Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Notre invité est Stéphane LE FOLL, porte-parole du gouvernement et ministre de l'Agriculture. Bonjour.
MONSIEUR LE MINISTRE STÉPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que le deuxième Français je préfère dire le second- est-ce que le second Français qui aurait été membre de Daesh et qui aurait participé à l'égorgement des pilotes syriens a été identifié ?
STÉPHANE LE FOLL
Pour l'instant, je vais parler de manière extrêmement claire, je n'ai pas une confirmation de l'identification du second Français. Je ne peux pas dire autre chose que ce que je sais.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et pourtant, d'après les informations qui sont données notamment par France 2, il s'appellerait Michael DOS SANTOS, il aurait vingt-deux ans et serait originaire de Champigny-sur-Marne.
STÉPHANE LE FOLL
Je ne peux pas confirmer cette information. Ça passe d'abord par la justice. En plus, il faut respecter en plus les personnes, les familles et il faut faire très attention, en allant vite à mettre des noms dans les médias, avec toutes les conséquences que ça peut avoir. Moi pour l'instant, ce que je vous dis en tant que porte-parole du gouvernement, c'est que je ne confirme pas et que je n'ai pas d'information sur l'identité du deuxième Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y a bien un second Français.
STÉPHANE LE FOLL
Il semblerait qu'il y ait un second Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est ce que dit le Président de la République.
STÉPHANE LE FOLL
On regarde qu'il y ait un deuxième Français. Le Président de la République l'a dit, c'est ce que je vous dis. On est en train de vérifier son identité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a seulement deux Français.
STÉPHANE LE FOLL
Non, il y en a plus malheureusement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parmi les égorgeurs montrés sur la vidéo ?
STÉPHANE LE FOLL
Il semblerait qu'il y ait deux Français. Il y en a un qui a été identifié, un deuxième qui est en cours d'identification. Pour le reste, vous savez qu'il y a des Français qui sont partis là-bas, d'ailleurs non seulement des Français mais des Européens voire même dans d'autres pays d'autres continents du monde. Cette guerre contre le terrorisme et contre Daesh, est à la fois sur le théâtre des opérations et doit être conduite avec détermination et fermeté, ici en France et en Europe, contre ceux qui font de la propagande et qui finissent par convertir des jeunes pour qu'ils aillent ensuite se battre là-bas en Syrie et en Irak, faire les actes barbares qu'on évoquait tout à l'heure.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Daesh est une dérive sectaire ou pas ?
STÉPHANE LE FOLL
C'est quelque chose de beaucoup plus complexe, à la fois parce qu'on est dans un contexte général. On est par rapport à des grands enjeux liés à une histoire. Il y a des éléments dans tout ça dépassent bien sûr le seul phénomène proprement sectaire, mais on est dans une forme d'enfermement, dans une barbarie qui ne peut être que dénoncée, combattue et qui ressemble quelquefois a ce qu'on a malheureusement connu dans d'autres moments avec certaines sectes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Est-ce que ça ne peut prendre que chez ceux qui n'ont aucune culture musulmane ?
STÉPHANE LE FOLL
Ceux qui ont une vraie culture de l'islam, je crois qu'ils savent ce qu'est l'islam et que c'est une religion de paix. A priori comme ça, je considère que ceux qui connaissent l'islam, ça ne se traduit pas chez eux avec cette dérive qui est en train d'être constatée aujourd'hui avec cette barbarie qu'on a vue. C'est la vérité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je pousse la question. Est-ce que c'est un phénomène politique avant d'être un phénomène religieux ?
STÉPHANE LE FOLL
Mais bien sûr. On voit bien que ce qui est engagé là, c'est un terrorisme dans une bataille fondamentale qui a lieu dans les endroits qu'on évoquait de déstabilisation le voit bien. Il y a derrière tout ça un engagement politique, bien sûr. Il y a une action de terrain qui est conduite. Il n'y a pas besoin de rappeler aux Français aujourd'hui la bataille contre le terrorisme partout. C'est un phénomène terroriste visant à déstabiliser des Etats. On l'a vu en Afrique et on le voit aujourd'hui au niveau du Moyen-Orient.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Stéphane LE FOLL, le second Français sera identifié dans la journée.
STÉPHANE LE FOLL
Je n'en sais rien. J'imagine dans la journée ou demain.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'en savez rien et vous êtes porte-parole du gouvernement. Dites-moi, Stéphane LE FOLL !
STÉPHANE LE FOLL
Je sais simplement une chose, c'est qu'il faut être très précis et avec les journalistes, éviter d'avancer d'un pas pour qu'à chaque fois on avance. Je vois bien, ça fait trois fois que vous me posez la question.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous pose la question parce que je veux être précis justement.
STÉPHANE LE FOLL
Est-ce que c'est le monsieur qui a été évoqué par France 2 ? Je vous dis à l'heure où je parle que je ne confirme pas. C'est clair et c'est net.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord. Est-ce que vous confirmez que la France va envoyer six avions supplémentaires Mirage pour combattre Daesh ?
STÉPHANE LE FOLL
Je pense que la France va renforcer ses moyens pour combattre Daesh.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Six Mirage qui seront basés en Jordanie.
STÉPHANE LE FOLL
Je n'ai pas ce matin les chiffres des Mirage qui seront envoyés, ni à préciser où ils iront mais je sais une chose. C'est que dans cette bataille, dans cette guerre, la France renforce son dispositif.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La France va donc renforcer son dispositif. Ça au moins, c'est clair. C'est une formule préparée ?
STÉPHANE LE FOLL
Non, non, elle n'est pas préparée du tout. Elle a été trouvée en même temps que je parlais à monsieur BOURDIN ce matin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Restons dans cette région du monde du Proche Orient et du Moyen Orient avec l'Etat palestinien, et notamment la situation à Jérusalem. Est-ce que François HOLLANDE est favorable à la reconnaissance d'un Etat palestinien ?
