Texte intégral
YVES CALVI
Jean-Michel APHATIE, vous recevez le ministre de la Défense, Jean-Yves LE DRIAN.
JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour Jean-Yves LE DRIAN.
JEAN-YVES LE DRIAN
Bonjour.
JEAN-MICHEL APHATIE
Pour faire face aux nécessités de la lutte contre le terrorisme, le président de la République a décidé hier, dans un Conseil de Défense, auquel vous participiez, bien sûr, de diminuer le nombre de suppressions de postes dans l'armée française, il devait être de 34.000 entre 2014 et 2019, et il sera amoindri de 7.500 postes. Vous sauvez 7.500 postes dans l'armée française, à quoi vont-ils vous servir, Jean-Yves LE DRIAN ?
JEAN-YVES LE DRIAN
D'abord, c'est la mobilisation générale contre le terrorisme, les forces de l'armée française doivent y contribuer, elles le font. Les forces françaises sont aujourd'hui engagées sur trois théâtres extérieurs, au Mali, en République centrafricaine et en Irak, et sur un théâtre intérieur, puisque 10.500 soldats sont aujourd'hui mobilisés sur le territoire national pour assurer la sécurité des points sensibles. Donc face à cette mobilisation indispensable, il fallait enrayer la déflation d'effectifs qui avait été initialement prévue, et le président de la République a souhaité qu'il y ait 7.500 postes qui soient préservés pour, à la fois, renforcer l'ensemble de nos capacités d'intervention, sur les quatre théâtres que je viens d'expliquer, et puis aussi pour renforcer le renseignement, et les nouvelles menaces qui existent, je pense en particulier à la cyber sécurité, c'est un ensemble, il n'y a pas sur les 7.500 qui sont maintenus une affectation ici ou là, c'est pour conforter à la fois les opérations intérieures, l'opération intérieure que nous menons aujourd'hui, et aussi soulager les opérations extérieures.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc ça correspondait à des besoins dans cette période particulière, dans laquelle nous sommes aujourd'hui
JEAN-YVES LE DRIAN
Dans cette période particulière, il faut une mobilisation de tous, c'est une situation exceptionnelle qui demande une réponse exceptionnelle, et les forces armées seront au rendez-vous.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est trivial, mais par ailleurs, il faut en parler, c'est une dépense supplémentaire que vous n'aviez pas programmée, vous la chiffrez à combien, Jean-Yves LE DRIAN ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Vous savez, pour avoir une bonne Défense, pour avoir des forces armées cohérentes, il faut à la fois des hommes et des femmes, donc ils seront maintenus à un niveau plus élevé que prévu, c'est très bien
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc c'est une dépense supplémentaire
JEAN-YVES LE DRIAN
Il faut des capacités, et il faut un budget. Le budget de la Défense, malgré les contraintes que chacun connaît, et la nécessité d'assurer notre souveraineté budgétaire, le budget de la Défense est maintenu depuis 2012 à son niveau initial. Ce qui
JEAN-MICHEL APHATIE
31 milliards
JEAN-YVES LE DRIAN
Tout à fait. 31,4 milliards. Et dans ces 31,4 milliards, nous avons les moyens d'assurer une partie de cette non-déflation, mais il y aura aussi
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est-à-dire que vous ferez des économies ailleurs, c'est ce que vous voulez dire ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Pour les premiers 1.500 qui seront affectés par cette mesure au cours de l'année 2015, en 2015, il y aura 1.500 déflations en moins, ce sera intégré aux dispositions budgétaires qui existent aujourd'hui, mais il y aura
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc vous ferez des économies, d'accord
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est un deuxième point très important du Conseil de Défense d'hier, une révision de ce qu'on appelle la Loi de programmation militaire, une actualisation, qui était prévue dans la loi initiale, mais qui va être avancée au printemps, pour que l'on évalue de nouveau les menaces, les capacités pour y faire face et la nouvelle donne majeure, qui existe en particulier depuis les événements du 7 janvier.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous pourriez avoir des moyens supplémentaires ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Eh bien, on avisera à ce moment-là.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc il est possible
JEAN-YVES LE DRIAN
L'essentiel pour la Défense, c'est de garantir son budget, c'est ce que le président de la République s'est engagé à faire, et c'est une avancée très importante.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et on ne va pas entrer dans des détails techniques, parce que j'ai un peu peur que les non spécialistes ils sont quand même très nombreux de la chose militaire ne s'y retrouvent pas trop, mais vous allez monter des sociétés de projet pour louer du matériel militaire pour alléger votre charge budgétaire.
