Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Je suis particulièrement heureux d'accueillir ici, au ministère de la recherche, la seconde journée de ces quatrièmes Rencontres scientifiques internationales de Gif, parce que le sujet de votre colloque me tient à coeur, et qu'il occupe une place particulièrement importante dans la conception et l'avenir de la recherche.
"Femmes, hommes et sciences : agir pour l'égalité" est une formule qui propose un but, et cherche des moyens.
Le but, une égalité entre hommes et femmes enfin mise en acte, nous le poursuivons tous - à commencer par le Gouvernement qui a donné l'exemple, avec la loi sur la Parité politique.
Les moyens, il convient de les harmoniser, secteur par secteur, dans un cadre général. Ceux du monde de la recherche existent, et je m'emploie à les rendre efficaces. Vous avez réfléchi, pendant ces deux jours, sur les expériences menées en France ou dans d'autres pays, les verrous à faire sauter, les options à prendre. Je considérerai avec attention vos propositions : elles sont issues d'une expérience de terrain, que ce soit celui de l'administration, de la recherche scientifique, de l'entreprise.
Je tiens à remercier particulièrement Mme Francine Demichel, dont l'action comme directrice de l'enseignement supérieur au ministère de l'éducation nationale est complémentaire de la nôtre. Je remercie également M. Anicet Le Pors pour son action en tant que président du comité de pilotage pour l'égal accès des femmes et des hommes aux emplois supérieurs des fonctions publiques. Les travaux de ce comité nous sont indispensables. Je remercie enfin, outre les participants venus de l'étranger, les représentants de l'Unesco, M. Mustapha El Tayeb ; de l'Union européenne, Mme Nicole Dewandre; du Parlement européen, Mme Geneviève Fraisse, d'avoir apporté un éclairage multinational à cette question de l'égalité des femmes et des hommes, qui traverse toutes nos sociétés.
J'avais annoncé l'année dernière un certain nombre de mesures : je voudrais aujourd'hui faire le point sur leur état d'avancement.
Ces mesures ont été proposées il y a exactement un an, et elles s'attaquent à une anomalie ancrée depuis toujours dans nos structures d'enseignement et de recherche. L'instauration d'une parité réelle entre hommes et femmes, filles et garçons, dans les études et les carrières scientifiques est un travail de longue haleine, qui nécessite une volonté générale et coordonnée. Par ailleurs, pour plusieurs de ces mesures, les effets ne sont pas immédiatement comptabilisables : nous pouvons tout au plus repérer des tendances, constater une évolution.
Cette évolution, je l'observe avec attention : des indicateurs me sont régulièrement fournis pour tous les "chantiers" que j'ai mis en oeuvre. Je crois pouvoir dire aujourd'hui que pour beaucoup d'entre eux la courbe qui s'amorce va dans le bon sens. A nous maintenant d'amplifier ce mouvement, de l'accélérer. Prenons point par point le programme que j'avais établi :
L'attribution de plus d'allocations de recherche aux jeunes filles : nous n'aurons que dans quelques semaines les résultats du recrutement effectué par les écoles doctorales en 2001. Pour ce qui est de l'année 2000, le taux de féminisation des allocataires de recherche atteint 40 %, en progression de 2 % sur 1999. Ce taux continue à varier fortement d'une direction scientifique à l'autre, puisqu'il est d'environ 20 % en mathématiques, informatique, physique et sciences pour l'ingénieur, mais de plus de 50 % en sciences de la vie et en sciences humaines et sociales. Toutefois il faut remarquer la progression sensible du nombre de doctorantes allocataires en sciences dures depuis 1998 : + 4 points en mathématiques et informatique (DS 1), + 8 points en sciences de la terre et de l'univers (DS 3), + 4 points en chimie (DS 4). Ces disciplines traditionnellement faibles en représentation féminine semblent donc s'ouvrir un peu plus aux jeunes chercheuses, et j'espère que 2001 confirmera ce point.
L'Action concertée incitative "Jeunes chercheurs et jeunes chercheuses" a été lancée pour que de jeunes scientifiques puissent, très tôt, prendre des responsabilités et une autonomie par rapport à des structures jugées parfois trop traditionnelles. J'ai été très heureux d'apprendre que les jeunes chercheuses admises sont passées de 13 % la première année à plus de 20 % en 2001. Le jury a fait la constatation suivante : beaucoup de jeunes femmes téléphonaient sans grand espoir de pouvoir se présenter, en raison de la limite d'âge imposée. Or, le règlement décomptant les années de maternité, leur candidature a été retenue et pour beaucoup d'entre elles couronnée de succès. Je vois là un exemple tout à fait productif de l'adaptation nécessaire des conditions de recherche aux situations personnelles.
Je dois, en revanche, constater une régression dans les nominations au sein de l'Institut universitaire de France : deux femmes sur vingt-cinq lauréats en catégorie senior, et une sur quinze en junior. Les explications que j'ai demandées, et qui lient la promotion de l'IUF au "faible vivier" de femmes professeures, ne m'ont pas convaincu. Ce vivier existe, il suffit de l'identifier. Si l'incitation à la mobilisation des femmes scientifiques doit passer par des textes, nous ferons des textes. Après la loi sur la Parité, après la loi Génisson et les décrets faisant suite au rapport Colmou sur l'équilibre des sexes dans les commissions administratives et les comités techniques paritaires, nous travaillons actuellement sur la composition de nos instances d'évaluation et de concertation (conseils d'administration, conseils scientifiques...). Toutes devront comporter, à brève échéance, au moins 30 % de représentants d'un même sexe.
