Texte intégral
Monsieur le Sénateur, si vous avez fait allusion à la situation grecque, que j'aurai l'occasion d'aborder à l'occasion d'une prochaine question, vous m'interrogez principalement sur la politique menée par la BCE.
Je vous le dis très clairement, le gouvernement français souhaitait depuis longtemps une évolution de la politique monétaire de la BCE ; il en faisait même la demande depuis plus de neuf mois. Cette évolution a eu lieu, elle a même été renforcée la semaine dernière, et c'est une bonne chose.
En effet, l'euro s'était tellement apprécié par rapport aux principales monnaies du monde - le dollar, bien sûr, mais on peut aussi penser à d'autres monnaies - qu'il était largement surévalué. C'était un obstacle immédiat, en particulier pour nos grandes industries exportatrices ; je songe naturellement à l'exemple de l'industrie aéronautique, mais chacun d'entre nous peut en citer un autre de même nature.
Ensuite, les taux d'intérêt ont considérablement baissé. Ayez en tête, Mesdames, Messieurs les Sénateurs, que le taux d'intérêt à dix ans d'un bon sur la dette française est tombé hier soir à 0,5 %. Un demi-pourcent à dix ans !
C'est dire combien les investisseurs font aujourd'hui confiance à la France ! Bien entendu, cette confiance doit se mériter dans la durée.
Toutefois, il faut aussi que l'ensemble de notre économie - je pense en particulier aux entreprises - puisse profiter de ces taux bas.
C'est la raison pour laquelle je me réjouis de la troisième décision prise par la Banque centrale européenne la semaine dernière. Grâce à elle, par des mécanismes que je ne vais pas décrire ici, il y aura plus d'argent dans l'économie française et européenne. Or, plus d'argent, c'est plus de possibilités de croissance - j'insiste sur ce mot, car nous avons besoin de croissance pour apporter des réponses à la question si prégnante de l'emploi.
Néanmoins, ne nous y trompons pas, la politique monétaire ne peut pas tout. Il faut également, et vous l'avez souligné, Monsieur le Sénateur, faire se déplacer d'autres curseurs.
Tout d'abord, et nous avons cette discussion avec l'Union européenne, il faut évidemment diminuer nos déficits budgétaires, mais à un rythme qui soit compatible avec le soutien à la croissance.
Ensuite, nous avons engagé les réformes de structure. Certaines sont en cours de discussion au Parlement (...). Vous serez ainsi bientôt saisis de la loi Macron. D'autres textes viendront ensuite.
Une politique monétaire positive, une politique budgétaire adaptée et de véritables réformes de structure : voilà la clef du retour à la croissance en Europe et en France !
Monsieur le Sénateur, vous m'interrogez sur la situation en Grèce à la suite du résultat des dernières élections.
Nous respectons la démocratie, en France comme en Grèce. Le peuple s'est librement et clairement exprimé. Il y a une nouvelle majorité, un nouveau gouvernement et de nouveaux responsables - dans tous les sens du terme - en Grèce. C'est avec eux que les gouvernements des États membres et l'Union européenne doivent dialoguer et rechercher des solutions aux difficultés que rencontre aujourd'hui ce pays.
Tout d'abord, le problème de la croissance se pose de manière plus accentuée en Grèce que dans le reste de l'Europe. Un pays dont le PIB a chuté de 25 % par rapport aux années 2009-2010 - je vous laisse imaginer ce que cela représente en termes de rémunérations, de versements des pensions, etc. - est un pays profondément dans la souffrance. Nous devons respecter ce que les Grecs ont exprimé.
Ensuite, les difficultés budgétaires auxquelles le pays est confronté ne pourront pas être abolies du seul fait du résultat des élections. La Grèce a rétabli son équilibre budgétaire primaire. Elle capable de payer l'ensemble de ses dépenses de fonctionnement et de ses investissements. Il ne faudra pas que cet équilibre se dégrade, faute de quoi il sera extrêmement difficile de trouver des prêteurs.
Enfin, il faut traiter la question de la dette. Aucun pays ne peut vivre durablement avec une dette représentant 175 % du PIB. Le sujet n'est pas nouveau. Il était sur la table avant l'élection ; il l'est encore aujourd'hui. Nous aurions dû évoquer la soutenabilité de la dette grecque, quel que fût le gouvernement issu de ces élections. Nous allons le faire.
Le président de la République et moi-même souhaitons que la France facilite le dialogue et la recherche d'une solution avec la Grèce - tel est notre état d'esprit -, tout en discutant avec les autorités du pays des réformes nécessaires. Je pense en particulier à la lutte contre la fraude et l'optimisation fiscales ; c'est l'un des points sur lesquels la Grèce devra se réformer !
Monsieur le Sénateur (...), il était dans mes compétences d'entrer en contact avec le nouveau ministre des finances grec, mon homologue, qui a d'ailleurs eu la courtoisie de m'informer de sa venue prochaine à Paris. Nous nous rencontrerons dès lundi prochain pour aborder les différents sujets que vous avez abordés. Nous aurons une séance de travail approfondie pour connaître les propositions du gouvernement grec.