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui, il ne faut pas trop rentrer dans les techniques, mais
JEAN-MICHEL APHATIE
On est d'accord ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Le budget de la Défense est sanctuarisé à 31,4 milliards, donc il est maintenu à son niveau, malgré les contraintes qui pèsent sur le budget de la Nation, c'est un engagement très fort du président de la République. Dans ces 31,4 milliards, il y avait des ressources exceptionnelles qui seront garanties par un dispositif que vous venez d'évoquer, c'est-à-dire des sociétés de projet, des sociétés de leasing, si vous voulez, pour résumer, qui anticiperont des recettes à venir, et qui étaient prévues pour 2015 et qui n'interviendront qu'en 2016. Donc les capacités
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous allez louer des chars et des avions plutôt qu'en être pleinement propriétaire, on va le dire comme ça ?
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est un report de propriété
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est une nouveauté
JEAN-YVES LE DRIAN
Pour une période très courte, puisque c'est en attendant d'avoir des recettes nouvelles, qui étaient prévues dans la Loi de programmation, qui n'interviendront qu'en 2016 au lieu d'intervenir en 2015. Donc on anticipe par ce dispositif, ça veut dire que les capacités de notre Défense sont maintenues.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et on va informer les députés qui ne doivent peut-être pas le savoir, que, ils auront l'occasion de voter cette disposition, puisque vous la mettez ce matin, par un amendement, dans la loi Macron.
JEAN-YVES LE DRIAN
Absolument, c'est la loi Macron qui permettra ce dispositif nouveau. Mais les députés étaient déjà informés de cette hypothèse.
JEAN-MICHEL APHATIE
Peut-être pas tous. Et ceux qui écoutent RTL le sauront avant les autres. On apprend par ailleurs, Jean-Yves LE DRIAN, c'est la radio RFI qui l'a révélé hier, qu'une dizaine d'anciens militaires français combattent aujourd'hui dans les rangs de l'armée islamique. Vous confirmez bien sûr l'information ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je ne confirme pas de chiffre, je dis simplement qu'il y a aujourd'hui le ministre de l'Intérieur et le Premier ministre l'ont rappelé hier 3.000 personnes à surveiller qui sont en risque de terrorisme ou qui sont déjà acteurs, parmi celles-là, il y a des anciens militaires, mais nous le savons, et nous les surveillons, donc ce n'est pas pour moi un scoop
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous, vous le saviez, nous, nous l'apprenons.
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui, mais il y a des anciens militaires comme il y a des anciens professionnels d'autres disciplines.
JEAN-MICHEL APHATIE
Pourquoi ne voulez-vous pas confirmer le nombre ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Eh bien, parce que dans la lutte contre le terrorisme, il y a des dispositifs qui s'appellent le secret, et le secret, c'est l'efficacité. Donc je ne vais pas plus loin sur ce point.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais quel intérêt du secret sur le nombre d'anciens militaires français qui sont
JEAN-YVES LE DRIAN
Je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'identifier des listes d'appartenance à tel ou tel corps d'activité sociale, pour dire : tel terroriste vient de là, tel terroriste vient d'ailleurs. Il faut lutter globalement contre le terrorisme, et c'est ce à quoi nous nous employons avec les moyens de l'armée, avec les moyens du renseignement dépendant du ministre de l'Intérieur. Nous pouvons déjà voir de bons résultats.
JEAN-MICHEL APHATIE
On va se dire qu'ils sont plus nombreux que dix, si vous ne confirmez pas le chiffre. On va se dire : tiens, il y en a peut-être beaucoup plus que ce qui est évoqué
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui, mais
JEAN-MICHEL APHATIE
Il y a des officiers
JEAN-YVES LE DRIAN
Absolument pas.
