Texte intégral
Q - L'Europe peut-elle encore trouver un compromis avec le gouvernement grec ?
R - La Grèce a changé de majorité il y a seulement dix jours. La semaine qui s'ouvre, décisive, a commencé assez naturellement par un rappel des positions de départ de chacun. C'est ce qu'a fait dimanche M. Tsipras. C'est aussi ce qu'ont fait des responsables européens. La négociation qui commence ne peut aboutir - et je suis persuadé qu'elle aboutira - que si l'on a en tête deux principes rappelés la semaine dernière par François Hollande. Le premier, c'est le respect du vote grec et donc du peuple grec. Le second, c'est le respect des règles européennes inscrites dans les traités auxquels la Grèce a adhéré, comme celles du bon fonctionnement de la Banque centrale européenne (BCE) ou du Fonds monétaire international (FMI). Celui qui voudrait faire comme si ces règles-là n'existaient pas se mettrait dans une situation d'impasse.
Q - Où sont les marges de négociations entre Athènes et ses partenaires de la zone euro ?
R - Je connais le poids des mots. Je sais et je comprends que pour la Grèce, le mot «troïka» est devenu insupportable et pourtant, les autorités grecques savent qu'elles devront dialoguer avec le FMI, et elles le font, avec l'Union européenne (UE), et elles le font, avec la BCE, et elles le font. Je sais combien le terme de «pays sous-programme» est insupportable aux Grecs. Je peux le comprendre compte tenu du degré de détail dans lequel des recommandations pouvaient être faites à la Grèce et des conséquences sociales que les efforts passés et nécessaires ont occasionnées.
Pourtant, il faudra bien s'interroger sur la manière de passer la période qui est devant nous et qui nous mène jusqu'au moment où un nouveau contrat pourra être élaboré entre la Grèce et l'Union européenne. Nous avons peu de temps devant nous : quelques semaines cruciales, mais si chacun y met la part de respect de l'autre qui est nécessaire, nous trouverons la solution.
Q - Les États-Unis et le Canada souhaitent un compromis. Peuvent-ils être utiles à l'Europe ?
R - Les pays extérieurs à l'Europe peuvent être utiles dans le débat dès qu'il est clair que la situation actuelle n'est en rien comparable à celle de 2010. La Grèce a fait énormément d'efforts. Elle est aujourd'hui en excédent primaire : si elle n'avait pas de dette à rembourser, elle serait en excédent budgétaire. Et le gouvernement de M. Tsipras ne conteste pas la nécessité d'être en excédent primaire. Tous les pays de la zone euro ne sont pas dans cette situation ! La zone euro, quant à elle, a changé et elle n'est pas à la merci de la Grèce. Elle a construit des murs de protection considérables pour pouvoir venir en aide aux États ou aux banques. Elle est beaucoup plus forte et stable qu'en 2010.
Q - Pour M. Varoufakis, le ministre des finances grec, l'euro est un château de cartes qui s'écroulerait sans la Grèce...
R - La situation de la Grèce n'est pas une menace pour la zone euro. Cela ne signifie pas qu'il faille se désintéresser de son sort !
Q - Les Anglo-Saxons peuvent-ils contribuer à faire bouger l'Allemagne ?
R - La Grèce n'est pas le seul sujet sur lequel les Anglo-Saxons expriment des points de vue qui ne sont pas partagés par l'ensemble de la zone euro. Quand le secrétaire d'État américain dit qu'il y a besoin d'une stimulation budgétaire en zone euro, je ne suis pas sûr qu'il soit entendu avec plaisir par l'Allemagne et pourtant il a raison. Mais quand j'entends au Royaume-Uni dire que la situation de la Grèce menace l'économie mondiale, c'est inexact, et la France et l'Allemagne sont d'accord pour le dire.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 février 2015
R - La Grèce a changé de majorité il y a seulement dix jours. La semaine qui s'ouvre, décisive, a commencé assez naturellement par un rappel des positions de départ de chacun. C'est ce qu'a fait dimanche M. Tsipras. C'est aussi ce qu'ont fait des responsables européens. La négociation qui commence ne peut aboutir - et je suis persuadé qu'elle aboutira - que si l'on a en tête deux principes rappelés la semaine dernière par François Hollande. Le premier, c'est le respect du vote grec et donc du peuple grec. Le second, c'est le respect des règles européennes inscrites dans les traités auxquels la Grèce a adhéré, comme celles du bon fonctionnement de la Banque centrale européenne (BCE) ou du Fonds monétaire international (FMI). Celui qui voudrait faire comme si ces règles-là n'existaient pas se mettrait dans une situation d'impasse.
Q - Où sont les marges de négociations entre Athènes et ses partenaires de la zone euro ?
R - Je connais le poids des mots. Je sais et je comprends que pour la Grèce, le mot «troïka» est devenu insupportable et pourtant, les autorités grecques savent qu'elles devront dialoguer avec le FMI, et elles le font, avec l'Union européenne (UE), et elles le font, avec la BCE, et elles le font. Je sais combien le terme de «pays sous-programme» est insupportable aux Grecs. Je peux le comprendre compte tenu du degré de détail dans lequel des recommandations pouvaient être faites à la Grèce et des conséquences sociales que les efforts passés et nécessaires ont occasionnées.
Pourtant, il faudra bien s'interroger sur la manière de passer la période qui est devant nous et qui nous mène jusqu'au moment où un nouveau contrat pourra être élaboré entre la Grèce et l'Union européenne. Nous avons peu de temps devant nous : quelques semaines cruciales, mais si chacun y met la part de respect de l'autre qui est nécessaire, nous trouverons la solution.
Q - Les États-Unis et le Canada souhaitent un compromis. Peuvent-ils être utiles à l'Europe ?
R - Les pays extérieurs à l'Europe peuvent être utiles dans le débat dès qu'il est clair que la situation actuelle n'est en rien comparable à celle de 2010. La Grèce a fait énormément d'efforts. Elle est aujourd'hui en excédent primaire : si elle n'avait pas de dette à rembourser, elle serait en excédent budgétaire. Et le gouvernement de M. Tsipras ne conteste pas la nécessité d'être en excédent primaire. Tous les pays de la zone euro ne sont pas dans cette situation ! La zone euro, quant à elle, a changé et elle n'est pas à la merci de la Grèce. Elle a construit des murs de protection considérables pour pouvoir venir en aide aux États ou aux banques. Elle est beaucoup plus forte et stable qu'en 2010.
Q - Pour M. Varoufakis, le ministre des finances grec, l'euro est un château de cartes qui s'écroulerait sans la Grèce...
R - La situation de la Grèce n'est pas une menace pour la zone euro. Cela ne signifie pas qu'il faille se désintéresser de son sort !
Q - Les Anglo-Saxons peuvent-ils contribuer à faire bouger l'Allemagne ?
R - La Grèce n'est pas le seul sujet sur lequel les Anglo-Saxons expriment des points de vue qui ne sont pas partagés par l'ensemble de la zone euro. Quand le secrétaire d'État américain dit qu'il y a besoin d'une stimulation budgétaire en zone euro, je ne suis pas sûr qu'il soit entendu avec plaisir par l'Allemagne et pourtant il a raison. Mais quand j'entends au Royaume-Uni dire que la situation de la Grèce menace l'économie mondiale, c'est inexact, et la France et l'Allemagne sont d'accord pour le dire.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 février 2015