Texte intégral
Cher Philippe Varin,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Merci beaucoup d'être là. Il y a peu de temps, j'ai proposé à Philippe Varin d'être mon représentant spécial pour l'ASEAN. Pourquoi ? Parce que je l'estime beaucoup et parce que je pense qu'il y a un travail très important à faire en direction de l'ASEAN. En croisant ces deux observations, nous arrivons à ce résultat.
Nous partageons une même analyse qui, d'ailleurs, est une évidence : d'une part l'ASEAN représente pour nos entreprises un potentiel considérable qui justifie d'en faire une priorité et, comme l'on dit au Quai d'Orsay, il y a encore une marge de progression. Il faut que nous utilisions cette marge de progression tous ensemble. Vous connaissez les chiffres, ils sont à la fois exaltants et accablants.
Lors de ma dernière visite en Indonésie - j'y retourne d'ailleurs dans quelques jours -, on m'a dit que j'étais le bienvenu puisqu'il n'y avait pas eu de visite de ministre français des affaires étrangères depuis 1996. C'était d'ailleurs beaucoup mieux que lorsque je me suis rendu en Mongolie où le président de Mongolie, qui a beaucoup d'esprit, m'a dit : «Bienvenue, vous êtes le premier envoyé important depuis Saint Louis.»
Il y a beaucoup de travail à faire. Des choses ont été faites, bien sûr, il ne faut pas non plus être caricatural, mais par rapport à l'importance de cette zone, nous ne sommes pas encore au niveau. Politiquement, il n'y a pas de cadavre dans les placards et il y a beaucoup de liants à établir. Dans le domaine économique, il y a encore beaucoup de champ.
Le PIB cumulé de toute cette zone est presque l'équivalent du PIB de l'Allemagne. Ce serait donc dommage que nous n'ayons quasiment aucun contact avec l'Allemagne. En plus, c'est une zone dont les principes sont très voisins des nôtres sur le plan politique ; les pays de cette région aspirent à la paix. Pour ce que j'ai appelé la diplomatie économique, c'est évidemment un enjeu de première grandeur.
Lorsque je dis que nous avons déjà avancé, c'est parce que nos exportations vers l'ASEAN ont le même montant que nos exportations vers la Chine, à ceci près que, quand on regarde dans l'autre sens, nous sommes à 27 milliards d'euros de déficit avec la Chine tandis que vis-à-vis de cette zone, je crois qu'il y a un excédent de l'ordre de deux milliards d'euros. Ces chiffres, quels qu'ils soient, montrent un certain nombre de faiblesses.
Nous sommes centrés sur un nombre trop petit de pays. À Singapour, où l'ambassadeur fait un travail remarquable, j'ai beaucoup d'échos très positifs de ce que vous faites - c'était déjà le cas avant vous - et, du coup, vous absorbez 38 % de nos exportations. C'est aussi lié à l'écosystème de Singapour. Pour la Malaisie, le chiffre est non négligeable, 18 %. En Thaïlande, il est de 17 %, mais le Vietnam à une part de marché inférieure à 1 % - donc c'est l'épaisseur d'un trait. Pour la Birmanie et le Cambodge, c'est quasi inexistant. Vous excuserez le côté schématique du propos mais je préfère aller à l'essentiel.
Nous avons la chance d'avoir une présence aéronautique forte. La contrepartie, c'est que nous sommes extrêmement dépendant de cette présence, c'est quasiment la moitié de nos exportations. Sur le plan des investissements, c'est très déséquilibré. Nous avons une présence là-bas qui doit être développée et, dans le sens inverse, les investissements de l'ASEAN vers chez nous, c'est un milliard d'euros, 4.300 emplois, ce n'est donc pas à la hauteur d'une zone de 650 millions de personnes.
Concernant le tourisme - vous savez que c'est ma marotte -, il y a là une perspective considérable. Nous en avons, je crois, moins de 500 000 par an et nous avons déjà deux millions de Chinois. Compte tenu de l'évolution de ces pays, c'est une piste évidente.
Concernant les pistes, je ne veux pas être exhaustif, c'est l'objet de ce travail, nous avons besoin de nous positionner par rapport aux immenses possibilités en infrastructure de la zone. De temps en temps, ce sont des besoins nationaux de certains pays : les Philippines - où le président de la République va se rendre dans quelques temps ; la Birmanie ; l'Indonésie, compte tenu de leur taux de croissance ou bien compte tenu de l'intégration régionale. Il s'agit là du thème de la connectivité, vous l'avez traité et vous allez en traiter à nouveau : le transport, les télécommunications, l'énergie, l'expertise française. La banque asiatique de développement, la BAD, estime les besoins d'investissements cumulés de l'ensemble de la région à 100 milliards de dollars par an ; donc, des infrastructures.