STÉPHANE LE FOLL
Ç'a toujours été la position de la France. Le problème de cette position de la reconnaissance de l'Etat palestinien, c'est qu'il doit aller de paire avec la sécurité pour l'Etat d'Israël. C'est bien l'enjeu, c'est bien le problème qui dure depuis tant d'années.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est ce que vous dites depuis tant d'années, Stéphane LE FOLL.
STÉPHANE LE FOLL
Exactement. Et pourquoi est-ce que depuis tant d'années on le dit ? Parce qu'on n'a pas trouvé la solution.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi est-ce que vous n'avez pas reconnu un Etat palestinien depuis tant d'années ?
STÉPHANE LE FOLL
Parce qu'à chaque fois qu'on veut et qu'on peut passer une étape et la preuve avec cet acte terroriste qui a été conduit- il y a toujours quelque chose qui empêche cette étape de se dérouler. Voilà le problème. C'est les deux qu'il faut tenir et cet attentat dans une synagogue à Jérusalem, c'est que nous ne pouvons pas accepter pour faire en sorte qu'on ait deux Etats. Il faut condamner cet attentat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce que vous avez fait et ce que François HOLLANDE a fait. Il a condamné.
STÉPHANE LE FOLL
Ce que nous avons fait. Après, il y a le débat sur la reconnaissance de l'Etat palestinien. C'est un débat qui se porte à l'échelle internationale au niveau du Conseil de sécurité de l'ONU où la France travaille et Laurent FABIUS l'a rappelé pour justement aller vers une résolution qui permette une reconnaissance.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y a des pays qui n'ont pas eu besoin de résolution pour reconnaître un Etat palestinien.
STÉPHANE LE FOLL
Vous avez raison, monsieur BOURDIN, mais qu'est-ce que a a changé ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Cent trente cinq pays dans le monde.
STÉPHANE LE FOLL
Et qu'est-ce que ça change ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais dites-moi, la France a encore du poids, non ? Est-ce que la France a du poids ?
STÉPHANE LE FOLL
Justement, c'est parce qu'elle a du poids qu'il faut qu'elle fasse en sorte d'aller au bout du processus, c'est-à-dire une reconnaissance officielle. Parce que si on faisait un pas sans que ça ait de résultat, à ce moment-là elle perdrait de son poids.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que François HOLLANDE est favorable à une reconnaissance officielle d'un Etat palestinien ?
STÉPHANE LE FOLL
François HOLLANDE et la ligne de la France a été rappelée. Nous sommes favorables à la reconnaissance de deux Etats dont l'Etat palestinien avec la sécurité de l'Etat d'Israël. C'est la position de la France. Il n'y a pas à avoir une reconnaissance formelle, on a à faire un travail concret.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous demandez aux députés de se prononcer.
STÉPHANE LE FOLL
On n'a pas aux députés de se prononcer, il faut être précis.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas vous, oui c'est vrai. C'est vrai, il faut être précis.
STÉPHANE LE FOLL
Recommencez !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vote solennel des députés le 28 novembre prochain à l'Assemblée Nationale, c'est une modification de la constitution qui a été voulue par Nicolas SARKOZY. Les députés voteront le 28 novembre prochain. Si vous étiez député, vous voteriez pour la reconnaissance d'un Etat palestinien ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui. C'est un texte qui a été écrit par les députés aujourd'hui, il a été travaillé avec l'ensemble des députés. Elisabeth GUIGOU est la présidente de la Commission des Affaires étrangères. Tout ça a été travaillé, l'objectif est de marquer cet engagement pour les députés socialistes et inviter le gouvernement à agir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez peut-être être invité.
STÉPHANE LE FOLL
Si c'est voté, oui bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors quelles initiatives prendrez-vous si ce vote est positif ?
STÉPHANE LE FOLL
Elles sont prises, elles sont déjà prises, je le dis. Mais ça ne fera qu'accélérer et conforter. Voilà le travail qui est engagé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elles sont prises comment ?
STÉPHANE LE FOLL
Ça, c'est sûr, ça fait très longtemps que ça ne bouge pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi ?
STÉPHANE LE FOLL
Si c'était facile, il y a longtemps que ce serait réglé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais personne ne pense que c'est facile.
STÉPHANE LE FOLL
Voilà pourquoi le travail qui est engagé est aussi un travail dont on ne fait pas une publicité tous les jours, mais qui est un travail réel, fort, et la France dans ce sujet comme dans d'autres est un pays qui est écouté, entendu et qui travaille justement pour trouver des solutions. C'est pour ça qu'il faut qu'on reste dans cette position de force.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que ce qui se passe à Jérusalem c'est pour renvoyer dos à dos Israéliens et Palestiniens ?
STÉPHANE LE FOLL
Sur ce qui s'est passé à Jérusalem avec l'acte terroriste qui vient de se passer, condamnation totale ferme parce que ça, ça ne peut pas permettre d'avancer. C'est le contraire de ce qu'il faut faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais sur la situation, est-ce que vous renvoyez dos à dos Palestiniens et Israéliens ?
STÉPHANE LE FOLL
Nous disons du côté des Palestiniens et Mahmoud ABBAS qui l'a fait- et du côté israélien qu'il est temps qu'aujourd'hui sur la base de ce que je disais, et la reconnaissance d'un Etat palestinien viable et la sécurité pour Israël, il est temps que des négociations s'engagent. C'est ce à quoi la France travaille et c'est pourquoi elle est mobilisée au niveau de l'ONU.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Hier à l'Assemblée Nationale Emmanuel MACRON nous a parlé des retraites-chapeau. Suppression des retraites-chapeau ou pas ?
