Texte intégral
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Chers Participants,
C'est un plaisir d'être parmi vous aujourd'hui pour évoquer, dans un cadre francophone, les enjeux de la santé globale. J'étais le mois dernier en Allemagne pour une rencontre internationale sur la santé et j'ai dû regretter publiquement l'absence de traduction, qui limitait de fait l'audience de ces travaux. Et la tenue ici, en Afrique de l'Ouest, d'un sommet international rassemblant près de 70 pays malgré le contexte de crise Ebola me paraît être le meilleur témoignage de la force des liens qui unissent les pays qui ont le français en partage.
La tenue de ce sommet, c'est la preuve de notre solidarité et de notre détermination à vaincre l'épidémie. J'y reviendrai.
Mais je souhaite tout d'abord saluer l'engagement du Sénégal en matière de santé. Madame la Ministre, vous mettez votre expertise reconnue au service de votre pays. Vous le mobilisez dans le domaine de la vaccination, de la couverture sanitaire universelle, de l'accès au soin.
J'étais à Dakar, en septembre, lorsqu'un patient porteur du virus Ebola y était en traitement. J'ai pu mesurer la qualité de la collaboration entre spécialistes français et sénégalais, notamment dans le cadre de l'Institut Pasteur. Cette qualité de la collaboration dans un moment d'urgence n'existerait pas sans les échanges permanents qu'impliquent année après année les partenariats hospitaliers, l'initiative Esther et bien sûr les projets de l'Agence française de développement.
Mesdames et Messieurs,
La France est engagée dans les partenariats internationaux comme le Fonds mondial, UNITAID et Gavi, sur lesquels elle a orienté une grande partie de son aide en matière de santé. Nous les encourageons à intervenir plus spécifiquement dans les pays francophones, où les besoins sont aujourd'hui importants.
Ces partenariats avec les États mais aussi avec les acteurs de la société civile et du secteur privé permettent de mutualiser les ressources pour agir sur le terrain de la manière la plus efficace possible. Grâce à ces interventions, c'est la vie de plusieurs millions de personnes qui s'est améliorée, des millions de décès qui ont été évités, et autant de «moteurs de la croissance de demain» préservés dans les pays.
Nous sommes fiers de ces progrès remarquables dont le monde francophone est partie prenante.
La France encourage les différents fonds thématiques de la santé à renforcer leurs synergies, conformément aux orientations des Objectifs du développement durable. Il faut le faire de manière pragmatique, par exemple en faisant en sorte que les investissements de Gavi sur la chaîne du froid profitent aux banques de sang ou en faisant que la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant serve à renforcer la santé maternelle dans sa globalité. Les fonds thématiques doivent aussi renforcer davantage les systèmes de santé dans leur ensemble pour les rendre plus forts, plus résistants aux crises et plus résilients. La crise Ebola en est un bon exemple, j'y reviendrai.
Pour maximiser l'impact des investissements réalisés dans les pays, il faut aussi une meilleure articulation des grands fonds au sein de l'architecture de la santé mondiale. Nous devons mettre en place de plus grandes synergies et complémentarité entre les acteurs comme le Fonds mondial, UNITAID, Gavi, mais aussi avec les organisations onusiennes, tels que l'ONUSIDA, qui assure un rôle important dans le domaine du plaidoyer, l'OMS, l'UNICEF, le FNUAP. Je me félicite à cet égard de la récente mission conjointe au Mali de Michel Sidibé, Margaret Chan, Mark Dybul et Jean-François Delfraissy, le coordonnateur français pour la crise Ebola.
Plus généralement, je crois qu'il faut agir ensemble, de manière concertée, en intégrant tous les acteurs, en matière de santé mais en matière de développement en général. La société civile est ainsi un maillon clé de cette mobilisation du monde francophone. Je me félicite du lancement de la plateforme des Organisations de la société civile d'Afrique francophone pour le renforcement des systèmes de santé et de la vaccination.
L'utilisation de la langue française est également un vecteur à prendre en compte pour l'efficacité de notre action sur le terrain. Il est essentiel d'être soigné dans sa langue ! C'est un gage d'efficacité. Au-delà, afin d'encourager la prise de décisions fondée sur des données probantes, la France encourage les partenaires à agir davantage pour favoriser la disponibilité des publications scientifiques et autres documents en français, afin de permettre une meilleure collaboration régionale et internationale en santé avec les pays francophones.
Mesdames et Messieurs,
La crise Ebola, en particulier, nous rappelle que beaucoup reste à faire en matière de renforcement des systèmes de santé.