Le développement durable : c'est l'année ou jamais à cause de la COP21 et nous allons - quand je dis «nous», c'est moi-même et cela aura plus de force parce que ce sera aussi le président de la République -, nous rendre dans un certain nombre de ces pays. À coup sûr les Philippines, en ce qui concerne le président ; moi-même, l'Indonésie avec des entreprises qui apportent des solutions innovantes en matière d'énergie renouvelable. Un deuxième thème, le thème de la «ville durable».
Il faut accompagner l'émergence d'une classe moyenne sur d'autres thèmes ou les mêmes : santé, agro-alimentaire, tourisme, industrie culturelle et créative. Et puis, c'est vraiment le travail du Quai, il faut travailler à la levée d'un certain nombre de barrières à l'accès au marché, notamment sur les marchés publics et sur les biens de consommation.
Voilà, le programme. Vous le connaissez, nous avons besoin d'un plan précis et réaliste. On a besoin d'une mobilisation des entreprises, on a besoin d'un accompagnement des pouvoirs publics.
Je veux remercier tous ceux qui sont là, qu'ils soient du côté des entreprises ou du côté de l'administration, les fédérateurs, etc. Sous l'impulsion de M. Varin, je sais que vous êtes mobilisés. D'ailleurs, votre nombre et la qualité de celles et ceux qui sont présents le montre.
On évaluera vite les résultats car je pense que c'est ainsi qu'il faut travailler, mais je suis vraiment extrêmement heureux de l'initiative qui est prise. Je veux vraiment en remercier beaucoup chacune et chacun d'entre vous ainsi que Philippe Varin.
Vous n'avez pas découvert l'ASEAN à cette occasion mais c'est quand même très frappant. Je reviens du Koweït, il y a des choses qui sautent aux yeux, que l'on devrait peut-être avoir perçues et que l'on ne perçoit que quand on a le nez sur la vitre. Le Koweït a exactement les mêmes moyens financiers que le Qatar ; seulement, nous ne sommes pas au Koweït tandis que nous sommes au Qatar. Pourquoi ? C'est comme ça, le Koweït n'est pas à la mode. Vous qui êtes par définition des responsables d'entreprises, vous savez certainement que le Koweït investit plus en France que le Qatar.
Je ne vais pas faire du «Qatar bashing» parce qu'on me reproche de le faire déjà dans l'autre sens. Ce que je veux dire, c'est que l'ASEAN, pour toute une série de raisons politique, économique, diplomatique, stratégique, c'est une grande zone, non pas pour après-demain mais pour maintenant. Les éléments sont donc réunis pour que la France y fasse, grâce à vous, une percée.
Q - Je représente ici la filière française des soins au végétal qui est le premier exportateur mondial de semences. Monsieur le Ministre, l'une des questions sur lesquelles nous souhaitons l'appui de l'État est la question de la propriété intellectuelle dans la zone ASEAN. Il y a en matière de propriété intellectuelle sur les plantes, deux modèles, un modèle américain et un modèle européen. Pour l'instant, seul trois pays de la zone ASEAN, Singapour, le Vietnam et Brunei ont fait un choix, les autres n?ont pas encore choisi entre ces deux modèles. Il serait important que la France, dans sa politique d'influence soit plus présente pour faire la promotion de la manière dont nous voyons ces questions de propriété intellectuelle, à la fois sur les variétés végétales et sur les biotechnologies. L'Union européenne s'est un moment investie auprès de l'Asean mais s'est ensuite retirée et la France n'est pas assez présente sur ce sujet. Comment peut-on faire pour que la France soit plus investie ?
R - Merci beaucoup de votre observation. Cela a été enregistré par mes collaborateurs : nous allons donc demander à la fois à nos ambassadeurs et à la direction compétente de prendre dans chaque pays les contacts nécessaires, et avec l'Asean en tant que communauté globale pour insister sur le point que vous avez souligné. Je suis sûr que vous pourrez, si nous en manquions, nous faire passer les éléments nécessaires. Ce travail devra être fait dans le mois qui vient.