JEAN-MICHEL APHATIE
Pas d'officiers ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je n'ai pas identifié.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous ne voulez pas identifier ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Nous sommes dans la lutte contre le terrorisme, cette lutte contre le terrorisme nécessite un minimum de secrets pour l'action, et je pense qu'il n'est pas souhaitable d'en dire plus.
JEAN-MICHEL APHATIE
Le journal L'Opinion parle d'un soldat qui a servi dans le premier régiment de parachutistes de Bayonne, qui a suivi écrit le journal une formation commando, en techniques de combat, de tir et de survie, et c'est assez effrayant de penser que nous avons pu former des combattants extrêmement performants.
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui, ça peut arriver, et je ne confirmerai pas ce que dit ce journal, je vous dis simplement que nous avons des services intérieurs aux armées françaises qui surveillent de très près les risques potentiels que peuvent représenter certains éléments. Et donc nous savons, nous surveillons et nous agissons.
JEAN-MICHEL APHATIE
Nicolas SARKOZY s'est dit consterné hier soir au journal de 20h de France 2 par l'emploi du mot « apartheid », par le Premier ministre, pour parler des populations des banlieues françaises. Vous êtes consterné ou vous pensez, vous aussi, qu'il y a un apartheid, Jean-Yves LE DRIAN ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Ecoutez, moi, je ne crois pas qu'il faille faire des polémiques sur les mots, le Premier ministre a dit le constat de réalité
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous n'en avez jamais fait !
JEAN-YVES LE DRIAN
Mais je crois que l'heure n'est plus à ces polémiques-là, l'heure est à l'union nationale, même s'il peut y avoir des divergences d'appréciation, et des propositions différentes d'action, l'heure est à l'union nationale, mais l'heure est aussi à la vérité. Et si le Premier ministre a évoqué par ses mots une réalité, c'était pour bien montrer qu'il y avait des réalités d'exclusion de ségrégation qui existaient aujourd'hui dans certaines parties
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous reprendriez le mot à votre compte, apartheid ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je suis pour le constat objectif des réalités, moi aussi, j'ai été maire, et j'ai vu des quartiers
JEAN-MICHEL APHATIE
Et vous reprendriez le mot à votre compte ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je ne suis pas sur les polémiques de mots, je suis pour le constat qu'il y a aujourd'hui des formes de ségrégation, d'exclusion qui existent par l'accumulation de communautés d'origines, de communauté de quartiers, de mêmes histoires, de mêmes religions, il faut combattre cela pour permettre à la République une et indivisible d'exister.
JEAN-MICHEL APHATIE
L'armée française, Jean-Yves LE DRIAN, est engagée sur beaucoup de fronts, la période est difficile, si vous conservez la confiance du président, êtes-vous disposé à rester dans cette fonction de ministre de la Défense jusqu'à la fin du quinquennat ?
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est le président qui décide avec le Premier ministre
JEAN-MICHEL APHATIE
Quelle est votre disponibilité ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Moi, je suis ministre à temps plein, j'ai beaucoup de travail, j'ai une mission passionnante, exigeante et importante pour le pays, j'essaie de l'assumer le mieux possible.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et vous pourrez rester jusqu'à la fin du quinquennat ?
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est le président de la République qui décidera.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais vous êtes disponible pour rester jusqu'à la fin du quinquennat ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je suis disponible pour servir mon pays.
JEAN-MICHEL APHATIE
Jean-Yves LE DRIAN, ministre de la Défense, était donc l'invité de RTL. Et nous le retrouvons
YVES CALVI
A partir de 08h10 avec des questions de nos auditeurs. Le ministre de la Défense qui vient de confirmer la sanctuarisation de son budget, que nous allons louer du matériel, et que certains de nos militaires sont effectivement surveillés. Merci Jean-Yves LE DRIAN de rester avec nous. Bien entendu, cet entretien est à réécouter et à retrouver sur le site : « rtl.fr. »
source : Service d'information du Gouvernement, le 23 janvier 2015
Jean-Michel APHATIE, vous recevez le ministre de la Défense, Jean-Yves LE DRIAN.
JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour Jean-Yves LE DRIAN.
JEAN-YVES LE DRIAN
Bonjour.
JEAN-MICHEL APHATIE
Pour faire face aux nécessités de la lutte contre le terrorisme, le président de la République a décidé hier, dans un Conseil de Défense, auquel vous participiez, bien sûr, de diminuer le nombre de suppressions de postes dans l'armée française, il devait être de 34.000 entre 2014 et 2019, et il sera amoindri de 7.500 postes. Vous sauvez 7.500 postes dans l'armée française, à quoi vont-ils vous servir, Jean-Yves LE DRIAN ?
JEAN-YVES LE DRIAN
D'abord, c'est la mobilisation générale contre le terrorisme, les forces de l'armée française doivent y contribuer, elles le font. Les forces françaises sont aujourd'hui engagées sur trois théâtres extérieurs, au Mali, en République centrafricaine et en Irak, et sur un théâtre intérieur, puisque 10.500 soldats sont aujourd'hui mobilisés sur le territoire national pour assurer la sécurité des points sensibles. Donc face à cette mobilisation indispensable, il fallait enrayer la déflation d'effectifs qui avait été initialement prévue, et le président de la République a souhaité qu'il y ait 7.500 postes qui soient préservés pour, à la fois, renforcer l'ensemble de nos capacités d'intervention, sur les quatre théâtres que je viens d'expliquer, et puis aussi pour renforcer le renseignement, et les nouvelles menaces qui existent, je pense en particulier à la cyber sécurité, c'est un ensemble, il n'y a pas sur les 7.500 qui sont maintenus une affectation ici ou là, c'est pour conforter à la fois les opérations intérieures, l'opération intérieure que nous menons aujourd'hui, et aussi soulager les opérations extérieures.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc ça correspondait à des besoins dans cette période particulière, dans laquelle nous sommes aujourd'hui
JEAN-YVES LE DRIAN
Dans cette période particulière, il faut une mobilisation de tous, c'est une situation exceptionnelle qui demande une réponse exceptionnelle, et les forces armées seront au rendez-vous.
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est trivial, mais par ailleurs, il faut en parler, c'est une dépense supplémentaire que vous n'aviez pas programmée, vous la chiffrez à combien, Jean-Yves LE DRIAN ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Vous savez, pour avoir une bonne Défense, pour avoir des forces armées cohérentes, il faut à la fois des hommes et des femmes, donc ils seront maintenus à un niveau plus élevé que prévu, c'est très bien
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc c'est une dépense supplémentaire
JEAN-YVES LE DRIAN
Il faut des capacités, et il faut un budget. Le budget de la Défense, malgré les contraintes que chacun connaît, et la nécessité d'assurer notre souveraineté budgétaire, le budget de la Défense est maintenu depuis 2012 à son niveau initial. Ce qui
JEAN-MICHEL APHATIE
31 milliards
JEAN-YVES LE DRIAN
Tout à fait. 31,4 milliards. Et dans ces 31,4 milliards, nous avons les moyens d'assurer une partie de cette non-déflation, mais il y aura aussi
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est-à-dire que vous ferez des économies ailleurs, c'est ce que vous voulez dire ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Pour les premiers 1.500 qui seront affectés par cette mesure au cours de l'année 2015, en 2015, il y aura 1.500 déflations en moins, ce sera intégré aux dispositions budgétaires qui existent aujourd'hui, mais il y aura
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc vous ferez des économies, d'accord
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est un deuxième point très important du Conseil de Défense d'hier, une révision de ce qu'on appelle la Loi de programmation militaire, une actualisation, qui était prévue dans la loi initiale, mais qui va être avancée au printemps, pour que l'on évalue de nouveau les menaces, les capacités pour y faire face et la nouvelle donne majeure, qui existe en particulier depuis les événements du 7 janvier.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous pourriez avoir des moyens supplémentaires ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Eh bien, on avisera à ce moment-là.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc il est possible
JEAN-YVES LE DRIAN
L'essentiel pour la Défense, c'est de garantir son budget, c'est ce que le président de la République s'est engagé à faire, et c'est une avancée très importante.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et on ne va pas entrer dans des détails techniques, parce que j'ai un peu peur que les non spécialistes ils sont quand même très nombreux de la chose militaire ne s'y retrouvent pas trop, mais vous allez monter des sociétés de projet pour louer du matériel militaire pour alléger votre charge budgétaire.
