Texte intégral
BRUCE TOUSSAINT
Thierry MANDON, secrétaire d'Etat à la Réforme de l'Etat et à la Simplification, est l'invité d'I TELE ce matin. Bonjour
THIERRY MANDON
Bonjour.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup d'être avec nous. On a appris il y a quelques minutes le chiffre de la croissance pour le troisième trimestre, c'est + 0,3 %, bon ça repart un peu à la hausse, mais enfin ce n'est quand même pas terrible ?
THIERRY MANDON
Non ! C'est moyen, ça permet de consolider l'idée qu'on fera 0,4, 1/2 % de croissance, ce n'est pas terrible en France, c'est bien moins bon ailleurs, en Allemagne ils sont presque à 0, je crois sur c'est 0,1.
BRUCE TOUSSAINT
C'est 0,1 ! Oui.
THIERRY MANDON
Mais c'est surtout le détail de ce chiffre qui est intéressant, parce que vous avez pour le troisième trimestre de suite une consommation qui progresse un petit peu mais vous avez un investissement public et privé l'investissement des entreprises, l'investissement public qui est très faible, c'est ça qui plombe la croissance et c'est ça qu'il faut travailler.
BRUCE TOUSSAINT
Oui ! Donc, là, la prévision pour l'ensemble de l'année c'est + 0,4, Michel SAPIN dit : « on va tenir », vous y croyez -vous à cette prévision globale de + 0,4 sur l'année ?
THIERRY MANDON
Oui ! Mais enfin ce n'est pas terrible + 0,4, on a besoin de faire beaucoup plus, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle il faut faire très attention désormais pour relancer l'investissement à la stabilité du cadre fiscal et du cadre économique des entreprises et des collectivités.
BRUCE TOUSSAINT
Oui ! Le gouvernement table sur 1 % l'an prochain, par quel miracle on arrivera à faire 1 % en 2015 ?
THIERRY MANDON
Eh bien par un miracle qui se déroule sous vos yeux, que vous ne voyez pas
BRUCE TOUSSAINT
Non !
THIERRY MANDON
Non ! Mais il est que l'Euro baisse, il n'a jamais été aussi bas depuis 4 ans, le pétrole baisse, les taux d'intérêt sont à niveau historiquement bas et
BRUCE TOUSSAINT
Oui ! Ce n'est pas la politique du gouvernement, c'est l'international qui crée ces conditions ?
THIERRY MANDON
Quand même les taux d'intérêt c'est un peu ça veut dire que l'économie française, les investisseurs lui font confiance. Donc, cet alignement des 4 planètes-là ça va payer, tôt ou tard ça va payer.
BRUCE TOUSSAINT
L'Allemagne, vous le disiez à l'instant, a un chiffre très faible, c'est inquiétant pour l'Europe, pour nous ou est-ce qu'au contraire eh bien il faut s'en réjouir, on va arrêter de nous rabattre les oreilles avec la puissance allemande ?
THIERRY MANDON
Non ! Ce n'est pas bon, si la France se porte moyennement et si l'Allemagne se porte moyennement, l'Europe ne se porte pas bien, l'Europe a besoin de moteurs, ces moteurs c'est la France, c'est l'Allemagne. Donc, il faut relancer au niveau européen les investissements.
BRUCE TOUSSAINT
Thierry MANDON, est-ce qu'il y aura du coup ça suit cette question bien sûr est-ce qu'il y aura des hausses d'impôts d'ici à 2017 ?
THIERRY MANDON
Eh bien non ! Pourquoi voulez-vous qu'il y en ait ? Le président l'a dit
BRUCE TOUSSAINT
Parce que Christian ECKERT l'a dit hier matin !
THIERRY MANDON
Oui ! Mais Christian ECKERT il est ministre du Budget, vous savez les ministres du Budget ils sont toujours en train de chercher comment ils peuvent arranger leurs affaires et c'est bien normal mais ce qui compte c'est la parole et l'engagement du président. Mais il n'a pas fait ça pour faire plaisir aux gens seulement, il n'a pas dit : « je vais arrêter d'augmenter les impôts et peut-être même, si je peux, en baisser certains », il a dit ça parce qu'il a besoin de stabilité, de l'environnement de ceux qui décident de linvestissement public et de l'investissement privé et donc, ça, ce n'est pas seulement une nécessité, c'est une obligation pour relancer l'investissement.