Les ressources nationales doivent être au coeur du financement du système. Ces dernières années, les ressources internes mobilisées par les États pour la prise en charge des grandes pandémies telles que le VIH/sida ont augmenté et nous saluons ces efforts.
Toutefois, il est nécessaire d'aller encore plus loin, car peu de pays africains appliquent aujourd'hui l'engagement qu'ils ont pris à Abuja en 2001 de dédier 15 % de leur PIB à leur budget national pour la santé. Les états émergents doivent également progressivement prendre une part plus importante à cet agenda commun : partie prenante dans la définition de cet agenda, ils doivent également faire converger leurs aides en ce sens.
Pour faire face aux défis sanitaires, les systèmes de santé doivent être résilients. Ils doivent pouvoir compter sur du personnel de santé formé et en nombre suffisant.
Pour la France, cette résilience est un objectif prioritaire. Et l'atteindre passe notamment par la mise en place d'une couverture sanitaire universelle (CSU). La CSU et des systèmes de santé renforcés sur le long terme sont des éléments clés pour anticiper et faire face à de futures crises sanitaires mais aussi pour être catalyseurs de développement.
Le groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable après 2015 a abouti à une proposition ambitieuse dans le domaine de la santé. Je me félicite que la CSU soit intégrée comme une des neuf cibles prioritaires de l'objectif santé. Il importe désormais de veiller à ce qu'elle conserve une place centrale dans la perspective d'un accord intergouvernemental en septembre 2015.
Mesdames et Messieurs,
Le monde connaît la génération de jeunes la plus importante de son histoire. C'est une réelle opportunité mais aussi un défi important, notamment en termes de santé.
Les complications liées à des grossesses précoces, souvent non désirées, sont la première cause de mortalité chez les adolescentes et le VIH-sida est la seconde cause de décès des 10-24 ans dans les pays en développement.
Ces constats doivent nous amener collectivement à infléchir notre action.
La France consent un effort considérable depuis plusieurs années au profit de la santé mondiale. Plus d'un tiers de cet effort contribue à l'accès universel à la santé sexuelle et reproductive, y compris la planification familiale, qui constitue l'un des domaines d'intervention prioritaire pour accélérer la transition démographique, qui conditionne largement le développement économique.
La contraception est l'une des interventions de santé publique avec le meilleur rapport coût-efficacité. Elle est à la santé des femmes ce que la vaccination est à la santé des enfants : un moyen efficace et peu coûteux de prévenir, plutôt que de guérir.
Je suis consciente que ce sujet est délicat à aborder, en particulier ici en Afrique de l'Ouest, car il heurte des tabous. Et nous, partenaires internationaux, devons être constamment à l'écoute des acteurs de terrain, spécialement les femmes.
La France souhaite apporter une réponse collective à ce défi. Nous aurons le plaisir d'accueillir à Paris le 18 et 19 décembre prochain, la réunion annuelle du partenariat d'Ouagadougou pour la planification familiale en Afrique de l'ouest. Ce partenariat, que la France a co-initié avec la fondation Bill et Melinda Gates, la fondation Hewlett, l'agence américaine de développement, et neuf pays d'Afrique de l'ouest francophone a grandement contribué à améliorer l'accès à la contraception dans la région.
Nous souhaitons avec l'aide de nos partenaires, poursuivre et accroitre la mobilisation.
Puisque vient l'heure de clore les travaux de cette journée, je terminerai en remerciant vivement les co-organisateurs de cet événement - le gouvernement sénégalais, Onusida, le Fonds mondial, Gavi et UNITAID. Cette journée a permis de mettre en lumière l'importance des femmes et des jeunes dans les actions en matière de santé, en lien avec le thème du Sommet de la Francophonie.
Je terminerai en citant le président Abdou Diouf, qui va bientôt prendre une retraite méritée après avoir si bien servi le pays qui nous accueille, puis l'OIF. La définition qu'il donne de la Francophonie s'applique bien, je trouve, à ce que nous essayons de faire, ensemble, sur la santé. Je le cite : «La Francophonie est une prise de conscience effective de notre solidarité naturelle et de notre fraternité, nées d'une approche analogue des affaires du monde à l'aide d'un même instrument, la langue française.»