STÉPHANE LE FOLL
Il a indiqué de manière très claire qu'il y avait un droit aujourd'hui qui existait et que les retraites-chapeau pouvaient avoir un sens pour certains.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A peu près un million de retraites-chapeau en France.
STÉPHANE LE FOLL
Voilà. Qu'il y avait des dérives avec les sommes extraordinaires et pharaoniques qu'on entend et que là-dessus il fallait avoir une règle de droit commun de passer de la retraite-chapeau à la retraite-béret pour tout le monde.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire la plafonner ?
STÉPHANE LE FOLL
La discussion est engagée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que c'est une bonne idée ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui, c'est une bonne idée. J'entendais sur BFM des remarques très justes. Monsieur GATTAZ ne peut pas dire : Il y a des abus? mais ne jamais les dénoncer, ne jamais rien faire et toujours demander plus. Il faut qu'on soit là aussi cohérent. Je suis pour ce qu'a dit Emmanuel MACRON. On doit revenir à un processus de droit commun pour tout le monde sur les retraites et éviter, même quand les résultats ne sont pas très probants, d'avoir des sommes à la retraite qui sont payées par l'entreprise pendant des années.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus de huit cent mille euros pour monsieur MESTRALLET qui est patron de l'entreprise GDF Suez où l'Etat ne l'a pas votée.
STÉPHANE LE FOLL
L'Etat ne l'a pas votée. C'était une décision du conseil d'administration qui avait été prise, je crois, en 2011. On l'a contestée et c'est contestable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes favorable au plafonnement de ces retraites-chapeau.
STÉPHANE LE FOLL
J'attendrai que le travail soit engagé, je n'en sais rien. En tout cas, c'est une idée qui peut être évoquée et qui peut être une bonne idée. Moi, c'est maintenant la ligne que je suivrai. Il faut qu'on change ce système. Il y a des abus inadmissibles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'y a pas trente-six solutions. Où vous supprimez les retraites-chapeau ou vous les gardez et c'est ce qu'a dit Emmanuel MACRON parce qu'elles sont parfois utiles. Vous les gardez et elles sont plafonnées.
STÉPHANE LE FOLL
Peut-être. On a d'ailleurs plafonné les salaires des grands patrons dans les entreprises publiques. On l'a fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous plafonnerez donc les retraites-chapeau.
STÉPHANE LE FOLL
Mais vous êtes têtu ! Vous voulez à tout prix que je le dise ce matin et après, il y aura une petite dépêche AFP !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, je ne suis pas têtu mais vous savez très bien que c'est la meilleure des solutions. Vous savez très bien que c'est la solution envisagée par Bercy.
STÉPHANE LE FOLL
C'est la meilleure des solutions, voilà. Et on verra si elle est adoptée. C'est mieux comme ça !
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est beaucoup mieux comme ça.
STÉPHANE LE FOLL
On est d'accord.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est bien d'accord. Stéphane LE FOLL, parlons des agriculteurs et de la grippe aviaire parce qu'il y a des inquiétudes. Trois pays européens sont touchés, l'Allemagne, les Pays Bas et la Grande-Bretagne. Rien en France pour l'instant ?
STÉPHANE LE FOLL
Pour l'instant, rien. Le processus d'alerte est mis en route. On est vigilant sur l'ensemble du territoire. On a saisi aussi l'Anses puisque sur cette forme de grippe aviaire qui est la H5N8, il n'y a pas de problème de transmission grave pour l'homme mais il faut qu'on soit extrêmement vigilant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que nous importons des volailles de ces pays ou pas ?
STÉPHANE LE FOLL
On importe des volailles mais abattues. Par contre, après ce sont les oiseaux migrateurs qui, eux, passent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les oiseaux migrateurs qui risquent de transporter la maladie.
STÉPHANE LE FOLL
Ce qui est frappant, par exemple si je regarde les Pays-Bas, c'est que comme c'est un pays qui n'est pas très vaste, la concentration de la production avec aussi des pôles d'air et des lieux de migration fait qu'il y a plus de risques que chez nous, mais en même temps on a des risques aussi. Il faut donc qu'on soit vigilant. C'est l'observation partout, c'est la mise en alerte des services et l'ensemble des directions départementales. En même temps, c'est la saisine de l'Anses pour qu'on regarde bien exactement ce qu'est virus tel qu'il est sur le H5N8 et qu'on vérifie tout ça. On est en alerte, en vigilance. Pour l'instant
JEAN-JACQUES BOURDIN
Rien en France.
STÉPHANE LE FOLL
Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et dans d'autres pays d'Europe ?
STÉPHANE LE FOLL
La Grande-Bretagne, Allemagne, Pays-Bas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Rien d'autre en Europe ?
STÉPHANE LE FOLL
Je ne crois pas pour l'instant. Je n'ai pas eu d'information.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour l'instant, vous n'avez pas eu d'information. Le bien-être animal est un débat qui est installé en France depuis maintenant beaucoup de temps. L'Assemblée Nationale a adopté il y a quelques jours une disposition qui reconnaît aux animaux la qualité symbolique d'êtres vivants doués de sensibilité. C'était utile ?
STÉPHANE LE FOLL
C'était un article du code rural passé dans le code civil.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, tout à fait. C'était utile franchement ?
