Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur le Cyclone Pam au Vanuatu et la prévention des catastrophes naturelles, à Bruxelles le 16 mars 2015.

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Circonstance : Conseil affaires étrangères, à Bruxelles (Belgique) le 16 mars 2015

Texte intégral

D'abord sur ce qui se passe au Vanuatu. J'ai fait le point avec notre ambassadeur sur place. On imagine souvent ces îles du Pacifique sud comme étant des îles de rêve. En fait aujourd'hui ce sont des îles de désolation puisqu'un hyper-cyclone qui s'appelle Pam les a frappées avec des vents de plus de 300km/h.
Vous savez qu'il y a là-bas plus de 80 îlots - c'est un archipel - et le président Lonsdale, qui est le président du Vanuatu, a résumé les choses en disant «tout est à reconstruire». Donc la situation est malheureusement apocalyptique. Nous avons envoyé immédiatement une mission de reconnaissance aérienne dans le sud du pays, et j'ai décidé, en liaison avec le président de la République et le Premier ministre, toute une série d'actions :
D'abord, à la demande du centre de crise et de soutien du Quai d'Orsay, il y a des forces armées de Nouvelle Calédonie, nos forces armées, qui ont affrété un stock de matériel d'assistance contenant des kits pour les familles, des lots de première urgence aux populations, deux unités de production d'eau potable qui vont être utilisées par les équipes de la Croix rouge. C'est la première décision.
Deuxième décision : aujourd'hui-même, un avion Casa qui décolle de Nouméa avec 7 personnels de la sécurité civile et trois tonnes de fret - ce sont essentiellement des bâches, des tronçonneuses, parce qu'il y a des arbres détruits tombés dans un désordre indescriptible et des groupes électrogènes. Cette équipe va être en mesure de réaliser des abris de fortune pour protéger une centaine de familles et participer au déblaiement des axes routiers.
Troisièmement un autre avion Casa des forces armées de la Polynésie cette fois va transporter une équipe de secouristes et des équipements pour le traitement de l'eau et la réhabilitation des maisons, parce que nous avons beaucoup de craintes en ce qui concerne l'eau, compte tenu du fait que tous les systèmes ont été détruits. D'autre part, nous avons un partenariat du centre de crise et de soutien du Quai d'Orsay et des entreprises, et deux hélicoptères d'Airbus Helicopters vont renforcer les dispositifs sur place au Vanuatu.
Nous sommes en contact en permanence avec notre ambassade et notre consulat. En ce qui concerne les Français, on ne compte pour le moment aucune victime française, et les rotations aériennes en provenance de Nouméa des forces armées françaises ont permis de rapatrier dimanche 6 ressortissants français qui avaient été particulièrement frappés par les événements.
Voilà la situation au moment où je vous parle, lundi après-midi à 16h30. C'est une catastrophe énorme pour cet archipel. Le président du Vanuatu a tout résumé : tout est à reconstruire.
Ce qui est significatif, et je pense que c'est une conclusion plus large qu'on peut en tirer : j'étais à Sendai au Japon avant-hier pour une conférence sur la réduction des risques de destruction. J'avais dit : 70% des catastrophes qu'on appelle des catastrophes naturelles sont liées en fait au dérèglement climatique.
Là on en a un exemple supplémentaire, ce qui veut dire qu'il faut prendre des mesures immédiates pour prévenir les risques - et nous avons fait la proposition d'un système mondial pour prévenir les risques, pour construire -en fonction bien sûr de l'existence des risques -, mais on voit que la solution est dans la lutte contre le dérèglement climatique, puisque si deux tiers des catastrophes naturelles sont liées au dérèglement climatique, c'est simplement en luttant contre le dérèglement climatique qu'on va arriver à réduire des épisodes terribles de cette sorte. On retombe là sur la COP21, qui se tiendra à la fin de l'année, et qui doit apporter des solutions au dérèglement climatique.
Voilà la première déclaration que je souhaitais faire (...)
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 mars 2015