Alors qu'Abou Diouf s'apprête à se retirer de la scène francophone, je forme le voeu que sa vision humaniste continue pour longtemps d'inspirer nos travaux.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er décembre 2014
Mesdames et Messieurs,
Chers Participants,
C'est un plaisir d'être parmi vous aujourd'hui pour évoquer, dans un cadre francophone, les enjeux de la santé globale. J'étais le mois dernier en Allemagne pour une rencontre internationale sur la santé et j'ai dû regretter publiquement l'absence de traduction, qui limitait de fait l'audience de ces travaux. Et la tenue ici, en Afrique de l'Ouest, d'un sommet international rassemblant près de 70 pays malgré le contexte de crise Ebola me paraît être le meilleur témoignage de la force des liens qui unissent les pays qui ont le français en partage.
La tenue de ce sommet, c'est la preuve de notre solidarité et de notre détermination à vaincre l'épidémie. J'y reviendrai.
Mais je souhaite tout d'abord saluer l'engagement du Sénégal en matière de santé. Madame la Ministre, vous mettez votre expertise reconnue au service de votre pays. Vous le mobilisez dans le domaine de la vaccination, de la couverture sanitaire universelle, de l'accès au soin.
J'étais à Dakar, en septembre, lorsqu'un patient porteur du virus Ebola y était en traitement. J'ai pu mesurer la qualité de la collaboration entre spécialistes français et sénégalais, notamment dans le cadre de l'Institut Pasteur. Cette qualité de la collaboration dans un moment d'urgence n'existerait pas sans les échanges permanents qu'impliquent année après année les partenariats hospitaliers, l'initiative Esther et bien sûr les projets de l'Agence française de développement.
Mesdames et Messieurs,
La France est engagée dans les partenariats internationaux comme le Fonds mondial, UNITAID et Gavi, sur lesquels elle a orienté une grande partie de son aide en matière de santé. Nous les encourageons à intervenir plus spécifiquement dans les pays francophones, où les besoins sont aujourd'hui importants.
Ces partenariats avec les États mais aussi avec les acteurs de la société civile et du secteur privé permettent de mutualiser les ressources pour agir sur le terrain de la manière la plus efficace possible. Grâce à ces interventions, c'est la vie de plusieurs millions de personnes qui s'est améliorée, des millions de décès qui ont été évités, et autant de «moteurs de la croissance de demain» préservés dans les pays.
Nous sommes fiers de ces progrès remarquables dont le monde francophone est partie prenante.
La France encourage les différents fonds thématiques de la santé à renforcer leurs synergies, conformément aux orientations des Objectifs du développement durable. Il faut le faire de manière pragmatique, par exemple en faisant en sorte que les investissements de Gavi sur la chaîne du froid profitent aux banques de sang ou en faisant que la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant serve à renforcer la santé maternelle dans sa globalité. Les fonds thématiques doivent aussi renforcer davantage les systèmes de santé dans leur ensemble pour les rendre plus forts, plus résistants aux crises et plus résilients. La crise Ebola en est un bon exemple, j'y reviendrai.
Pour maximiser l'impact des investissements réalisés dans les pays, il faut aussi une meilleure articulation des grands fonds au sein de l'architecture de la santé mondiale. Nous devons mettre en place de plus grandes synergies et complémentarité entre les acteurs comme le Fonds mondial, UNITAID, Gavi, mais aussi avec les organisations onusiennes, tels que l'ONUSIDA, qui assure un rôle important dans le domaine du plaidoyer, l'OMS, l'UNICEF, le FNUAP. Je me félicite à cet égard de la récente mission conjointe au Mali de Michel Sidibé, Margaret Chan, Mark Dybul et Jean-François Delfraissy, le coordonnateur français pour la crise Ebola.
Plus généralement, je crois qu'il faut agir ensemble, de manière concertée, en intégrant tous les acteurs, en matière de santé mais en matière de développement en général. La société civile est ainsi un maillon clé de cette mobilisation du monde francophone. Je me félicite du lancement de la plateforme des Organisations de la société civile d'Afrique francophone pour le renforcement des systèmes de santé et de la vaccination.
L'utilisation de la langue française est également un vecteur à prendre en compte pour l'efficacité de notre action sur le terrain. Il est essentiel d'être soigné dans sa langue ! C'est un gage d'efficacité. Au-delà, afin d'encourager la prise de décisions fondée sur des données probantes, la France encourage les partenaires à agir davantage pour favoriser la disponibilité des publications scientifiques et autres documents en français, afin de permettre une meilleure collaboration régionale et internationale en santé avec les pays francophones.
