Texte intégral
Je suis ici aux côtés de mon collègue et ami, le ministre des affaires étrangères tunisien, pour dire en ces moments très douloureux la solidarité de la France avec le peuple tunisien et de tous les pays dont les ressortissants ont été victimes aujourd'hui du terrorisme.
Le président de la République française s'est entretenu avec son homologue tunisien. C'est, comme l'a dit mon collège tunisien, l'exemple tunisien qui est visé. C'est ce modèle de transition démocratique et d'alternance politique pacifique que les terroristes ont voulu frapper. Mais ils ne gagneront pas. Le peuple tunisien saura se relever de cette tragédie avec le même désir de démocratie et la même volonté de préserver la cohésion nationale qu'il a manifestés au cours de ces derniers mois.
Vous connaissez l'évaluation qui a été faite, les pertes sont tragiques. Il y a des blessés, et nous pensons fortement aux familles des victimes, qu'elles soient tunisiennes ou étrangères, et nous en sommes solidaires.
La France sait que la démocratie est ancrée dans le cœur des tunisiens et aucun terroriste ne pourra l'en déloger. Cela doit être très clair. Je veux reprendre à mon compte, et au nom de la France, l'appel au rassemblement qui a été lancé par le Premier ministre tunisien pour le rassemblement de tous les Tunisiens et de tous leurs amis à leurs côtés. Je suis venu ici pour dire que plus que jamais nous sommes amis et solidaires de la Tunisie et des Tunisiens. Il faut que tout le monde l'entende et d'abord les groupes terroristes qui ont voulu frapper la Tunisie mais qui ne réussiront jamais à ôter la démocratie du cœur des tunisiens.
Q - Des bi-nationaux franco-tunisiens de confession musulmane ont subi, comme tous les Français, les attentats de janvier. Aujourd'hui ces franco-tunisiens ont ressenti dans leur chair une deuxième fois cette blessure. Quel message pouvez-vous passer à cette communauté blessée dans sa nationalité française, dans sa nationalité tunisienne, dans sa culture et dans sa religion musulmane ?
R - Malheureusement, tous les pays sont concernés par le terrorisme et vous avez eu raison de souligner que ceux qui mettent en avant leur religion pour justifier leurs actes terroristes sont des criminels. Il faut noter que dans les attentats qui existent dans tant de pays, ce sont très souvent les musulmans qui en sont les premières victimes.
S'agissant de la France je pense que tout a été dit et bien dit par les autorités de la République. Tous les citoyens, quelle que soit leur confession, sont des Français à part entière et ils doivent être respectés comme tels.
Q - Que peut faire la France pour la Tunisie ?
R - Il y a la coopération que nous avons engagée depuis très longtemps avec la Tunisie et que nous avons l'intention de renforcer. L'objet de notre conversation ce matin était de préparer la visite du président tunisien en France qui aura lieu dans quelques jours. Cette visite sera l'occasion de réaffirmer et de renforcer notre coopération dans tous les domaines, économique, culturel, et éducatif. Depuis longtemps, la France est aux côtés de la Tunisie directement et aussi à travers l'Europe. Ce qui est clair, c'est que nous renforçons notre coopération sur le plan de la sécurité. Si l'on veut être très efficace dans la lutte contre le terrorisme, qui ne connaît pas de frontières, il faut que la France, la Tunisie et d'autres pays coopèrent ensemble pour repérer, éradiquer et pour réagir. Les événements ne font que nous conforter dans notre volonté.
Q - Quelles seraient ces actions concrètes ?
R - Nous échangeons nos informations, nos renseignements, et ces mesures peuvent être renforcées et complétées par des équipements.
Q - Certains états africains prônent pour une intervention en Libye dont la situation engendre une grande instabilité ?
R - Nous sommes tout à fait d'accord avec nos amis tunisiens pour dire que la solution doit être politique en Libye. Comme l'a fort bien dit mon ami et collège tunisien, il s'agit d'agir pour de susciter un gouvernement d'union nationale. Vous savez que le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, M. Bernardino Leon, travaille dans ce sens. Nous l'épaulons et c'est la voie indispensable de la sagesse.
En Libye, il y a des tribus différentes avec des affrontements, et puis il y a des mouvements terroristes. Si nous voulons lutter contre eux, ils se situent au sud et à l'est du pays, il faut d'abord que les principales factions se rassemblent pour former un gouvernement d'union nationale, que nous l'épaulions pour qu'il puisse mener l'action contre les terroristes. C'est la position de la France, de la Tunisie et de l'Europe. Lundi dernier nous avions, à Bruxelles, une réunion des ministres des affaires étrangères, et la Libye était l'un des sujets que nous avons abordés et c'est cette position qu'unanimement nous avons prise.
Q - Avez-vous un bilan humain de ces attentats ?
R - Du côté des français nous avons, à l'heure actuelle, 6 blessés recensés par les autorités tunisiennes, l'Ambassade de France et le Centre de crise et de soutien, plus une personne dont nous sommes sans nouvelles. Parmi les 6 blessés il y en 3 dans une situation sérieuse.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 mars 2015