BRUCE TOUSSAINT
Et Christian ECKERT, sa langue a fourché ou est-ce qu'il y a eu un moment d'honnêteté intellectuelle ?
THIERRY MANDON
Mais non ! Mais c'est les ministres du Budget, ils sont tous comme ça, pareils, tout le temps mais c'est normal, ce sont des gens vous vous rendez compte c'est un métier de chien d'être ministre du Budget, vous ne dormez pas la nuit, vous dites : « comment je vais boucler », voilà, donc c'est une petite facilité de langage, mais l'engagement du président sera tenu.
BRUCE TOUSSAINT
Oui ! Du coup on se demande s'il n'y a pas quand même un souci de communication, parce que, vous le disiez à l'instant, c'est un problème de langage ? Mais enfin, quand on est en train de faire une interview à RTL, on doit un peu se contrôler non ?
THIERRY MANDON
Eh bien, écoutez, vous avez le président de la République qui s'engage, vous avez le Premier ministre qui confirme, vous avez le porte-parole du gouvernement qui confirme, on confirme tous et on ne veut plus d'augmentation d'impôts, on veut un cadre fiscal et j'allais dire réglementaire stable pour relancer les décisions dinvestissement.
BRUCE TOUSSAINT
Ce n'est pas un peu le gouvernement des gaffeurs ?
THIERRY MANDON
Mais c'est permanent ! C'est tous les gouvernements, vous avez toujours parfois une petite note qui brise l'harmonie, on n'y échappe pas.
BRUCE TOUSSAINT
C'est honnête de le reconnaître ! Non, mais plus sérieusement est-ce qu'il ne faudrait pas resserrer cette communication pour éviter ces couacs qui polluent l'atmosphère ? Vous le voyez bien, d'ailleurs aujourd'hui je vous en parle ?
THIERRY MANDON
Ecoutez ! Non, non, moi je pense que c'est une aiguille dans une botte de foin. Moi le gouvernement j'y participe depuis peu, je n'avais jamais participé à un gouvernement, je suis absolument frappé par l'esprit d'équipe de l'équipe gouvernementale, par la cohésion qu'il y a sur les grands objectifs et puis il y a même une forme de c'est comme une équipe de rugby un peu, il y a un pack quoi, on essaie dans une situation extrêmement difficile de faire front ensemble. Alors ici ou là il peut y avoir des maladroites mais une maladresse ne disqualifie pas la qualité de l'effort collectif.
BRUCE TOUSSAINT
Mais vous diriez qu'il y a la même cohésion entre Manuel VALLS et François HOLLANDE ?
THIERRY MANDON
Oui ! Totale.
BRUCE TOUSSAINT
Oui !
THIERRY MANDON
Oui ! Mais ça c'est des si on prend un peu de hauteur, les deux sont sur la même ligne, les deux sont la même ligne.
BRUCE TOUSSAINT
Vous pourriez me dire : « ça toujours existé » comme vous venez de le dire sur les gaffes, etc., il y a toujours eu du tirage entre le Premier ministre et le président
THIERRY MANDON
Ah ! Non, alors mais attendez
BRUCE TOUSSAINT
Ca, c'est un grand classique
THIERRY MANDON
Oui ! Non, non, non.
BRUCE TOUSSAINT
De la 5ème République.
THIERRY MANDON
Non ! Ce n'est pas vrai
BRUCE TOUSSAINT
Pourquoi non ?
THIERRY MANDON
Le classique c'est que la vie politique entre le président et le Premier ministre s'organise autour de 2 boussoles, il y a la loyauté elle est indispensable sinon le Premier ministre est remercié et il y a l'altérité, on ne veut pas2 personnalités qui se superposent pleinement - ça ne sert à rien et donc c'est toujours un équilibre et Manuel VALLS ne peut jamais être pris en défaut de loyauté et en même temps il a sa personnalité, et tant mieux, ça fait du bien cette volonté de réformes et cette prise de risques.
BRUCE TOUSSAINT
Il y a quelques minutes, sur FRANCE INFO, Jean-Luc MELENCHON a appelé à la démission de Bernard CAZENEUVE, on l'écoute.
