Texte intégral
Mesdames et Messieurs les Journalistes,
Merci beaucoup d'être là pour ce point de presse.
Je vais résumer nos travaux. Ensuite, vous pourrez poser quelques questions à mes collègues et moi-même si vous le souhaitez.
Je veux d'abord remercier celles et ceux qui se sont joints à cette réunion.
Ce matin, Mme Frederica Mogherini, la Haute représentante de l'Union européenne, était avec nous et je l'en remercie.
Nous avons ici rassemblés les membres de ce que l'on appelle le groupe «Méditerranée» qui sont les ministres des affaires étrangères des pays méditerranéens de l'Union européenne. Nous avons aussi demandé à Mme Elisabeth Guigou de participer à nos travaux, - elle est la nouvelle présidente de la Fondation Anna Lindh - ainsi qu'à M. Fathallah Sijilmassi, qui est le secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée.
Qu'avons-nous fait ? Tout d'abord, ce n'est pas la première réunion de ce groupe : l'initiative avait été prise au départ à la fois par notre collègue espagnole, et par notre collègue chypriote. Nous avions jugé que c'était une initiative intéressante. Une édition s'est d'ailleurs s'est tenue à Alicante, à l'invitation de José Manuel Garcia Margallo, et elle avait été très utile. Nous avons ensuite décidé de poursuivre cet exercice avec la réunion de Paris, et nous envisageons une nouvelle réunion d'ici quelques temps à Rome. Auparavant se tiendra, au mois d'avril, une réunion à Barcelone, en amont de la réunion de Riga où nous étudierons, avec l'ensemble des pays de l'Union européenne et de nos voisins du Sud, toute une série de problèmes liés aux questions de voisinage, d'Union européenne et d'échanges.
Durant la première partie de la matinée, nous avons parlé des crises qui nous entourent, et qui sont malheureusement nombreuses. Nous avons ensuite parlé du potentiel de coopération et de croissance qui existe entre nous et avec les pays du sud de la méditerranée.
(...)
Nous avons ensuite traité des coopérations pour l'avenir, nous avons entendu les rapports du secrétaire général de l'UpM sur les projets concrets qui sont en route et de la Fondation Anna Lindh sur trois sujets en particulier.
Le dialogue des cultures, les valeurs de tolérance et de liberté d'expression où il y a toute une série d'initiatives importantes qui sont prises, sur le soutien à la jeunesse parce que, là aussi, il y a des projets concrets dans ce domaine qui nous ont été exposés.
Sur un tout autre sujet mais qui, lui aussi, a des conséquences sur la vie concrète, la lutte contre le dérèglement climatique en préparation de la COP21 qui aura lieu à la fin de l'année à Paris.
Mais auparavant, plusieurs événements de haut niveau auront lieu, y compris dans notre zone méditerranéenne, pour préparer la conférence de Paris.
Les travaux que nous avons menés aujourd'hui ont été utiles je pense. Ils seront complétés par des travaux qui auront lieu en avril à Barcelone où seront présentées de manière plus large, toute une série d'initiatives qui sont prises pour la Méditerranée. À ce sujet, le secrétaire général de l'UPM aura l'occasion de revenir lors de cette conférence.
Voilà la feuille de route que nous nous sommes fixée : une réponse aux crises, la préparation de l'avenir par des coopérations méditerranéennes. Vous aurez compris l'idée générale, c'est que nous sommes européens, profondément européens, nous considérons qu'au sein de cette Europe, les pays qui jouxtent la Méditerranée ont un rôle particulier à jouer, que nous devons aborder ensemble toute une série de questions et rappeler qu'il n'y aura pas d'Europe prospère, florissante qui soit remplie de succès s'il n'y a pas un effort de l'ensemble de l'Europe et pas simplement de nos pays, dans la coopération avec les pays du Sud. (...).
* Maroc
(...)
Q - Une question sur la légion d'honneur promise à Abdellatif Hammouchi. Cette décision est-elle une proposition de la France ou du Maroc ? Était-ce une condition à la reprise de l'entraide judiciaire entre les deux pays ?
