Texte intégral
Messieurs les ambassadeurs,
Messieurs les parlementaires,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les autorités civiles et militaires,
Monsieur le directeur du musée de la guerre,
Mes chers compatriotes de France,
Mesdames et messieurs,
Il y a quelques mois, en septembre dernier, cette nécropole accueillait le concert « Dans la Malle du Poilu », témoignage des traces que la Grande Guerre a laissées sur votre sol et de l'importance qu'elle a prise dans notre mémoire collective.
Aujourd'hui, c'est à nouveau avec émotion que nous nous rassemblons pour commémorer, Français et Grecs, dans un même élan, un même geste, un même hommage, une histoire qui s'est écrite ici, à Salonique.
Lorsque les premiers soldats français, britanniques, serbes, russes et italiens débarquèrent ici à l'automne 1915, ils ne savaient pas que le nom de cette ville, refuge des Juifs chassés d'Espagne au 15e siècle et que l'Histoire avait rebaptisé la "Jérusalem des Balkans", allait rester indissolublement lié à l'histoire du Front d'Orient et à celle de la Première Guerre mondiale.
Salonique, c'est la mémoire du Front d'Orient. C'est la mémoire des 23 000 combattants qui reposent dans cette nécropole dont 8 300 sont morts pour la France. C'est la mémoire de tant de souffrances liées aux combats, aux ravages causés par le paludisme, aux mois passés à tenir des tranchées en haute montagne dans le massif du Kaïmaktchalan.
C'est une mémoire victorieuse aussi. Car c'est là, à quelques dizaines de kilomètres d'ici, que fut rompu le front bulgare en septembre 1918, prélude à la signature, le 28 septembre 1918, du premier armistice de la Première guerre mondiale
Salonique, c'est aussi une mémoire partagée entre Français, Serbes, Italiens, Britanniques et Russes qui dorment aujourd'hui côte à côte, unis dans la mort mais surtout dans la paix, comme ils le furent dans la guerre. Une mémoire qu'ils partagent aussi avec les ennemis d'hier, Bulgares et Turcs.
C'est une mémoire plurielle dont l'histoire a été écrite à plusieurs mains : celles des combattants venus du Sénégal, d'Afrique du nord, de Madagascar et d'Indochine, fraternellement confondus avec leurs camarades de métropole, scellant au sceau du sang versé et de la loyauté à la France, leur destin à celui des Alliés d'Europe.
Salonique, c'est enfin la mémoire des travailleurs locaux qui ont largement contribué à l'effort de guerre. Certains d'entre eux sont inhumés dans cette nécropole, aux côtés des Poilus d'Orient. Je tenais à leur rendre hommage et à leur témoigner la reconnaissance de la Nation française.
Voilà, mesdames et messieurs, ce qu'est Salonique. Elle nous raconte, au gré de ses rues, de ses maisons, de ses monuments, de ses cimetières, toute l'histoire du Front d'Orient. Une histoire oubliée. Une histoire méconnue. Une histoire rappelée aujourd'hui à la mémoire de tous au rythme de mes pas, suivant les empreintes laissées par nos soldats.
Je serai demain en Ancienne république yougoslave de Macédoine, mercredi en Serbie, jeudi en Roumanie pour retisser, au fil de mes visites, de mes rencontres, de mes échanges, de mes discours, cette histoire. Notre histoire. Pour en transmettre sa mémoire.
Cultiver la mémoire du Front d'Orient, c'est honorer la mémoire de tous ces combattants. Et c'est réparer une injustice. Celle de les avoir trop longtemps oubliés.
Oubliés de la Grande Guerre mais aussi des opérations qui, jusqu'au début de 1920, ont coûté la vie à ces « poilus d'Orient » engagés en Hongrie, en Bulgarie, en Turquie et en Russie. Beaucoup ont connu un destin tragique à Odessa ou sur les rives du Dniestr alors que l'Europe semblait faire ses premiers pas dans la paix.
Aujourd'hui, la mémoire du Front d'Orient s'inscrit dans le paysage de la région. Dans les routes, les ponts, les voies ferrées, les hôpitaux construits par l'Armée d'Orient. Dans les vignes où elle introduisit de nouveaux cépages qui contribuent à la spécificité des vins de Macédoine.
Dans les campagnes où certains villages ont perpétué la tradition des fanfares de cuivre introduite par les militaires français. Et je ne peux évoquer cela sans rappeler la contribution de l'architecte et urbaniste Ernest Hébrard qui redessina le centre de Thessalonique après le terrible incendie qui le ravagea en 1917. Sans mentionner non plus la rivière « gallikos » qui coule à l'ouest de Thessalonique.
Préserver et entretenir cette mémoire est plus qu'un devoir. C'est une nécessité. C'est pourquoi la France, via le ministère de la Défense, s'est engagée depuis 2008 dans des travaux de rénovation de la section française de cette nécropole. C'est pourquoi aussi elle a financé les travaux de construction de salles de mémoire. Afin de perpétuer le travail de mémoire. Et je sais pouvoir compter sur le soutien des personnels de notre réseau diplomatique et consulaire en Grèce. Devant vous tous, je veux les en remercier.