JEAN-LUC MELENCHON, DEPUTE EUROPEEN DU PARTI DE GAUCHE - DOC. FRANCE INFO
C'est d'heure en heure et de jour en jour qu'il a fait preuve d'un cynisme total, il savait depuis le début ce qui s'est passé, il a fait semblant de ne pas le savoir ; des consignes d'extrême fermeté ont été données aux forces qui étaient là, qui ont donc fait leur boulot, il y a une responsabilité politique, donc CAZENEUVE doit démissionner.
BRUCE TOUSSAINT
Qu'est-ce que vous en pensez ?
THIERRY MANDON
Deux choses ! D'abord, Bernard CAZENEUVE a été exemplaire dans le dossier en question, il a été exemplaire, il a dès le dimanche matin soit quelques heures après le décès tragique de Rémi FRAISSE il a laissé la justice qui était saisie, le procureur de la République était saisi, agir pleinement, sereinement, sans aucune forme de pression, sans aucune intervention. Vous savez il y a un grand classique dans la vie politique, puisqu'on parle des classiques ce matin, c'est la guerre entre la justice et la police, voilà, il a arrêté ça, le magistrat a été saisi, le procureur a été saisi, il a laissé enquêté. Il a toujours dit, il ne savait pas, il l'a dit lui-même qu'il ne savait rien et de toute façon il fait confiance à la justice, ça c'est la première chose ; La deuxième, c'est que Jean-Luc MELENCHON il faut qu'il arrête, chaque semaine il demande la démission de quelqu'un, un coup c'est le président, un coup c'est le Premier ministre, un coup c'est un ministre, enfin ça devient risible ça, c'est la « démissionite permanente ».
BRUCE TOUSSAINT
Interdire l'utilisation des grenades offensives c'est une bonne réponse, selon vous ?
THIERRY MANDON
Eh bien manifestement, alors que ça ne s'était jamais produit jusqu'à maintenant, depuis 50 ans que ces armes étaient utilisées parles forces de police, là vous avez un décès occasionné par ces armes-là, donc il a raison d'en tirer les conséquences.
BRUCE TOUSSAINT
Alors votre dossier, on le sait, c'est la réforme de l'Etat et la simplification, il y a eu un acte 2 cette semaine on va en parler dans un instant le fameux « qui ne dit mot consent » ou « bon pour accord », juste avant
THIERRY MANDON
« Silence vaut accord » oui.
BRUCE TOUSSAINT
« Silence vaut accord ». A propos de simplification, on ne devrait pas simplifier la situation du travail le dimanche, là Emmanuel MACRON visiblement se dirige vers l'idée qu'on pourrait travailler 12 dimanches sur 52, pourquoi 12, on ne sait pas trop, pourquoi pas 14 ou 16 ou 24 ?
THIERRY MANDON
Oui ! Parce que c'est
BRUCE TOUSSAINT
Pourquoi est-ce qu'on n'y va pas ?
THIERRY MANDON
Mais on y va, mais il est en train de le faire.
BRUCE TOUSSAINT
Non ! Mais 52 sur 52.
THIERRY MANDON
Non, mais attendez, ce n'est pas une grande foire commerciale le pays, l'activité du pays, et puis c'est bien de
BRUCE TOUSSAINT
Ca ne serait pas plus simple, j'emprunte un mot que vous aimez bien
THIERRY MANDON
Ah ! Eh bien plus simple, non mais il ne faut pas confondre simplification et simplisme, c'est vrai qu'on pourrait il serait extrêmement simple si on pouvait travailler 365 jours par an, nuit et jour, voilà, pour le même salaire, là ce serait la simplicité absolue - mais là c'est du simplisme - et la simplification ce n'est pas la déréglementation, c'est rendre le droit plus lisible, plus clair et plus efficace. Donc, il veut encadrer le travail du dimanche, l'interdiction de travailler reste la base, mais on assouplit un certain nombre de modalités.
BRUCE TOUSSAINT
Mais pourquoi 12, ça parait une demi-mesure ?
THIERRY MANDON
Mais parce que mais ce n'est pas une demi-mesure, regardez ce qui se passe en Europe, c'est ce que font les Allemands, d'autres pays ce n'est pas tout à fait 12 mais c'est ça le compromis qui se passe dans d'autres pays et, d'ailleurs, sauf des zones touristiques où là ce sera toutes les semaines.