J'avais également souhaité que soit favorisée la création d'entreprises technologiques innovantes par des femmes, notamment dans le cadre du concours lancé par le ministère : les lauréates de l'édition 2001, dont j'ai annoncé hier les résultats, sont au nombre de 23. Leur proportion s'accroît, puisqu'elle passe à 10 %. Ce n'est certes pas encore assez, mais on peut considérer comme encourageant le fait que 19 % des projets retenus dans la catégorie "création-développement" émanent de femmes : celles-ci ont donc toutes les chances, à ce stade plus avancé que celui des "projets émergents", de mettre sur pied une entreprise à fort contenu technologique et à importante valeur ajoutée. Par ailleurs, j'ai constaté hier en remettant les Prix spéciaux que les femmes étaient très largement représentées à l'intérieur des équipes présentant un projet.
Je rappellerai à cette occasion que j'ai nommé, le 26 février dernier, Mme Anne Lauvergeon, présidente-directrice générale de la COGEMA, à la présidence du jury national du concours d'aide à la création d'entreprises technologiques innovantes. Ce jury compte également Mme Edwige Avice, présidente de la Financière de Brienne, parmi les deux vice-présidents, ainsi que quatre femmes parmi les vingt autres membres.
Je crois beaucoup, en effet, à la force de l'exemple : Mme Ketty Schwartz à la direction de la recherche de mon ministère, Mme Parpex présidente-directrice générale du fonds d'amorçage "bioAm", Mmes Geneviève Berger, Marion Guillou, Elisabeth Dupont-Kerlan, à la tête de trois grands organismes de recherche sont autant de modèles pour les jeunes filles qui n'oseraient peut-être pas, en raison de la pesanteur des mentalités et des pratiques, espérer une carrière en relation avec leurs compétences.
En ce qui concerne l'information et l'orientation dans le système scolaire, les efforts conjugués des ministères de l'éducation nationale et de la recherche ont permis de renforcer les moyens pour les développer.
Le comité de pilotage et de suivi interministériel de la convention signée en février 2000 s'appuie sur des groupes implantés dans chaque académie et sur le réseau des chargés de mission académiques pour l'égalité des chances. Ces derniers organisent des expositions et des débats entre élèves et enseignants, souvent animés par des chercheuses ou des ingénieures de recherche : elles témoignent, par leur présence et leurs conseils, de l'ouverture des cursus scientifiques aux deux sexes.
Nous avons également réalisé, autour du colloque que vous aviez organisé l'année dernière, un document vidéo de neuf minutes, rapportant les témoignages de plusieurs des participants. Ce film, dont 2000 copies ont été tirées, circule dans tous les établissements scolaires.
Quant à l'opération 1000 classes/1000 chercheurs, elle n'existe plus en tant que telle, du fait même de son succès. Les organismes de recherche et les associations l'ayant reprise à leur compte, elle est maintenant déclinée en une multitude d'initiatives sans doute mieux ciblées, mieux adaptées aux besoins locaux. Le CNRS, l'INSERM, le CIRAD, l'IRD, l'INRA, l'IFREMER, le CEA, l'INRIA et beaucoup d'autres pratiquent régulièrement des journées portes ouvertes, tiennent des forums thématiques, ouvrent des sites Internet pour dialoguer avec des chercheurs et des élèves étrangers, développent des activités de clubs où les jeunes rencontrent des professionnels de la recherche et travaillent avec eux. Une grande manifestation nationale comme la Fête de la science, ramifiée sur tout le territoire, fournit l'occasion de mettre en valeur toutes ces initiatives.
Je précise que les actions menées en direction des jeunes figureront systématiquement dans le rapport d'activités des organismes sous tutelle, au chapitre de la culture scientifique et technique.
De son côté, la direction de la recherche du ministère a lancé, pour le volet européen de la Fête de la science, une opération d'échange franco-allemand entre jeunes intitulé " Regards croisés sur les différentes manières de parler de la science aujourd'hui en Europe ". Sur les 16 jeunes Français sélectionnés par concours pour se rendre à la Wissenschaft in Dialog à Berlin la semaine dernière, 10 étaient des filles, choisies pour leur motivation et la qualité du projet de culture scientifique qu'elles ont présenté.
Il faut mettre en place, par ailleurs, des structures ou des lois qui garantissent à long terme l'accès des femmes aux responsabilités qui sont les leurs.
Il existe tout une panoplie de mesures possibles, allant de celles qui se fondent sur la prise de conscience et la raison, à celles qui sont contraignantes.
