Texte intégral
Le 30 août le Bureau Confédéral a précisé avec l'ensemble des unions départementales et fédérations l'état d'esprit de la CGT en cette rentrée 2001 et les premières dispositions dont je vais vous faire part.
Être présent et disponible pour donner plus de poids aux revendications qui les préoccupent, c'est de cette manière que la CGT entend placer les salariés à l'offensive, dans un contexte où les projecteurs sont plutôt braqués sur les échéances politiques que sur le traitement des véritables questions économiques et sociales.
Dès maintenant, nous invitons les militants de la CGT à s'emparer du numéro spécial de notre journal la Nouvelle Vie Ouvrière, qui sort cette semaine, afin d'argumenter le débat avec les salariés sur les différents enjeux de cette rentrée et, en particulier, les conditions à réunir pour leur permettre d'être entendus autrement par leurs employeurs et par le gouvernement.
Nous n'avons pas l'intention de faire le dos rond en attendant des jours meilleurs.
Les agendas syndicaux se remplissent déjà de rendez-vous professionnels ou sectoriels qui mettront sur le devant de la scène les préoccupations concernant l'emploi, les plans de licenciements, la situation des chômeurs avec la mise en uvre du PARE, les salaires mais aussi les conditions de travail et la poursuite du processus de réduction du temps de travail dès ce mois de septembre.
Le 12 septembre nous réunirons à Montreuil, avec les fédérations et les unions départementales, des syndicats CGT confrontés à des plans de licenciements toujours aussi contestables. Cette rencontre nous permettra de croiser nos expériences, nos analyses. Elle nous sera utile pour aboutir à des convergences revendicatives précises que nous ferons valoir lors du prochain examen du projet de loi dit " de modernisation sociale ", portant notamment sur le licenciement.
Nous allons distribuer, à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires, un tract reprenant l'opinion de la CGT sur l'avenir de la Sécurité Sociale, sur ses objectifs et son fonctionnement.
Lors de notre dernière conférence de presse, qui portait essentiellement sur ce sujet nous avons fortement affirmé la volonté de la CGT d'assumer ses responsabilités dans les organismes de gestion de la Sécurité sociale.
La situation créée par la décision de retrait du MEDEF des conseils d'administration offre une opportunité pour redéfinir les objectifs, les moyens et les nouvelles institutions de la Sécurité Sociale de demain.
Il y a une nouvelle voie à emprunter entre l'étatisation et le retour à un paritarisme inadapté dans sa version actuelle. Je rappelle, à ce propos, nos propositions pour une démocratisation des institutions qui passe par l'élection des administrateurs des caisses de la Sécurité Sociale par les salariés.
Tout cela représente bien évidemment un défi de premier plan pour le mouvement syndical de notre pays.
Notre Commission exécutive consacrera, de nouveau demain, une partie de sa réunion sur ces enjeux.
Nous avons retenu la première semaine d'octobre comme période offensive d'actions et d'initiatives tous azimuts, décidées avec les salariés, sur leurs revendications dans les entreprises, les administrations ou le secteur public.
Nous souhaitons en fait une rentrée sur les chapeaux de roues et sans aucune limitation de vitesse ! Les salariés, les chômeurs, les retraités doivent être exigeants pour leurs droits et la justice sociale.
Les interprétations et commentaires sur la situation économique ainsi que sur les prévisions d'activité pour les mois à venir se multiplient. Quoi de plus normal, dès lors que plusieurs indicateurs virent à l'orange vif.
Ce qu'on appelle le retournement de conjoncture n'est pas fait pour nous surprendre, tout simplement parce qu'un tel scénario, même si nous le déplorons, était prévisible.
Sans rien omettre d'un contexte international qui influence directement notre économie, je rappellerai que nous avons, il y a tout juste un an, mis en avant des facteurs qui participaient à rendre fragiles la croissance et la baisse du chômage :
*Développement de la précarité dans l'emploi.
*Sous-emploi qui demeure important (4,5 millions de personnes au chômage ou en situation de sous-emploi).
*Faiblesse des salaires.
*Investissements des entreprises françaises massivement réorientés hors du territoire.
*Part de la richesse produite consacrée aux salaires qui n'augmente pas, en dépit de la baisse du chômage.