STÉPHANE LE FOLL
Moi, je suis pour qu'on fasse progresser le bien-être animal là-dessus et qu'on fasse respecter en particulier partout, dans tous les cas et dans les lieux, les règles qui s'appliquent à l'échelle européenne. J'ai été député européen et j'ai été souvent confronté à ce débat au niveau du Parlement européen. Une fois que j'ai dit cela, il y a des efforts et des règles qui s'appliquent aujourd'hui et qui sont extrêmement importantes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elles sont importantes ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui. Je pense qu'aujourd'hui sur l'ensemble des productions et de l'élevage, quand elles sont respectées, toutes ces règles vont dans le sens du bien-être animal.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elles sont suffisantes ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui, oui. A moins qu'on fasse d'autres, mais elles sont suffisantes lorsque tout est parfaitement respecté. D'accord ? A partir de là, après il y a un débat : faut-il abattre, manger de la viande ? C'est une vraie question parce que derrière tout ça, ce que je vois et que je sais, c'est que derrière il y a des associations pour qui, au fond, ce n'est pas la question du bien-être mais c'est la question même d'est-ce que nous devons continuer à manger de la viande en particulier. Là j'alerte et là-dessus je dis stop. Il faut qu'on soit capable d'appliquer les règles et de répondre aux critères qui sont évoqués. Les agriculteurs et les éleveurs font des efforts et on poursuivra dans ce sens-là. Mais je dis que si ce débat sert pour certains à dire qu'après tout, on pourrait se passer à la fois de manger de la viande et que l'homme n'a pas besoin d'en manger, je dis non. Je dis que tous les animaux d'élevage qu'on voit aujourd'hui partout dans la campagne, ils existent parce qu'ils sont élevés depuis des siècles. On devrait d'abord considérer que l'éleveur a une responsabilité du bien-être de ces animaux. En gros, quand je regarde tous ces éleveurs dans les yeux, à part comme partout certains qui ne font pas les efforts ou qui ne font pas ce qu'il faut faire, pour tous c'est la passion qui les anime.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand on voit des éleveurs tuer des millions de poussins mâles, ça vous choque ou pas ?
STÉPHANE LE FOLL
Mais vous pensez que les millions de poussins mâles, si on en tuait un ça vous choquerait ? Non, vous n'en parleriez pas. Deux, trois, quatre, cinq, six, huit, neuf, dix non plus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas certain.
STÉPHANE LE FOLL
D'abord, ce n'est pas si simple que cela parce qu'on a une production qui est industrialisée. Après, c'est la question de faut-il industrialiser la production. Parce que vous pensez qu'il y a cent ans en arrière, dans le monde agricole des Cévennes, le bien-être animal
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci de la référence.
STÉPHANE LE FOLL
Je le sais et j'adore. C'est une très belle région.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci.
STÉPHANE LE FOLL
Allez-voir comment c'était. Pensez-y. Rappelez-vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai vu tuer le cochon, oui.
STÉPHANE LE FOLL
Et comment on le tuait ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est interdit aujourd'hui.
STÉPHANE LE FOLL
Oui, c'est interdit. Et comment on le tuait ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'était la saignée.
STÉPHANE LE FOLL
Voilà. Et comment il était élevé ? Dans une soue et il ne bougeait pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça dépend. Il mangeait des pommes de terre.
STÉPHANE LE FOLL
On lui donnait tous les déchets. Sur le bien-être animal, les choses ont donc évolué et tant mieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elles ont évolué mais est-ce qu'il n'y a pas d'autres pratiques possibles pour préserver le bien-être animal ?
STÉPHANE LE FOLL
Lesquelles ? Il faut toujours faire progresser, je l'ai dit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne sais pas, moi. Je pose des questions, je ne suis pas ministre de l'Agriculture.
STÉPHANE LE FOLL
On continuera à faire progresser le bien-être animal.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc si j'ai bien compris, ce qu'a voté l'Assemblée Nationale est inutile.
STÉPHANE LE FOLL
C'était pour mettre en conformité le code civil par rapport au code rural. Voilà, c'est un choix qui a été fait là aussi par les députés et pas par le ministre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et est-ce que ça vous a choqué de voir des manifestants agriculteurs maltraiter des ragondins ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui bien sûr, et je l'ai dit. Franchement, si l'image qu'ils veulent renvoyer est celle-là, c'est une responsabilité qu'ils prennent mais qui est lourde vis-à-vis de la société. C'est une très mauvaise image.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très mauvaise image ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le leur avez dit ?
STÉPHANE LE FOLL
Bien sûr que je leur ai dit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Deuxième djihadiste identifié sur les vidéos parmi les bourreaux : d'après le parquet de Paris, il y a de fortes présomptions qu'il s'agisse de Michael DOS SANTOS, originaire de Champigny-sur-Marne.
STÉPHANE LE FOLL
Si c'est le parquet de Paris, voilà la règle maintenant, c'est la justice parce que derrière ce nom, il y a une famille. Je ne peux pas balancer un nom sans que ce soit la justice qui ne le fasse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le connaissiez ?
STÉPHANE LE FOLL
Je ne connais pas du tout.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas lui mais le nom.
STÉPHANE LE FOLL
Bien sûr, je l'ai vu ce matin en arrivant. J'en ai entendu parler.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très bien. Merci Stéphane LE FOLL.
STÉPHANE LE FOLL
Je voulais juste qu'il y avait une bonne nouvelle ce matin. Les chiffres de la délinquance ont baissé mais comme c'est une bonne nouvelle, Jean-Jacques BOURDIN n'en a pas parlé donc c'est moi qui en parle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous rigolez ! Les chiffres de la délinquance qui ont baissé ? Allez-y ! Allez-y, dites-moi !
STÉPHANE LE FOLL
Ils ont baissé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
De combien ?
STÉPHANE LE FOLL
De combien, ça dépend des catégories. Mais en tout cas, c'est ce que j'ai entendu ce matin et ce sera répété aujourd'hui. C'est quand même une nouvelle et je tenais à le dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Stéphane LE FOLL.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 novembre 2014
Notre invité est Stéphane LE FOLL, porte-parole du gouvernement et ministre de l'Agriculture. Bonjour.