BRUCE TOUSSAINT
Alors « le silence vaut accord », on en parlait à l'instant, donc c'est entré en vigueur là ce mercredi. Alors vous avez vu vous êtes épinglé notamment par Le Figaro
THIERRY MANDON
Ah !
BRUCE TOUSSAINT
Qui dit qu'en fait votre simplification est en fait beaucoup plus complexe qu'on l'imagine, est-ce que c'est vrai, est-ce que vous confirmez qu'un tiers des procédures existantes sont concernées par la fameuse mesure, le fameux délai de 2 mois et que pour les autres il faut se plonger tenez-vous bien dans les 42 décrets publiés au Journal Officiel et lire les 130 pages détaillant les procédures concernées ?
THIERRY MANDON
C'est une force ! Pas la mesure
BRUCE TOUSSAINT
Alors, je vous écoute.
THIERRY MANDON
La présentation qui en est faite.
BRUCE TOUSSAINT
Je vous écoute !
THIERRY MANDON
Vous avez un site qui est formidable qui est un site que nous avons fait en Open data, donc c'est à dire qui est maintenant accessible par tout le monde sur internet à tout moment qui s'appelle legifrance.gouv (gouvernement).fr et sur ce site vous tapez le mot clé qui vous intéresse, par exemple inscription à l'université, vous tapez université, vous avez immédiatement la liste des démarches pour lesquelles désormais, si l'administration ne vous répond pas, l'avis est favorable
BRUCE TOUSSAINT
Tout à fait ! Mais je vous crois sur parole sur la
THIERRY MANDON
C'est donc extrêmement simple d'usage.
BRUCE TOUSSAINT
Mais, attendez, c'est 2 mois vous le disiez à l'instant pour l'inscription dans une école mais c'est 4 mois pour l'autorisation de travaux dans un immeuble de grande hauteur, c'est 6 mois l'emploi de vitamines dans la fabrication de denrées alimentaires, c'est même 10 mois pour une reconnaissance des établissements privés dispensant des enseignements artistiques
THIERRY MANDON
Oui ! Mais, attendez
BRUCE TOUSSAINT
Donc, vous ne pouvez pas simplifier, faire 2 3, choisir une durée ?
THIERRY MANDON
Non ! Parce qu'il y a des instructions différentes. Par exemple vous montez, c'est la fête du 14 juillet, vous voulez vendre des frites dans votre petite camionnette comme ça pour vous faire un peu d'argent de poche, ce n'est pas 2 mois, c'est 15 jours, voilà, donc il ya des délais parce qu'on ne peut pas attendre très, très longtemps. Pourquoi ? Ce qui est important dans « silence vaut accord » le mot clé ce n'est pas l'accord, le mot clé c'est le silence, nous voulons que désormais l'administration réponde absolument à toutes les demandes dont elle est l'objet et, si elle ne répond pas, alors ça crée des droits pour celui qui a demandé. C'est ça le changement culturel très profond ! Et avant de commencer à galvauder cette mesure, qui est une évolution, hier je recevais le ministre Anglais chargé de la Simplification et de la Réforme de l'Etat, il me disait : « mais c'est exceptionnel, on n'y avait pas pensé et on va le faire ».
BRUCE TOUSSAINT
Ca, c'est l'acte 2. L'acte suivant ce sera quoi, de ce travail de simplification, votre prochain chantier ?
THIERRY MANDON
C'est 1er janvier 2015 il n'y aura plus aucune loi nouvelle, aucun décret nouveau qui crée une obligation, une charge aux entreprises qui ne sera pas compensée par la réduction d'une charge équivalente c'est-à-dire ce qu'on appelle « one in, one out » en Angleterre, une loi nouvelle, une loi en moins, et on évalue de manière indépendante en associant 9 entreprises cette mesure pour que tout le monde vérifie bien qu'on ne crée de charge nouvelle quand on crée des législations sans avoir bien pensé aux conséquences.