Je veux saluer aussi la mobilisation des élèves du lycée Eugène Delacroix d'Athènes qui ont réalisé un travail de mémoire, pédagogique et patrimonial en se rendant dans cette nécropole. Je veux remercier enfin les historiens et les collectionneurs de Thessalonique qui ont contribué, par leurs précieux conseils, aux travaux d'aménagement de ce musée.
Ces salles permettront à tous les visiteurs de mieux connaitre et comprendre ce que fut le quotidien des « Poilus d'Orient » engagés dans les opérations militaires du Front d'Orient. Elles rappelleront le lourd tribut payé par ces hommes venus du monde entier.
Au-delà du patrimoine, cette mémoire vit aussi à travers les nombreuses initiatives scientifiques, culturelles et pédagogiques nées en Grèce sous l'impulsion des structures françaises.
Je pense tout particulièrement au grand colloque international qui se tiendra à Thessalonique en octobre prochain, soit presque cent ans, jour pour jour, après le débarquement des premiers contingents alliés.
Près de 40 spécialistes venus de 12 pays, dont la France, prendront part à cet évènement co-organisé par les universités Aristote et de Macédoine, le consulat général de France et l'Institut français de Thessalonique.
Ces commémorations sont aussi le témoignage de la reconnaissance de la France à l'égard de ses fils tombés loin de leur patrie et qui reposent pour l'éternité dans cette vaste nécropole.
Ces hommes sont le visage de la mémoire du Front d'Orient, ici à Salonique. Mais je ne peux terminer mon propos sans évoquer, avec gravité et émotion, un autre visage.
Celui des 12 soldats alsaciens et mosellans, engagés de force sous l'uniforme allemand pendant la Seconde Guerre mondiale, tués en Grèce et inhumés ici, à Zeïtenlick.
Oui, la Grèce porte en elle un peu de la mémoire des « malgré-nous » et c'est pour moi, ministre mosellan, une grande émotion de venir leur rendre hommage ici.
Mesdames et messieurs, cette cérémonie est une invitation au souvenir. Souvenir d'une histoire partagée par des peuples aujourd'hui rassemblés dans le silence du recueillement et du respect des morts. Souvenir aussi d'une histoire française viscéralement attachée à cette ville de Salonique et à sa région. Une histoire que la Grèce fait vivre et partage.
Et je vous remercie tous très sincèrement de m'avoir donné l'occasion, en ce lieu chargé d'émotion, de venir la rappeler.
Source www.ambafrance-gr.org, le 25 mars 2015
Messieurs les parlementaires,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les autorités civiles et militaires,
Monsieur le directeur du musée de la guerre,
Mes chers compatriotes de France,
Mesdames et messieurs,
Il y a quelques mois, en septembre dernier, cette nécropole accueillait le concert « Dans la Malle du Poilu », témoignage des traces que la Grande Guerre a laissées sur votre sol et de l'importance qu'elle a prise dans notre mémoire collective.
Aujourd'hui, c'est à nouveau avec émotion que nous nous rassemblons pour commémorer, Français et Grecs, dans un même élan, un même geste, un même hommage, une histoire qui s'est écrite ici, à Salonique.
Lorsque les premiers soldats français, britanniques, serbes, russes et italiens débarquèrent ici à l'automne 1915, ils ne savaient pas que le nom de cette ville, refuge des Juifs chassés d'Espagne au 15e siècle et que l'Histoire avait rebaptisé la "Jérusalem des Balkans", allait rester indissolublement lié à l'histoire du Front d'Orient et à celle de la Première Guerre mondiale.
Salonique, c'est la mémoire du Front d'Orient. C'est la mémoire des 23 000 combattants qui reposent dans cette nécropole dont 8 300 sont morts pour la France. C'est la mémoire de tant de souffrances liées aux combats, aux ravages causés par le paludisme, aux mois passés à tenir des tranchées en haute montagne dans le massif du Kaïmaktchalan.
C'est une mémoire victorieuse aussi. Car c'est là, à quelques dizaines de kilomètres d'ici, que fut rompu le front bulgare en septembre 1918, prélude à la signature, le 28 septembre 1918, du premier armistice de la Première guerre mondiale
Salonique, c'est aussi une mémoire partagée entre Français, Serbes, Italiens, Britanniques et Russes qui dorment aujourd'hui côte à côte, unis dans la mort mais surtout dans la paix, comme ils le furent dans la guerre. Une mémoire qu'ils partagent aussi avec les ennemis d'hier, Bulgares et Turcs.
C'est une mémoire plurielle dont l'histoire a été écrite à plusieurs mains : celles des combattants venus du Sénégal, d'Afrique du nord, de Madagascar et d'Indochine, fraternellement confondus avec leurs camarades de métropole, scellant au sceau du sang versé et de la loyauté à la France, leur destin à celui des Alliés d'Europe.
Salonique, c'est enfin la mémoire des travailleurs locaux qui ont largement contribué à l'effort de guerre. Certains d'entre eux sont inhumés dans cette nécropole, aux côtés des Poilus d'Orient. Je tenais à leur rendre hommage et à leur témoigner la reconnaissance de la Nation française.
