Entretien de M. Matthias Fekl, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, à la promotion du tourisme et aux Français de l'étranger, dans "Paris Normandie" du 24 novembre 2014, sur les efforts en faveur du commerce extérieur et du tourisme en Normandie.

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Média : Paris Normandie

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Q - Vous participez ce lundi 24 novembre au lancement en Haute-Normandie de l'association InnovENTE-E. En quoi consiste-t-elle ?
R - Le projet InnovENTE-E est une initiative originale pour créer des programmes de formation au profit des PME innovantes afin de les encourager à s'internationaliser. J'ai choisi de soutenir ce projet car il s'inscrit pleinement dans l'action que je mène pour soutenir le développement à l'international de nos PME. C'est tout l'esprit de la diplomatie économique mise en place par Laurent Fabius. La formation, l'innovation sont essentiels dans cette démarche. Je profiterai d'ailleurs de mon déplacement en Seine-Maritime pour rencontrer avec Christophe Bouillon quatre entreprises locales innovantes et tournées vers l'international : Dubois, Lucibel, Tôlerie Ganaye et Athic.
Q - Vous estimez que les PME doivent être la priorité du commerce extérieur mais comment les placer au centre du jeu alors que, souvent, elles n'en ont pas les moyens ?
R - Les PME sont déjà au centre du jeu pour reprendre votre expression ! La grande majorité (95 %) des entreprises françaises exportatrices de marchandises compte moins de 250 salariés. Le potentiel est là mais l'accompagnement doit être renforcé. C'est pourquoi je travaille avec ces entreprises dans nos régions, comme c'est le cas en Haute-Normandie avec Nicolas Mayer-Rossignol : identifier leurs besoins et problèmes, y répondre concrètement, les emmener dans le cadre de mes déplacements pour les aider à nouer des partenariats concrets : telle est mon ambition. Cette politique ciblée est assortie d'une mise en cohérence de nos outils d'accompagnement et d'aide au financement. Je veux agir à tous les niveaux pour relancer nos exportations ».
Q - Le commerce extérieur s'améliore très légèrement en septembre. Parviendra-t-on un jour à inverser cette courbe-là ? Et la France peut-elle un jour retrouver un commerce extérieur positif et à quelles conditions ?
R - Les parts de marché de la France se sont stabilisées depuis 2012, et le déficit du commerce extérieur a reculé de près d'un cinquième depuis 2011 même si la situation reste très compliquée. Nos plus grandes forces, ce sont les secteurs notamment de l'aéronautique-spatial, la santé, la chimie, les parfums, la cosmétique et l'agroalimentaire, qui sont en hausse par rapport à 2013. Par ailleurs, n'oublions pas que la balance des services, qui n'est pas comptabilisée dans la balance commerciale, est excédentaire de plus de 10 Mds euros. Cela dit, il est vrai que nos exportations manquent de dynamisme. C'est l'héritage d'une dégradation de notre compétitivité entre 2002 et 2011. Mais il n'y a pas de fatalité. La France a tout pour réussir, nous avons des atouts considérables, souvent sous-estimés, voire ignorés. La mission que m'ont confiée le président de la République et le Premier ministre repose sur ces ressources dont on doit prendre conscience collectivement. Comme ici avec les formidables atouts de la Seine-Maritime et de la Haute-Normandie !
Q - Dans votre portefeuille ministériel, vous avez le tourisme. Ce qui renvoie au dossier du travail du dimanche. L'ouverture des commerces le dimanche est-elle nécessaire selon vous ?
R - Le repos dominical doit rester le principe, le travail dominical l'exception. En outre, le travail du dimanche doit être possible sur la base du volontariat. Et avec des compensations fortes. Le caractère "touristique" d'une commune ou d'une zone particulière fait partie des exceptions déjà prévues par la loi qui régit l'ouverture dominicale des commerces. Les établissements de vente au détail situés dans les communes d'intérêt touristique ou thermales et dans les zones touristiques d'affluence exceptionnelle ou d'animation culturelle permanente peuvent ainsi donner le repos hebdomadaire par roulement pour tout ou partie du personnel. Vous le savez, plusieurs options sont à l'étude et des concertations sont en cours dans le cadre du projet de loi activité qui devrait être présenté le 10 décembre en Conseil des ministres.
Q - Quel soutien l'État peut-il apporter aux projets touristiques de la Normandie (train de l'Impressionnisme, mise en valeur des sites...) ?
R - Il faut d'abord souligner la vitalité des projets normands ! L'État a par ailleurs mis en place différents dispositifs pour accompagner les projets des collectivités. Un appel à projets «Contrats de destination» a été lancé en juillet pour accompagner les collectivités qui s'engagent autour de destinations internationales à la fois sur la structuration et sur la promotion de la destination - les collectivités normandes ont présenté des projets autour du Mont-Saint-Michel, j'y étais il y a deux semaines avec Laurent Fabius pour lancer le pôle d'excellence du tourisme de «savoir-faire», ou de l'impressionnisme - les résultats de ces contrats de destination devraient être rendus publics dans les jours à venir.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 novembre 2014