Afin d'avoir les instruments nécessaires au suivi et à l'évaluation des mesures, j'ai décidé d'installer, au ministère même et au cur de la direction de la recherche, une mission pour la parité en sciences et technologies dont Mme Cyrot-Lackmann est la responsable scientifique. Mme Michèle Baron en est la responsable administrative, et Mme Brigitte Godelier, secrétaire générale du Conseil supérieur de la recherche et de la technologie, en est la chargée de mission pour la coordination avec les établissements. Cette mission est créée par décret signé du Premier Ministre. Elle a pour tâche de définir et de mettre en oeuvre les mesures permettant de renforcer la place des femmes dans les études et les carrières scientifiques. Elle devra travailler transversalement avec tous les conseillers du ministère afin que la dimension du genre comme facteur d'excellence soit dorénavant prise en compte.
La mission veille, par ailleurs, à la prise en compte de la dimension de la parité par les établissements sous tutelle du ministère de la recherche. A cette fin, j'ai demandé à tous les organismes de désigner un correspondant interne afin de former un réseau de compétence et de conduire des actions coordonnées. Je note d'ailleurs avec satisfaction que certains d'entre eux ont déjà mis en place des structures spécifiques : Mme Sylvie Moreau vous a tout à l'heure exposé, je crois, exposé les grandes lignes de la "mission pour la place des femmes" qui fonctionne déjà au CNRS.
Pour l'année 2001, la mission dispose d'un budget de 2 200 000F, dont 45 % proviennent du Fonds Social Européen. Une autre de ses tâches essentielles est de solliciter les études et les données statistiques par genre auprès des services habilités. Une première commande d'études statistiques portant sur une période de quinze ans a été passée à l'Observatoire des sciences et des techniques : les résultats en seront présentés le 17 novembre lors du colloque Femmes dans les métiers scientifiques et technologiques, et permettra de répondre aux demandes de la Commission européenne dans le cadre des indicateurs sur les femmes et la science.
Enfin, la mission pour la parité en sciences et technologies travaille en étroite collaboration avec Mme Claudine Hermann, notre représentante auprès de l'unité "Femmes et sciences" de l'Union européenne. Il s'agit de mener ensemble des actions volontaristes visant à instaurer, dans toutes les structures, une représentation d'au moins 30 % de chaque sexe.
Parlons maintenant du rééquilibrage des sexes dans les instances délibératives ou consultatives. Cet objectif de 30 % est loin d'être atteint dans les conseils d'administration, conseils scientifiques, comités techniques paritaires, comités d'entreprise des établissements de recherche. La proportion des femmes y est encore, en moyenne, inférieure à 10 %.
Le Droit français ne prend pas en compte les notions de quota ou de parité, et la loi de 1997 ne porte que sur la représentation politique. Doit-on parler alors de " discrimination positive " ? Au terme de la réflexion menée au sein du ministère, je ferai deux propositions.
En ce qui concerne les représentants élus, j'entends négocier une "charte de la mixité" avec les organisations syndicales du monde de la recherche, de manière à ce qu'elles s'engagent à présenter plus d'un tiers de candidates à toutes les élections de représentants du personnel au sein des différentes instances.
En ce qui concerne les personnalités qualifiées, une circulaire du ministre aux présidents et directeurs généraux des organismes fixera l'objectif d'un tiers de femmes désignées au terme du processus de décision, en demandant aux responsables de faire une liste de propositions comprenant au minimum un tiers de femmes. Cette procédure a été utilisée pour le renouvellement des membres du Conseil supérieur de la recherche et de la technologie. La non observance de ce ratio conduira au renvoi du dossier à l'établissement.
Venons-en maintenant à la question toujours actuelle, et que vous vous êtes posée au cours de ce colloque, celle d'une formation des femmes, spécifique ou non, à prendre les responsabilités qui leur seront ouvertes ?
L'égalité est l'affaire de tous, et il serait paradoxal de l'enseigner différemment aux filles et aux garçons. Un gouvernement de progrès ne peut laisser subsister une division du savoir entre les sexes, qui contredit le principe de mixité. C'est évidemment ensemble que la prise de conscience doit s'opérer : l'organisation sociale qui découle de ce consensus rend d'ailleurs aux hommes quelques droits dont ils se privaient, bien à leurs dépens. Les récentes lois sur la famille, avec par exemple le congé parental accordé au père, sont l'une des conquêtes de la parité des hommes avec les femmes.
La formation commune à l'égalité, elle, est une démarche indispensable, puisque cette égalité ne va pas de soi. C'est une notion qui se construit sur l'élimination des préjugés, qui demande de renoncer à des habitudes et à des comportements. En direction des enfants et des adolescents, la convention ministérielle de février 2000 stipule l'introduction, dans les classes, d'une formation spécifique ayant pour thème les rôles sociaux des hommes et des femmes, l'identification des stéréotypes. Mme Ségolène Royal a fait distribuer, dans toutes les classes de fin de collège, une sorte de charte sur la sexualité, que les enseignants doivent commenter avec leurs élèves. Par ailleurs, les manuels scolaires accordent une attention de plus en plus grande à l'iconographie, et ménagent une part importante aux photos de femmes en situation de recherche. Les Instituts universitaires de formation des maîtres, quant à eux, comportent maintenant des cycles de formation traitant de l'égalité des sexes dans l'enseignement.
