliards d'euros c'est prés de 300.000 emplois. Donc vous voyez c'est extrêmement important. Mais il y a aussi tout notre budget qui sont des crédits d'intervention de la politique de la ville, 338 millions d'euros
CHRISTOPHE BORDET
Exemple Myriam EL KHOMRI, exemple de quartier prioritaire, qui doit, à votre avis, être absolument rénové, être dans ce plan ?
MYRIAM EL KHOMRI
Vous en avez de nombreux, ce n'est pas à moi de dire aujourd'hui, de vous citer un quartier sur les 200 qui pourront l'être. Je ne veux pas, à votre micro, faire des jaloux. Ce que je peux vous dire c'est que, aujourd'hui
CHRISTOPHE BORDET
Ne faites pas de langue de bois non plus.
MYRIAM EL KHOMRI
Non, non, mais ce que je peux vous dire c'est que, il s'agit, ici, de lutter contre les dysfonctionnements urbains les plus importants, nous le savons, par exemple en Ile-de-France il y a beaucoup de quartiers qui pourraient faire l'objet de coeur de cible. Moi-même, par exemple, j'étais à Montpellier récemment, j'ai visité à la fois le Petit-Bard et le quartier de La Paillade, on voit bien qu'ici il faut continuer le programme de rénovation urbaine, ça a été commencé aussi sur le Petit-Bard, je le dis très clairement, sur La Paillade il y a un vrai projet aussi, et ça mérite, bien évidemment, d'y travailler. L'enjeu aussi, et c'est ce qu'a demandé le Premier ministre, c'est que nous fassions du développement économique dans ces quartiers
CHRISTOPHE BORDET
Donc on fait venir des PME, des TPE.
MYRIAM EL KHOMRI
On fait venir des PME, des TPE. Vous savez, quand un jeune crée son entreprise, il crée son emploi aussi, nous avons une problématique très forte d'emploi des jeunes de ces quartiers, or dans ces quartiers il y a aussi beaucoup de dynamisme, de créativité.
CHRISTOPHE BORDET
Et il va falloir faire baisser la délinquance, et le trafic de drogue dans ces quartiers, pour que les commerces reviennent, les entreprises reviennent, etc., parce que c'est ça quand même le problème majeur aujourd'hui. On a des chiffres, encore aujourd'hui, qui montrent que le business de la drogue c'est vraiment un business international, qui part de nombreux quartiers français aujourd'hui.
MYRIAM EL KHOMRI
Vous savez, sur les 80 zones de sécurité prioritaires mises en place par le gouvernement il y en a 79 dans ces quartiers, donc bien sûr les questions de sécurité, et de justice, sont des éléments extrêmement importants. La première préoccupation de ces habitants c'est d'abord l'emploi, mais je suis tout à fait d'accord, quand nous installons des locaux commerciaux, mettre du commerce, mettre une activité économique, ça participe, bien évidemment, à diminuer les problématiques de sécurité. Néanmoins il y a des choses très simples à mettre en place, vous savez, quand vous avez, par exemple, de la dégradation de mobilier urbain, il est important de remettre en place des stages de réparation pénale sur le principe simple « tu casses, tu répares », qui permettraient de mettre l'ensemble des acteurs autour de la table pour qu'il y ait des réponses qui soient apportées à certains actes, qui empoisonnent, qui peuvent être des petites incivilités, mais qui empoisonnent.
CHRISTOPHE BORDET
Et ça c'est quoi, c'est un voeu pieu ou c'est une demande que vous faites à la ministre de la Justice ?
MYRIAM EL KHOMRI
Non, c'est un travail que nous menons avec la ministre de la Justice, parce que, vous le savez, dans ces 1300 quartiers nous avons actuellement une mobilisation de l'ensemble des services de l'Etat, la politique de la ville ce n'est pas juste des financements en direction des associations, c'est aussi une mobilisation de l'ensemble des ministères, c'est près de 4 milliards que mettent l'ensemble des ministères sur ces quartiers, et l'enjeu actuellement, nous travaillons, comme je le fais avec François REBSAMEN sur l'emploi, et avec Patrick KANNER, bien évidemment, comme je le fais avec Najat VALLAUD-BELKACEM sur l'Education nationale, nous travaillons aussi avec Christiane TAUBIRA pour que nous ayons des mesures, des stages de réparation pénale, du travail d'intérêt général, quand nous avons des dégradations, notamment de mobilier urbain.
CHRISTOPHE BORDET
Myriam EL KHOMRI, vous dites 20 milliards d'euros pour la rénovation urbaine au total, moi j'ai envie de vous dire on le prend où cet argent, en quelques mots, parce qu'on n'arrête pas de nous faire comprendre que les caisses sont vides, en même temps les dotations de l'Etat pour les collectivités locales vont diminuer, donc on fait comment concrètement, c'est quoi le calcul là ?
MYRIAM EL KHOMRI
Actuellement les 5 milliards d'euros, nous avons un accord de principe en lien avec Action Logement et les partenaires sociaux justement, qui viserait à financer le nouveau programme de rénovation urbaine, comme nous décaissons 1 milliard, depuis 2012, par an, sur le précédent programme.
CHRISTOPHE BORDET
Donc la baisse des dotations pour les collectivités locales n'aura pas d'incidence sur ce budget ?
MYRIAM EL KHOMRI
Non, puisque, nous le voyons bien, il s'agit ici d'investissement et non pas de budget de fonctionnement. Vous le savez, une collectivité ne peut s'endetter que sur de l'investissement, et nous le voyons bien, ça va être les bailleurs qui vont participer, comme ils ont participé aux précédents programmes, ça va être les régions, les départements. Après il y a un sujet, bien évidemment, sur les collectivités les plus pauvres, sur les communes les plus pauvres le gouvernement s'est engagé à ce qu'il y ait une compensation de la baisse des dotations de l'Etat, notamment en augmentant la péréquation des villes les plus riches en direction des plus pauvres, c'est actuellement dans le débat parlementaire, et je pense que ça va aboutir, pour soutenir les communes les plus pauvres.
CHRISTOPHE BORDET
Merci.
MYRIAM EL KHOMRI
Merci à vous. Bonne journée.
CHRISTOPHE BORDET
Merci Myriam EL KHOMRI d'avoir été avec nous ce matin, secrétaire d'Etat à la Ville.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 novembre 2014