R - Non, il n'y a pas de conditionnalité. Je ne vois pas exactement la relation entre votre question et notre réunion. Je vous dirai tout simplement que le Maroc et la France sont des amis traditionnels. On le sait, il y a eu une période qui a été difficile, délicate, mais cette période est derrière nous.
Le Premier ministre français se rendra au Maroc et j'ai prévu aussi de le faire. Le ministre de l'intérieur, M. Bernard Cazeneuve, était là-bas récemment et je considère que les difficultés qu'il y a eues sont derrière nous. (...)./
* Union européenne - Grèce
(...)
Q - Vous avez réuni autour de vous les représentants des pays du Sud, vous venez de parler des crises à propos desquelles vous avez discuté mais qui concerne plutôt les pays du sud de la Méditerranée, permettez que je vous mène un peu plus en Europe. Actuellement la plupart des pays européens traversent une crise économique. Bien sûr, vous êtes un ministre de la diplomatie mais malgré cela, il serait intéressant de connaître la position de la France concernant la crise grecque qui devient vraiment urgente.
Les Grecs sont un peu perturbés par la position de la France. Au début il existait une ouverture et ensuite le président Hollande a parlé d'un «grexit». Maintenant les Grecs ont fait cinq pas en arrière et il ne leur reste que quelques pas pour accepter sans discussion les exigences de M. Schäuble. Pourriez-vous nous indiquer dans un langage clair quelle est la position actuelle de la France concernant ce sujet ?
R - Votre question est très sérieuse mais je voudrais commencer par relever votre vocabulaire. Lorsque vous avez dit : «quoique nous soyons en diplomatie, je vous demande une réponse claire». Je voudrais tout d'abord saluer notre collègue grec qui est là, et que nous avons accueilli avec beaucoup de plaisir.
Vous m'interrogez sur la position de la France, je ne peux pas engager mes autres collègues, il y a aujourd'hui même des travaux qui se poursuivent à l'Eurogroupe et le président français est intervenu à plusieurs reprises sur cette question. Je n'ai pas eu le sentiment - et ce n'est pas le sentiment que m'a retraduit notre ami grec - que la position de la France était particulièrement contestée. Je pense au contraire qu'elle est plutôt appréciée.
Quel est le problème ? D'une part, l'État grec a pris un certain nombre d'engagements que l'on connaît. D'autre part, les Grecs ont voté récemment, et il y a évidemment une légitimité du nouveau gouvernement grec. Et il faut trouver le moyen de concilier ces deux respects.
Ce n'est pas facile. Ce sont nos collègues, les ministres de l'économie et des finances qui en discutent. Mais la France souhaite que l'on trouve une solution qui permette à la fois à la Grèce de retrouver une bonne croissance et, dans le même temps, au fonctionnement européen d'être maintenu.
Après, il y a la subtilité des programmes à trouver. Les discussions sont nombreuses, notamment entre chefs d'État, chefs de gouvernement. Et cet après-midi, il y a les travaux de l'Eurogroupe qui, je l'espère, vont permettre d'avancer.
Voilà où nous en sommes. Et la France fait et fera tout ce qu'elle peut pour que l'on trouve une solution qui permette ces deux respects. (...).
* Ukraine
(...)
Nous avons également fait le point sur la situation en Ukraine. Nous avons partagé nos analyses sur la situation. Nous sommes d'accord pour marquer notre forte préoccupation concernant la situation sur le terrain, pour appeler au respect des engagements - avec ce que l'on nomme les accords de Minsk - et pour poursuivre sans relâche les efforts diplomatiques. Je précise à ce sujet qu'il est probable qu'il y aura mardi prochain, une réunion des ministres des affaires étrangères de ce que l'on appelle le format «Normandie», comme nous l'ont demandé nos chefs d'État et de gouvernement.
(...)
Q - Vous venez de nous indiquer qu'il va y avoir une réunion des ministres des affaires étrangères au format «Normandie». Pourriez-nous préciser où elle va avoir lieu ? À Paris ?