Des outils sont à leur disposition, puisque nous avons introduit un vaste programme de recherches statistiques ventilées par genre. En liaison avec l'Insee, le ministère de la recherche a défini un certain nombre de paramètres (évolution des effectifs féminins dans la recherche, mais aussi répartition par niveaux, carrières, structures, disciplines, postes, publications...) susceptibles de contribuer à une vision plus claire des obstacles rencontrés par les femmes scientifiques au cours de leurs études et de leurs carrières. Produire des données sexuées et les rendre publiques permet d'analyser et de faire apparaître les causes d'inégalité. D'ores et déjà l'Ecole normale supérieure de Cachan s'est dotée d'outils d'évaluation statistiques donnant lieu à une réflexion sur les cursus masculin et féminin. La Direction de la prospective et du développement (DPD), de son côté, cumule et analyse les informations, et les diffuse régulièrement. C'est ainsi que l'intégration de la dimension du genre pourra apparaître peu à peu comme incontournable.
Un autre vecteur auquel je crois beaucoup pour l'éducation à l'égalité est celui du travail associatif. A la suite des travaux publiés en 2000 sur la place des femmes dans les sciences, un groupe de femmes scientifiques de toutes disciplines et de tous horizons a fondé l'association Femmes et Sciences. Les buts en sont " de renforcer la position des femmes exerçant des carrières scientifiques et techniques dans les secteurs public et privé ; de promouvoir l'image des sciences chez les femmes et l'image des femmes dans les sciences ; d'inciter les jeunes filles à s'engager dans les carrières scientifiques et techniques. " Le ministère de la recherche apporte un double soutien à cette association, par une subvention annuelle et par la mise à disposition de ses infrastructures : c'est ainsi que j'accueillerai ici même, en novembre 2001, le colloque Femmes dans les métiers scientifiques et techniques. Par ailleurs, des associations comme L'association française des femmes dans l'Université (AFFDU), Femmes et mathématiques ou L'Association française des femmes ingénieures (AFFI) continuent à être subventionnées par le ministère pour des opérations ponctuelles.
Venons-en maintenant à cette politique de l'intégration de " la dimension du genre ", notion encore peu familière à notre système de pensée.
Cette notion est issue, à l'origine, des travaux des féministes américaines, le mot "gender" couvrant une dimension à la fois biologique, grammaticale et sociale. Elle a été reprise au sein de l'Union européenne en 1998, lorsque la Commission a décidé de prendre en compte de façon effective l'égalité des chances, et de promouvoir la participation des femmes à l'effort de recherche en Europe. Le manque de femmes dans les domaines scientifiques était analysé, dès cette époque, comme une menace :
- à l'équité (la discrimination fondée sur le sexe constituant une violation des droits de la personne humaine)
- à l'excellence (la sous-représentation des femmes affaiblissant la qualité)
- à l'efficacité (le vieillissement de la population imposant de puiser sans discrimination de sexe dans la réserve de jeunes scientifiques)
- à l'efficience (éduquer et former des jeunes femmes scientifiques, dont on n'utilise pas ensuite les compétences, représentant un véritable gaspillage).
Pour pallier ces menaces, il a été décidé que la promotion des femmes dans la recherche se fasse à plusieurs niveaux : par les femmes, pour les femmes et sur les femmes. La stratégie adoptée est celle du " mainstreaming ", c'est à dire l'intégration de la dimension du genre au niveau des systèmes, des structures, des institutions, des programmes, des politiques et des pratiques. Un système de veille "Femmes et sciences" ("genderwatch") a été créé au sein de la Commission pour suivre et renforcer l'intégration de la dimension du genre dans le Vème programme cadre. Il a pour mission de récolter et de publier des statistiques, de favoriser la présence de femmes dans les panels d'évaluation et dans les assemblées consultatives, de mener des études évaluant l'incidence du point de vue du genre sur les programmes de recherche et de fournir un point d'ancrage au sein de la Commission. Depuis lors, cette structure est devenue une véritable Unité à vocation transversale au sein de la direction "science et société" de la DG recherche : je remercie ici la cheffe de cette mission, Mme Nicole Dewandre, pour son efficacité.
La France coopère activement au travail de cette instance, qui doit donner au prochain PCRD une force et une efficacité nouvelles : il tiendra systématiquement compte, dans les programmes de recherche qui lui seront proposés, de l'existence ou non de la dimension du genre.
Nos intérêts sont représentés auprès de la DG Recherche pour le domaine Femmes et sciences par une haute fonctionnaire, Claudine Hermann, professeure à l'Ecole Polytechnique, nommée en mars 2000 par le ministère de la recherche. La mission de notre représentante est de faire connaître à la Commission, mais aussi aux Etats membres, les actions entreprises par la France pour l'égalité hommes/femmes en sciences, et de se prononcer sur les orientations à prendre au niveau européen. Elle consiste également à transmettre aux acteurs de la recherche en France les avancées et les décisions prises par la Commission et les différents groupes de travail qui participent à la mise en place de l'Espace européen de la recherche et du prochain programme cadre.
