Allocution de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur les relations franco-ivoiriennes, la situation en Côte d'Ivoire, les Français en Côte d'Ivoire, la coopération entre l'Union européenne, la France et la Côte d'Ivoire et l'amélioration des services consulaires au consulat général de France, Abidjan, Côte d'Ivoire, le 9 octobre 2001.

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Circonstance : Voyage de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, à Abidjan, Côte d'Ivoire, le 9 octobre 2001

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Je voudrais dire quelques mots pour exprimer le plaisir que j'ai de vous retrouver cette fois, je dis cette fois car la dernière - c'était en avril lors de la réunion des ministres de la zone franc -, on n'avait pas pu trouver le temps d'échanger comme nous en avons pris l'habitude, et comme j'aime à le faire.
C'est donc au 14 novembre 2000 que remonte notre dernière rencontre. A cette date, c'était après les événements de la présidentielle, nous espérions que les élections législatives conduiraient la Côte d'Ivoire à renouer totalement avec l'Etat de droit ; les choses ne se sont pas passées exactement ainsi. De nouveaux troubles en décembre 2000 et janvier 2001 ont encore éprouvé le pays, semé le doute et porté un nouveau coup aux acteurs économiques, notamment français, déjà fragilisés après cette année d'interrogations et d'incertitudes. Il faudra attendre les élections municipales pour constater avec satisfaction un changement positif par la participation de tous au scrutin.
Depuis, la situation s'est apaisée. Mais je sais que vous avez eu à souffrir de tous ces événements, j'ai eu l'occasion de vous dire combien j'avais partagé vos craintes et vos inquiétudes dans les moments les plus difficiles.
Parce que vous êtes profondément attachés à ce pays, vous avez à cur, comme moi, de le voir surmonter ses difficultés actuelles, afin qu'il retrouve la paix qu'il a connue pendant près de quarante ans.
Le Forum de réconciliation nationale, à l'ouverture duquel je vais participer dans quelques minutes, marque justement une nouvelle étape dans un processus de retour à l'apaisement ; et ma présence à cette cérémonie, où je représenterai également la Présidence de l'Union européenne, aux côtés de chefs d'Etat africains, dont je ne peux pas à l'heure où je vous parle préciser la liste, je sais simplement avec certitude que le président Konaré, que j'ai rencontré hier longuement à Bamako, sera de ceux là et je crois que c'est une bonne chose, ma présence se veut un témoignage de soutien de la France et de l'Union européenne aux efforts de réconciliation entrepris par le président Gbagbo et son gouvernement, et par tous les Ivoiriens qui, grâce à une fraternité retrouvée, veulent assurer la stabilité de leur pays. Cette stabilité est évidemment essentielle pour son développement, essentielle aussi pour le développement de toute la sous-région. J'ai été frappé, depuis que je suis ce dossier, de la résonance qu'ont les problèmes de la Côte d'Ivoire sur l'ensemble des pays de la région et même au-delà, souvent, en France il y a ce dossier. Cette présence aujourd'hui va aussi me permettre de rencontrer quelques personnalités politiques de toutes tendances, j'aurai ainsi l'occasion de revoir - je ne l'ai pas vu depuis son élection - Amara Essy que vous connaissez bien et qui a pris, comme vous le savez, de très importantes fonctions maintenant, il est secrétaire général de l'Union africaine, ce qui me permet d'ouvrir une parenthèse. Nous avons vécu sa désignation comme une bonne nouvelle, d'aucuns y auront vu une histoire francophone, on ne va pas engager une guerre sur ce plan-là, mais c'est vrai que nous l'avons, je le répète, vécue comme la certitude d'avoir une relation directe, de plain-pied, avec cette organisation, et c'est important.
Dès que les conditions ont été réunies, nous avons repris notre coopération en avril dernier - elle avait été réduite à la suite du coup d'Etat de décembre 1999 -, et aujourd'hui notre action est effective dans à peu près tous les secteurs. Tout dernièrement, par exemple, nous avons repris notre coopération dans le domaine de la police, ce qui permettra, je l'espère, de réduire quelque peu l'insécurité qui est l'une de vos préoccupations principales.
Après la France, l'Union européenne, à l'issue de trois mois d'intenses consultations dans le cadre de l'article 96 de la Convention de Cotonou, s'est engagée, c'était en juin, dans une reprise graduelle de sa coopération, suivie par le FMI qui a signé un accord intérimaire début juillet. La Côte d'Ivoire sort donc progressivement de la grave crise qu'elle a connue ; elle est encore convalescente. Après la violence et les déchirements, elle recherche l'apaisement et entame sa reconstruction, et aspire à redevenir ce qu'elle était il y a peu : un pays de liberté et de dialogue ; un pays prospère aussi, et leader en Afrique de l'Ouest. Nous sommes résolument à ses côtés dans cet effort de renouveau. Je l'ai confirmé au Premier ministre, M. Affi N'Guessan, lors de notre entretien à Paris le 4 octobre.
Même si la situation reste toujours fragile, la direction prise est la bonne, et le pays est sur la pente ascendante. Avec nous, le FMI, par un accord définitif que l'on espère voir signer vers la fin de l'année, et l'Union européenne, pour la reprise totale de sa coopération, et croyez que nous nous y employons beaucoup, apporteront leur soutien à la reconstruction entreprise par les Ivoiriens. Il faut espérer bien sûr que les efforts engagés conduiront à une réelle amélioration et redonneront un peu d'optimisme aux investisseurs et aux chefs d'entreprises français présents dans ce pays.
Enfin, parce que c'est un sujet de préoccupation pour vous comme pour le ministère des Affaires étrangères, je tiens à vous assurer que dans les prochains mois, les améliorations tant attendues au consulat général par les Français et les Ivoiriens seront apportées afin que vous puissiez bénéficier d'un service consulaire de qualité. Les travaux indispensables devraient débuter dans quelques mois, dès le début 2002, me garantit Renaud Vignal.
Voilà ce que je voulais vous dire à l'occasion de ce très court séjour à Abidjan. Je suis bien entendu à votre disposition pour répondre aux questions que vous souhaiteriez me poser, évoquer peut-être aussi l'actualité internationale, qui est un peu nouvelle depuis quelques semaines. En tout cas, je suis à votre disposition pour m'en entretenir, mais je me dois d'abord de remercier Renaud Vignal pour l'occasion qu'il nous offre de nous rencontrer ce matin. Je vous remercie
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 octobre 2001)