Déclaration de M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du gouvernement, sur la coopération franco-tunisienne en matière économique et sur les questions de sécurité, en Tunisie le 31 octobre 2014.

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Circonstance : Voyage officiel en Algérie et en Tunisie du 29 au 31 octobre 2014

Texte intégral

« Je ne vais pas faire un long préliminaire parce que je voudrais plutôt répondre à vos questions. Je voudrais simplement vous dire que dans ce voyage qui a commencé par l'Algérie, la Tunisie revêt un aspect particulier.
On est à la fin d'un processus électoral démocratique. Je l'ai salué comme un processus maîtrisé. Il y a une maturité démocratique en Tunisie qui est assez impressionnante : deux élections, une victoire des uns et une défaite des autres lors de la première ; une victoire des autres et une défaite de ceux qui avaient connu la victoire lors de la seconde. Et les choses se passent avec la maturité nécessaire dans une démocratie, qui consiste à accepter la défaite et essayer de construire un avenir au nom de l'intérêt général. (...)
À la suite de ce processus où les Tunisiens ont choisi en termes démocratiques, il y a des discussions qui s'engagent. Nous respectons ces discussions, mais la France sera là pour aider la Tunisie à construire l'avenir, à travailler sur des partenariats renforcés.
Pendant la discussion que j'ai eue avec le ministre de l'Agriculture, je lui ai dit, comme je l'ai dit au Premier ministre, que la France serait là pour aider la Tunisie à progresser sur des accords et une coopération avec l'Union européenne mais aussi pour créer des partenariats en termes de recherche, de formation, de développement des relations entre les professionnels de l'agriculture français et tunisiens.
Deux accords ont été signés ce matin. Ce sont des étapes et nous allons progresser, nous allons continuer à travailler. L'idée toute simple, je le dis et le répète, c'est que cette amitié franco-tunisienne doit être réaffirmée et trouver ses preuves dans la capacité que nous avons les uns et les autres à être au rendez-vous chaque fois que c'est nécessaire pour aider la Tunisie, que ce soit au sein de l'Europe ou quand il s'agit de développer des filières, etc. (...)
Le mieux, maintenant, c'est de répondre à vos questions.
- Que peut faire la France à court terme pour aider la Tunisie ?
À court terme, je pense que ce sont des engagements sur l'économie, des engagements que nous avons pris sur la recherche et la formation, en particulier, s'agissant de l'agriculture, dans l'agroalimentaire.
C'est important d'aider la Tunisie aussi sur le plan diplomatique, lorsque le débat va porter, par exemple sur l'idée de partenariat avancé avec l'Union européenne.
C'est tout un processus, tout un engagement, un ensemble de mesures et de décisions qui font qu'au fur et à mesure, on aide un pays comme la Tunisie à réussir et à se développer. Je le dis de manière récurrente, c'est mutuellement bénéfique. Si l'ensemble des pays du Maghreb et de la Méditerranée arrivent à retrouver la voie du développement, ce sera bénéfique pour l'Europe et pour la France. Il ne s'agit pas d'être dans une espèce de concurrence ou de choix qui serait égoïste. C'est un choix qui doit être collectif.
Le président de la République avait annoncé lorsqu'il est venu un soutien de près de 500 M€ et je crois qu'il est en cours de mise en œuvre. Le soutien est là. La France est un partenaire, une amie, la France est là pour aider la Tunisie.
- Voyez-vous des obstacles à la poursuite de la transition en Tunisie, avez-vous des sources d'inquiétudes ?
Non, nous n'avons pas de sources d'inquiétudes. Nous avons simplement à considérer que le peuple tunisien a fait, au travers de ces élections, un choix et que maintenant des discussions sont en cours. Je le disais tout à l'heure, on ne peut que se satisfaire de la maturité avec laquelle ce processus s'est déroulé et de la maîtrise qui a été celle des vainqueurs et de ceux qui ont perdu l'élection.
À partir de là, il faut faire confiance à la Tunisie, faire confiance aux responsables politiques tunisiens pour que les choses trouvent leur issue, avec une volonté de porter l'intérêt général, d'assurer cette transition jusqu'au bout et de voir, après, quelles sont les grandes décisions à prendre sur le plan économique et social.
Compte tenu de ce que j'ai observé en tant que ministre de l'Agriculture, ce matin au Salon de l'investissement agricole et de la technologie, et de ce que j'ai pu avoir comme retour de la part des professionnels qui étaient avec moi, il est certain qu'il y a en Tunisie à la fois des potentialités et une stabilité telles que des professionnels de l'agriculture et de l'agroalimentaire sont prêts à s'investir.
Cela signifie que chacun a confiance dans le processus engagé en Tunisie. Encore faut-il l'accompagner, le soutenir, être là quand les choses sont un peu plus difficiles. C'est tout l'enjeu de ce partenariat que nous cherchons à construire.
- Question sur la coopération en matière de sécurité
Vous savez, sur ces sujets-là, moins on en parle et mieux on agit. Quel est l'enjeu, avec tous nos partenaires, qu'ils soient européens ou de l'autre rive de la Méditerranée ? C'est d'assurer les coopérations nécessaires pour qu'on puisse coordonner les actions. C'est cela, l'enjeu et je sais que, au niveau du Gouvernement français, les contacts qui sont pris, le travail qui est fait, partout, dans tous les domaines, consiste à renforcer cette coordination et cette coopération. (...)
- Question sur les ressortissants tunisiens qui continuent de partir combattre en Irak et en Syrie
D'abord, cela relève de la responsabilité de chacun de nos pays. En ce qui concerne la France, nous avons renforcé notre arsenal. Tout est fait pour limiter et empêcher ces départs en Syrie. Pour ce qui est de la Tunisie, j'imagine que les mesures qui sont prises poursuivent le même objectif.
Après, il faut coordonner l'action, s'aider mutuellement, transmettre un certain nombre d'éléments pour pouvoir lutter contre ce qui apparait comme une volonté de déstabiliser des pays tout entiers, de la part des terroristes. Voilà, nous sommes confrontés à la même menace et nous essayons de construire ensemble une réponse.
- Question sur le danger que présente le voisin libyen et sur la possibilité d'une intervention française
Le voisin libyen et la situation en Libye inquiètent, bien sûr. À partir de là, il y a des discussions qui se déroulent, en particulier à l'échelle de l'ONU. Laurent Fabius l'a rappelé, la France soutient les initiatives qui sont prises dans le cadre du Conseil de sécurité, s'agissant de la Libye. »
source http://www.ambassadefrance-tn.org, le 24 novembre 2014