R - Cette réunion se tiendra, ici à Paris, le mardi 24 février. On vient de m'informer que la réunion devrait se tenir à 10h00. Vous avez peut-être vu que nos chefs d'État et de gouvernement du format «Normandie» se sont parlés dans la journée d'hier et ont dit qu'il fallait que les ministres des affaires étrangères puissent assurer le suivi de ce qu'ils avaient décidé.
Donc, nous avons eu une conférence téléphonique avec mes trois autres collègues hier soir. Compte tenu des agendas des uns et des autres, nous avions envisagé de nous réunir mardi. (...).
* Libye
(...)
S'agissant des crises, nous avons fait le point sur la situation en Libye. C'est pour nous tous un enjeu absolument majeur, qui concerne non seulement ce pays mais aussi les pays voisins du côté de la rive sud de la méditerranée, et qui nous concerne tous directement.
L'initiative prise par les Nations unies aura, nous l'espérons, des résultats positifs. L'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, M. Bernardino Leon, poursuit ses efforts pour parvenir à encourager un gouvernement d'union nationale. Nous sommes tous d'accord sur cette nécessité car, dans ce domaine comme dans d'autres, les solutions sont politiques. Il a fixé comme date-butoir le lundi 23 février et, comme les Nations unies l'ont fait, nous soutenons évidemment cette perspective.
Nous avons des leviers à notre disposition, qui sont d'ordres différents et si, comme nous le souhaitons, ce gouvernement d'union nationale voit le jour, nous le soutiendrons de toutes nos forces. Si ce n'était pas le cas, nous serions bien sûr amenés à prendre d'autres dispositions.
Nous avons souligné à quel point cette question libyenne était liée à la question des migrations illégales, qui est un sujet qui nous concerne tous, non seulement les pays ici représentés, qui géographiquement sont proches de la Libye, mais aussi l'ensemble de l'Europe.
C'est donc un sujet sur lequel nous voulons, en tant que ministres des affaires étrangères, avoir notre mot à dire. J'ai trouvé de la part de mes collègues européens une grande convergence de points de vue sur la nécessité d'agir, et d'agir vite.
(...)
Q - Pensez-vous que la demande du gouvernement libyen, encouragée par l'Égypte, de lever l'embargo sur l'armement des forces légales est une bonne idée ?
R - Ces questions sont discutées aux Nations unies, comme vous le savez, et nous ne nous substituerons pas à elles.
Le sentiment de beaucoup d'entre nous, c'est que l'objectif numéro un est de réaliser ce gouvernement dit d'union nationale. À partir de ce moment-là, ce gouvernement aurait toute légitimité à recevoir des soutiens des uns et des autres.
Dans ce cadre-là, la question que vous soulevez pourrait trouver sa réponse. Si malheureusement ce n'était pas le cas, le problème serait plus complexe. La priorité pour nous tous - et j'ai trouvé des collègues extrêmement engagés en ce sens -, est vraiment d'exiger des différentes factions libyennes qu'elles se réunissent pour que soit constitué un gouvernement d'union nationale. La solution est d'abord politique. Ensuite, il faut donner aux forces politiques légitimes les moyens de se faire respecter et de faire respecter leur légitimité.
(...)
Q - Monsieur le Ministre, retournons un peu en Libye. Il y a des négociations mais, en même temps, on voit une progression de Daech en Libye, notamment à Syrte. Est-ce que, au-delà des négociations, ne faut-il pas envisager d'autres méthodes pour stopper cette progression de l'État islamique ?
R - Oui, bien sûr, tout le monde est préoccupé par cette progression du groupe terroriste. Cela fait partie bien sûr des réflexions qui sont menées à la fois aux Nations unies et qui sont menées par nous. La Libye est toute proche de nous et l'un d'entre nous disait que nous avions 350 kms de frontières avec la Libye. De plus, il y a un lien avec la question des migrations illégales puisque beaucoup d'entre elles maintenant passent par ce pays dans la mesure où il n'y a plus de contrôle, plus d'État.
Nous nous préoccupons évidemment d'abord d'avoir une solution politique parce que partout la solution est d'abord politique. Mais nous ne sommes pas aveugles et nous voyons bien aussi les risques considérables d'une extension des groupes terroristes. Ces deux aspects requièrent notre attention.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 février 2015
Merci beaucoup d'être là pour ce point de presse.
