Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, sur la participation de la France à l'intervention militaire contre les Talibans en Afghanistan, à l'Assemblée nationale le 16 octobre 2001.

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Circonstance : Audition de M. Alain Richard par la commission de défense de l'Assemblée nationale le 16 octobre 2001

Texte intégral

Renaud Donnedieu de Vabres - UDF Indre-et-Loire
Monsieur le Premier Ministre, il vous appartient aujourd'hui de dissiper un malaise. Ne nous rassurons pas à bon compte, il existe en France comme ailleurs, un fossé entre les gouvernements et les peuples sur les nécessités du combat contre le terrorisme. C'est une fois de plus la dialectique entre la solidarité et le courage et la lâcheté. C'est ici le lieu où il faut, par un discours de vérité, combler ce fossé qui existe et d'où naissent beaucoup de fantasmes. Certaines précautions oratoires d'usage sur le plan diplomatique ou militaire deviennent des erreurs qui conduisent nos concitoyens à manquer de repères. La vérité est une pédagogie utile pour forger un véritable esprit de défense. Nous le devons d'ailleurs en premier lieu aux militaires français aujourd'hui, ou demain engagés. Vous me permettrez donc quelques questions concrètes auxquelles nous n'avons pas eu de réponse ce matin lors de la réunion conjointe de la commission de la Défense et des Affaires étrangères, ni tout à l'heure dans votre réponse. Première question : La France est-elle militairement et concrètement engagée, sous quelle forme réellement ? Deuxièmement, quelles sont les unités concernées ? Ne pas le dire ouvertement, c'est offenser les militaires concernés, même s'ils appartiennent à la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) ou aux forces spéciales. Troisième question, quelle est la demande américaine réellement formulée ? Quatrième question : quelle sera la position de la France si les Américains décident de s'attaquer à des bases terroristes dans d'autres états ? Cinquième question, d'autres états, d'autres gouvernements vont-ils être mis en demeure de livrer d'autres réseaux ?
D'autres états, d'autres gouvernements, vont-ils être mis en demeure de livrer des réseaux ou des informations sur des circuits terroristes sous peine d'encourir également des représailles ? Quand respecterez-vous votre engagement de consulter par un vote le Parlement ? Dernière question, parallèlement à l'action en cours, à quel moment sera officiellement formulé un projet européen à l'initiative de la France et de l'Allemagne, concernant Israël et la Palestine ?
Alain Richard
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés. Plusieurs des questions qu'a rappelées Monsieur Donnedieu de Vabres ont été exposées et traitées ce matin lors de la réunion qui a réuni nombre d'entre vous sous la présidence des présidents Loncle et Quilès. Je veux simplement préciser et confirmer que les engagements militaires qui ont déjà été décidés par les pouvoirs publics engageant la France, ont été communiqués à l'Assemblée nationale par le Premier ministre la semaine dernière. Et que ce qu'il a dit à l'instant montre l'approche politique, précise et fondée sur des principes, à partir de laquelle nous débattons avec nos partenaires américains et alliés d'éventuels engagements complémentaires. En ce qui concerne les hommes et femmes chargés du renseignement, Monsieur Donnedieu de Vabres, comme chacun de vos collègues ici, vous savez très bien qu'ils ont leur mission, qu'ils sont sous un contrôle précis des pouvoirs publics, que nous leur adressons notre confiance et notre soutien et qu'il est inopportun de donner plus de détails ici.
(Source http :www.defense.gouv.fr, le 17 octobre 2001)