MONSIEUR LE MINISTRE STÉPHANE LE FOLL
Bonjour.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que le deuxième Français je préfère dire le second- est-ce que le second Français qui aurait été membre de Daesh et qui aurait participé à l'égorgement des pilotes syriens a été identifié ?
STÉPHANE LE FOLL
Pour l'instant, je vais parler de manière extrêmement claire, je n'ai pas une confirmation de l'identification du second Français. Je ne peux pas dire autre chose que ce que je sais.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et pourtant, d'après les informations qui sont données notamment par France 2, il s'appellerait Michael DOS SANTOS, il aurait vingt-deux ans et serait originaire de Champigny-sur-Marne.
STÉPHANE LE FOLL
Je ne peux pas confirmer cette information. Ça passe d'abord par la justice. En plus, il faut respecter en plus les personnes, les familles et il faut faire très attention, en allant vite à mettre des noms dans les médias, avec toutes les conséquences que ça peut avoir. Moi pour l'instant, ce que je vous dis en tant que porte-parole du gouvernement, c'est que je ne confirme pas et que je n'ai pas d'information sur l'identité du deuxième Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y a bien un second Français.
STÉPHANE LE FOLL
Il semblerait qu'il y ait un second Français.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est ce que dit le Président de la République.
STÉPHANE LE FOLL
On regarde qu'il y ait un deuxième Français. Le Président de la République l'a dit, c'est ce que je vous dis. On est en train de vérifier son identité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y a seulement deux Français.
STÉPHANE LE FOLL
Non, il y en a plus malheureusement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parmi les égorgeurs montrés sur la vidéo ?
STÉPHANE LE FOLL
Il semblerait qu'il y ait deux Français. Il y en a un qui a été identifié, un deuxième qui est en cours d'identification. Pour le reste, vous savez qu'il y a des Français qui sont partis là-bas, d'ailleurs non seulement des Français mais des Européens voire même dans d'autres pays d'autres continents du monde. Cette guerre contre le terrorisme et contre Daesh, est à la fois sur le théâtre des opérations et doit être conduite avec détermination et fermeté, ici en France et en Europe, contre ceux qui font de la propagande et qui finissent par convertir des jeunes pour qu'ils aillent ensuite se battre là-bas en Syrie et en Irak, faire les actes barbares qu'on évoquait tout à l'heure.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Daesh est une dérive sectaire ou pas ?
STÉPHANE LE FOLL
C'est quelque chose de beaucoup plus complexe, à la fois parce qu'on est dans un contexte général. On est par rapport à des grands enjeux liés à une histoire. Il y a des éléments dans tout ça dépassent bien sûr le seul phénomène proprement sectaire, mais on est dans une forme d'enfermement, dans une barbarie qui ne peut être que dénoncée, combattue et qui ressemble quelquefois a ce qu'on a malheureusement connu dans d'autres moments avec certaines sectes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Est-ce que ça ne peut prendre que chez ceux qui n'ont aucune culture musulmane ?
STÉPHANE LE FOLL
Ceux qui ont une vraie culture de l'islam, je crois qu'ils savent ce qu'est l'islam et que c'est une religion de paix. A priori comme ça, je considère que ceux qui connaissent l'islam, ça ne se traduit pas chez eux avec cette dérive qui est en train d'être constatée aujourd'hui avec cette barbarie qu'on a vue. C'est la vérité.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je pousse la question. Est-ce que c'est un phénomène politique avant d'être un phénomène religieux ?
STÉPHANE LE FOLL
Mais bien sûr. On voit bien que ce qui est engagé là, c'est un terrorisme dans une bataille fondamentale qui a lieu dans les endroits qu'on évoquait de déstabilisation le voit bien. Il y a derrière tout ça un engagement politique, bien sûr. Il y a une action de terrain qui est conduite. Il n'y a pas besoin de rappeler aux Français aujourd'hui la bataille contre le terrorisme partout. C'est un phénomène terroriste visant à déstabiliser des Etats. On l'a vu en Afrique et on le voit aujourd'hui au niveau du Moyen-Orient.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Stéphane LE FOLL, le second Français sera identifié dans la journée.
STÉPHANE LE FOLL
Je n'en sais rien. J'imagine dans la journée ou demain.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'en savez rien et vous êtes porte-parole du gouvernement. Dites-moi, Stéphane LE FOLL !
STÉPHANE LE FOLL
Je sais simplement une chose, c'est qu'il faut être très précis et avec les journalistes, éviter d'avancer d'un pas pour qu'à chaque fois on avance. Je vois bien, ça fait trois fois que vous me posez la question.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vous pose la question parce que je veux être précis justement.
STÉPHANE LE FOLL
Est-ce que c'est le monsieur qui a été évoqué par France 2 ? Je vous dis à l'heure où je parle que je ne confirme pas. C'est clair et c'est net.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord. Est-ce que vous confirmez que la France va envoyer six avions supplémentaires Mirage pour combattre Daesh ?
STÉPHANE LE FOLL
Je pense que la France va renforcer ses moyens pour combattre Daesh.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Six Mirage qui seront basés en Jordanie.
STÉPHANE LE FOLL
Je n'ai pas ce matin les chiffres des Mirage qui seront envoyés, ni à préciser où ils iront mais je sais une chose. C'est que dans cette bataille, dans cette guerre, la France renforce son dispositif.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La France va donc renforcer son dispositif. Ça au moins, c'est clair. C'est une formule préparée ?
STÉPHANE LE FOLL
Non, non, elle n'est pas préparée du tout. Elle a été trouvée en même temps que je parlais à monsieur BOURDIN ce matin.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Restons dans cette région du monde du Proche Orient et du Moyen Orient avec l'Etat palestinien, et notamment la situation à Jérusalem. Est-ce que François HOLLANDE est favorable à la reconnaissance d'un Etat palestinien ?