(source http://www.recherche.gouv.fr, le 28 septembre 2001)
Je suis particulièrement heureux d'accueillir ici, au ministère de la recherche, la seconde journée de ces quatrièmes Rencontres scientifiques internationales de Gif, parce que le sujet de votre colloque me tient à coeur, et qu'il occupe une place particulièrement importante dans la conception et l'avenir de la recherche.
"Femmes, hommes et sciences : agir pour l'égalité" est une formule qui propose un but, et cherche des moyens.
Le but, une égalité entre hommes et femmes enfin mise en acte, nous le poursuivons tous - à commencer par le Gouvernement qui a donné l'exemple, avec la loi sur la Parité politique.
Les moyens, il convient de les harmoniser, secteur par secteur, dans un cadre général. Ceux du monde de la recherche existent, et je m'emploie à les rendre efficaces. Vous avez réfléchi, pendant ces deux jours, sur les expériences menées en France ou dans d'autres pays, les verrous à faire sauter, les options à prendre. Je considérerai avec attention vos propositions : elles sont issues d'une expérience de terrain, que ce soit celui de l'administration, de la recherche scientifique, de l'entreprise.
Je tiens à remercier particulièrement Mme Francine Demichel, dont l'action comme directrice de l'enseignement supérieur au ministère de l'éducation nationale est complémentaire de la nôtre. Je remercie également M. Anicet Le Pors pour son action en tant que président du comité de pilotage pour l'égal accès des femmes et des hommes aux emplois supérieurs des fonctions publiques. Les travaux de ce comité nous sont indispensables. Je remercie enfin, outre les participants venus de l'étranger, les représentants de l'Unesco, M. Mustapha El Tayeb ; de l'Union européenne, Mme Nicole Dewandre; du Parlement européen, Mme Geneviève Fraisse, d'avoir apporté un éclairage multinational à cette question de l'égalité des femmes et des hommes, qui traverse toutes nos sociétés.
J'avais annoncé l'année dernière un certain nombre de mesures : je voudrais aujourd'hui faire le point sur leur état d'avancement.
Ces mesures ont été proposées il y a exactement un an, et elles s'attaquent à une anomalie ancrée depuis toujours dans nos structures d'enseignement et de recherche. L'instauration d'une parité réelle entre hommes et femmes, filles et garçons, dans les études et les carrières scientifiques est un travail de longue haleine, qui nécessite une volonté générale et coordonnée. Par ailleurs, pour plusieurs de ces mesures, les effets ne sont pas immédiatement comptabilisables : nous pouvons tout au plus repérer des tendances, constater une évolution.
Cette évolution, je l'observe avec attention : des indicateurs me sont régulièrement fournis pour tous les "chantiers" que j'ai mis en oeuvre. Je crois pouvoir dire aujourd'hui que pour beaucoup d'entre eux la courbe qui s'amorce va dans le bon sens. A nous maintenant d'amplifier ce mouvement, de l'accélérer. Prenons point par point le programme que j'avais établi :
L'attribution de plus d'allocations de recherche aux jeunes filles : nous n'aurons que dans quelques semaines les résultats du recrutement effectué par les écoles doctorales en 2001. Pour ce qui est de l'année 2000, le taux de féminisation des allocataires de recherche atteint 40 %, en progression de 2 % sur 1999. Ce taux continue à varier fortement d'une direction scientifique à l'autre, puisqu'il est d'environ 20 % en mathématiques, informatique, physique et sciences pour l'ingénieur, mais de plus de 50 % en sciences de la vie et en sciences humaines et sociales. Toutefois il faut remarquer la progression sensible du nombre de doctorantes allocataires en sciences dures depuis 1998 : + 4 points en mathématiques et informatique (DS 1), + 8 points en sciences de la terre et de l'univers (DS 3), + 4 points en chimie (DS 4). Ces disciplines traditionnellement faibles en représentation féminine semblent donc s'ouvrir un peu plus aux jeunes chercheuses, et j'espère que 2001 confirmera ce point.
L'Action concertée incitative "Jeunes chercheurs et jeunes chercheuses" a été lancée pour que de jeunes scientifiques puissent, très tôt, prendre des responsabilités et une autonomie par rapport à des structures jugées parfois trop traditionnelles. J'ai été très heureux d'apprendre que les jeunes chercheuses admises sont passées de 13 % la première année à plus de 20 % en 2001. Le jury a fait la constatation suivante : beaucoup de jeunes femmes téléphonaient sans grand espoir de pouvoir se présenter, en raison de la limite d'âge imposée. Or, le règlement décomptant les années de maternité, leur candidature a été retenue et pour beaucoup d'entre elles couronnée de succès. Je vois là un exemple tout à fait productif de l'adaptation nécessaire des conditions de recherche aux situations personnelles.
Je dois, en revanche, constater une régression dans les nominations au sein de l'Institut universitaire de France : deux femmes sur vingt-cinq lauréats en catégorie senior, et une sur quinze en junior. Les explications que j'ai demandées, et qui lient la promotion de l'IUF au "faible vivier" de femmes professeures, ne m'ont pas convaincu. Ce vivier existe, il suffit de l'identifier. Si l'incitation à la mobilisation des femmes scientifiques doit passer par des textes, nous ferons des textes. Après la loi sur la Parité, après la loi Génisson et les décrets faisant suite au rapport Colmou sur l'équilibre des sexes dans les commissions administratives et les comités techniques paritaires, nous travaillons actuellement sur la composition de nos instances d'évaluation et de concertation (conseils d'administration, conseils scientifiques...). Toutes devront comporter, à brève échéance, au moins 30 % de représentants d'un même sexe.