Je vais résumer nos travaux. Ensuite, vous pourrez poser quelques questions à mes collègues et moi-même si vous le souhaitez.
Je veux d'abord remercier celles et ceux qui se sont joints à cette réunion.
Ce matin, Mme Frederica Mogherini, la Haute représentante de l'Union européenne, était avec nous et je l'en remercie.
Nous avons ici rassemblés les membres de ce que l'on appelle le groupe «Méditerranée» qui sont les ministres des affaires étrangères des pays méditerranéens de l'Union européenne. Nous avons aussi demandé à Mme Elisabeth Guigou de participer à nos travaux, - elle est la nouvelle présidente de la Fondation Anna Lindh - ainsi qu'à M. Fathallah Sijilmassi, qui est le secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée.
Qu'avons-nous fait ? Tout d'abord, ce n'est pas la première réunion de ce groupe : l'initiative avait été prise au départ à la fois par notre collègue espagnole, et par notre collègue chypriote. Nous avions jugé que c'était une initiative intéressante. Une édition s'est d'ailleurs s'est tenue à Alicante, à l'invitation de José Manuel Garcia Margallo, et elle avait été très utile. Nous avons ensuite décidé de poursuivre cet exercice avec la réunion de Paris, et nous envisageons une nouvelle réunion d'ici quelques temps à Rome. Auparavant se tiendra, au mois d'avril, une réunion à Barcelone, en amont de la réunion de Riga où nous étudierons, avec l'ensemble des pays de l'Union européenne et de nos voisins du Sud, toute une série de problèmes liés aux questions de voisinage, d'Union européenne et d'échanges.
Durant la première partie de la matinée, nous avons parlé des crises qui nous entourent, et qui sont malheureusement nombreuses. Nous avons ensuite parlé du potentiel de coopération et de croissance qui existe entre nous et avec les pays du sud de la méditerranée.
(...)
Nous avons ensuite traité des coopérations pour l'avenir, nous avons entendu les rapports du secrétaire général de l'UpM sur les projets concrets qui sont en route et de la Fondation Anna Lindh sur trois sujets en particulier.
Le dialogue des cultures, les valeurs de tolérance et de liberté d'expression où il y a toute une série d'initiatives importantes qui sont prises, sur le soutien à la jeunesse parce que, là aussi, il y a des projets concrets dans ce domaine qui nous ont été exposés.
Sur un tout autre sujet mais qui, lui aussi, a des conséquences sur la vie concrète, la lutte contre le dérèglement climatique en préparation de la COP21 qui aura lieu à la fin de l'année à Paris.
Mais auparavant, plusieurs événements de haut niveau auront lieu, y compris dans notre zone méditerranéenne, pour préparer la conférence de Paris.
Les travaux que nous avons menés aujourd'hui ont été utiles je pense. Ils seront complétés par des travaux qui auront lieu en avril à Barcelone où seront présentées de manière plus large, toute une série d'initiatives qui sont prises pour la Méditerranée. À ce sujet, le secrétaire général de l'UPM aura l'occasion de revenir lors de cette conférence.
Voilà la feuille de route que nous nous sommes fixée : une réponse aux crises, la préparation de l'avenir par des coopérations méditerranéennes. Vous aurez compris l'idée générale, c'est que nous sommes européens, profondément européens, nous considérons qu'au sein de cette Europe, les pays qui jouxtent la Méditerranée ont un rôle particulier à jouer, que nous devons aborder ensemble toute une série de questions et rappeler qu'il n'y aura pas d'Europe prospère, florissante qui soit remplie de succès s'il n'y a pas un effort de l'ensemble de l'Europe et pas simplement de nos pays, dans la coopération avec les pays du Sud. (...).
* Maroc
(...)
Q - Une question sur la légion d'honneur promise à Abdellatif Hammouchi. Cette décision est-elle une proposition de la France ou du Maroc ? Était-ce une condition à la reprise de l'entraide judiciaire entre les deux pays ?
