Texte intégral
Madame la Présidente,
(...)
Tout a été dit. Mon métier comme ministre des affaires étrangères, c'est de parcourir le monde - 40000 kilomètres par mois
(...).
Ce que j'entends en permanence à l'étranger et qui contraste beaucoup avec ce que j'entends ici, c'est : quel est le plus beau pays du monde, celui où on a envie de vivre ? C'est la France. Sur 195 pays, quand on demande aux gens : «où voulez-vous aller ?», ce qui sort en numéro un, c'est la France. C'est quand même un atout extraordinaire.
Cela ne veut pas dire que nous n'ayons pas de problème. Nous avons beaucoup de problèmes, nous avons sûrement des défauts, mais le «French bashing», les «French bashers», non. On peut parfois s'en sortir par l'humour. Généralement, ce sont des Français qui parlent du déclin. Je leur dis qu'ils ont sûrement raison mais un pays qui, la même année, a la médaille Fields de mathématiques, le Prix Nobel d'Économie et le Prix Nobel de Littérature, c'est certes un déclin mais il y a quand même des déclins plus absolus. Je le dis d'autant plus que le gouvernement n'y est strictement pour rien. Je pense qu'il faut à la fois que l'on soit lucide et que l'on corrige tout ce qui ne va pas, ou pas encore, mais il faut que l'on soit fier, sans être arrogant, du génie de la France dans tous les domaines.
Je vois bien ce qui fait le génie de la France, c'est que nous avons des facettes différentes et il y a très peu de pays qui réunissent ces facettes. Nous sommes la cinquième puissance économique. Les choses fonctionnent sans doute mal mais il y a quand même 190 pays qui sont derrière nous. Nous sommes l'un des cinq pays - il n'y en a que cinq au monde - membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU, c'est-à-dire que l'on peut lever ou baisser le pouce ; les autres ne le peuvent pas.
Nous sommes également une puissance militaire et, aujourd'hui, il n'y a pas beaucoup de pays qui non seulement, lorsque c'est nécessaire, acceptent de s'engager mais qui font le sacrifice de leurs hommes pour s'engager. On les compte sur les doigts d'une main et encore on peut couper quelques doigts.
Nous avons des principes extraordinaires, issus de la révolution française. Nous avons une culture singulière. Nous avons une créativité et je pense que c'est ce mot qui résume le mieux ce que nous sommes, sans arrogance : «créative France». Il se trouve que c'est le même vocabulaire en français et en anglais.
Il faut que nous soyons fiers de ce que nous faisons, de ce que nous sommes et, en même temps, que l'on innove, que l'on ose dans tous les domaines.
Je me sens donc très bien dans ce que vous avez réalisé et vous êtes au fond le meilleur exemple du projet que vous avez lancé. Pour ma part, j'ai tout simplement confiance dans nos atouts. Lorsque l'on voit un jeune homme comme celui-ci que vous m'avez présenté, qui est passé par le MIT [Massachusetts Institute of Technology] avez-vous dit et qui, visiblement, en exposant son projet, pétille d'intelligence et de créativité, je pense que l'on a toute raison, non pas du tout de baisser les bras, de se lamenter, mais d'être extrêmement optimiste concernant notre pays.
Merci Madame de ce que vous faites.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 décembre 2014