J'avais également souhaité que soit favorisée la création d'entreprises technologiques innovantes par des femmes, notamment dans le cadre du concours lancé par le ministère : les lauréates de l'édition 2001, dont j'ai annoncé hier les résultats, sont au nombre de 23. Leur proportion s'accroît, puisqu'elle passe à 10 %. Ce n'est certes pas encore assez, mais on peut considérer comme encourageant le fait que 19 % des projets retenus dans la catégorie "création-développement" émanent de femmes : celles-ci ont donc toutes les chances, à ce stade plus avancé que celui des "projets émergents", de mettre sur pied une entreprise à fort contenu technologique et à importante valeur ajoutée. Par ailleurs, j'ai constaté hier en remettant les Prix spéciaux que les femmes étaient très largement représentées à l'intérieur des équipes présentant un projet.
Je rappellerai à cette occasion que j'ai nommé, le 26 février dernier, Mme Anne Lauvergeon, présidente-directrice générale de la COGEMA, à la présidence du jury national du concours d'aide à la création d'entreprises technologiques innovantes. Ce jury compte également Mme Edwige Avice, présidente de la Financière de Brienne, parmi les deux vice-présidents, ainsi que quatre femmes parmi les vingt autres membres.
Je crois beaucoup, en effet, à la force de l'exemple : Mme Ketty Schwartz à la direction de la recherche de mon ministère, Mme Parpex présidente-directrice générale du fonds d'amorçage "bioAm", Mmes Geneviève Berger, Marion Guillou, Elisabeth Dupont-Kerlan, à la tête de trois grands organismes de recherche sont autant de modèles pour les jeunes filles qui n'oseraient peut-être pas, en raison de la pesanteur des mentalités et des pratiques, espérer une carrière en relation avec leurs compétences.
En ce qui concerne l'information et l'orientation dans le système scolaire, les efforts conjugués des ministères de l'éducation nationale et de la recherche ont permis de renforcer les moyens pour les développer.
Le comité de pilotage et de suivi interministériel de la convention signée en février 2000 s'appuie sur des groupes implantés dans chaque académie et sur le réseau des chargés de mission académiques pour l'égalité des chances. Ces derniers organisent des expositions et des débats entre élèves et enseignants, souvent animés par des chercheuses ou des ingénieures de recherche : elles témoignent, par leur présence et leurs conseils, de l'ouverture des cursus scientifiques aux deux sexes.
Nous avons également réalisé, autour du colloque que vous aviez organisé l'année dernière, un document vidéo de neuf minutes, rapportant les témoignages de plusieurs des participants. Ce film, dont 2000 copies ont été tirées, circule dans tous les établissements scolaires.
Quant à l'opération 1000 classes/1000 chercheurs, elle n'existe plus en tant que telle, du fait même de son succès. Les organismes de recherche et les associations l'ayant reprise à leur compte, elle est maintenant déclinée en une multitude d'initiatives sans doute mieux ciblées, mieux adaptées aux besoins locaux. Le CNRS, l'INSERM, le CIRAD, l'IRD, l'INRA, l'IFREMER, le CEA, l'INRIA et beaucoup d'autres pratiquent régulièrement des journées portes ouvertes, tiennent des forums thématiques, ouvrent des sites Internet pour dialoguer avec des chercheurs et des élèves étrangers, développent des activités de clubs où les jeunes rencontrent des professionnels de la recherche et travaillent avec eux. Une grande manifestation nationale comme la Fête de la science, ramifiée sur tout le territoire, fournit l'occasion de mettre en valeur toutes ces initiatives.
Je précise que les actions menées en direction des jeunes figureront systématiquement dans le rapport d'activités des organismes sous tutelle, au chapitre de la culture scientifique et technique.
De son côté, la direction de la recherche du ministère a lancé, pour le volet européen de la Fête de la science, une opération d'échange franco-allemand entre jeunes intitulé " Regards croisés sur les différentes manières de parler de la science aujourd'hui en Europe ". Sur les 16 jeunes Français sélectionnés par concours pour se rendre à la Wissenschaft in Dialog à Berlin la semaine dernière, 10 étaient des filles, choisies pour leur motivation et la qualité du projet de culture scientifique qu'elles ont présenté.
Il faut mettre en place, par ailleurs, des structures ou des lois qui garantissent à long terme l'accès des femmes aux responsabilités qui sont les leurs.
Il existe tout une panoplie de mesures possibles, allant de celles qui se fondent sur la prise de conscience et la raison, à celles qui sont contraignantes.