À propos du mois qui vient, je vais prendre une initiative qui pourra aussi être utile pour la zone ASEAN : vous savez que nous avons chaque année la conférence des ambassadeurs à la fin du mois d'août. J'ai décidé cette année de faire une innovation : tous les ambassadeurs étant à Paris, il y aura une journée de «speed dating» avec les entreprises. Il y aura, face à face, un millier ou 1 500 entrepreneurs et je trouve que ce serait bien qu'à cette occasion, on fasse un premier bilan de ce qui aura été fait sur la zone ASEAN. Par définition, les ambassadeurs seront là et les entrepreneurs aussi, s'ils le veulent bien. Nous passerons une journée là-dessus.
Q - Je représente Sanofi-Pasteur. Ma question est sur la prise en compte du thème de la santé dans tout ce qui est agenda-environnement sur cette zone car, notamment à cause du réchauffement climatique, on constate l'apparition de nouvelles maladies et de maladies que l'on connaît déjà bien comme la dengue. Je souhaiterais l'appui de la France pour parvenir à mettre en place une vaccination contre la dengue et que ce thème soit évoqué lors de la réunion de décembre.
R - Il sera très certainement évoqué avant puisqu'il y a ce déplacement au Philippines dans quelques jours. Je pense que ce serait une très bonne chose de lier - parce que ce n'est pas spontanément fait dans la tête des observateurs, y compris des responsables politiques - la question de l'environnement et la question de la santé. C'est une suggestion que j'ai déjà faite au président français.
Mes connaissances dans ce domaine sont très limitées. Je ne voudrais pas dire de bêtises mais je crois qu'il est avéré que pour Ebola, comme c'était d'ailleurs le cas pour le sida - excusez-moi si je me trompe de termes - les virus, les souches existaient à l'état latent depuis de nombreuses années dans les forêts. C'est la déforestation qui a fait éclater le développement de ces maladies parce qu'elles ne sont plus tapies au fond des forêts mais, compte tenu à la fois de la déforestation physique et des échanges inter humains, les épidémies ont explosé.
Je pense que c'est peut-être une manière de sensibiliser l'opinion publique et les décideurs à la nécessité de lutter contre le dérèglement climatique et de travailler pour la reforestation. Le maintien et la poursuite de la déforestation serait une catastrophe sanitaire absolue. C'est assez peu connu et je pense que ce que vous dites sur la dengue va dans le même sens.
Je suis donc tout à fait d'accord pour mettre en avant ce thème. Si vous avez la gentillesse de faire passer à mon équipe des éléments concrets sur la dengue ou sur d'autres éléments ; cela passera au stade de l'opinion publique dès le mois prochain.
Q - Je voulais juste souligner que dans cette zone, les potentialités du développement économique maritime sont énormes. Vous le savez, nous avons en France des entreprises de tout premier plan, une dizaine de leaders mondiaux et je ne citerai que le troisième armateur mondial de conteneurs qui fait du service à l'off-shore. Je crois donc qu'il est vraiment important que nous portions ce message, que sur la zone les potentialités de développement économique maritime dont on sait que dans les années à venir, ce sera l'économie qui sera forcément celle qui portera le plus d'espoir.
R - Merci et je fais tout à fait écho à ce que vous venez de dire. En ce qui concerne l'ASEAN, grâce - j'y insiste encore - au dynamisme et à la capacité d'organisation de M. Varin, les choses sont claires et cela va rouler. Je voulais saisir cette occasion pour dire que de façon plus générale, cette maison est totalement à votre disposition, que ce soit au niveau central - nous sommes organisés maintenant en liaison avec nos collègues de Bercy pour qu'il y ait le point d'entrée facile ? ou au niveau de nos ambassadeurs qui sont totalement à votre disposition et qui sont très heureux de travailler avec vous et pour vous.
Au sein de cette maison, nous avons les directions traditionnelles géographiques et désormais, auprès de chaque directeur, il y a un adjoint spécialement chargé des questions économiques. Le nouveau secrétaire général adjoint de cette maison, Rémy Rioux, que vous connaissez, vient de Bercy. Donc, vraiment, n'hésitez pas, nous sommes là pour vous aider dans le domaine économique au sens large puisqu'on ne peut pas séparer l'économie, la culture, l'aspect scientifique éducatif etc. Tout cela est une même présence française.
Je voulais encore vous dire un grand merci à tous. Nous nous retrouverons avec bon nombre d'entre vous je crois en partance pour la Chine cet après-midi.