BRUCE TOUSSAINT
Le travail continue, donc, pour cette réforme de l'Etat et de la simplification. Merci Thierry MANDON, bonne journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 novembre 2014
Thierry MANDON, secrétaire d'Etat à la Réforme de l'Etat et à la Simplification, est l'invité d'I TELE ce matin. Bonjour
THIERRY MANDON
Bonjour.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup d'être avec nous. On a appris il y a quelques minutes le chiffre de la croissance pour le troisième trimestre, c'est + 0,3 %, bon ça repart un peu à la hausse, mais enfin ce n'est quand même pas terrible ?
THIERRY MANDON
Non ! C'est moyen, ça permet de consolider l'idée qu'on fera 0,4, 1/2 % de croissance, ce n'est pas terrible en France, c'est bien moins bon ailleurs, en Allemagne ils sont presque à 0, je crois sur c'est 0,1.
BRUCE TOUSSAINT
C'est 0,1 ! Oui.
THIERRY MANDON
Mais c'est surtout le détail de ce chiffre qui est intéressant, parce que vous avez pour le troisième trimestre de suite une consommation qui progresse un petit peu mais vous avez un investissement public et privé l'investissement des entreprises, l'investissement public qui est très faible, c'est ça qui plombe la croissance et c'est ça qu'il faut travailler.
BRUCE TOUSSAINT
Oui ! Donc, là, la prévision pour l'ensemble de l'année c'est + 0,4, Michel SAPIN dit : « on va tenir », vous y croyez -vous à cette prévision globale de + 0,4 sur l'année ?
THIERRY MANDON
Oui ! Mais enfin ce n'est pas terrible + 0,4, on a besoin de faire beaucoup plus, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle il faut faire très attention désormais pour relancer l'investissement à la stabilité du cadre fiscal et du cadre économique des entreprises et des collectivités.
BRUCE TOUSSAINT
Oui ! Le gouvernement table sur 1 % l'an prochain, par quel miracle on arrivera à faire 1 % en 2015 ?
THIERRY MANDON
Eh bien par un miracle qui se déroule sous vos yeux, que vous ne voyez pas
BRUCE TOUSSAINT
Non !
THIERRY MANDON
Non ! Mais il est que l'Euro baisse, il n'a jamais été aussi bas depuis 4 ans, le pétrole baisse, les taux d'intérêt sont à niveau historiquement bas et
BRUCE TOUSSAINT
Oui ! Ce n'est pas la politique du gouvernement, c'est l'international qui crée ces conditions ?
THIERRY MANDON
Quand même les taux d'intérêt c'est un peu ça veut dire que l'économie française, les investisseurs lui font confiance. Donc, cet alignement des 4 planètes-là ça va payer, tôt ou tard ça va payer.
BRUCE TOUSSAINT
L'Allemagne, vous le disiez à l'instant, a un chiffre très faible, c'est inquiétant pour l'Europe, pour nous ou est-ce qu'au contraire eh bien il faut s'en réjouir, on va arrêter de nous rabattre les oreilles avec la puissance allemande ?
THIERRY MANDON
Non ! Ce n'est pas bon, si la France se porte moyennement et si l'Allemagne se porte moyennement, l'Europe ne se porte pas bien, l'Europe a besoin de moteurs, ces moteurs c'est la France, c'est l'Allemagne. Donc, il faut relancer au niveau européen les investissements.
BRUCE TOUSSAINT
Thierry MANDON, est-ce qu'il y aura du coup ça suit cette question bien sûr est-ce qu'il y aura des hausses d'impôts d'ici à 2017 ?
THIERRY MANDON
Eh bien non ! Pourquoi voulez-vous qu'il y en ait ? Le président l'a dit
BRUCE TOUSSAINT
Parce que Christian ECKERT l'a dit hier matin !
THIERRY MANDON
Oui ! Mais Christian ECKERT il est ministre du Budget, vous savez les ministres du Budget ils sont toujours en train de chercher comment ils peuvent arranger leurs affaires et c'est bien normal mais ce qui compte c'est la parole et l'engagement du président. Mais il n'a pas fait ça pour faire plaisir aux gens seulement, il n'a pas dit : « je vais arrêter d'augmenter les impôts et peut-être même, si je peux, en baisser certains », il a dit ça parce qu'il a besoin de stabilité, de l'environnement de ceux qui décident de linvestissement public et de l'investissement privé et donc, ça, ce n'est pas seulement une nécessité, c'est une obligation pour relancer l'investissement.