Afin d'avoir les instruments nécessaires au suivi et à l'évaluation des mesures, j'ai décidé d'installer, au ministère même et au cur de la direction de la recherche, une mission pour la parité en sciences et technologies dont Mme Cyrot-Lackmann est la responsable scientifique. Mme Michèle Baron en est la responsable administrative, et Mme Brigitte Godelier, secrétaire générale du Conseil supérieur de la recherche et de la technologie, en est la chargée de mission pour la coordination avec les établissements. Cette mission est créée par décret signé du Premier Ministre. Elle a pour tâche de définir et de mettre en oeuvre les mesures permettant de renforcer la place des femmes dans les études et les carrières scientifiques. Elle devra travailler transversalement avec tous les conseillers du ministère afin que la dimension du genre comme facteur d'excellence soit dorénavant prise en compte.
La mission veille, par ailleurs, à la prise en compte de la dimension de la parité par les établissements sous tutelle du ministère de la recherche. A cette fin, j'ai demandé à tous les organismes de désigner un correspondant interne afin de former un réseau de compétence et de conduire des actions coordonnées. Je note d'ailleurs avec satisfaction que certains d'entre eux ont déjà mis en place des structures spécifiques : Mme Sylvie Moreau vous a tout à l'heure exposé, je crois, exposé les grandes lignes de la "mission pour la place des femmes" qui fonctionne déjà au CNRS.
Pour l'année 2001, la mission dispose d'un budget de 2 200 000F, dont 45 % proviennent du Fonds Social Européen. Une autre de ses tâches essentielles est de solliciter les études et les données statistiques par genre auprès des services habilités. Une première commande d'études statistiques portant sur une période de quinze ans a été passée à l'Observatoire des sciences et des techniques : les résultats en seront présentés le 17 novembre lors du colloque Femmes dans les métiers scientifiques et technologiques, et permettra de répondre aux demandes de la Commission européenne dans le cadre des indicateurs sur les femmes et la science.
Enfin, la mission pour la parité en sciences et technologies travaille en étroite collaboration avec Mme Claudine Hermann, notre représentante auprès de l'unité "Femmes et sciences" de l'Union européenne. Il s'agit de mener ensemble des actions volontaristes visant à instaurer, dans toutes les structures, une représentation d'au moins 30 % de chaque sexe.
Parlons maintenant du rééquilibrage des sexes dans les instances délibératives ou consultatives. Cet objectif de 30 % est loin d'être atteint dans les conseils d'administration, conseils scientifiques, comités techniques paritaires, comités d'entreprise des établissements de recherche. La proportion des femmes y est encore, en moyenne, inférieure à 10 %.
Le Droit français ne prend pas en compte les notions de quota ou de parité, et la loi de 1997 ne porte que sur la représentation politique. Doit-on parler alors de " discrimination positive " ? Au terme de la réflexion menée au sein du ministère, je ferai deux propositions.
En ce qui concerne les représentants élus, j'entends négocier une "charte de la mixité" avec les organisations syndicales du monde de la recherche, de manière à ce qu'elles s'engagent à présenter plus d'un tiers de candidates à toutes les élections de représentants du personnel au sein des différentes instances.
En ce qui concerne les personnalités qualifiées, une circulaire du ministre aux présidents et directeurs généraux des organismes fixera l'objectif d'un tiers de femmes désignées au terme du processus de décision, en demandant aux responsables de faire une liste de propositions comprenant au minimum un tiers de femmes. Cette procédure a été utilisée pour le renouvellement des membres du Conseil supérieur de la recherche et de la technologie. La non observance de ce ratio conduira au renvoi du dossier à l'établissement.
Venons-en maintenant à la question toujours actuelle, et que vous vous êtes posée au cours de ce colloque, celle d'une formation des femmes, spécifique ou non, à prendre les responsabilités qui leur seront ouvertes ?
L'égalité est l'affaire de tous, et il serait paradoxal de l'enseigner différemment aux filles et aux garçons. Un gouvernement de progrès ne peut laisser subsister une division du savoir entre les sexes, qui contredit le principe de mixité. C'est évidemment ensemble que la prise de conscience doit s'opérer : l'organisation sociale qui découle de ce consensus rend d'ailleurs aux hommes quelques droits dont ils se privaient, bien à leurs dépens. Les récentes lois sur la famille, avec par exemple le congé parental accordé au père, sont l'une des conquêtes de la parité des hommes avec les femmes.
La formation commune à l'égalité, elle, est une démarche indispensable, puisque cette égalité ne va pas de soi. C'est une notion qui se construit sur l'élimination des préjugés, qui demande de renoncer à des habitudes et à des comportements. En direction des enfants et des adolescents, la convention ministérielle de février 2000 stipule l'introduction, dans les classes, d'une formation spécifique ayant pour thème les rôles sociaux des hommes et des femmes, l'identification des stéréotypes. Mme Ségolène Royal a fait distribuer, dans toutes les classes de fin de collège, une sorte de charte sur la sexualité, que les enseignants doivent commenter avec leurs élèves. Par ailleurs, les manuels scolaires accordent une attention de plus en plus grande à l'iconographie, et ménagent une part importante aux photos de femmes en situation de recherche. Les Instituts universitaires de formation des maîtres, quant à eux, comportent maintenant des cycles de formation traitant de l'égalité des sexes dans l'enseignement.
