Texte intégral
EMMANUEL KESSLER
Bonjour Christian ECKERT.
CHRISTIAN ECKERT
Bonjour.
EMMANUEL KESSLER
Secrétaire d'Etat au Budget, merci d'être présent sur le plateau de LCI ce matin. On commence bien sûr ce matin par ce drame qui s'est déroulé cette nuit, dix morts dont huit Français dans cette collision de deux hélicoptères en Argentine. Votre sentiment, votre réaction, ce matin, Monsieur le Ministre.
CHRISTIAN ECKERT
Beaucoup de tristesse, une pensée bien sûr pour les familles, les collègues, tout ça avec beaucoup d'humilité, ça nous ramène un peu à dire que parfois nos chicailleries sont peu de choses devant la mort, la mort en pleine force de l'âge.
EMMANUEL KESSLER
Est-ce que la France va participer à l'enquête, est-ce qu'elle va apporter son aide, donner des moyens, s'il le faut ?
CHRISTIAN ECKERT
Il est trop tôt pour le dire, mais le président de la République a bien entendu dit que la France ferait tout pour, d'abord, montrer sa présence, entourer les familles et les collègues et puis il est un peu tôt pour dire ce que seront les conséquences de cette enquête.
EMMANUEL KESSLER
Oui, parce que… mai généralement, c'est vrai qu'on a des capacités d'enquête avec le Bureau enquête accident, voilà.
CHRISTIAN ECKERT
Bien entendu, à chaque fois qu'il y a des catastrophes aériennes, malheureusement.
EMMANUEL KESSLER
Alors, à Bruxelles aujourd'hui, devrait être validé le délai de deux ans accordé à la France pour ramener son déficit sous les 3 %, à condition quand même, il y a un peu de pression, de réaliser 4 milliards d'économies supplémentaires, cette année. Vous allez les faire ?
CHRISTIAN ECKERT
Ecoutez, la trajectoire que s'est fixée la France dans sa loi de programmation des finances publiques, est proche de celle que ce que Bruxelles, nous demande de tenir.
EMMANUEL KESSLER
Ils vous mettent la pression, quand même.
CHRISTIAN ECKERT
Mais, écoutez, ça fait assez longtemps qu'on nous parle de pression, de sanctions, et tout ça se passe quand même plutôt bien dans la discussion, franche. La France ne souhaite pas casser les éléments de croissance. Nous avons dit que nous ferons 50 milliards d'économies, globalement, nous ferons 50 milliards d'économies. Cette année, c'est la faible inflation qui, sur des points très techniques, je ne voudrais pas y revenir, nous contraint probablement à aller un peu plus loin en termes de mesures et nous sommes en train d'y travailler. Mais tout ça se fait dans un sain équilibre entre la croissance et la réduction des déficits.
EMMANUEL KESSLER
Tenir le cap, mais vous dites, si on s'en tenait là on n'y arriverait pas, parce que l'inflation fait, par exemple le gel des prestations sociales, quelles sont les mesures que vous allez prendre pour y arriver ? Ces fameux 4 milliards, puisque la France est d'accord, je crois, sur le principe, de faire 4 milliards d'économies.
CHRISTIAN ECKERT
Les conséquences de la faible inflation sont multiples, parfois elles se compensent, vous savez, par exemple la dette coûte moins cher quand l'inflation est faible, puisque beaucoup d'emprunts sont indexés sur l'inflation. A l'inverse, c'est vrai que les mesures de sous indexation ou de non revalorisation de certaines prestations, rapportent moins d'économies. Donc tout ça est assez technique…
EMMANUEL KESSLER
Mais quelles sont les pistes pour des économies supplémentaires ? Voilà.
CHRISTIAN ECKERT
Ecoutez, nous travaillons avec tous les ministères, tout est sur la table, en permanence, toutes les mesures nouvelles sont financées par des mesures d'économies budgétaires, et puis on verra dans le courant de l'année, quelles seront les mesures concrètes, s'il y en avait à prendre, parce que tout ça bouge, tout ça est lié à la croissance et aux résultats budgétaires.
NICOLAS HERBEAUX
Vous dites « tous les ministères », il n'y a aucun budget qui est sanctuarisé ?
CHRISTIAN ECKERT
Eh bien écoutez, l'Education nationale, le budget militaire, sont traités d'une façon différente, mais eux aussi profitent des économies. Le budget militaire est très consommateur d'énergie, il ne vous a pas échappé que le pétrole a quasiment été divisé par deux dans son coût, en tout cas une baisse de 40 %, ils sont très consommateurs de produits énergétiques, donc tout ça effectivement fait l'objet de travaux au niveau de mon ministère, comme j'allais dire assez souvent.
EMMANUEL KESSLER
Mais ce sur quoi vous travaillez, vous êtes d'accord que… vous êtes d'accord avec l'enveloppe de 4 milliards que réclame Bruxelles.
CHRISTIAN ECKERT
Non.
EMMANUEL KESSLER
Il semblerait que le ministre SAPIN dise…
CHRISTIAN ECKERT
il est trop tôt pour le dire.
EMMANUEL KESSLER
Vous ne voulez pas le chiffrer.
CHRISTIAN ECKERT
Je ne veux pas le chiffrer, et je répète que dans ces mesures d'économies il y en a qui sont déjà obtenues, soit par des mesures que nous avons déjà prises, soir parce que j'évoquais au niveau…
ARLETTE CHABOT
Donc ça veut dire 50 milliards et rien de plus.