STÉPHANE LE FOLL
Ç'a toujours été la position de la France. Le problème de cette position de la reconnaissance de l'Etat palestinien, c'est qu'il doit aller de paire avec la sécurité pour l'Etat d'Israël. C'est bien l'enjeu, c'est bien le problème qui dure depuis tant d'années.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est ce que vous dites depuis tant d'années, Stéphane LE FOLL.
STÉPHANE LE FOLL
Exactement. Et pourquoi est-ce que depuis tant d'années on le dit ? Parce qu'on n'a pas trouvé la solution.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi est-ce que vous n'avez pas reconnu un Etat palestinien depuis tant d'années ?
STÉPHANE LE FOLL
Parce qu'à chaque fois qu'on veut et qu'on peut passer une étape et la preuve avec cet acte terroriste qui a été conduit- il y a toujours quelque chose qui empêche cette étape de se dérouler. Voilà le problème. C'est les deux qu'il faut tenir et cet attentat dans une synagogue à Jérusalem, c'est que nous ne pouvons pas accepter pour faire en sorte qu'on ait deux Etats. Il faut condamner cet attentat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce que vous avez fait et ce que François HOLLANDE a fait. Il a condamné.
STÉPHANE LE FOLL
Ce que nous avons fait. Après, il y a le débat sur la reconnaissance de l'Etat palestinien. C'est un débat qui se porte à l'échelle internationale au niveau du Conseil de sécurité de l'ONU où la France travaille et Laurent FABIUS l'a rappelé pour justement aller vers une résolution qui permette une reconnaissance.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y a des pays qui n'ont pas eu besoin de résolution pour reconnaître un Etat palestinien.
STÉPHANE LE FOLL
Vous avez raison, monsieur BOURDIN, mais qu'est-ce que a a changé ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Cent trente cinq pays dans le monde.
STÉPHANE LE FOLL
Et qu'est-ce que ça change ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais dites-moi, la France a encore du poids, non ? Est-ce que la France a du poids ?
STÉPHANE LE FOLL
Justement, c'est parce qu'elle a du poids qu'il faut qu'elle fasse en sorte d'aller au bout du processus, c'est-à-dire une reconnaissance officielle. Parce que si on faisait un pas sans que ça ait de résultat, à ce moment-là elle perdrait de son poids.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que François HOLLANDE est favorable à une reconnaissance officielle d'un Etat palestinien ?
STÉPHANE LE FOLL
François HOLLANDE et la ligne de la France a été rappelée. Nous sommes favorables à la reconnaissance de deux Etats dont l'Etat palestinien avec la sécurité de l'Etat d'Israël. C'est la position de la France. Il n'y a pas à avoir une reconnaissance formelle, on a à faire un travail concret.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous demandez aux députés de se prononcer.
STÉPHANE LE FOLL
On n'a pas aux députés de se prononcer, il faut être précis.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas vous, oui c'est vrai. C'est vrai, il faut être précis.
STÉPHANE LE FOLL
Recommencez !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vote solennel des députés le 28 novembre prochain à l'Assemblée Nationale, c'est une modification de la constitution qui a été voulue par Nicolas SARKOZY. Les députés voteront le 28 novembre prochain. Si vous étiez député, vous voteriez pour la reconnaissance d'un Etat palestinien ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui. C'est un texte qui a été écrit par les députés aujourd'hui, il a été travaillé avec l'ensemble des députés. Elisabeth GUIGOU est la présidente de la Commission des Affaires étrangères. Tout ça a été travaillé, l'objectif est de marquer cet engagement pour les députés socialistes et inviter le gouvernement à agir.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous allez peut-être être invité.
STÉPHANE LE FOLL
Si c'est voté, oui bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors quelles initiatives prendrez-vous si ce vote est positif ?
STÉPHANE LE FOLL
Elles sont prises, elles sont déjà prises, je le dis. Mais ça ne fera qu'accélérer et conforter. Voilà le travail qui est engagé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elles sont prises comment ?
STÉPHANE LE FOLL
Ça, c'est sûr, ça fait très longtemps que ça ne bouge pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pourquoi ?
STÉPHANE LE FOLL
Si c'était facile, il y a longtemps que ce serait réglé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais personne ne pense que c'est facile.
STÉPHANE LE FOLL
Voilà pourquoi le travail qui est engagé est aussi un travail dont on ne fait pas une publicité tous les jours, mais qui est un travail réel, fort, et la France dans ce sujet comme dans d'autres est un pays qui est écouté, entendu et qui travaille justement pour trouver des solutions. C'est pour ça qu'il faut qu'on reste dans cette position de force.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que ce qui se passe à Jérusalem c'est pour renvoyer dos à dos Israéliens et Palestiniens ?
STÉPHANE LE FOLL
Sur ce qui s'est passé à Jérusalem avec l'acte terroriste qui vient de se passer, condamnation totale ferme parce que ça, ça ne peut pas permettre d'avancer. C'est le contraire de ce qu'il faut faire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais sur la situation, est-ce que vous renvoyez dos à dos Palestiniens et Israéliens ?
STÉPHANE LE FOLL
Nous disons du côté des Palestiniens et Mahmoud ABBAS qui l'a fait- et du côté israélien qu'il est temps qu'aujourd'hui sur la base de ce que je disais, et la reconnaissance d'un Etat palestinien viable et la sécurité pour Israël, il est temps que des négociations s'engagent. C'est ce à quoi la France travaille et c'est pourquoi elle est mobilisée au niveau de l'ONU.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Hier à l'Assemblée Nationale Emmanuel MACRON nous a parlé des retraites-chapeau. Suppression des retraites-chapeau ou pas ?