BRUCE TOUSSAINT
Et Christian ECKERT, sa langue a fourché ou est-ce qu'il y a eu un moment d'honnêteté intellectuelle ?
THIERRY MANDON
Mais non ! Mais c'est les ministres du Budget, ils sont tous comme ça, pareils, tout le temps mais c'est normal, ce sont des gens vous vous rendez compte c'est un métier de chien d'être ministre du Budget, vous ne dormez pas la nuit, vous dites : « comment je vais boucler », voilà, donc c'est une petite facilité de langage, mais l'engagement du président sera tenu.
BRUCE TOUSSAINT
Oui ! Du coup on se demande s'il n'y a pas quand même un souci de communication, parce que, vous le disiez à l'instant, c'est un problème de langage ? Mais enfin, quand on est en train de faire une interview à RTL, on doit un peu se contrôler non ?
THIERRY MANDON
Eh bien, écoutez, vous avez le président de la République qui s'engage, vous avez le Premier ministre qui confirme, vous avez le porte-parole du gouvernement qui confirme, on confirme tous et on ne veut plus d'augmentation d'impôts, on veut un cadre fiscal et j'allais dire réglementaire stable pour relancer les décisions dinvestissement.
BRUCE TOUSSAINT
Ce n'est pas un peu le gouvernement des gaffeurs ?
THIERRY MANDON
Mais c'est permanent ! C'est tous les gouvernements, vous avez toujours parfois une petite note qui brise l'harmonie, on n'y échappe pas.
BRUCE TOUSSAINT
C'est honnête de le reconnaître ! Non, mais plus sérieusement est-ce qu'il ne faudrait pas resserrer cette communication pour éviter ces couacs qui polluent l'atmosphère ? Vous le voyez bien, d'ailleurs aujourd'hui je vous en parle ?
THIERRY MANDON
Ecoutez ! Non, non, moi je pense que c'est une aiguille dans une botte de foin. Moi le gouvernement j'y participe depuis peu, je n'avais jamais participé à un gouvernement, je suis absolument frappé par l'esprit d'équipe de l'équipe gouvernementale, par la cohésion qu'il y a sur les grands objectifs et puis il y a même une forme de c'est comme une équipe de rugby un peu, il y a un pack quoi, on essaie dans une situation extrêmement difficile de faire front ensemble. Alors ici ou là il peut y avoir des maladroites mais une maladresse ne disqualifie pas la qualité de l'effort collectif.
BRUCE TOUSSAINT
Mais vous diriez qu'il y a la même cohésion entre Manuel VALLS et François HOLLANDE ?
THIERRY MANDON
Oui ! Totale.
BRUCE TOUSSAINT
Oui !
THIERRY MANDON
Oui ! Mais ça c'est des si on prend un peu de hauteur, les deux sont sur la même ligne, les deux sont la même ligne.
BRUCE TOUSSAINT
Vous pourriez me dire : « ça toujours existé » comme vous venez de le dire sur les gaffes, etc., il y a toujours eu du tirage entre le Premier ministre et le président
THIERRY MANDON
Ah ! Non, alors mais attendez
BRUCE TOUSSAINT
Ca, c'est un grand classique
THIERRY MANDON
Oui ! Non, non, non.
BRUCE TOUSSAINT
De la 5ème République.
THIERRY MANDON
Non ! Ce n'est pas vrai
BRUCE TOUSSAINT
Pourquoi non ?
THIERRY MANDON
Le classique c'est que la vie politique entre le président et le Premier ministre s'organise autour de 2 boussoles, il y a la loyauté elle est indispensable sinon le Premier ministre est remercié et il y a l'altérité, on ne veut pas2 personnalités qui se superposent pleinement - ça ne sert à rien et donc c'est toujours un équilibre et Manuel VALLS ne peut jamais être pris en défaut de loyauté et en même temps il a sa personnalité, et tant mieux, ça fait du bien cette volonté de réformes et cette prise de risques.
BRUCE TOUSSAINT
Il y a quelques minutes, sur FRANCE INFO, Jean-Luc MELENCHON a appelé à la démission de Bernard CAZENEUVE, on l'écoute.