Mesdames et Messieurs,
La crise Ebola, en particulier, nous rappelle que beaucoup reste à faire en matière de renforcement des systèmes de santé.
Les ressources nationales doivent être au coeur du financement du système. Ces dernières années, les ressources internes mobilisées par les États pour la prise en charge des grandes pandémies telles que le VIH/sida ont augmenté et nous saluons ces efforts.
Toutefois, il est nécessaire d'aller encore plus loin, car peu de pays africains appliquent aujourd'hui l'engagement qu'ils ont pris à Abuja en 2001 de dédier 15 % de leur PIB à leur budget national pour la santé. Les états émergents doivent également progressivement prendre une part plus importante à cet agenda commun : partie prenante dans la définition de cet agenda, ils doivent également faire converger leurs aides en ce sens.
Pour faire face aux défis sanitaires, les systèmes de santé doivent être résilients. Ils doivent pouvoir compter sur du personnel de santé formé et en nombre suffisant.
Pour la France, cette résilience est un objectif prioritaire. Et l'atteindre passe notamment par la mise en place d'une couverture sanitaire universelle (CSU). La CSU et des systèmes de santé renforcés sur le long terme sont des éléments clés pour anticiper et faire face à de futures crises sanitaires mais aussi pour être catalyseurs de développement.
Le groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable après 2015 a abouti à une proposition ambitieuse dans le domaine de la santé. Je me félicite que la CSU soit intégrée comme une des neuf cibles prioritaires de l'objectif santé. Il importe désormais de veiller à ce qu'elle conserve une place centrale dans la perspective d'un accord intergouvernemental en septembre 2015.
Mesdames et Messieurs,
Le monde connaît la génération de jeunes la plus importante de son histoire. C'est une réelle opportunité mais aussi un défi important, notamment en termes de santé.
Les complications liées à des grossesses précoces, souvent non désirées, sont la première cause de mortalité chez les adolescentes et le VIH-sida est la seconde cause de décès des 10-24 ans dans les pays en développement.
Ces constats doivent nous amener collectivement à infléchir notre action.
La France consent un effort considérable depuis plusieurs années au profit de la santé mondiale. Plus d'un tiers de cet effort contribue à l'accès universel à la santé sexuelle et reproductive, y compris la planification familiale, qui constitue l'un des domaines d'intervention prioritaire pour accélérer la transition démographique, qui conditionne largement le développement économique.
La contraception est l'une des interventions de santé publique avec le meilleur rapport coût-efficacité. Elle est à la santé des femmes ce que la vaccination est à la santé des enfants : un moyen efficace et peu coûteux de prévenir, plutôt que de guérir.
Je suis consciente que ce sujet est délicat à aborder, en particulier ici en Afrique de l'Ouest, car il heurte des tabous. Et nous, partenaires internationaux, devons être constamment à l'écoute des acteurs de terrain, spécialement les femmes.
La France souhaite apporter une réponse collective à ce défi. Nous aurons le plaisir d'accueillir à Paris le 18 et 19 décembre prochain, la réunion annuelle du partenariat d'Ouagadougou pour la planification familiale en Afrique de l'ouest. Ce partenariat, que la France a co-initié avec la fondation Bill et Melinda Gates, la fondation Hewlett, l'agence américaine de développement, et neuf pays d'Afrique de l'ouest francophone a grandement contribué à améliorer l'accès à la contraception dans la région.
Nous souhaitons avec l'aide de nos partenaires, poursuivre et accroitre la mobilisation.
Puisque vient l'heure de clore les travaux de cette journée, je terminerai en remerciant vivement les co-organisateurs de cet événement - le gouvernement sénégalais, Onusida, le Fonds mondial, Gavi et UNITAID. Cette journée a permis de mettre en lumière l'importance des femmes et des jeunes dans les actions en matière de santé, en lien avec le thème du Sommet de la Francophonie.
Je terminerai en citant le président Abdou Diouf, qui va bientôt prendre une retraite méritée après avoir si bien servi le pays qui nous accueille, puis l'OIF. La définition qu'il donne de la Francophonie s'applique bien, je trouve, à ce que nous essayons de faire, ensemble, sur la santé. Je le cite : «La Francophonie est une prise de conscience effective de notre solidarité naturelle et de notre fraternité, nées d'une approche analogue des affaires du monde à l'aide d'un même instrument, la langue française.»
Alors qu'Abou Diouf s'apprête à se retirer de la scène francophone, je forme le voeu que sa vision humaniste continue pour longtemps d'inspirer nos travaux.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er décembre 2014