Au demeurant, j'entends beaucoup de personnes s'exprimer en France au nom du gouvernement grec - je ne vous vise pas personnellement, Monsieur le Sénateur - alors que celui-ci n'a pas encore eu le temps d'indiquer de manière ordonnée et responsable, au sens d'un gouvernement responsable, quelles étaient ses options.
Le premier respect que nous devons à ce gouvernement, c'est de lui laisser le temps de s'installer et de faire part de ses positions, y compris dans le dialogue avec l'Union européenne.
J'ai déjà précisé quel était notre état d'esprit. La France veut faciliter le dialogue entre la Grèce, d'une part, et l'ensemble des États membres et l'Union européenne, d'autre part. C'est indispensable. Le chaos en Grèce serait terrible pour la Grèce et une mauvaise chose pour l'Europe !
J'ai entendu le nouveau chef du gouvernement grec indiquer qu'il ne souhaitait pas, et il a bien raison, la sortie de son pays de la zone euro. Il a également souligné qu'il ne souhaitait pas remettre en cause les traités européens. Là encore, il a raison : pour appartenir à la zone euro, il faut en respecter les règles. Pour autant, il y a évidemment des plages de discussion et des possibilités d'action, notamment pour mettre en oeuvre des programmes de réformes.
Le nouveau gouvernement veut réformer l'administration fiscale. Il a raison : l'un des reproches que nous adressons au gouvernement précédent est justement de ne pas l'avoir fait avec suffisamment de volonté. Il veut lutter contre la fraude fiscale. Nous aussi. Nous le faisons en France, et nous voulons que ce soit aussi le cas en Europe. En Grèce, il y a du chemin à faire pour que chacun paie les impôts qu'il doit. Et s'il y a des rentrées fiscales supplémentaires, elles pourront servir à d'autres dépenses, mais dans le respect de l'équilibre budgétaire.
Je conclurai sur la dette grecque, qui n'est pas une dette à l'égard des marchés financiers. La Grèce n'a plus de dettes vis-à-vis du secteur privé ; elle en a vis-à-vis des États et des institutions publiques. Par exemple, sa dette à l'égard de la France, donc du contribuable, s'élève à 42 milliards d'euros ; ce n'est pas rien !
Discuter de la dette pour en alléger le fardeau ? Oui ! Annuler la dette ? Non ! Car ce serait transférer le poids de la dette du contribuable grec vers le contribuable français. Le ministre des finances grec a dit qu'il n'en voulait pas. Et je n'en veux pas non plus !
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 février 2015
Je vous le dis très clairement, le gouvernement français souhaitait depuis longtemps une évolution de la politique monétaire de la BCE ; il en faisait même la demande depuis plus de neuf mois. Cette évolution a eu lieu, elle a même été renforcée la semaine dernière, et c'est une bonne chose.
En effet, l'euro s'était tellement apprécié par rapport aux principales monnaies du monde - le dollar, bien sûr, mais on peut aussi penser à d'autres monnaies - qu'il était largement surévalué. C'était un obstacle immédiat, en particulier pour nos grandes industries exportatrices ; je songe naturellement à l'exemple de l'industrie aéronautique, mais chacun d'entre nous peut en citer un autre de même nature.
Ensuite, les taux d'intérêt ont considérablement baissé. Ayez en tête, Mesdames, Messieurs les Sénateurs, que le taux d'intérêt à dix ans d'un bon sur la dette française est tombé hier soir à 0,5 %. Un demi-pourcent à dix ans !
C'est dire combien les investisseurs font aujourd'hui confiance à la France ! Bien entendu, cette confiance doit se mériter dans la durée.
Toutefois, il faut aussi que l'ensemble de notre économie - je pense en particulier aux entreprises - puisse profiter de ces taux bas.
C'est la raison pour laquelle je me réjouis de la troisième décision prise par la Banque centrale européenne la semaine dernière. Grâce à elle, par des mécanismes que je ne vais pas décrire ici, il y aura plus d'argent dans l'économie française et européenne. Or, plus d'argent, c'est plus de possibilités de croissance - j'insiste sur ce mot, car nous avons besoin de croissance pour apporter des réponses à la question si prégnante de l'emploi.
Néanmoins, ne nous y trompons pas, la politique monétaire ne peut pas tout. Il faut également, et vous l'avez souligné, Monsieur le Sénateur, faire se déplacer d'autres curseurs.
Tout d'abord, et nous avons cette discussion avec l'Union européenne, il faut évidemment diminuer nos déficits budgétaires, mais à un rythme qui soit compatible avec le soutien à la croissance.
Ensuite, nous avons engagé les réformes de structure. Certaines sont en cours de discussion au Parlement (...). Vous serez ainsi bientôt saisis de la loi Macron. D'autres textes viendront ensuite.
Une politique monétaire positive, une politique budgétaire adaptée et de véritables réformes de structure : voilà la clef du retour à la croissance en Europe et en France !