STÉPHANE LE FOLL
Il a indiqué de manière très claire qu'il y avait un droit aujourd'hui qui existait et que les retraites-chapeau pouvaient avoir un sens pour certains.
JEAN-JACQUES BOURDIN
A peu près un million de retraites-chapeau en France.
STÉPHANE LE FOLL
Voilà. Qu'il y avait des dérives avec les sommes extraordinaires et pharaoniques qu'on entend et que là-dessus il fallait avoir une règle de droit commun de passer de la retraite-chapeau à la retraite-béret pour tout le monde.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire la plafonner ?
STÉPHANE LE FOLL
La discussion est engagée.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que c'est une bonne idée ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui, c'est une bonne idée. J'entendais sur BFM des remarques très justes. Monsieur GATTAZ ne peut pas dire : Il y a des abus? mais ne jamais les dénoncer, ne jamais rien faire et toujours demander plus. Il faut qu'on soit là aussi cohérent. Je suis pour ce qu'a dit Emmanuel MACRON. On doit revenir à un processus de droit commun pour tout le monde sur les retraites et éviter, même quand les résultats ne sont pas très probants, d'avoir des sommes à la retraite qui sont payées par l'entreprise pendant des années.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus de huit cent mille euros pour monsieur MESTRALLET qui est patron de l'entreprise GDF Suez où l'Etat ne l'a pas votée.
STÉPHANE LE FOLL
L'Etat ne l'a pas votée. C'était une décision du conseil d'administration qui avait été prise, je crois, en 2011. On l'a contestée et c'est contestable.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes favorable au plafonnement de ces retraites-chapeau.
STÉPHANE LE FOLL
J'attendrai que le travail soit engagé, je n'en sais rien. En tout cas, c'est une idée qui peut être évoquée et qui peut être une bonne idée. Moi, c'est maintenant la ligne que je suivrai. Il faut qu'on change ce système. Il y a des abus inadmissibles.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il n'y a pas trente-six solutions. Où vous supprimez les retraites-chapeau ou vous les gardez et c'est ce qu'a dit Emmanuel MACRON parce qu'elles sont parfois utiles. Vous les gardez et elles sont plafonnées.
STÉPHANE LE FOLL
Peut-être. On a d'ailleurs plafonné les salaires des grands patrons dans les entreprises publiques. On l'a fait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous plafonnerez donc les retraites-chapeau.
STÉPHANE LE FOLL
Mais vous êtes têtu ! Vous voulez à tout prix que je le dise ce matin et après, il y aura une petite dépêche AFP !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, je ne suis pas têtu mais vous savez très bien que c'est la meilleure des solutions. Vous savez très bien que c'est la solution envisagée par Bercy.
STÉPHANE LE FOLL
C'est la meilleure des solutions, voilà. Et on verra si elle est adoptée. C'est mieux comme ça !
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est beaucoup mieux comme ça.
STÉPHANE LE FOLL
On est d'accord.
JEAN-JACQUES BOURDIN
On est bien d'accord. Stéphane LE FOLL, parlons des agriculteurs et de la grippe aviaire parce qu'il y a des inquiétudes. Trois pays européens sont touchés, l'Allemagne, les Pays Bas et la Grande-Bretagne. Rien en France pour l'instant ?
STÉPHANE LE FOLL
Pour l'instant, rien. Le processus d'alerte est mis en route. On est vigilant sur l'ensemble du territoire. On a saisi aussi l'Anses puisque sur cette forme de grippe aviaire qui est la H5N8, il n'y a pas de problème de transmission grave pour l'homme mais il faut qu'on soit extrêmement vigilant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que nous importons des volailles de ces pays ou pas ?
STÉPHANE LE FOLL
On importe des volailles mais abattues. Par contre, après ce sont les oiseaux migrateurs qui, eux, passent.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les oiseaux migrateurs qui risquent de transporter la maladie.
STÉPHANE LE FOLL
Ce qui est frappant, par exemple si je regarde les Pays-Bas, c'est que comme c'est un pays qui n'est pas très vaste, la concentration de la production avec aussi des pôles d'air et des lieux de migration fait qu'il y a plus de risques que chez nous, mais en même temps on a des risques aussi. Il faut donc qu'on soit vigilant. C'est l'observation partout, c'est la mise en alerte des services et l'ensemble des directions départementales. En même temps, c'est la saisine de l'Anses pour qu'on regarde bien exactement ce qu'est virus tel qu'il est sur le H5N8 et qu'on vérifie tout ça. On est en alerte, en vigilance. Pour l'instant
JEAN-JACQUES BOURDIN
Rien en France.
STÉPHANE LE FOLL
Voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et dans d'autres pays d'Europe ?
STÉPHANE LE FOLL
La Grande-Bretagne, Allemagne, Pays-Bas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Rien d'autre en Europe ?
STÉPHANE LE FOLL
Je ne crois pas pour l'instant. Je n'ai pas eu d'information.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour l'instant, vous n'avez pas eu d'information. Le bien-être animal est un débat qui est installé en France depuis maintenant beaucoup de temps. L'Assemblée Nationale a adopté il y a quelques jours une disposition qui reconnaît aux animaux la qualité symbolique d'êtres vivants doués de sensibilité. C'était utile ?
STÉPHANE LE FOLL
C'était un article du code rural passé dans le code civil.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, tout à fait. C'était utile franchement ?