S'il est évident que ce sont les choix de gestion défendus dans les entreprises qui sont à l'origine de ces constatations, nous n'avons pas le sentiment que le gouvernement, dans ses dernières expressions ou décisions, manifeste une volonté claire d'affronter les défis économiques et sociaux qui dominent cette rentrée.
A titre d'exemple, le Premier Ministre a ouvert, fin juin, trois chantiers de discussion avec les organisations syndicales. Il ne faudrait pas que, désormais, le principe de précaution l'emporte sur la nécessité de s'engager dans des réformes fondamentales.
La rentrée s'effectue sous le signe d'un mécontentement ou, au minimum, d'une inquiétude, comme l'attestent différentes enquêtes d'opinion.
Les plans de licenciements et de restructurations - curieusement absents de l'interview télévisée du Premier Ministre - sont au cur des préoccupations des salariés. Soit ils les touchent directement, soit ils affectent dangereusement le tissu économique et social local dont ils dépendent.
Chaque annonce de licenciement est un indicateur de dégradation de la situation et démontre l'incompatibilité des processus de prise de décision avec les principes démocratiques et l'impunité des gestionnaires.
A l'heure où l'entreprise éthique a pris le relais de l'entreprise citoyenne dans le discours patronal " éclairé ", ce sont bien les licenciements qui continuent à faire l'actualité.
Licenciements aussi, moins médiatisés, d'un nombre important de salariés dans les PME souvent soumises à des donneurs d'ordre qui jouent dans la cour des grands et font peu de cas des conséquences induites par leurs décisions en matière d'emploi.
Les propriétaires et gestionnaires du capital - dans leur grande majorité -continuent de se comporter comme des prédateurs. Ils encaissent les subventions et nourrissent l'hémorragie des ressources des entreprises vers des opérations de croissance financière ou de délocalisation massive.
Notre revendication d'une représentation des salariés dans les Conseils d'administration des entreprises ne prend que plus d'importance.
A ce sujet, je veux dénoncer le renvoi en Correctionnelle de deux administrateurs CGT de l'entreprise EADS sous le prétexte de " diffusion d'information privilégiée ".
Dans un tel contexte, le choix réaffirmé du gouvernement de faire de l'emploi sa première priorité voit sa crédibilité considérablement émoussée. A ce propos, la non application effective des 35 heures pour les salariés des PME est une mauvaise décision. Ses choix et ses décisions budgétaires attestent, par ailleurs, d'une forme d'incapacité à sortir des vieilles recettes, illustrée notamment par l'actuel Ministre des Finances.
Si une importante relance de la consommation a pu être attribuée aux créations d'emplois, cette embellie s'est faite au détriment des salaires.
Au point que l'on peut affirmer aujourd'hui que le pouvoir d'achat du salaire moyen de base a stagné et que la hausse moyenne des salaires en France - comparée à l'échelle européenne (en 1999/2000) - est de l'ordre de 1,6 % contre 3 % en moyenne dans l'ensemble de l'Union Européenne.
Cette modération salariale que la précarité entretient et consolide, est amplifiée par le fait que les salaires versés par les entreprises ne correspondent pas aux qualifications réellement acquises par les salariés.
Dans ce contexte général, une rentrée scolaire plus onéreuse et un dérapage de certains prix ne peuvent qu'alimenter des inquiétudes et des comportements de prudence au moment du passage à l'Euro. Il y a, un risque certain que l'insuffisance de pouvoir d'achat pèse sur la conjoncture et donc sur l'emploi. De nouvelles négociations sur les grilles de salaires dans les entreprises doivent rapidement être mises à l'ordre du jour.
La part des salaires dans la richesse produite n'augmente pas. La politique d'abaissement des charges sociales n'a pas conduit à améliorer la part des salaires dans la valeur ajoutée. Il faut créer des emplois stables, qualifiés, bien rémunérés. Il faut réévaluer le niveau des retraites. La solidité de la croissance en dépend pour une bonne partie.
Le choix fait de diminuer les impôts - qui profite essentiellement aux plus fortunés - plutôt que d'augmenter le SMIC, participe de la même logique.