Des outils sont à leur disposition, puisque nous avons introduit un vaste programme de recherches statistiques ventilées par genre. En liaison avec l'Insee, le ministère de la recherche a défini un certain nombre de paramètres (évolution des effectifs féminins dans la recherche, mais aussi répartition par niveaux, carrières, structures, disciplines, postes, publications...) susceptibles de contribuer à une vision plus claire des obstacles rencontrés par les femmes scientifiques au cours de leurs études et de leurs carrières. Produire des données sexuées et les rendre publiques permet d'analyser et de faire apparaître les causes d'inégalité. D'ores et déjà l'Ecole normale supérieure de Cachan s'est dotée d'outils d'évaluation statistiques donnant lieu à une réflexion sur les cursus masculin et féminin. La Direction de la prospective et du développement (DPD), de son côté, cumule et analyse les informations, et les diffuse régulièrement. C'est ainsi que l'intégration de la dimension du genre pourra apparaître peu à peu comme incontournable.
Un autre vecteur auquel je crois beaucoup pour l'éducation à l'égalité est celui du travail associatif. A la suite des travaux publiés en 2000 sur la place des femmes dans les sciences, un groupe de femmes scientifiques de toutes disciplines et de tous horizons a fondé l'association Femmes et Sciences. Les buts en sont " de renforcer la position des femmes exerçant des carrières scientifiques et techniques dans les secteurs public et privé ; de promouvoir l'image des sciences chez les femmes et l'image des femmes dans les sciences ; d'inciter les jeunes filles à s'engager dans les carrières scientifiques et techniques. " Le ministère de la recherche apporte un double soutien à cette association, par une subvention annuelle et par la mise à disposition de ses infrastructures : c'est ainsi que j'accueillerai ici même, en novembre 2001, le colloque Femmes dans les métiers scientifiques et techniques. Par ailleurs, des associations comme L'association française des femmes dans l'Université (AFFDU), Femmes et mathématiques ou L'Association française des femmes ingénieures (AFFI) continuent à être subventionnées par le ministère pour des opérations ponctuelles.
Venons-en maintenant à cette politique de l'intégration de " la dimension du genre ", notion encore peu familière à notre système de pensée.
Cette notion est issue, à l'origine, des travaux des féministes américaines, le mot "gender" couvrant une dimension à la fois biologique, grammaticale et sociale. Elle a été reprise au sein de l'Union européenne en 1998, lorsque la Commission a décidé de prendre en compte de façon effective l'égalité des chances, et de promouvoir la participation des femmes à l'effort de recherche en Europe. Le manque de femmes dans les domaines scientifiques était analysé, dès cette époque, comme une menace :
- à l'équité (la discrimination fondée sur le sexe constituant une violation des droits de la personne humaine)
- à l'excellence (la sous-représentation des femmes affaiblissant la qualité)
- à l'efficacité (le vieillissement de la population imposant de puiser sans discrimination de sexe dans la réserve de jeunes scientifiques)
- à l'efficience (éduquer et former des jeunes femmes scientifiques, dont on n'utilise pas ensuite les compétences, représentant un véritable gaspillage).
Pour pallier ces menaces, il a été décidé que la promotion des femmes dans la recherche se fasse à plusieurs niveaux : par les femmes, pour les femmes et sur les femmes. La stratégie adoptée est celle du " mainstreaming ", c'est à dire l'intégration de la dimension du genre au niveau des systèmes, des structures, des institutions, des programmes, des politiques et des pratiques. Un système de veille "Femmes et sciences" ("genderwatch") a été créé au sein de la Commission pour suivre et renforcer l'intégration de la dimension du genre dans le Vème programme cadre. Il a pour mission de récolter et de publier des statistiques, de favoriser la présence de femmes dans les panels d'évaluation et dans les assemblées consultatives, de mener des études évaluant l'incidence du point de vue du genre sur les programmes de recherche et de fournir un point d'ancrage au sein de la Commission. Depuis lors, cette structure est devenue une véritable Unité à vocation transversale au sein de la direction "science et société" de la DG recherche : je remercie ici la cheffe de cette mission, Mme Nicole Dewandre, pour son efficacité.
La France coopère activement au travail de cette instance, qui doit donner au prochain PCRD une force et une efficacité nouvelles : il tiendra systématiquement compte, dans les programmes de recherche qui lui seront proposés, de l'existence ou non de la dimension du genre.
Nos intérêts sont représentés auprès de la DG Recherche pour le domaine Femmes et sciences par une haute fonctionnaire, Claudine Hermann, professeure à l'Ecole Polytechnique, nommée en mars 2000 par le ministère de la recherche. La mission de notre représentante est de faire connaître à la Commission, mais aussi aux Etats membres, les actions entreprises par la France pour l'égalité hommes/femmes en sciences, et de se prononcer sur les orientations à prendre au niveau européen. Elle consiste également à transmettre aux acteurs de la recherche en France les avancées et les décisions prises par la Commission et les différents groupes de travail qui participent à la mise en place de l'Espace européen de la recherche et du prochain programme cadre.
(source http://www.recherche.gouv.fr, le 28 septembre 2001)