Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense, sur les femmes dans l'armée, au Sénat le 5 mars 2015.

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Circonstance : Colloque au Sénat sur les femmes militaires, le 5 mars 2015

Texte intégral


Madame la Ministre,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Mesdames les officiers généraux,
Mesdames et Messieurs,
Madame la Ministre, je veux d'abord vous remercier pour avoir eu l'initiative d'organiser cette rencontre entre des sénatrices, des sénateurs, et des femmes militaires.
Je connais l'attachement de la délégation que vous présidez, consacrée aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, à l'institution militaire, et plus particulièrement aux femmes qui en font partie.
Vous savez que j'accorde moi-même la plus grande attention à la place des femmes au sein de mon ministère. Elles représentent aujourd'hui plus de 15 % des effectifs, ce qui fait de l'armée française l'une des plus féminisées parmi les armées occidentales. Au 31 décembre 2014, c'était ainsi près de 32 000 femmes qui servaient au sein de notre Défense.
Au-delà de la question du nombre, ces femmes occupent de plus en plus des responsabilités importantes. Plus de 14 % de nos officiers sont des femmes, et ce pourcentage – je tiens à le souligner – progresse sensiblement, d'année en année. La proportion des femmes parmi les sous-officiers, qui est aujourd'hui de 17,25 %, évolue de la même manière.
Pour vous donner un dernier chiffre, je veux rappeler que près de 1 400 femmes ont été engagées en opérations extérieures au cours de l'année passée. C'est 9 % de plus qu'en 2013.
La féminisation des armées est donc une évolution de fond, marquée par des jalons majeurs, comme le statut de 1972 qui a posé le principe de l'égalité entre les femmes et les hommes dans les armées, ou bien sûr l'ouverture progressive de toutes les écoles, de toutes les spécialités, sans qu'il y ait de quota. La féminisation est toujours à consolider, mais c'est désormais un fait acquis, sur lequel nous pouvons travailler à construire des armées à la fois plus performantes encore et plus en phase avec les réalités de la société.
C'est pourquoi, pour moi, pour nous tous, le combat continue. Il est désormais celui de la pleine reconnaissance de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. A compétence égale, à disponibilité égale, une femme militaire doit avoir les mêmes déroulements de carrière, les mêmes opportunités, que son homologue masculin.
Dans cette perspective, depuis 2012, j'ai demandé aux armées d'améliorer les conditions d'accès des femmes militaires aux dispositifs de formation, et d'être vigilantes sur les conditions d'avancement qui leur sont proposées.
J'ai également souhaité que des signes forts soient donnés, car les symboles contribuent aussi à changer la réalité dans un sens positif. Je pense à l'accès pour les femmes à des commandements ou à d'autres postes de responsabilité reconnue. Je pense au doublement du taux de femmes promues officiers généraux d'ici 2017.
D'ores et déjà, sans attendre cette échéance, plusieurs ont été nommées officiers généraux depuis mon arrivée. Deux d'entre elles sont avec vous, le contre-amiral Anne CULLERRE et l'ingénieure générale de l'armement Blandine VINSON-ROUCHON. Mais je pense également à l'ingénieure générale de l'armement Monique LEGRAND-LAROCHE, première femme quatre étoiles, ou encore au général de brigade Isabelle GUION DE MERITENS, première femme officier général dans la gendarmerie, qui commande actuellement la gendarmerie maritime et devrait se voir bientôt confier d'autres responsabilités éminentes.
Je veux souligner ici combien la promotion de femmes étoilées n'est pas une question de mode ou d'affichage politique. C'est en premier lieu la reconnaissance de mérites et de compétences dont l'encadrement des armées a besoin. Mais c'est aussi un enjeu pour le lien entre les armées et la Nation, parce que cette dernière, composée d'hommes et de femmes, a besoin de pouvoir compter sur des forces qui ressemblent à ce qu'elle est aujourd'hui.
Les directives que je viens d'évoquer complètent les mesures mises en oeuvre au sein de mon ministère pour mieux concilier vie privée et vie professionnelle, qu'il s'agisse d'aides aux familles ou bien de la gestion des personnels, des affectations, des dates de mutations… Ce sont là autant de sujets d'importance pour la condition du personnel, féminin mais aussi masculin.
A travers cette rencontre, vous faites aujourd'hui honneur à ces quinze femmes militaires, qui représentent toutes les composantes de nos armées. Elles s'exprimeront sur leur engagement, leur vécu, aussi sur les difficultés qu'elles peuvent rencontrer, et bien sûr sur le lien qui les unit à la Défense. Vous constaterez ainsi leur valeur, la somme de compétences et d'excellence qu'elles représentent, les responsabilités qu'elles peuvent occuper, ou encore leur expérience dans les dernières opérations extérieures. Certaines d'entre elles étaient au Mali il y a quelques jours encore : leur retour d'expérience n'en sera que plus précieux. Vous verrez aussi que, derrière ces carrières bien remplies, la plupart sont également mères de famille.
Je veux donc profiter de cette occasion pour leur exprimer toute ma reconnaissance, et rendre hommage, à travers elles, à leurs 32 000 camarades qui partagent un même engagement pour notre pays.
Vous avez souhaité que trois sujets soient abordés en particulier : leur vocation et leur formation, leur participation aux opérations extérieures et, de façon plus générale, le déroulement de leur carrière.
Sans plus attendre, je laisse la place à ces échanges. Françoise GAUDIN, haut-fonctionnaire à l'égalité des droits au sein du ministère de la défense, et le colonel Olivier DUCRET, de l'état-major des armées, pourront compléter leurs témoignages.
Je vous remercie une nouvelle fois d'avoir eu l'initiative de cette rencontre.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 6 mars 2015