STÉPHANE LE FOLL
Moi, je suis pour qu'on fasse progresser le bien-être animal là-dessus et qu'on fasse respecter en particulier partout, dans tous les cas et dans les lieux, les règles qui s'appliquent à l'échelle européenne. J'ai été député européen et j'ai été souvent confronté à ce débat au niveau du Parlement européen. Une fois que j'ai dit cela, il y a des efforts et des règles qui s'appliquent aujourd'hui et qui sont extrêmement importantes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elles sont importantes ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui. Je pense qu'aujourd'hui sur l'ensemble des productions et de l'élevage, quand elles sont respectées, toutes ces règles vont dans le sens du bien-être animal.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elles sont suffisantes ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui, oui. A moins qu'on fasse d'autres, mais elles sont suffisantes lorsque tout est parfaitement respecté. D'accord ? A partir de là, après il y a un débat : faut-il abattre, manger de la viande ? C'est une vraie question parce que derrière tout ça, ce que je vois et que je sais, c'est que derrière il y a des associations pour qui, au fond, ce n'est pas la question du bien-être mais c'est la question même d'est-ce que nous devons continuer à manger de la viande en particulier. Là j'alerte et là-dessus je dis stop. Il faut qu'on soit capable d'appliquer les règles et de répondre aux critères qui sont évoqués. Les agriculteurs et les éleveurs font des efforts et on poursuivra dans ce sens-là. Mais je dis que si ce débat sert pour certains à dire qu'après tout, on pourrait se passer à la fois de manger de la viande et que l'homme n'a pas besoin d'en manger, je dis non. Je dis que tous les animaux d'élevage qu'on voit aujourd'hui partout dans la campagne, ils existent parce qu'ils sont élevés depuis des siècles. On devrait d'abord considérer que l'éleveur a une responsabilité du bien-être de ces animaux. En gros, quand je regarde tous ces éleveurs dans les yeux, à part comme partout certains qui ne font pas les efforts ou qui ne font pas ce qu'il faut faire, pour tous c'est la passion qui les anime.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quand on voit des éleveurs tuer des millions de poussins mâles, ça vous choque ou pas ?
STÉPHANE LE FOLL
Mais vous pensez que les millions de poussins mâles, si on en tuait un ça vous choquerait ? Non, vous n'en parleriez pas. Deux, trois, quatre, cinq, six, huit, neuf, dix non plus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas certain.
STÉPHANE LE FOLL
D'abord, ce n'est pas si simple que cela parce qu'on a une production qui est industrialisée. Après, c'est la question de faut-il industrialiser la production. Parce que vous pensez qu'il y a cent ans en arrière, dans le monde agricole des Cévennes, le bien-être animal
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci de la référence.
STÉPHANE LE FOLL
Je le sais et j'adore. C'est une très belle région.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci.
STÉPHANE LE FOLL
Allez-voir comment c'était. Pensez-y. Rappelez-vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai vu tuer le cochon, oui.
STÉPHANE LE FOLL
Et comment on le tuait ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est interdit aujourd'hui.
STÉPHANE LE FOLL
Oui, c'est interdit. Et comment on le tuait ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'était la saignée.
STÉPHANE LE FOLL
Voilà. Et comment il était élevé ? Dans une soue et il ne bougeait pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça dépend. Il mangeait des pommes de terre.
STÉPHANE LE FOLL
On lui donnait tous les déchets. Sur le bien-être animal, les choses ont donc évolué et tant mieux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Elles ont évolué mais est-ce qu'il n'y a pas d'autres pratiques possibles pour préserver le bien-être animal ?
STÉPHANE LE FOLL
Lesquelles ? Il faut toujours faire progresser, je l'ai dit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne sais pas, moi. Je pose des questions, je ne suis pas ministre de l'Agriculture.
STÉPHANE LE FOLL
On continuera à faire progresser le bien-être animal.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc si j'ai bien compris, ce qu'a voté l'Assemblée Nationale est inutile.
STÉPHANE LE FOLL
C'était pour mettre en conformité le code civil par rapport au code rural. Voilà, c'est un choix qui a été fait là aussi par les députés et pas par le ministre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et est-ce que ça vous a choqué de voir des manifestants agriculteurs maltraiter des ragondins ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui bien sûr, et je l'ai dit. Franchement, si l'image qu'ils veulent renvoyer est celle-là, c'est une responsabilité qu'ils prennent mais qui est lourde vis-à-vis de la société. C'est une très mauvaise image.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très mauvaise image ?
STÉPHANE LE FOLL
Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le leur avez dit ?
STÉPHANE LE FOLL
Bien sûr que je leur ai dit.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Deuxième djihadiste identifié sur les vidéos parmi les bourreaux : d'après le parquet de Paris, il y a de fortes présomptions qu'il s'agisse de Michael DOS SANTOS, originaire de Champigny-sur-Marne.
STÉPHANE LE FOLL
Si c'est le parquet de Paris, voilà la règle maintenant, c'est la justice parce que derrière ce nom, il y a une famille. Je ne peux pas balancer un nom sans que ce soit la justice qui ne le fasse.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous le connaissiez ?
STÉPHANE LE FOLL
Je ne connais pas du tout.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas lui mais le nom.
STÉPHANE LE FOLL
Bien sûr, je l'ai vu ce matin en arrivant. J'en ai entendu parler.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Très bien. Merci Stéphane LE FOLL.
STÉPHANE LE FOLL
Je voulais juste qu'il y avait une bonne nouvelle ce matin. Les chiffres de la délinquance ont baissé mais comme c'est une bonne nouvelle, Jean-Jacques BOURDIN n'en a pas parlé donc c'est moi qui en parle.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous rigolez ! Les chiffres de la délinquance qui ont baissé ? Allez-y ! Allez-y, dites-moi !
STÉPHANE LE FOLL
Ils ont baissé.
JEAN-JACQUES BOURDIN
De combien ?
STÉPHANE LE FOLL
De combien, ça dépend des catégories. Mais en tout cas, c'est ce que j'ai entendu ce matin et ce sera répété aujourd'hui. C'est quand même une nouvelle et je tenais à le dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Stéphane LE FOLL.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 novembre 2014