CHRISTIAN ECKERT
Ça veut dire 50 milliards, c'est l'engagement que nous avons pris, et rien de plus.
EMMANUEL KESSLER
Rien de plus, c'est-à-dire pas question d'aller à 70, 80…
CHRISTIAN ECKERT
Non, mais enfin, tous ces chiffres sont fantaisistes, j'ai lu quelques commentaires là-dessus, ceci n'a pas de sens, ce qui compte…
EMMANUEL KESSLER
50 milliards, ça reste pertinent ?
CHRISTIAN ECKERT
Ce qui compte, c'est que nous arrivions à réduire notre déficit nominal, c'est ça, c'est ça d'ailleurs que les Français ont en tête, le reste, le déficit structurel…
EMMANUEL KESSLER
Oui, c'est un peu compliqué.
CHRISTIAN ECKERT
Tout ça reste assez complexe. Et nous avons une trajectoire qui nous permettra de le faire, surtout si les résultats que nous avons sur la croissance, se confirmaient, ce qui pour l'instant est le cas, aujourd'hui.
EMMANUEL KESSLER
Alors, 50 milliards et rien de plus, j'entends, mais quand même peut être des économies supplémentaires. Vous vous engagez à ce qu'il n'y ait pas de hausses d'impôts pour réaliser cet effort, d'ici la fin du quinquennat ?
CHRISTIAN ECKERT
Le président de la République l'a dit, le Premier ministre l'a confirmé, j'ai eu l'occasion de dire à l'Assemblée nationale, que j'en serai le greffier.
EMMANUEL KESSLER
En revanche, les collectivités locales qui voient leurs dotations baisser, pourraient se rattraper sur les impôts locaux, est-ce que vous avez un moyen d'empêcher cette hausse d'impôts locaux à laquelle s'attendent et que redoutent tous les Français ?
CHRISTIAN ECKERT
Notre constitution prévoit que les collectivités locales s'administrent de façon autonome. Et l'autonomie, elle trouve son équilibre dans des dotations de l'Etat qui représentent, c'est important de le savoir, un gros quart de leurs ressources, c'est-à-dire que le reste, le reste, sont des ressources, si j'ose dire, dynamiques, elles sont d'ailleurs revalorisées, elles ont été revalorisées de 0,9 % cette année, c'est-à-dire que la baisse, des dotations est assez largement compensée par le mouvement naturel de la fiscalité locale ou des produits que les collectivités peuvent recevoir, ça peut être des loyers, ça peut être des produits de l'exploitation, sans augmenter les taux d'imposition. Ensuite c'est à elles de voir comment elles gèrent leurs affaires.
EMMANUEL KESSLER
Mais vous, vous leur demandez de ne pas augmenter les taux ?
CHRISTIAN ECKERT
Mais moi je leur demande surtout de réduire leurs dépenses de fonctionnement. Les dépenses de fonctionnement des collectivités locales augmentent de plus de 3 % par an, depuis quelques années, leurs dépenses de masse salariale ont augmenté en 2014 de plus de 4 %, alors même que l'Etat s'impose une cure d'amaigrissement, si j'ose dire, draconienne, et donc si nous voulons réduire la dépense publique, il faut que les collectivités locales s'engagent dans une maitrise de leurs dépenses de fonctionnement.
EMMANUEL KESSLER
Est-ce que la taxation des surprofits, comme dit le député, Jean-Paul CHANTEGUET, des sociétés d'autoroute, est désormais exclu ?
CHRISTIAN ECKERT
Non, rien n'est exclu sur ce dossier, c'est un dossier sur lequel nous travaillons, qui pose quelques problèmes juridiques, il y a des contrats en cours, ça ne vous a pas échappé, des contrats qui ont été signés par nos prédécesseurs, ça ne vous a pas échappé non plus. Ces contrats sont parfois assortis de clauses dont il est difficile de sortir, clauses qui verrouillent en termes de fiscalité, clauses qui garantissent que si on renonce aux contrats il y a des compensations. Alors tout ça fait l'objet de travaux importants entre différents ministères, dont le secrétariat d'Etat au Budget, autour du Premier ministre, les parlementaires font leur travail de leur côté, je crois…
EMMANUEL KESSLER
Mais l'arme fiscale n'est pas exclue ?
CHRISTIAN ECKERT
Ah l'arme fiscale n'est pas exclue…
EMMANUEL KESSLER
Vous pouvez faire quelque chose de plus pour taxer ces profits.
CHRISTIAN ECKERT
Il y a des hypothèses. S'il n'y a pas un accord qui est trouvé, nous souhaitons discuter avec beaucoup de fermeté d'ailleurs avec les sociétés d'autoroutes.
EMMANUEL KESSLER
Et s'il n'y a pas d'accord, alors ?
CHRISTIAN ECKERT
S'il n'y a pas d'accord, l'arme fiscale reste utilisable, toutes nos études juridiques le montrent, c'est un peu plus complexe, c'est probablement moins parlant, mais ça peut être mis en oeuvre, bien entendu.
EMMANUEL KESSLER
Merci beaucoup, Christian ECKERT.
CHRISTIAN ECKERT
Merci à vous.
EMMANUEL KESSLER
Secrétaire d'Etat au Budget, invité de LCI.
NICOLAS HERBEAUX
Invité de LCI matin, merci beaucoup, bonne journée à vous.
CHRISTIAN ECKERT
Bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 mars 2015