Texte intégral
Q - Qu'attendez-vous de la venue de Cecilia Malmström, commissaire européenne chargée du commerce, ce lundi à Paris ?
R - Pour la première fois, un commissaire européen chargé des questions de commerce et des négociations commerciales entre l'UE et les États-Unis s'exprimera devant le comité stratégique que j'ai refondé à mon arrivée au Quai d'Orsay. Cecilia Malmström s'adressera donc directement aux représentants des ONG, des syndicats et des fédérations patronales. Le temps où un commissaire européen venait pour des réunions à huis-clos dans des salons de grands hôtels parisiens est terminé. D'autant qu'un certain nombre de nos préoccupations sont aujourd'hui prises en compte par Bruxelles.
Q - Lesquelles ?
R - Sur le mécanisme des tribunaux arbitraux par exemple. J'ai entendu le nouveau président de la Commission, Jean-Claude Juncker, expliquer qu'il y serait très attentif. Ou encore sur la transparence : la publication du mandat de négociation par la Commission européenne va dans le bon sens. En France, nous avons aussi créé une page spécifique sur le site du Quai d'Orsay pour tenir les Français informés de ces négociations.
Q - Justement, où en sont ces négociations ?
R - Dans un contexte de fin de mandat de la précédente Commission, d'installation de la nouvelle et d'élections de mi-mandat aux États-Unis, la situation politique n'était pas propice aux avancées. Le plus important est d'entrer dans la négociation sans précipitations et dire ce que nous voulons : comment nos produits peuvent être mieux reconnus aux États-Unis ; à quelles conditions les marchés publics américains peuvent-ils s'ouvrir à nos grandes entreprises et PME...
Q - Certaines études estiment surtout qu'un tel accord tirerait les standards sociaux européens vers le bas...
R - Nous avons besoin d'études complémentaires, d'expertises, notamment sur des accords commerciaux déjà passés. Nous serons très attentifs au respect des standards sociaux et environnementaux. Il est hors de question que des politiques publiques ou des choix collectifs soient remis en cause. La France pense d'ailleurs qu'il est urgent de relancer ces discussions commerciales dans le cadre multilatéral de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). L'Europe doit bâtir une stratégie de croissance et d'investissement et ces accords internationaux peuvent en être un levier. À nous, la France, de porter dans ces négociations nos conceptions du juste échange, de la réciprocité des accords et des normes commerciales.
Q - Le «juste échange» est surtout un concept défendu par les sociaux-démocrates. Or la Commission est à majorité conservatrice et libérale...
R - Ce lundi, nous ferons passer des messages. L'Europe, c'est la Commission, mais c'est aussi le Parlement européen, les États membres et ses parlements nationaux. Il ne servira à rien de négocier si, au final, l'accord est rejeté par les États membres. La Commission doit prendre en compte les conceptions de chacun, sinon, les États ne l'accepteront pas.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 décembre 2014