JEAN-LUC MELENCHON, DEPUTE EUROPEEN DU PARTI DE GAUCHE - DOC. FRANCE INFO
C'est d'heure en heure et de jour en jour qu'il a fait preuve d'un cynisme total, il savait depuis le début ce qui s'est passé, il a fait semblant de ne pas le savoir ; des consignes d'extrême fermeté ont été données aux forces qui étaient là, qui ont donc fait leur boulot, il y a une responsabilité politique, donc CAZENEUVE doit démissionner.
BRUCE TOUSSAINT
Qu'est-ce que vous en pensez ?
THIERRY MANDON
Deux choses ! D'abord, Bernard CAZENEUVE a été exemplaire dans le dossier en question, il a été exemplaire, il a dès le dimanche matin soit quelques heures après le décès tragique de Rémi FRAISSE il a laissé la justice qui était saisie, le procureur de la République était saisi, agir pleinement, sereinement, sans aucune forme de pression, sans aucune intervention. Vous savez il y a un grand classique dans la vie politique, puisqu'on parle des classiques ce matin, c'est la guerre entre la justice et la police, voilà, il a arrêté ça, le magistrat a été saisi, le procureur a été saisi, il a laissé enquêté. Il a toujours dit, il ne savait pas, il l'a dit lui-même qu'il ne savait rien et de toute façon il fait confiance à la justice, ça c'est la première chose ; La deuxième, c'est que Jean-Luc MELENCHON il faut qu'il arrête, chaque semaine il demande la démission de quelqu'un, un coup c'est le président, un coup c'est le Premier ministre, un coup c'est un ministre, enfin ça devient risible ça, c'est la « démissionite permanente ».
BRUCE TOUSSAINT
Interdire l'utilisation des grenades offensives c'est une bonne réponse, selon vous ?
THIERRY MANDON
Eh bien manifestement, alors que ça ne s'était jamais produit jusqu'à maintenant, depuis 50 ans que ces armes étaient utilisées parles forces de police, là vous avez un décès occasionné par ces armes-là, donc il a raison d'en tirer les conséquences.
BRUCE TOUSSAINT
Alors votre dossier, on le sait, c'est la réforme de l'Etat et la simplification, il y a eu un acte 2 cette semaine on va en parler dans un instant le fameux « qui ne dit mot consent » ou « bon pour accord », juste avant
THIERRY MANDON
« Silence vaut accord » oui.
BRUCE TOUSSAINT
« Silence vaut accord ». A propos de simplification, on ne devrait pas simplifier la situation du travail le dimanche, là Emmanuel MACRON visiblement se dirige vers l'idée qu'on pourrait travailler 12 dimanches sur 52, pourquoi 12, on ne sait pas trop, pourquoi pas 14 ou 16 ou 24 ?
THIERRY MANDON
Oui ! Parce que c'est
BRUCE TOUSSAINT
Pourquoi est-ce qu'on n'y va pas ?
THIERRY MANDON
Mais on y va, mais il est en train de le faire.
BRUCE TOUSSAINT
Non ! Mais 52 sur 52.
THIERRY MANDON
Non, mais attendez, ce n'est pas une grande foire commerciale le pays, l'activité du pays, et puis c'est bien de
BRUCE TOUSSAINT
Ca ne serait pas plus simple, j'emprunte un mot que vous aimez bien
THIERRY MANDON
Ah ! Eh bien plus simple, non mais il ne faut pas confondre simplification et simplisme, c'est vrai qu'on pourrait il serait extrêmement simple si on pouvait travailler 365 jours par an, nuit et jour, voilà, pour le même salaire, là ce serait la simplicité absolue - mais là c'est du simplisme - et la simplification ce n'est pas la déréglementation, c'est rendre le droit plus lisible, plus clair et plus efficace. Donc, il veut encadrer le travail du dimanche, l'interdiction de travailler reste la base, mais on assouplit un certain nombre de modalités.
BRUCE TOUSSAINT
Mais pourquoi 12, ça parait une demi-mesure ?
THIERRY MANDON
Mais parce que mais ce n'est pas une demi-mesure, regardez ce qui se passe en Europe, c'est ce que font les Allemands, d'autres pays ce n'est pas tout à fait 12 mais c'est ça le compromis qui se passe dans d'autres pays et, d'ailleurs, sauf des zones touristiques où là ce sera toutes les semaines.