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui, il ne faut pas trop rentrer dans les techniques, mais
JEAN-MICHEL APHATIE
On est d'accord ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Le budget de la Défense est sanctuarisé à 31,4 milliards, donc il est maintenu à son niveau, malgré les contraintes qui pèsent sur le budget de la Nation, c'est un engagement très fort du président de la République. Dans ces 31,4 milliards, il y avait des ressources exceptionnelles qui seront garanties par un dispositif que vous venez d'évoquer, c'est-à-dire des sociétés de projet, des sociétés de leasing, si vous voulez, pour résumer, qui anticiperont des recettes à venir, et qui étaient prévues pour 2015 et qui n'interviendront qu'en 2016. Donc les capacités
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous allez louer des chars et des avions plutôt qu'en être pleinement propriétaire, on va le dire comme ça ?
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est un report de propriété
JEAN-MICHEL APHATIE
C'est une nouveauté
JEAN-YVES LE DRIAN
Pour une période très courte, puisque c'est en attendant d'avoir des recettes nouvelles, qui étaient prévues dans la Loi de programmation, qui n'interviendront qu'en 2016 au lieu d'intervenir en 2015. Donc on anticipe par ce dispositif, ça veut dire que les capacités de notre Défense sont maintenues.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et on va informer les députés qui ne doivent peut-être pas le savoir, que, ils auront l'occasion de voter cette disposition, puisque vous la mettez ce matin, par un amendement, dans la loi Macron.
JEAN-YVES LE DRIAN
Absolument, c'est la loi Macron qui permettra ce dispositif nouveau. Mais les députés étaient déjà informés de cette hypothèse.
JEAN-MICHEL APHATIE
Peut-être pas tous. Et ceux qui écoutent RTL le sauront avant les autres. On apprend par ailleurs, Jean-Yves LE DRIAN, c'est la radio RFI qui l'a révélé hier, qu'une dizaine d'anciens militaires français combattent aujourd'hui dans les rangs de l'armée islamique. Vous confirmez bien sûr l'information ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je ne confirme pas de chiffre, je dis simplement qu'il y a aujourd'hui le ministre de l'Intérieur et le Premier ministre l'ont rappelé hier 3.000 personnes à surveiller qui sont en risque de terrorisme ou qui sont déjà acteurs, parmi celles-là, il y a des anciens militaires, mais nous le savons, et nous les surveillons, donc ce n'est pas pour moi un scoop
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous, vous le saviez, nous, nous l'apprenons.
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui, mais il y a des anciens militaires comme il y a des anciens professionnels d'autres disciplines.
JEAN-MICHEL APHATIE
Pourquoi ne voulez-vous pas confirmer le nombre ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Eh bien, parce que dans la lutte contre le terrorisme, il y a des dispositifs qui s'appellent le secret, et le secret, c'est l'efficacité. Donc je ne vais pas plus loin sur ce point.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais quel intérêt du secret sur le nombre d'anciens militaires français qui sont
JEAN-YVES LE DRIAN
Je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'identifier des listes d'appartenance à tel ou tel corps d'activité sociale, pour dire : tel terroriste vient de là, tel terroriste vient d'ailleurs. Il faut lutter globalement contre le terrorisme, et c'est ce à quoi nous nous employons avec les moyens de l'armée, avec les moyens du renseignement dépendant du ministre de l'Intérieur. Nous pouvons déjà voir de bons résultats.
JEAN-MICHEL APHATIE
On va se dire qu'ils sont plus nombreux que dix, si vous ne confirmez pas le chiffre. On va se dire : tiens, il y en a peut-être beaucoup plus que ce qui est évoqué
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui, mais
JEAN-MICHEL APHATIE
Il y a des officiers
JEAN-YVES LE DRIAN
Absolument pas.