R - Non, il n'y a pas de conditionnalité. Je ne vois pas exactement la relation entre votre question et notre réunion. Je vous dirai tout simplement que le Maroc et la France sont des amis traditionnels. On le sait, il y a eu une période qui a été difficile, délicate, mais cette période est derrière nous.
Le Premier ministre français se rendra au Maroc et j'ai prévu aussi de le faire. Le ministre de l'intérieur, M. Bernard Cazeneuve, était là-bas récemment et je considère que les difficultés qu'il y a eues sont derrière nous. (...)./
* Union européenne - Grèce
(...)
Q - Vous avez réuni autour de vous les représentants des pays du Sud, vous venez de parler des crises à propos desquelles vous avez discuté mais qui concerne plutôt les pays du sud de la Méditerranée, permettez que je vous mène un peu plus en Europe. Actuellement la plupart des pays européens traversent une crise économique. Bien sûr, vous êtes un ministre de la diplomatie mais malgré cela, il serait intéressant de connaître la position de la France concernant la crise grecque qui devient vraiment urgente.
Les Grecs sont un peu perturbés par la position de la France. Au début il existait une ouverture et ensuite le président Hollande a parlé d'un «grexit». Maintenant les Grecs ont fait cinq pas en arrière et il ne leur reste que quelques pas pour accepter sans discussion les exigences de M. Schäuble. Pourriez-vous nous indiquer dans un langage clair quelle est la position actuelle de la France concernant ce sujet ?
R - Votre question est très sérieuse mais je voudrais commencer par relever votre vocabulaire. Lorsque vous avez dit : «quoique nous soyons en diplomatie, je vous demande une réponse claire». Je voudrais tout d'abord saluer notre collègue grec qui est là, et que nous avons accueilli avec beaucoup de plaisir.
Vous m'interrogez sur la position de la France, je ne peux pas engager mes autres collègues, il y a aujourd'hui même des travaux qui se poursuivent à l'Eurogroupe et le président français est intervenu à plusieurs reprises sur cette question. Je n'ai pas eu le sentiment - et ce n'est pas le sentiment que m'a retraduit notre ami grec - que la position de la France était particulièrement contestée. Je pense au contraire qu'elle est plutôt appréciée.
Quel est le problème ? D'une part, l'État grec a pris un certain nombre d'engagements que l'on connaît. D'autre part, les Grecs ont voté récemment, et il y a évidemment une légitimité du nouveau gouvernement grec. Et il faut trouver le moyen de concilier ces deux respects.
Ce n'est pas facile. Ce sont nos collègues, les ministres de l'économie et des finances qui en discutent. Mais la France souhaite que l'on trouve une solution qui permette à la fois à la Grèce de retrouver une bonne croissance et, dans le même temps, au fonctionnement européen d'être maintenu.
Après, il y a la subtilité des programmes à trouver. Les discussions sont nombreuses, notamment entre chefs d'État, chefs de gouvernement. Et cet après-midi, il y a les travaux de l'Eurogroupe qui, je l'espère, vont permettre d'avancer.
Voilà où nous en sommes. Et la France fait et fera tout ce qu'elle peut pour que l'on trouve une solution qui permette ces deux respects. (...).
* Ukraine
(...)
Nous avons également fait le point sur la situation en Ukraine. Nous avons partagé nos analyses sur la situation. Nous sommes d'accord pour marquer notre forte préoccupation concernant la situation sur le terrain, pour appeler au respect des engagements - avec ce que l'on nomme les accords de Minsk - et pour poursuivre sans relâche les efforts diplomatiques. Je précise à ce sujet qu'il est probable qu'il y aura mardi prochain, une réunion des ministres des affaires étrangères de ce que l'on appelle le format «Normandie», comme nous l'ont demandé nos chefs d'État et de gouvernement.
(...)
Q - Vous venez de nous indiquer qu'il va y avoir une réunion des ministres des affaires étrangères au format «Normandie». Pourriez-nous préciser où elle va avoir lieu ? À Paris ?
