Déclaration de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'État aux anciens combattants et à la mémoire, sur les relations franco-macédoniennes et sur la mémoire partagée de la Première Guerre mondiale, à Skopje le 10 mars 2015.

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Circonstance : Rencontre de la communauté française, à Skopje (Macédoine) le 10 mars 2015

Texte intégral

Madame la Ministre,
Monsieur le député,
Madame l'Ambassadrice de France,
Monsieur l'Ambassadeur,
Messieurs les représentants des Associations d'anciens combattants,
Mesdames, Messieurs, chers compatriotes,
C'est un grand plaisir d'être parmi vous, à la Résidence de France, à l'occasion de mon déplacement sur ce front d'Orient pour rappeler le sacrifice de ceux qui, il y a 100 ans, sont morts pour la France aux côtés de leurs alliés et ennemis d'hier, amis d'aujourd'hui.
Je ne suis pas venu seul puisqu'une importante délégation m'accompagne dont, surtout, 3 parlementaires, deux députés et un sénateur - et vous savez combien est importante la mobilisation des parlementaires dans ces commémorations du centenaire de la Grande Guerre, pour partager, dans la diversité de nos territoires, la mémoire nationale.
C'est pourquoi je tenais à être accompagné par deux députés. Je citerais Philippe Duron, personnalité historique de la relation franco-macédonienne, président du groupe d'amitié, qui lui est présent et Jean-David Ciot, député des Bouches-du-Rhône, qui n'est pas là puisqu'il est avec le sénateur, Dominique Bailly, avec une délégation d'anciens combattants venue de France et les a rejoint après l'inauguration de la stèle. En tout cas, c'est grâce à Jean-David Ciot que nous avons, cet après-midi, inauguré, messieurs les représentants de l'Union nationale des combattants, la stèle, puisqu'il avait rendu, ici, une visite en novembre 2013. C'est à partir de là, qu'il a été l'instigateur d'une mobilisation nationale pour entamer un travail de mémoire sur le Front d'Orient.
J'étais hier à Ohrid, où j'ai rencontré le Ministre de la Défense qui m'a accompagné, d'ailleurs, ce matin à Bitola. Nous sommes arrivés en début d'après-midi à Skopje, où nous avons rencontré le Président de la République. Je voudrais dire que cette visite est quelque chose d'important puisqu'elle s'inscrit dans le témoignage de l'attachement que la France porte à la République de Macédoine. Un attachement qui trouve ses origines dans ce destin commun tracé il y a 100 ans sur vos terres.
Et puisque le Président de la République, François Hollande, a souhaité qu'aucune mémoire ne soit oubliée dans le cadre du Centenaire, je me devais de venir marcher sur les traces laissées ici, en Macédoine, par les Poilus d'Orient.
Cette mémoire partagée a été célébrée le 14 juillet dernier à Paris : près de 80 nations étrangères étaient représentées. Je sais la fierté qui a été celle des 8 jeunes macédoniens invités au défilé militaire. Je sais l'émotion qui a été celle de l'ensemble de l'assistance invitée à se rappeler que la France avait été, 100 ans auparavant, le champ de bataille du monde.
Je sais aussi l'importance accordée aux cérémonies franco-allemandes dont la force symbolique n'a d'égal que les souffrances endurées au siècle dernier. Et je sais enfin combien ce message de réconciliation est entendu ici où le travail de mémoire engagé aussi, joue son rôle dans la construction d'une identité de ce jeune pays pour un avenir européen.
Madame la Ministre de la Culture, je tiens à vous en remercier publiquement.
Sur tous ces chantiers, comme sur une présence économique renforcée de nos entreprises, la communauté française, forte de près de 200 personnes, est solidaire et mobilisée.
Votre communauté est jeune : 34 % des ressortissants français ont moins de 25 ans. Et elle continue de se développer chaque année, signe d'un fort dynamisme.
C'est une grande chance. Vous êtes, jeunes Français, les ambassadeurs de demain, appelés à faire vivre ce lien si fort entre la France et la République de Macédoine.
Et je veux remercier les efforts de l'ambassade dans le domaine scolaire, pour permettre aux familles d'accéder aux bourses scolaires et pour renforcer l'école française afin d'offrir une scolarité française complète aux enfants.
Je souhaite en particulier saluer l'ouverture, en septembre dernier, de l'Ecole française internationale de Skopje, vecteur important de diffusion de la francophonie, avec un directeur professeur des écoles expatrié. Je souhaite que cet établissement connaisse le succès qu'il mérite.
Madame l'Ambassadrice, je voudrais rajouter, en tant qu'enseignant, j'ai démarré comme instituteur, que je suis très sensible à ces efforts pour assurer un enseignement en langue française.
Je ne peux parler de la jeunesse sans parler d'avenir.
Cet avenir, nous avons à le construire ensemble, notamment à travers le travail de mémoire. Beaucoup a déjà été fait mais la mobilisation doit se poursuivre.
Vous l'avez compris, c'est à partir de cette mémoire partagée que nous pouvons construire la paix et je voudrais saluer le geste qu'on fait le Président de la République française, François Hollande et la Chancelière allemande, Angela Merkel, les adversaires, ennemis d'hier mais les amis d'aujourd'hui, qui ont pris sur eux, de se rendre à Kiev, de se rendre à Moscou et de ne pas se résigner à la guerre. Je crois que cette démarche doit être saluée, elle a été saluée à travers l'Europe entière, puisqu'ils ont pris des risques en politique intérieure, que ce soit la Chancelière ou le Président de la République.
Ce sont les propos que j'ai tenu à tous mes interlocuteurs que ce soit hier en Grèce, aujourd'hui à Skopje, en République de Macédoine, que je tiendrai demain soir en Serbie et après-demain en Roumanie.
De même, les tristes évènements qui ont frappé la France, en plein cœur, à Paris, au mois de janvier dernier, doit nous inciter à développer et travailler cette mémoire.
Le devoir de mémoire n'est pas qu'un simple concept, une notion, une démarche. Il est un travail de tous les jours, vecteur d'échanges et de cohésion nationale.
Mesdames et Messieurs, l'histoire du Front d'Orient est une richesse. Elle nous oblige au souvenir.
Se souvenir du sacrifice des soldats et des populations civiles. Se souvenir de la fraternité des armes, devenue fraternité des peuples au service d'une Europe pacifiée.
Se souvenir enfin de cette mémoire partagée qui s'inscrit dans nos régions, dans nos villes, dans nos monuments.
Elle s'inscrit désormais dans l'espace muséal dédié à la mémoire du front d'Orient à Bitola que j'ai eu l'honneur et le plaisir d'inaugurer ce matin.
Cette construction est le point de départ de nombreux chemins de mémoire que nous avons à emprunter ensemble, jeunes et moins jeunes, pour dessiner, à la lumière du récit de nos anciens, les contours des Nations de demain. Des Nations libres, ouvertes, fondées sur la paix et la tolérance.
Vive la Macédoine !
Vive la France !
Vive l'amitié franco-macédonienne !
http://www.ambafrance-mk.org, le 25 mars 2015