JEAN-MICHEL APHATIE
Pas d'officiers ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je n'ai pas identifié.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous ne voulez pas identifier ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Nous sommes dans la lutte contre le terrorisme, cette lutte contre le terrorisme nécessite un minimum de secrets pour l'action, et je pense qu'il n'est pas souhaitable d'en dire plus.
JEAN-MICHEL APHATIE
Le journal L'Opinion parle d'un soldat qui a servi dans le premier régiment de parachutistes de Bayonne, qui a suivi écrit le journal une formation commando, en techniques de combat, de tir et de survie, et c'est assez effrayant de penser que nous avons pu former des combattants extrêmement performants.
JEAN-YVES LE DRIAN
Oui, ça peut arriver, et je ne confirmerai pas ce que dit ce journal, je vous dis simplement que nous avons des services intérieurs aux armées françaises qui surveillent de très près les risques potentiels que peuvent représenter certains éléments. Et donc nous savons, nous surveillons et nous agissons.
JEAN-MICHEL APHATIE
Nicolas SARKOZY s'est dit consterné hier soir au journal de 20h de France 2 par l'emploi du mot « apartheid », par le Premier ministre, pour parler des populations des banlieues françaises. Vous êtes consterné ou vous pensez, vous aussi, qu'il y a un apartheid, Jean-Yves LE DRIAN ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Ecoutez, moi, je ne crois pas qu'il faille faire des polémiques sur les mots, le Premier ministre a dit le constat de réalité
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous n'en avez jamais fait !
JEAN-YVES LE DRIAN
Mais je crois que l'heure n'est plus à ces polémiques-là, l'heure est à l'union nationale, même s'il peut y avoir des divergences d'appréciation, et des propositions différentes d'action, l'heure est à l'union nationale, mais l'heure est aussi à la vérité. Et si le Premier ministre a évoqué par ses mots une réalité, c'était pour bien montrer qu'il y avait des réalités d'exclusion de ségrégation qui existaient aujourd'hui dans certaines parties
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous reprendriez le mot à votre compte, apartheid ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je suis pour le constat objectif des réalités, moi aussi, j'ai été maire, et j'ai vu des quartiers
JEAN-MICHEL APHATIE
Et vous reprendriez le mot à votre compte ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je ne suis pas sur les polémiques de mots, je suis pour le constat qu'il y a aujourd'hui des formes de ségrégation, d'exclusion qui existent par l'accumulation de communautés d'origines, de communauté de quartiers, de mêmes histoires, de mêmes religions, il faut combattre cela pour permettre à la République une et indivisible d'exister.
JEAN-MICHEL APHATIE
L'armée française, Jean-Yves LE DRIAN, est engagée sur beaucoup de fronts, la période est difficile, si vous conservez la confiance du président, êtes-vous disposé à rester dans cette fonction de ministre de la Défense jusqu'à la fin du quinquennat ?
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est le président qui décide avec le Premier ministre
JEAN-MICHEL APHATIE
Quelle est votre disponibilité ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Moi, je suis ministre à temps plein, j'ai beaucoup de travail, j'ai une mission passionnante, exigeante et importante pour le pays, j'essaie de l'assumer le mieux possible.
JEAN-MICHEL APHATIE
Et vous pourrez rester jusqu'à la fin du quinquennat ?
JEAN-YVES LE DRIAN
C'est le président de la République qui décidera.
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais vous êtes disponible pour rester jusqu'à la fin du quinquennat ?
JEAN-YVES LE DRIAN
Je suis disponible pour servir mon pays.
JEAN-MICHEL APHATIE
Jean-Yves LE DRIAN, ministre de la Défense, était donc l'invité de RTL. Et nous le retrouvons
YVES CALVI
A partir de 08h10 avec des questions de nos auditeurs. Le ministre de la Défense qui vient de confirmer la sanctuarisation de son budget, que nous allons louer du matériel, et que certains de nos militaires sont effectivement surveillés. Merci Jean-Yves LE DRIAN de rester avec nous. Bien entendu, cet entretien est à réécouter et à retrouver sur le site : « rtl.fr. »
source : Service d'information du Gouvernement, le 23 janvier 2015