Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur les relations franco-africaines et sur la question climatique, à Paris le 6 février 2015.

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Circonstance : Forum franco-africain pour une croissance partagée, à Paris le 6 février 2015

Texte intégral


Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Distingués Invités,
Chers Amis,
Je suis heureux de «co-ouvrir» ce forum franco-africain pour une croissance partagée. Je veux saluer le talent exceptionnel des organisateurs. Je vais proposer deux idées.
La première est toute simple, c'est que le renforcement des relations économiques entre l'Afrique et la France est absolument prioritaire pour le gouvernement français. On répète en permanence que l'Afrique, c'est l'avenir. Non, l'Afrique, c'est le continent du présent. Avec une croissance moyenne de 5 % au cours des dernières années, avec une révolution numérique en marche, avec des innovations dans tous les domaines, avec une progression démographique impressionnante, même si, me semble-t-il, elle doit être mieux équilibrée dans certains pays. Nous ressentons et nous partageons le pouvoir d'attraction exceptionnel du continent africain et la valeur immense d'un partenariat renouvelé. Nous entendons multiplier nos liens économiques avec l'ensemble du continent africain et nous savons que la croissance de la France et la croissance de l'Afrique sont en réalité liées.
L'objectif est donc clair en ce qui nous concerne : développer des relations économiques les plus dynamiques possibles, qui soient d'égal à égal, avec l'ensemble de l'Afrique. Pour cela, nous mobilisons tous les outils publics au service de l'Afrique. Nous renforçons nos réseaux : ceux de l'État ; ceux de l'agence française pour le développement ; ceux de notre nouvelle agence Business France, qui est en charge du commerce extérieur et de l'attractivité. Les partenaires privés sont également mobilisés. Et puis, je veux saluer Lionel Sinzou, pour ce nouvel outil de notre partenariat, dès 2015 : la fondation franco-africaine pour la croissance où s'épanouiront mille initiatives.
La deuxième idée, c'est que 2015 - je profite de votre présence pour y insister - sera pour le monde, donc pour l'Afrique, donc pour la France qui accueillera cette conférence, l'année du climat. Beaucoup va se jouer pour l'Afrique, avec cette affaire du climat, et beaucoup aussi pour la France. On ne va pas convaincre les pays africains, dont une part importante de la population n'a pas accès à l'électricité, de ne pas construire de centrales à charbon si l'on n'offre pas d'autres solutions crédibles. Cela suppose toute une série de conditions, en particulier de proposer les moyens financiers d'une croissance qui soit économe en carbone ; c'est l'objet du fonds vert pour le climat, qui a déjà été doté à ce stade de plus de 10 milliards de dollars. Je souhaite, en tant que futur président de la COP, que l'Afrique en bénéficie en priorité.
Il y a une autre question que je veux soulever. Tous les pays du monde, donc aussi les pays africains, vont avoir dans les semaines qui viennent à proposer des engagements de réduction d'émission et d'adaptation aux conséquences du dérèglement climatique. Lorsque je m'entretiens avec leurs dirigeants, ils disent qu'ils sont de bonne volonté, bien sûr, mais qu'ils n'ont pas toujours les moyens techniques et financiers d'élaborer ces contributions. Je suis heureux, avec mes collègues ministres, d'annoncer que la France, à travers l'agence française pour le développement et notre nouvel opérateur, Expertise France, a décidé de mettre directement à disposition des pays d'Afrique les moyens de financer ce travail de préparation des contributions.
Les pays industrialisés, depuis le 19è siècle, ont bâti leur croissance sur un modèle qui n'était pas durable. L'Afrique peut opter d'emblée pour un modèle de développement qui le sera. Qu'il s'agisse de la COP 21, de la fondation franco-africaine pour la croissance ou, plus généralement, de cette journée qui, je le pense, sera répétée annuellement, c'est une chance que nous soyons ensemble pour préparer l'avenir. Je veux dire simplement que la France sera pleinement aux côtés de l'Afrique dans ce combat pour la croissance.
Merci.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 février 2015