Bien entendu, la majorité des français a spontanément tendance à accueillir favorablement l'idée d'une baisse d'impôts. Mais cette orientation " racoleuse ", ne résisterait pas à un vrai débat politique national et européen sur la nécessité de financer les politiques publiques. En fait, elle permet d'éluder une nouvelle fois la nécessité d'une réforme fiscale profonde.
Il n'est pas légitime que la France, comme d'autres pays européens, s'engage dans de vastes plans de baisse de la fiscalité sur les revenus et les patrimoines les plus élevés alors que les déficits publics demeurent importants et que, surtout, le besoin de nouvelles dépenses d'investissements publics est si évident : éducation, santé, formation, sécurité, infrastructures, communication.
De même, l'Etat doit dégager .les moyens lui permettant de répondre aux revendications des fonctionnaires.
Les 40 000 emplois au cur de la négociation avec le gouvernement, pour la mise en uvre des 35 heures dans l'hôpital public, sont une première réponse à la sensibilité de l'opinion publique alertée depuis des années par les actions des professionnels de santé. Ils ne seront cependant pas suffisants pour combler le sous-emploi chronique à l'hôpital et négocier une bonne mise en place des 35 heures dans des délais rapides.
Toute notre activité et toutes nos positions, que ce soit sur les 35 h - plus particulièrement dans les PME - le débat engagé sur la Sécurité Sociale, l'ouverture du chantier démocratie sociale, notre action et notre consultation pour la retraite solidaire et choisie dont un premier bilan confirme le bien-fondé de nos propositions, sont marquées par un enjeu revendicatif majeur.
Les exigences sociales d'une société moderne font obligation de repenser le statut du travailleur salarié. Chacun est à même de comprendre que l'efficience économique reposera de plus en plus sur les capacités d'initiative de chaque individu et de chaque collectif de travail face à des évolutions rapides et fréquentes des organisations productives et des besoins. Qui pourrait croire qu'une évolution culturelle de cette envergure pourrait s'opérer dans des conditions où ne serait pas garantie une " sécurité sociale professionnelle ", gage de cohésion sociale et de confiance dans l'avenir ?
Les choix économiques et sociaux qui marquent ces dernières décennies, caractérisées par des " logiques libérales ", sont de plus en plus contestés.
C'est ce qu'illustrent à leur manière les mouvements qualifiés, abusivement, " anti-mondialisation ".
Nous ne les vivons pas, pour ce qui nous concerne, comme une concurrence à l'action syndicale. Dès lors que l'on respecte les prérogatives et la représentativité des uns et des autres, des convergences sont possibles. Nous l'avons prouvé en maintes occasions. Le mouvement syndical européen a, pour sa part, le 13 décembre prochain à Bruxelles, une nouvelle occasion de porter les exigences sociales au plan européen.
Il s'agit, pour le syndicalisme, de conquérir des droits nouveaux protecteurs et des systèmes de coopération et de solidarité.
Je tiens à le redire, ces exigences sociales ne nous font pas changer de stratégie syndicale.
Les enjeux économiques et sociaux en France, en Europe comme dans le monde, militent pour plus de syndicalisme revendicatif, efficace et solidaire.
Nous trouvons confirmation dans l'actualité, que la perspective crédible pour peser et se faire entendre sur le terrain revendicatif demeure le syndicalisme rassemblé.
L'expérience de la refondation sociale le démontre : un syndicalisme divisé fait le jeu de ceux qui en demandent toujours plus aux salariés.
L'impossibilité, cet été, de déboucher dans l'importante négociation sur la formation professionnelle, et la conclusion un peu rocambolesque de la discussion sur les voies et moyens de la négociation collective, confirment oh combien ! que la notion de partenariat avec le MEDEF atteint ses limites.
Le principe de l'évolution des conventions collectives, et plus généralement du droit du travail à travers la négociation sociale avec les employeurs, garde toute sa validité. Mais il ne peut déboucher sur des réformes consistantes et de progrès social sans une plus forte cohésion de la réflexion et du travail en commun des organisations syndicales, sans une conception claire et solide de la représentativité, sans une manifestation du rapport de forces par l'action et par le débat démocratique avec les salariés
Je pense que, de ce point de vue, le syndicalisme a du grain à moudre.
Nous allons à nouveau nous y atteler, lucides sur les possibilités mais ambitieux quant aux objectifs.
