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JOURNALISTE
C'est le lycée Laetitia d'Ajaccio que Najat VALLAUD-BELKACEM, la ministre de l'Education nationale, a choisi pour sa visite en Corse. Hier dans le cadre des assises pour les valeurs de la République un débat avec pour thème la lutte contre la haine et le retour de l'obscurantisme était organisé. Les lycéens ont pu ainsi s'exprimer en toute liberté, également faire leur proposition afin d'améliorer le mieux vivre ensemble et à l'issue de cette rencontre, plutôt riche, la ministre a répondu aux questions de Thomas BRUNELLI, écoutez.
THOMAS BRUNELLI
Madame la ministre bonjour.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Bonjour.
THOMAS BRUNELLI
Alors vous faites le tour de la France, est-ce que les questions, les interrogations des jeunes sont identiques et se ressemblent beaucoup ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Ecoutez la séance de ce matin était vraiment foisonnante, j'ai rarement assisté à ce type de débats aussi riche et je veux d'abord remercier l'établissement et puis dire la qualité de ce conseil de la vie lycéenne en particulier. Dans les autres établissements que j'ai eu l'occasion de voir, oui on retrouve d'une certaine façon à la fois cet idéal de jeunes qui ont envie de dire attention pas d'amalgame, trouvant les moyens de vivre ensemble etc. et puis en même temps cette grande lucidité sur les dangers qui les entourent et cette envie, même s'ils ne l'expriment pas forcément comme ça, d'être un peu appuyés et accompagnés par nous. Je veux dire eux ils expriment beaucoup le fait qu'ils se sentent les épaules, de prendre en main leur propre citoyenneté, de participer à des instances de la vie démocratique etc. mais en même temps on doit être là pour, on parlait du droit par exemple, leur apprendre un certain nombre de règles, il ne faut pas oublier les cadres structurants dont ils ont besoin pour se construire aussi leur personnalité, leur citoyenneté.
THOMAS BRUNELLI
On l'a vu, des propositions notamment l'enseignement de l'histoire des religions dans l'école laïque française, ça vous parait une très, très bonne idée.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
En fait c'est important pour mettre à distance les religions, vous voyez il ne s'agit pas d'un enseignement religieux, il s'agit d'expliquer aux élèves qu'il y a une historicité des religions, qu'elles sont passées parfois par des périodes fastes et puis ensuite par des errements, par des guerres de religions par exemple. Qu'en même temps elles ont peu être porteuses de valeur et que d'ailleurs il y a du commun entre les valeurs que portent la religion musulmane, la religion catholique etc. donc c'est important d'avoir cet éclairage là pour pouvoir mettre à distance précisément les religions, à avoir un esprit critique, ne pas forcément les craindre parce qu'en fait le principal danger auquel on est confronté c'est l'obscurantisme qui vous conduit à craindre la religion de l'autre. Donc avoir un enseignement laïque du fait religieux ça permet finalement de cesser de craindre, d'avoir de la distance, un esprit critique et puis du coup d'être disponible à accueillir le savoir qui lui connaissance objective et qui n'est pas une question d'opinions ou de confessions mais qui s'impose à tous.
THOMAS BRUNELLI
L'enseignement moral et civique qui va être mise en place à la rentrée prochaine, ça peut être une des réponses ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui l'enseignement moral et civique mais pas que l'enseignement moral et civique, c'est important d'avoir de façon structurée dans l'agenda des élèves une heure par semaine pendant laquelle on fait que ça, et pas que de la théorie, c'est important la théorie, c'est important d'apprendre le droit comme je le disais à l'instant ou la philosophie mais c'est important surtout de pratiquer, donc pendant cette heure on doit surtout faire du débat, du jeu de rôle, de la simulation, partir d'un fait d'actualité et puis demander aux élèves de s'exprimer dessus. Ca doit être un moment d'expression parce que c'est Robin RENUCCI qui nous le disait hier mais apprendre aux élèves à dire les choses, c'est tout aussi important que leur apprendre à lire, à écrire et à compter. Donc oui cet enseignement moral et civique est important mais en même temps autour de lui il y a un vrai parcours citoyen que nous créons qui consistera à valoriser dans la scolarité de l'élève ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent le fait qu'il prenne au sein de son établissement des responsabilités dans une instance démocratique comme les CVL par exemple, on va créer des conseils de la vie collégienne. Et à l'école primaire aussi, donc très tôt on incitera les enfants à conduire des projets, à prendre des responsabilités, à s'engager. Un peu plus tard à l'âge du collège ou du lycée le fait qu'il s'engage dans des associations autour de l'école, association sportive, qu'ils y prennent des responsabilités, ce sera valorisé dans leur scolarité, donc ce sera plus du supplément d'âme tout ça, c'est vraiment un parcours citoyen qui fera partie de ce qu'on apprend à l'école et qui permettra à ces jeunes d'être mieux armés pour affronter le monde.
THOMAS BRUNELLI
Dernière question, vous êtes en Corse, on attendait un ministre depuis 11 ans, il y a la langue Corse qui est une des spécificités, c'est aussi une priorité ?
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Oui bien sûr, vous savez qu'on a pris des décisions fortes en la matière, j'ai décidé il y a quelques mois notamment de mettre des postes dans le premier degré, 20 postes sur les six ans qui viennent pour assurer le bilinguisme, ainsi de développer des filières bilingues au collège et au lycée. Je crois que, vous savez les élèves me l'ont dit ce matin c'est très important de connaître sa propre culture et de connaître la culture des autres pour se sentir bien aussi et de se sentir valorisé dans ces différentes composantes donc en l'occurrence le bilinguisme, l'éducation nationale a décidé de soutenir.
THOMAS BRUNELLI
Merci.
NAJAT VALLAUD-BELKACEM
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 24 février 2015