Bon travail.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 janvier 2015
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Merci beaucoup d'être là. Il y a peu de temps, j'ai proposé à Philippe Varin d'être mon représentant spécial pour l'ASEAN. Pourquoi ? Parce que je l'estime beaucoup et parce que je pense qu'il y a un travail très important à faire en direction de l'ASEAN. En croisant ces deux observations, nous arrivons à ce résultat.
Nous partageons une même analyse qui, d'ailleurs, est une évidence : d'une part l'ASEAN représente pour nos entreprises un potentiel considérable qui justifie d'en faire une priorité et, comme l'on dit au Quai d'Orsay, il y a encore une marge de progression. Il faut que nous utilisions cette marge de progression tous ensemble. Vous connaissez les chiffres, ils sont à la fois exaltants et accablants.
Lors de ma dernière visite en Indonésie - j'y retourne d'ailleurs dans quelques jours -, on m'a dit que j'étais le bienvenu puisqu'il n'y avait pas eu de visite de ministre français des affaires étrangères depuis 1996. C'était d'ailleurs beaucoup mieux que lorsque je me suis rendu en Mongolie où le président de Mongolie, qui a beaucoup d'esprit, m'a dit : «Bienvenue, vous êtes le premier envoyé important depuis Saint Louis.»
Il y a beaucoup de travail à faire. Des choses ont été faites, bien sûr, il ne faut pas non plus être caricatural, mais par rapport à l'importance de cette zone, nous ne sommes pas encore au niveau. Politiquement, il n'y a pas de cadavre dans les placards et il y a beaucoup de liants à établir. Dans le domaine économique, il y a encore beaucoup de champ.
Le PIB cumulé de toute cette zone est presque l'équivalent du PIB de l'Allemagne. Ce serait donc dommage que nous n'ayons quasiment aucun contact avec l'Allemagne. En plus, c'est une zone dont les principes sont très voisins des nôtres sur le plan politique ; les pays de cette région aspirent à la paix. Pour ce que j'ai appelé la diplomatie économique, c'est évidemment un enjeu de première grandeur.
Lorsque je dis que nous avons déjà avancé, c'est parce que nos exportations vers l'ASEAN ont le même montant que nos exportations vers la Chine, à ceci près que, quand on regarde dans l'autre sens, nous sommes à 27 milliards d'euros de déficit avec la Chine tandis que vis-à-vis de cette zone, je crois qu'il y a un excédent de l'ordre de deux milliards d'euros. Ces chiffres, quels qu'ils soient, montrent un certain nombre de faiblesses.
Nous sommes centrés sur un nombre trop petit de pays. À Singapour, où l'ambassadeur fait un travail remarquable, j'ai beaucoup d'échos très positifs de ce que vous faites - c'était déjà le cas avant vous - et, du coup, vous absorbez 38 % de nos exportations. C'est aussi lié à l'écosystème de Singapour. Pour la Malaisie, le chiffre est non négligeable, 18 %. En Thaïlande, il est de 17 %, mais le Vietnam à une part de marché inférieure à 1 % - donc c'est l'épaisseur d'un trait. Pour la Birmanie et le Cambodge, c'est quasi inexistant. Vous excuserez le côté schématique du propos mais je préfère aller à l'essentiel.
Nous avons la chance d'avoir une présence aéronautique forte. La contrepartie, c'est que nous sommes extrêmement dépendant de cette présence, c'est quasiment la moitié de nos exportations. Sur le plan des investissements, c'est très déséquilibré. Nous avons une présence là-bas qui doit être développée et, dans le sens inverse, les investissements de l'ASEAN vers chez nous, c'est un milliard d'euros, 4.300 emplois, ce n'est donc pas à la hauteur d'une zone de 650 millions de personnes.
Concernant le tourisme - vous savez que c'est ma marotte -, il y a là une perspective considérable. Nous en avons, je crois, moins de 500 000 par an et nous avons déjà deux millions de Chinois. Compte tenu de l'évolution de ces pays, c'est une piste évidente.
Concernant les pistes, je ne veux pas être exhaustif, c'est l'objet de ce travail, nous avons besoin de nous positionner par rapport aux immenses possibilités en infrastructure de la zone. De temps en temps, ce sont des besoins nationaux de certains pays : les Philippines - où le président de la République va se rendre dans quelques temps ; la Birmanie ; l'Indonésie, compte tenu de leur taux de croissance ou bien compte tenu de l'intégration régionale. Il s'agit là du thème de la connectivité, vous l'avez traité et vous allez en traiter à nouveau : le transport, les télécommunications, l'énergie, l'expertise française. La banque asiatique de développement, la BAD, estime les besoins d'investissements cumulés de l'ensemble de la région à 100 milliards de dollars par an ; donc, des infrastructures.