Monsieur le Sénateur, vous m'interrogez sur la situation en Grèce à la suite du résultat des dernières élections.
Nous respectons la démocratie, en France comme en Grèce. Le peuple s'est librement et clairement exprimé. Il y a une nouvelle majorité, un nouveau gouvernement et de nouveaux responsables - dans tous les sens du terme - en Grèce. C'est avec eux que les gouvernements des États membres et l'Union européenne doivent dialoguer et rechercher des solutions aux difficultés que rencontre aujourd'hui ce pays.
Tout d'abord, le problème de la croissance se pose de manière plus accentuée en Grèce que dans le reste de l'Europe. Un pays dont le PIB a chuté de 25 % par rapport aux années 2009-2010 - je vous laisse imaginer ce que cela représente en termes de rémunérations, de versements des pensions, etc. - est un pays profondément dans la souffrance. Nous devons respecter ce que les Grecs ont exprimé.
Ensuite, les difficultés budgétaires auxquelles le pays est confronté ne pourront pas être abolies du seul fait du résultat des élections. La Grèce a rétabli son équilibre budgétaire primaire. Elle capable de payer l'ensemble de ses dépenses de fonctionnement et de ses investissements. Il ne faudra pas que cet équilibre se dégrade, faute de quoi il sera extrêmement difficile de trouver des prêteurs.
Enfin, il faut traiter la question de la dette. Aucun pays ne peut vivre durablement avec une dette représentant 175 % du PIB. Le sujet n'est pas nouveau. Il était sur la table avant l'élection ; il l'est encore aujourd'hui. Nous aurions dû évoquer la soutenabilité de la dette grecque, quel que fût le gouvernement issu de ces élections. Nous allons le faire.
Le président de la République et moi-même souhaitons que la France facilite le dialogue et la recherche d'une solution avec la Grèce - tel est notre état d'esprit -, tout en discutant avec les autorités du pays des réformes nécessaires. Je pense en particulier à la lutte contre la fraude et l'optimisation fiscales ; c'est l'un des points sur lesquels la Grèce devra se réformer !
Monsieur le Sénateur (...), il était dans mes compétences d'entrer en contact avec le nouveau ministre des finances grec, mon homologue, qui a d'ailleurs eu la courtoisie de m'informer de sa venue prochaine à Paris. Nous nous rencontrerons dès lundi prochain pour aborder les différents sujets que vous avez abordés. Nous aurons une séance de travail approfondie pour connaître les propositions du gouvernement grec.
Au demeurant, j'entends beaucoup de personnes s'exprimer en France au nom du gouvernement grec - je ne vous vise pas personnellement, Monsieur le Sénateur - alors que celui-ci n'a pas encore eu le temps d'indiquer de manière ordonnée et responsable, au sens d'un gouvernement responsable, quelles étaient ses options.
Le premier respect que nous devons à ce gouvernement, c'est de lui laisser le temps de s'installer et de faire part de ses positions, y compris dans le dialogue avec l'Union européenne.
J'ai déjà précisé quel était notre état d'esprit. La France veut faciliter le dialogue entre la Grèce, d'une part, et l'ensemble des États membres et l'Union européenne, d'autre part. C'est indispensable. Le chaos en Grèce serait terrible pour la Grèce et une mauvaise chose pour l'Europe !
J'ai entendu le nouveau chef du gouvernement grec indiquer qu'il ne souhaitait pas, et il a bien raison, la sortie de son pays de la zone euro. Il a également souligné qu'il ne souhaitait pas remettre en cause les traités européens. Là encore, il a raison : pour appartenir à la zone euro, il faut en respecter les règles. Pour autant, il y a évidemment des plages de discussion et des possibilités d'action, notamment pour mettre en oeuvre des programmes de réformes.
Le nouveau gouvernement veut réformer l'administration fiscale. Il a raison : l'un des reproches que nous adressons au gouvernement précédent est justement de ne pas l'avoir fait avec suffisamment de volonté. Il veut lutter contre la fraude fiscale. Nous aussi. Nous le faisons en France, et nous voulons que ce soit aussi le cas en Europe. En Grèce, il y a du chemin à faire pour que chacun paie les impôts qu'il doit. Et s'il y a des rentrées fiscales supplémentaires, elles pourront servir à d'autres dépenses, mais dans le respect de l'équilibre budgétaire.
Je conclurai sur la dette grecque, qui n'est pas une dette à l'égard des marchés financiers. La Grèce n'a plus de dettes vis-à-vis du secteur privé ; elle en a vis-à-vis des États et des institutions publiques. Par exemple, sa dette à l'égard de la France, donc du contribuable, s'élève à 42 milliards d'euros ; ce n'est pas rien !
Discuter de la dette pour en alléger le fardeau ? Oui ! Annuler la dette ? Non ! Car ce serait transférer le poids de la dette du contribuable grec vers le contribuable français. Le ministre des finances grec a dit qu'il n'en voulait pas. Et je n'en veux pas non plus !
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 février 2015