(source http://www.cgt.fr, le 6 septembre 2001)
Être présent et disponible pour donner plus de poids aux revendications qui les préoccupent, c'est de cette manière que la CGT entend placer les salariés à l'offensive, dans un contexte où les projecteurs sont plutôt braqués sur les échéances politiques que sur le traitement des véritables questions économiques et sociales.
Dès maintenant, nous invitons les militants de la CGT à s'emparer du numéro spécial de notre journal la Nouvelle Vie Ouvrière, qui sort cette semaine, afin d'argumenter le débat avec les salariés sur les différents enjeux de cette rentrée et, en particulier, les conditions à réunir pour leur permettre d'être entendus autrement par leurs employeurs et par le gouvernement.
Nous n'avons pas l'intention de faire le dos rond en attendant des jours meilleurs.
Les agendas syndicaux se remplissent déjà de rendez-vous professionnels ou sectoriels qui mettront sur le devant de la scène les préoccupations concernant l'emploi, les plans de licenciements, la situation des chômeurs avec la mise en uvre du PARE, les salaires mais aussi les conditions de travail et la poursuite du processus de réduction du temps de travail dès ce mois de septembre.
Le 12 septembre nous réunirons à Montreuil, avec les fédérations et les unions départementales, des syndicats CGT confrontés à des plans de licenciements toujours aussi contestables. Cette rencontre nous permettra de croiser nos expériences, nos analyses. Elle nous sera utile pour aboutir à des convergences revendicatives précises que nous ferons valoir lors du prochain examen du projet de loi dit " de modernisation sociale ", portant notamment sur le licenciement.
Nous allons distribuer, à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires, un tract reprenant l'opinion de la CGT sur l'avenir de la Sécurité Sociale, sur ses objectifs et son fonctionnement.
Lors de notre dernière conférence de presse, qui portait essentiellement sur ce sujet nous avons fortement affirmé la volonté de la CGT d'assumer ses responsabilités dans les organismes de gestion de la Sécurité sociale.
La situation créée par la décision de retrait du MEDEF des conseils d'administration offre une opportunité pour redéfinir les objectifs, les moyens et les nouvelles institutions de la Sécurité Sociale de demain.
Il y a une nouvelle voie à emprunter entre l'étatisation et le retour à un paritarisme inadapté dans sa version actuelle. Je rappelle, à ce propos, nos propositions pour une démocratisation des institutions qui passe par l'élection des administrateurs des caisses de la Sécurité Sociale par les salariés.
Tout cela représente bien évidemment un défi de premier plan pour le mouvement syndical de notre pays.
Notre Commission exécutive consacrera, de nouveau demain, une partie de sa réunion sur ces enjeux.
Nous avons retenu la première semaine d'octobre comme période offensive d'actions et d'initiatives tous azimuts, décidées avec les salariés, sur leurs revendications dans les entreprises, les administrations ou le secteur public.
Nous souhaitons en fait une rentrée sur les chapeaux de roues et sans aucune limitation de vitesse ! Les salariés, les chômeurs, les retraités doivent être exigeants pour leurs droits et la justice sociale.
Les interprétations et commentaires sur la situation économique ainsi que sur les prévisions d'activité pour les mois à venir se multiplient. Quoi de plus normal, dès lors que plusieurs indicateurs virent à l'orange vif.
Ce qu'on appelle le retournement de conjoncture n'est pas fait pour nous surprendre, tout simplement parce qu'un tel scénario, même si nous le déplorons, était prévisible.
Sans rien omettre d'un contexte international qui influence directement notre économie, je rappellerai que nous avons, il y a tout juste un an, mis en avant des facteurs qui participaient à rendre fragiles la croissance et la baisse du chômage :
*Développement de la précarité dans l'emploi.
*Sous-emploi qui demeure important (4,5 millions de personnes au chômage ou en situation de sous-emploi).
*Faiblesse des salaires.
*Investissements des entreprises françaises massivement réorientés hors du territoire.
*Part de la richesse produite consacrée aux salaires qui n'augmente pas, en dépit de la baisse du chômage.