Le développement durable : c'est l'année ou jamais à cause de la COP21 et nous allons - quand je dis «nous», c'est moi-même et cela aura plus de force parce que ce sera aussi le président de la République -, nous rendre dans un certain nombre de ces pays. À coup sûr les Philippines, en ce qui concerne le président ; moi-même, l'Indonésie avec des entreprises qui apportent des solutions innovantes en matière d'énergie renouvelable. Un deuxième thème, le thème de la «ville durable».
Il faut accompagner l'émergence d'une classe moyenne sur d'autres thèmes ou les mêmes : santé, agro-alimentaire, tourisme, industrie culturelle et créative. Et puis, c'est vraiment le travail du Quai, il faut travailler à la levée d'un certain nombre de barrières à l'accès au marché, notamment sur les marchés publics et sur les biens de consommation.
Voilà, le programme. Vous le connaissez, nous avons besoin d'un plan précis et réaliste. On a besoin d'une mobilisation des entreprises, on a besoin d'un accompagnement des pouvoirs publics.
Je veux remercier tous ceux qui sont là, qu'ils soient du côté des entreprises ou du côté de l'administration, les fédérateurs, etc. Sous l'impulsion de M. Varin, je sais que vous êtes mobilisés. D'ailleurs, votre nombre et la qualité de celles et ceux qui sont présents le montre.
On évaluera vite les résultats car je pense que c'est ainsi qu'il faut travailler, mais je suis vraiment extrêmement heureux de l'initiative qui est prise. Je veux vraiment en remercier beaucoup chacune et chacun d'entre vous ainsi que Philippe Varin.
Vous n'avez pas découvert l'ASEAN à cette occasion mais c'est quand même très frappant. Je reviens du Koweït, il y a des choses qui sautent aux yeux, que l'on devrait peut-être avoir perçues et que l'on ne perçoit que quand on a le nez sur la vitre. Le Koweït a exactement les mêmes moyens financiers que le Qatar ; seulement, nous ne sommes pas au Koweït tandis que nous sommes au Qatar. Pourquoi ? C'est comme ça, le Koweït n'est pas à la mode. Vous qui êtes par définition des responsables d'entreprises, vous savez certainement que le Koweït investit plus en France que le Qatar.
Je ne vais pas faire du «Qatar bashing» parce qu'on me reproche de le faire déjà dans l'autre sens. Ce que je veux dire, c'est que l'ASEAN, pour toute une série de raisons politique, économique, diplomatique, stratégique, c'est une grande zone, non pas pour après-demain mais pour maintenant. Les éléments sont donc réunis pour que la France y fasse, grâce à vous, une percée.
Q - Je représente ici la filière française des soins au végétal qui est le premier exportateur mondial de semences. Monsieur le Ministre, l'une des questions sur lesquelles nous souhaitons l'appui de l'État est la question de la propriété intellectuelle dans la zone ASEAN. Il y a en matière de propriété intellectuelle sur les plantes, deux modèles, un modèle américain et un modèle européen. Pour l'instant, seul trois pays de la zone ASEAN, Singapour, le Vietnam et Brunei ont fait un choix, les autres n?ont pas encore choisi entre ces deux modèles. Il serait important que la France, dans sa politique d'influence soit plus présente pour faire la promotion de la manière dont nous voyons ces questions de propriété intellectuelle, à la fois sur les variétés végétales et sur les biotechnologies. L'Union européenne s'est un moment investie auprès de l'Asean mais s'est ensuite retirée et la France n'est pas assez présente sur ce sujet. Comment peut-on faire pour que la France soit plus investie ?
R - Merci beaucoup de votre observation. Cela a été enregistré par mes collaborateurs : nous allons donc demander à la fois à nos ambassadeurs et à la direction compétente de prendre dans chaque pays les contacts nécessaires, et avec l'Asean en tant que communauté globale pour insister sur le point que vous avez souligné. Je suis sûr que vous pourrez, si nous en manquions, nous faire passer les éléments nécessaires. Ce travail devra être fait dans le mois qui vient.