Voilà, mesdames et messieurs, ce qu'est Salonique. Elle nous raconte, au gré de ses rues, de ses maisons, de ses monuments, de ses cimetières, toute l'histoire du Front d'Orient. Une histoire oubliée. Une histoire méconnue. Une histoire rappelée aujourd'hui à la mémoire de tous au rythme de mes pas, suivant les empreintes laissées par nos soldats.
Je serai demain en Ancienne république yougoslave de Macédoine, mercredi en Serbie, jeudi en Roumanie pour retisser, au fil de mes visites, de mes rencontres, de mes échanges, de mes discours, cette histoire. Notre histoire. Pour en transmettre sa mémoire.
Cultiver la mémoire du Front d'Orient, c'est honorer la mémoire de tous ces combattants. Et c'est réparer une injustice. Celle de les avoir trop longtemps oubliés.
Oubliés de la Grande Guerre mais aussi des opérations qui, jusqu'au début de 1920, ont coûté la vie à ces « poilus d'Orient » engagés en Hongrie, en Bulgarie, en Turquie et en Russie. Beaucoup ont connu un destin tragique à Odessa ou sur les rives du Dniestr alors que l'Europe semblait faire ses premiers pas dans la paix.
Aujourd'hui, la mémoire du Front d'Orient s'inscrit dans le paysage de la région. Dans les routes, les ponts, les voies ferrées, les hôpitaux construits par l'Armée d'Orient. Dans les vignes où elle introduisit de nouveaux cépages qui contribuent à la spécificité des vins de Macédoine.
Dans les campagnes où certains villages ont perpétué la tradition des fanfares de cuivre introduite par les militaires français. Et je ne peux évoquer cela sans rappeler la contribution de l'architecte et urbaniste Ernest Hébrard qui redessina le centre de Thessalonique après le terrible incendie qui le ravagea en 1917. Sans mentionner non plus la rivière « gallikos » qui coule à l'ouest de Thessalonique.
Préserver et entretenir cette mémoire est plus qu'un devoir. C'est une nécessité. C'est pourquoi la France, via le ministère de la Défense, s'est engagée depuis 2008 dans des travaux de rénovation de la section française de cette nécropole. C'est pourquoi aussi elle a financé les travaux de construction de salles de mémoire. Afin de perpétuer le travail de mémoire. Et je sais pouvoir compter sur le soutien des personnels de notre réseau diplomatique et consulaire en Grèce. Devant vous tous, je veux les en remercier.
Je veux saluer aussi la mobilisation des élèves du lycée Eugène Delacroix d'Athènes qui ont réalisé un travail de mémoire, pédagogique et patrimonial en se rendant dans cette nécropole. Je veux remercier enfin les historiens et les collectionneurs de Thessalonique qui ont contribué, par leurs précieux conseils, aux travaux d'aménagement de ce musée.
Ces salles permettront à tous les visiteurs de mieux connaitre et comprendre ce que fut le quotidien des « Poilus d'Orient » engagés dans les opérations militaires du Front d'Orient. Elles rappelleront le lourd tribut payé par ces hommes venus du monde entier.
Au-delà du patrimoine, cette mémoire vit aussi à travers les nombreuses initiatives scientifiques, culturelles et pédagogiques nées en Grèce sous l'impulsion des structures françaises.
Je pense tout particulièrement au grand colloque international qui se tiendra à Thessalonique en octobre prochain, soit presque cent ans, jour pour jour, après le débarquement des premiers contingents alliés.
Près de 40 spécialistes venus de 12 pays, dont la France, prendront part à cet évènement co-organisé par les universités Aristote et de Macédoine, le consulat général de France et l'Institut français de Thessalonique.
Ces commémorations sont aussi le témoignage de la reconnaissance de la France à l'égard de ses fils tombés loin de leur patrie et qui reposent pour l'éternité dans cette vaste nécropole.
Ces hommes sont le visage de la mémoire du Front d'Orient, ici à Salonique. Mais je ne peux terminer mon propos sans évoquer, avec gravité et émotion, un autre visage.
Celui des 12 soldats alsaciens et mosellans, engagés de force sous l'uniforme allemand pendant la Seconde Guerre mondiale, tués en Grèce et inhumés ici, à Zeïtenlick.
Oui, la Grèce porte en elle un peu de la mémoire des « malgré-nous » et c'est pour moi, ministre mosellan, une grande émotion de venir leur rendre hommage ici.
Mesdames et messieurs, cette cérémonie est une invitation au souvenir. Souvenir d'une histoire partagée par des peuples aujourd'hui rassemblés dans le silence du recueillement et du respect des morts. Souvenir aussi d'une histoire française viscéralement attachée à cette ville de Salonique et à sa région. Une histoire que la Grèce fait vivre et partage.
Et je vous remercie tous très sincèrement de m'avoir donné l'occasion, en ce lieu chargé d'émotion, de venir la rappeler.
Source www.ambafrance-gr.org, le 25 mars 2015