Texte intégral
Q - Bonsoir Monsieur le Ministre, merci d'être avec nous en direct. Tout d'abord, comment va Claudia Priest ?
R - Elle va bien. Je l'ai eu le téléphone il y a plus d'une heure, elle venait d'être récupérée par notre ambassade à Bangui. Cela a été dur parce que les conditions de détention étaient pénibles, elle a eu très froid et elle ne savait évidemment pas ce qui allait arriver.
Nous avons pu la libérer. Je voudrais vraiment remercier à la fois les services du Quai d'Orsay. Le Centre de crise a été remarquable comme d'habitude ainsi que nos militaires, le gouvernement de Centrafrique et l'archevêque de Bangui qui nous ont beaucoup aidés.
Dès le début, j'avais bon espoir car on l'avait localisée, on savait que c'était des anti-balaka qui l'avaient enlevée et on a pu y arriver. Quand j'ai appris la nouvelle, j'ai appelé son mari qui était extrêmement heureux bien évidemment. Ce qui m'a beaucoup ému, c'est que quand j'ai eu Mme Priest au téléphone, elle s'est excusée me disant qu'elle nous avait causé du souci. Je lui ai dit : «mais Madame, n'inversons pas les choses.»
C'est une femme au grand coeur qui donne une partie importante de sa vie pour les Africains car vous savez qu'elle anime avec son mari une association bénévole qui aide la Centrafrique pour construire des puits. C'était donc d'autant plus révoltant qu'elle soit enlevée.
Nous l'avons récupérée, elle est libre, elle va bien et c'est une très bonne nouvelle.
Q - Comment expliquer que ces négociations et cette libération soient finalement allées assez vite ? Une rançon avait-elle été demandée par cette milice anti-balaka ?
R - La France a pour principe de ne pas payer de rançon. Je crois que les gens commencent à le comprendre. Mais il fallait qu'il y ait une discussion et pour cela, l'archevêque de Bangui nous a beaucoup aidé, nous avions envoyé des spécialistes sur place.
Finalement, on a pu récupérer Mme Priest. J'en suis extrêmement heureux pour elle et j'espère qu'elle pourra rentrer chez elle le plus vite possible. Je lui ai dit que tout cela était derrière nous.
Q - Monsieur Fabius, donnez-vous ce soir de nouvelles consignes aux ressortissants français qui comptent se rendre en Centrafrique ou dans d'autres pays d'Afrique de l'Ouest ?
R - Vous savez, nous sommes dans une situation paradoxale. D'un côté, la situation en Centrafrique, par rapport à celle que l'on a connue il y a quelques mois, s'est considérablement améliorée, tout le monde le dit, mais d'un autre côté, il faut malgré tout faire preuve d'une grande vigilance. Ce qui est arrivé à Mme Priest en est la preuve.
Pour tous les voyageurs, visiteurs ou même les gens qui sont sur place, j'ai fait passer par l'ambassade et le consulat, partout, des consignes de vigilance et de prudence. Cela ne veut pas dire que l'on ne peut rien faire mais il faut quand même être très attentif dans les circonstances actuelles pour des raisons que chacun comprend.
Q - Savez-vous lorsque Claudia Priest doit rentrer en France ? A-t-elle prévu de rester en Centrafrique ?
R - Je ne pense pas qu'elle y reste. Vous savez d'ailleurs que le jour où elle a été enlevée, elle avait prévu de rentrer le lendemain. Elle va revenir après ces épreuves considérables. Je suis extrêmement heureux, vous le comprenez, qu'on ait pu la libérer. Donc, comme on dit, «tout est bien qui finit bien».
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 janvier 2015