À propos du mois qui vient, je vais prendre une initiative qui pourra aussi être utile pour la zone ASEAN : vous savez que nous avons chaque année la conférence des ambassadeurs à la fin du mois d'août. J'ai décidé cette année de faire une innovation : tous les ambassadeurs étant à Paris, il y aura une journée de «speed dating» avec les entreprises. Il y aura, face à face, un millier ou 1 500 entrepreneurs et je trouve que ce serait bien qu'à cette occasion, on fasse un premier bilan de ce qui aura été fait sur la zone ASEAN. Par définition, les ambassadeurs seront là et les entrepreneurs aussi, s'ils le veulent bien. Nous passerons une journée là-dessus.
Q - Je représente Sanofi-Pasteur. Ma question est sur la prise en compte du thème de la santé dans tout ce qui est agenda-environnement sur cette zone car, notamment à cause du réchauffement climatique, on constate l'apparition de nouvelles maladies et de maladies que l'on connaît déjà bien comme la dengue. Je souhaiterais l'appui de la France pour parvenir à mettre en place une vaccination contre la dengue et que ce thème soit évoqué lors de la réunion de décembre.
R - Il sera très certainement évoqué avant puisqu'il y a ce déplacement au Philippines dans quelques jours. Je pense que ce serait une très bonne chose de lier - parce que ce n'est pas spontanément fait dans la tête des observateurs, y compris des responsables politiques - la question de l'environnement et la question de la santé. C'est une suggestion que j'ai déjà faite au président français.
Mes connaissances dans ce domaine sont très limitées. Je ne voudrais pas dire de bêtises mais je crois qu'il est avéré que pour Ebola, comme c'était d'ailleurs le cas pour le sida - excusez-moi si je me trompe de termes - les virus, les souches existaient à l'état latent depuis de nombreuses années dans les forêts. C'est la déforestation qui a fait éclater le développement de ces maladies parce qu'elles ne sont plus tapies au fond des forêts mais, compte tenu à la fois de la déforestation physique et des échanges inter humains, les épidémies ont explosé.
Je pense que c'est peut-être une manière de sensibiliser l'opinion publique et les décideurs à la nécessité de lutter contre le dérèglement climatique et de travailler pour la reforestation. Le maintien et la poursuite de la déforestation serait une catastrophe sanitaire absolue. C'est assez peu connu et je pense que ce que vous dites sur la dengue va dans le même sens.
Je suis donc tout à fait d'accord pour mettre en avant ce thème. Si vous avez la gentillesse de faire passer à mon équipe des éléments concrets sur la dengue ou sur d'autres éléments ; cela passera au stade de l'opinion publique dès le mois prochain.
Q - Je voulais juste souligner que dans cette zone, les potentialités du développement économique maritime sont énormes. Vous le savez, nous avons en France des entreprises de tout premier plan, une dizaine de leaders mondiaux et je ne citerai que le troisième armateur mondial de conteneurs qui fait du service à l'off-shore. Je crois donc qu'il est vraiment important que nous portions ce message, que sur la zone les potentialités de développement économique maritime dont on sait que dans les années à venir, ce sera l'économie qui sera forcément celle qui portera le plus d'espoir.
R - Merci et je fais tout à fait écho à ce que vous venez de dire. En ce qui concerne l'ASEAN, grâce - j'y insiste encore - au dynamisme et à la capacité d'organisation de M. Varin, les choses sont claires et cela va rouler. Je voulais saisir cette occasion pour dire que de façon plus générale, cette maison est totalement à votre disposition, que ce soit au niveau central - nous sommes organisés maintenant en liaison avec nos collègues de Bercy pour qu'il y ait le point d'entrée facile ? ou au niveau de nos ambassadeurs qui sont totalement à votre disposition et qui sont très heureux de travailler avec vous et pour vous.
Au sein de cette maison, nous avons les directions traditionnelles géographiques et désormais, auprès de chaque directeur, il y a un adjoint spécialement chargé des questions économiques. Le nouveau secrétaire général adjoint de cette maison, Rémy Rioux, que vous connaissez, vient de Bercy. Donc, vraiment, n'hésitez pas, nous sommes là pour vous aider dans le domaine économique au sens large puisqu'on ne peut pas séparer l'économie, la culture, l'aspect scientifique éducatif etc. Tout cela est une même présence française.
Je voulais encore vous dire un grand merci à tous. Nous nous retrouverons avec bon nombre d'entre vous je crois en partance pour la Chine cet après-midi.
Bon travail.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 janvier 2015