Déclaration de M. Francois Huwart, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, sur l'évolution des relations commerciales franco-algériennes et euro-méditerranéennes, Alger, le 14 juin 2001.

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Circonstance : Visite du pavillon français de la foire d'Alger, le 14 juin 2001

Texte intégral

Monsieur le ministre,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Je suis heureux d'être ici avec vous à Alger. Je sais que l'Algérie traverse une période difficile, mais ce n'est pas dans ces circonstances qu'il faut se dérober. Nos amis algériens ne le comprendraient pas quand il s'agit précisément de trouver les voies d'un développement économique global de l'Algérie. Quant à nos entreprises, qui sont actives, et même de plus en plus actives, en Algérie, il est de notre devoir de les soutenir par différents instruments juridiques et financiers, mais aussi directement en venant sur place discuter avec elles, de leurs espérances comme de leurs difficultés.
Ma dernière visite à Alger a eu lieu en octobre 99, permettez-moi de vous faire part de mon sentiment sur les évolutions de la relation entre nos pays depuis cette date.
En octobre 1999, nos deux pays sortaient depuis peu d'une période au cours de laquelle leurs relations avaient connu des vicissitudes, qui nous paraissent désormais bien éloignées.
Beaucoup de choses ont en effet été accomplies depuis. La visite d'Etat en France du Président Bouteflika, il y a un an, a marqué cet approfondissement du dialogue bilatéral.
Aux discours symboliques ont depuis succédé les discussions de fond sur des dossiers concrets. Nous avons appris à travailler de nouveau ensemble, ce que n'avaient pourtant jamais cessé de faire les opérateurs économiques. Le dialogue qui s'est noué est riche, franc et direct.
A côté des avancées sur la politique des visas et dans le domaine de la coopération culturelle, scientifique et technique, le volet économique a également fait l'objet d' une attention particulière, notamment dans ses aspects commerciaux : nos deux pays ont étroitement collaboré pour mettre en place un cadre bilatéral favorable au développement des échanges et des partenariats fructueux entre opérateurs économiques.
Quelles sont donc ces avancées? Je m'en tiendrai à trois exemples.
Depuis plus d'un an, l'Algérie est éligible aux différents financements d'aide et aux mécanismes de garantie des investissements. Ces outils d'accompagnement permettent d'appuyer le processus de modernisation de l'économie algérienne en y associant les acteurs économiques français.
L'amélioration de l'appréciation du risque algérien par les agences d'assurance-crédit de l'OCDE a conforté le travail effectué par la COFACE pour accorder des garanties aux crédits à l'exportation dans les meilleures conditions possibles. L'Algérie est plus que jamais un pays de première importance pour la COFACE, ainsi que l'a montré le volume des flux de nouvelles affaires enregistrées l'année dernière.
Enfin, de nombreuses actions de coopération ont permis de mettre en relation les administrations et les fonctionnaires des deux pays, afin que ces derniers puissent confronter leurs expériences et renouer un dialogue naturel.
Mais nous savons tous que les entreprises algériennes et françaises n'ont pas attendu que les pouvoirs publics des deux pays relancent leur coopération économique et financière pour travailler ensemble. Elles n'ont en fait jamais cessé de le faire, même dans les moments les plus difficiles. Et le dynamisme de notre relation commerciale n'a fait que se renforcer depuis deux ans.
Au-delà de l'impact évident de la hausse des prix des hydrocarbures, on ne peut ainsi que se féliciter du niveau sans précédent atteint par nos échanges bilatéraux en 2000, supérieurs à 35 milliards de francs. L'attrait du marché algérien pour nos entreprises est plus que jamais manifeste, puisqu'elles ont accru leurs exportations de près de 20%, confirmant la place de la France en tant que premier fournisseur de l'Algérie. L'année 2000 a confirmé la capacité des PME françaises à répondre aux attentes de leurs clients algériens et marqué le retour des grands groupes français, notamment - mais pas seulement - dans le secteur des hydrocarbures.
La visite de la foire d'Alger m'a permis de constater que la présence française s'était encore renforcée par rapport à 1999. Ce sont plus de 250 entreprises qui sont aujourd'hui représentées au sein du pavillon français, emmenées par une douzaine d'organismes consulaires. Elles représentent encore une fois, et de loin, la première représentation étrangère. Je tenais à saluer à cette occasion les différents partenaires qui ont contribué à ce succès, et tout particulièrement la chambre de commerce et d'industrie de Paris et la chambre française de commerce et d'industrie en Algérie, ainsi, bien évidemment, que les organisateurs de la foire Internationale.
Au-delà des seules relations commerciales, la concrétisation des partenariats entre acteurs économiques, tant souhaités des deux côtés de la Méditerranée tarde, selon certains, à voir le jour. Il est vrai que ces opérations de rapprochement sont longues et complexes et que le soutien financier qui peut être sollicité auprès des pouvoirs publics ne saurait être qu'un accompagnement à une opération dont la concrétisation résulte avant tout du cadre d'investissement local.
Je constate en tout cas que le souhait des opérateurs français de travailler avec l'Algérie et de contribuer à son ouverture et à son développement économique demeure intact et je suis certain que la nouvelle équipe gouvernementale, dont je rencontre plusieurs membres ce matin, partage ce sentiment.
S'il est un domaine dans lequel les choses ont beaucoup évolué depuis deux ans, c'est aussi celui des relations entre l'Union européenne et les pays du sud de la Méditerranée. Vous savez l'importance que j'attache à la construction d'un espace euro-méditerranéen et je suis particulièrement heureux que l'Algérie ait désormais pleinement trouvé sa place dans ce processus et ait réellement progressé sur la voie de l'association avec l'Union européenne. Je sais en outre que des discussions fructueuses ont été engagées pour la programmation de la deuxième enveloppe financière mise en uvre au titre du programme MEDA.
Seule une ouverture maîtrisée, accompagnée des réformes indispensables à la stimulation de l'initiative privée, permettra en effet à l'Algérie de progresser sur le long terme sur le chemin d'une croissance durable et d'un développement social pour sa population. C'est l'objet du dialogue économique et commercial renforcé mis en place lors de la conférence de Marseille, en novembre 2000, et développé récemment lors de la réunion des ministres du commerce des 27 pays partenaires à Bruxelles. Nous devons, Européens et partenaires méditerranéens, entretenir un dialogue équilibré et une concertation permanente sur les dossiers économiques et commerciaux, afin de confronter les expériences des uns et des autres pour progresser ensemble sur la voie de la constitution d'un espace de prospérité partagée.
Nous mesurons tous ici l'ampleur et la difficulté de l'entreprise de modernisation et d'ouverture vers l'extérieur dans laquelle est engagée l'Algérie au travers des réformes en cours et envisagées. Il n'est jamais facile de se réformer, de modifier des structures, des modes de pensée, voire l'organisation même de la société. Et c'est pourtant ce qui est en jeu. Nous souhaitons profondément que cette entreprise de rénovation porte ses fruits, que la croissance s'accélère en Algérie, que les investissements soient relancés et que des emplois nouveaux soient créés en grand nombre. Nous avons confiance dans le succès de cette entreprise et les milieux d'affaires français, si tel est le choix de leurs partenaires, sont prêts à l'appuyer.
Je reste convaincu, pour finir, que le progrès social est indissociable du développement économique. Les autorités françaises, comme les acteurs économiques de notre pays, ont confiance dans les capacités de l'Algérie à progresser dans cette voie.
(Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 27 juillet 2001)