S'il est évident que ce sont les choix de gestion défendus dans les entreprises qui sont à l'origine de ces constatations, nous n'avons pas le sentiment que le gouvernement, dans ses dernières expressions ou décisions, manifeste une volonté claire d'affronter les défis économiques et sociaux qui dominent cette rentrée.
A titre d'exemple, le Premier Ministre a ouvert, fin juin, trois chantiers de discussion avec les organisations syndicales. Il ne faudrait pas que, désormais, le principe de précaution l'emporte sur la nécessité de s'engager dans des réformes fondamentales.
La rentrée s'effectue sous le signe d'un mécontentement ou, au minimum, d'une inquiétude, comme l'attestent différentes enquêtes d'opinion.
Les plans de licenciements et de restructurations - curieusement absents de l'interview télévisée du Premier Ministre - sont au cur des préoccupations des salariés. Soit ils les touchent directement, soit ils affectent dangereusement le tissu économique et social local dont ils dépendent.
Chaque annonce de licenciement est un indicateur de dégradation de la situation et démontre l'incompatibilité des processus de prise de décision avec les principes démocratiques et l'impunité des gestionnaires.
A l'heure où l'entreprise éthique a pris le relais de l'entreprise citoyenne dans le discours patronal " éclairé ", ce sont bien les licenciements qui continuent à faire l'actualité.
Licenciements aussi, moins médiatisés, d'un nombre important de salariés dans les PME souvent soumises à des donneurs d'ordre qui jouent dans la cour des grands et font peu de cas des conséquences induites par leurs décisions en matière d'emploi.
Les propriétaires et gestionnaires du capital - dans leur grande majorité -continuent de se comporter comme des prédateurs. Ils encaissent les subventions et nourrissent l'hémorragie des ressources des entreprises vers des opérations de croissance financière ou de délocalisation massive.
Notre revendication d'une représentation des salariés dans les Conseils d'administration des entreprises ne prend que plus d'importance.
A ce sujet, je veux dénoncer le renvoi en Correctionnelle de deux administrateurs CGT de l'entreprise EADS sous le prétexte de " diffusion d'information privilégiée ".
Dans un tel contexte, le choix réaffirmé du gouvernement de faire de l'emploi sa première priorité voit sa crédibilité considérablement émoussée. A ce propos, la non application effective des 35 heures pour les salariés des PME est une mauvaise décision. Ses choix et ses décisions budgétaires attestent, par ailleurs, d'une forme d'incapacité à sortir des vieilles recettes, illustrée notamment par l'actuel Ministre des Finances.
Si une importante relance de la consommation a pu être attribuée aux créations d'emplois, cette embellie s'est faite au détriment des salaires.
Au point que l'on peut affirmer aujourd'hui que le pouvoir d'achat du salaire moyen de base a stagné et que la hausse moyenne des salaires en France - comparée à l'échelle européenne (en 1999/2000) - est de l'ordre de 1,6 % contre 3 % en moyenne dans l'ensemble de l'Union Européenne.
Cette modération salariale que la précarité entretient et consolide, est amplifiée par le fait que les salaires versés par les entreprises ne correspondent pas aux qualifications réellement acquises par les salariés.
Dans ce contexte général, une rentrée scolaire plus onéreuse et un dérapage de certains prix ne peuvent qu'alimenter des inquiétudes et des comportements de prudence au moment du passage à l'Euro. Il y a, un risque certain que l'insuffisance de pouvoir d'achat pèse sur la conjoncture et donc sur l'emploi. De nouvelles négociations sur les grilles de salaires dans les entreprises doivent rapidement être mises à l'ordre du jour.
La part des salaires dans la richesse produite n'augmente pas. La politique d'abaissement des charges sociales n'a pas conduit à améliorer la part des salaires dans la valeur ajoutée. Il faut créer des emplois stables, qualifiés, bien rémunérés. Il faut réévaluer le niveau des retraites. La solidité de la croissance en dépend pour une bonne partie.
Le choix fait de diminuer les impôts - qui profite essentiellement aux plus fortunés - plutôt que d'augmenter le SMIC, participe de la même logique.
Bien entendu, la majorité des français a spontanément tendance à accueillir favorablement l'idée d'une baisse d'impôts. Mais cette orientation " racoleuse ", ne résisterait pas à un vrai débat politique national et européen sur la nécessité de financer les politiques publiques. En fait, elle permet d'éluder une nouvelle fois la nécessité d'une réforme fiscale profonde.
