Texte intégral
Comment ne pas être accablé par le dramatique accident d'hélicoptère en Argentine qui a coûté la vie à deux argentins et à huit de nos compatriotes.
Comment ne pas être bouleversé de voir trois sportifs de haut niveau fracasser leur vie sur les récifs de la malchance et de la fatalité.
Comment ne pas être abattu de savoir que Florence ne naviguera plus, que Camille ne nagera plus, qu'Alexis ne boxera plus.
Comment surtout se dire que la vie a décidé de se passer d'eux.
Le sport Français est en deuil et il pleure ses trois champions d'exception.
La France est en deuil car elle est marquée profondément par la disparition de Florence Arthaud, de Camille Muffat et d'Alexis Vastine tant ils généraient respect, admiration et empathie, notamment au regard des belles et fortes valeurs qu'ils dégageaient.
Jamais, nous n'oublierons le désir du large, les rires sur les vagues, la joie dans les voiles de Florence Arthaud, l'une des plus grandes navigatrices au monde, qui fut la première femme à être élue en 1990, plus grand sportif français de l'année, forte de ses victoires transatlantiques.
Jamais nous n'oublierons la petite sirène de Nice, glissant dans l'eau, virevoltant dans les bassins, petits et grands, et qui a été consacrée comme l'une des championnes les plus marquantes de l'histoire de la natation française avec ses titres mondiaux et olympiques. C'était Camille Muffat.
Jamais nous n'oublierons les coups portés, les coups reçus, le caractère trempé, la gueule cabossée, les larmes de joie mais surtout les larmes de l'injustice d'un magnifique et grand boxeur, fort d'une médaille de bronze à Pékin et qui rêvait tant de conquérir l'or à Rio de Janeiro. C'était Alexis Vastine.
Le sport français a perdu trois étoiles. Trois étoiles qui brillaient, qui scintillaient, que nous aimions.
J'ai la certitude que ces étoiles continueront à briller, dans l'espace qui lie le ciel et la terre, mais au-delà, elles continueront à briller au travers de vos performances, de vos résultats, de vos ambitions sportives. Mais surtout, elles continueront à briller dans votre quotidien, lorsqu'il faut savoir se dépasser, savoir se sublimer, savoir parfois se faire mal pour réussir, pour aller plus loin.
Car ces trois étoiles resteront, dans notre mémoire collective et sportive, trois exemples.
Mais aujourd'hui les mots nous apparaissent vides, ils sonnent creux pour retranscrire la tristesse et l'émotion qui nous envahit.
Cette impression du bord du vide, Paul Eluard l'a magnifiquement exprimé et je dédie ces mots à Camille, Florence et Alexis :
« Nous voici aujourd'hui au bord du vide
Puisque nous cherchons partout le visage
que nous avons perdu.
Il était notre avenir et nous avons perdu notre avenir.
Il était des nôtres et nous avons perdu
cette part de nous-mêmes.
Il nous questionnait et nous avons perdu sa question.
Nous voici seuls, nos lèvres serrées sur nos pourquoi.
Nous sommes venus ici chercher,
chercher quelque chose ou quelqu'un.
Chercher cet amour plus fort que la mort. »
source www.thierrybraillard.fr, le 19 mars 2015