R - Cette réunion se tiendra, ici à Paris, le mardi 24 février. On vient de m'informer que la réunion devrait se tenir à 10h00. Vous avez peut-être vu que nos chefs d'État et de gouvernement du format «Normandie» se sont parlés dans la journée d'hier et ont dit qu'il fallait que les ministres des affaires étrangères puissent assurer le suivi de ce qu'ils avaient décidé.
Donc, nous avons eu une conférence téléphonique avec mes trois autres collègues hier soir. Compte tenu des agendas des uns et des autres, nous avions envisagé de nous réunir mardi. (...).
* Libye
(...)
S'agissant des crises, nous avons fait le point sur la situation en Libye. C'est pour nous tous un enjeu absolument majeur, qui concerne non seulement ce pays mais aussi les pays voisins du côté de la rive sud de la méditerranée, et qui nous concerne tous directement.
L'initiative prise par les Nations unies aura, nous l'espérons, des résultats positifs. L'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, M. Bernardino Leon, poursuit ses efforts pour parvenir à encourager un gouvernement d'union nationale. Nous sommes tous d'accord sur cette nécessité car, dans ce domaine comme dans d'autres, les solutions sont politiques. Il a fixé comme date-butoir le lundi 23 février et, comme les Nations unies l'ont fait, nous soutenons évidemment cette perspective.
Nous avons des leviers à notre disposition, qui sont d'ordres différents et si, comme nous le souhaitons, ce gouvernement d'union nationale voit le jour, nous le soutiendrons de toutes nos forces. Si ce n'était pas le cas, nous serions bien sûr amenés à prendre d'autres dispositions.
Nous avons souligné à quel point cette question libyenne était liée à la question des migrations illégales, qui est un sujet qui nous concerne tous, non seulement les pays ici représentés, qui géographiquement sont proches de la Libye, mais aussi l'ensemble de l'Europe.
C'est donc un sujet sur lequel nous voulons, en tant que ministres des affaires étrangères, avoir notre mot à dire. J'ai trouvé de la part de mes collègues européens une grande convergence de points de vue sur la nécessité d'agir, et d'agir vite.
(...)
Q - Pensez-vous que la demande du gouvernement libyen, encouragée par l'Égypte, de lever l'embargo sur l'armement des forces légales est une bonne idée ?
R - Ces questions sont discutées aux Nations unies, comme vous le savez, et nous ne nous substituerons pas à elles.
Le sentiment de beaucoup d'entre nous, c'est que l'objectif numéro un est de réaliser ce gouvernement dit d'union nationale. À partir de ce moment-là, ce gouvernement aurait toute légitimité à recevoir des soutiens des uns et des autres.
Dans ce cadre-là, la question que vous soulevez pourrait trouver sa réponse. Si malheureusement ce n'était pas le cas, le problème serait plus complexe. La priorité pour nous tous - et j'ai trouvé des collègues extrêmement engagés en ce sens -, est vraiment d'exiger des différentes factions libyennes qu'elles se réunissent pour que soit constitué un gouvernement d'union nationale. La solution est d'abord politique. Ensuite, il faut donner aux forces politiques légitimes les moyens de se faire respecter et de faire respecter leur légitimité.
(...)
Q - Monsieur le Ministre, retournons un peu en Libye. Il y a des négociations mais, en même temps, on voit une progression de Daech en Libye, notamment à Syrte. Est-ce que, au-delà des négociations, ne faut-il pas envisager d'autres méthodes pour stopper cette progression de l'État islamique ?
R - Oui, bien sûr, tout le monde est préoccupé par cette progression du groupe terroriste. Cela fait partie bien sûr des réflexions qui sont menées à la fois aux Nations unies et qui sont menées par nous. La Libye est toute proche de nous et l'un d'entre nous disait que nous avions 350 kms de frontières avec la Libye. De plus, il y a un lien avec la question des migrations illégales puisque beaucoup d'entre elles maintenant passent par ce pays dans la mesure où il n'y a plus de contrôle, plus d'État.
Nous nous préoccupons évidemment d'abord d'avoir une solution politique parce que partout la solution est d'abord politique. Mais nous ne sommes pas aveugles et nous voyons bien aussi les risques considérables d'une extension des groupes terroristes. Ces deux aspects requièrent notre attention.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 février 2015