BRUCE TOUSSAINT
Alors « le silence vaut accord », on en parlait à l'instant, donc c'est entré en vigueur là ce mercredi. Alors vous avez vu vous êtes épinglé notamment par Le Figaro
THIERRY MANDON
Ah !
BRUCE TOUSSAINT
Qui dit qu'en fait votre simplification est en fait beaucoup plus complexe qu'on l'imagine, est-ce que c'est vrai, est-ce que vous confirmez qu'un tiers des procédures existantes sont concernées par la fameuse mesure, le fameux délai de 2 mois et que pour les autres il faut se plonger tenez-vous bien dans les 42 décrets publiés au Journal Officiel et lire les 130 pages détaillant les procédures concernées ?
THIERRY MANDON
C'est une force ! Pas la mesure
BRUCE TOUSSAINT
Alors, je vous écoute.
THIERRY MANDON
La présentation qui en est faite.
BRUCE TOUSSAINT
Je vous écoute !
THIERRY MANDON
Vous avez un site qui est formidable qui est un site que nous avons fait en Open data, donc c'est à dire qui est maintenant accessible par tout le monde sur internet à tout moment qui s'appelle legifrance.gouv (gouvernement).fr et sur ce site vous tapez le mot clé qui vous intéresse, par exemple inscription à l'université, vous tapez université, vous avez immédiatement la liste des démarches pour lesquelles désormais, si l'administration ne vous répond pas, l'avis est favorable
BRUCE TOUSSAINT
Tout à fait ! Mais je vous crois sur parole sur la
THIERRY MANDON
C'est donc extrêmement simple d'usage.
BRUCE TOUSSAINT
Mais, attendez, c'est 2 mois vous le disiez à l'instant pour l'inscription dans une école mais c'est 4 mois pour l'autorisation de travaux dans un immeuble de grande hauteur, c'est 6 mois l'emploi de vitamines dans la fabrication de denrées alimentaires, c'est même 10 mois pour une reconnaissance des établissements privés dispensant des enseignements artistiques
THIERRY MANDON
Oui ! Mais, attendez
BRUCE TOUSSAINT
Donc, vous ne pouvez pas simplifier, faire 2 3, choisir une durée ?
THIERRY MANDON
Non ! Parce qu'il y a des instructions différentes. Par exemple vous montez, c'est la fête du 14 juillet, vous voulez vendre des frites dans votre petite camionnette comme ça pour vous faire un peu d'argent de poche, ce n'est pas 2 mois, c'est 15 jours, voilà, donc il ya des délais parce qu'on ne peut pas attendre très, très longtemps. Pourquoi ? Ce qui est important dans « silence vaut accord » le mot clé ce n'est pas l'accord, le mot clé c'est le silence, nous voulons que désormais l'administration réponde absolument à toutes les demandes dont elle est l'objet et, si elle ne répond pas, alors ça crée des droits pour celui qui a demandé. C'est ça le changement culturel très profond ! Et avant de commencer à galvauder cette mesure, qui est une évolution, hier je recevais le ministre Anglais chargé de la Simplification et de la Réforme de l'Etat, il me disait : « mais c'est exceptionnel, on n'y avait pas pensé et on va le faire ».
BRUCE TOUSSAINT
Ca, c'est l'acte 2. L'acte suivant ce sera quoi, de ce travail de simplification, votre prochain chantier ?
THIERRY MANDON
C'est 1er janvier 2015 il n'y aura plus aucune loi nouvelle, aucun décret nouveau qui crée une obligation, une charge aux entreprises qui ne sera pas compensée par la réduction d'une charge équivalente c'est-à-dire ce qu'on appelle « one in, one out » en Angleterre, une loi nouvelle, une loi en moins, et on évalue de manière indépendante en associant 9 entreprises cette mesure pour que tout le monde vérifie bien qu'on ne crée de charge nouvelle quand on crée des législations sans avoir bien pensé aux conséquences.
BRUCE TOUSSAINT
Le travail continue, donc, pour cette réforme de l'Etat et de la simplification. Merci Thierry MANDON, bonne journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 novembre 2014