Il n'est pas légitime que la France, comme d'autres pays européens, s'engage dans de vastes plans de baisse de la fiscalité sur les revenus et les patrimoines les plus élevés alors que les déficits publics demeurent importants et que, surtout, le besoin de nouvelles dépenses d'investissements publics est si évident : éducation, santé, formation, sécurité, infrastructures, communication.
De même, l'Etat doit dégager .les moyens lui permettant de répondre aux revendications des fonctionnaires.
Les 40 000 emplois au cur de la négociation avec le gouvernement, pour la mise en uvre des 35 heures dans l'hôpital public, sont une première réponse à la sensibilité de l'opinion publique alertée depuis des années par les actions des professionnels de santé. Ils ne seront cependant pas suffisants pour combler le sous-emploi chronique à l'hôpital et négocier une bonne mise en place des 35 heures dans des délais rapides.
Toute notre activité et toutes nos positions, que ce soit sur les 35 h - plus particulièrement dans les PME - le débat engagé sur la Sécurité Sociale, l'ouverture du chantier démocratie sociale, notre action et notre consultation pour la retraite solidaire et choisie dont un premier bilan confirme le bien-fondé de nos propositions, sont marquées par un enjeu revendicatif majeur.
Les exigences sociales d'une société moderne font obligation de repenser le statut du travailleur salarié. Chacun est à même de comprendre que l'efficience économique reposera de plus en plus sur les capacités d'initiative de chaque individu et de chaque collectif de travail face à des évolutions rapides et fréquentes des organisations productives et des besoins. Qui pourrait croire qu'une évolution culturelle de cette envergure pourrait s'opérer dans des conditions où ne serait pas garantie une " sécurité sociale professionnelle ", gage de cohésion sociale et de confiance dans l'avenir ?
Les choix économiques et sociaux qui marquent ces dernières décennies, caractérisées par des " logiques libérales ", sont de plus en plus contestés.
C'est ce qu'illustrent à leur manière les mouvements qualifiés, abusivement, " anti-mondialisation ".
Nous ne les vivons pas, pour ce qui nous concerne, comme une concurrence à l'action syndicale. Dès lors que l'on respecte les prérogatives et la représentativité des uns et des autres, des convergences sont possibles. Nous l'avons prouvé en maintes occasions. Le mouvement syndical européen a, pour sa part, le 13 décembre prochain à Bruxelles, une nouvelle occasion de porter les exigences sociales au plan européen.
Il s'agit, pour le syndicalisme, de conquérir des droits nouveaux protecteurs et des systèmes de coopération et de solidarité.
Je tiens à le redire, ces exigences sociales ne nous font pas changer de stratégie syndicale.
Les enjeux économiques et sociaux en France, en Europe comme dans le monde, militent pour plus de syndicalisme revendicatif, efficace et solidaire.
Nous trouvons confirmation dans l'actualité, que la perspective crédible pour peser et se faire entendre sur le terrain revendicatif demeure le syndicalisme rassemblé.
L'expérience de la refondation sociale le démontre : un syndicalisme divisé fait le jeu de ceux qui en demandent toujours plus aux salariés.
L'impossibilité, cet été, de déboucher dans l'importante négociation sur la formation professionnelle, et la conclusion un peu rocambolesque de la discussion sur les voies et moyens de la négociation collective, confirment oh combien ! que la notion de partenariat avec le MEDEF atteint ses limites.
Le principe de l'évolution des conventions collectives, et plus généralement du droit du travail à travers la négociation sociale avec les employeurs, garde toute sa validité. Mais il ne peut déboucher sur des réformes consistantes et de progrès social sans une plus forte cohésion de la réflexion et du travail en commun des organisations syndicales, sans une conception claire et solide de la représentativité, sans une manifestation du rapport de forces par l'action et par le débat démocratique avec les salariés
Je pense que, de ce point de vue, le syndicalisme a du grain à moudre.
Nous allons à nouveau nous y atteler, lucides sur les possibilités mais ambitieux quant aux objectifs.
(source http://www.cgt.fr, le 6 septembre 2001)