Texte intégral
BRUCE TOUSSAINT
Le porte-parole du gouvernement et ministre de l'Agriculture, Stéphane LE FOLL, nous a rejoints. Bonjour.
STEPHANE LE FOLL
Bonjour.
BRUCE TOUSSAINT
Merci d'être avec nous. On a vu dès hier matin, dès hier la fin de matinée, l'ensemble du gouvernement se mobiliser pour cette catastrophe aérienne, alors que, au moment où nous allons démarrer cette interview, nous voyons la reprise officielle des recherches avec ces hélicoptères qui redécollent enfin, puisqu'effectivement, avec la nuit, et aussi des conditions météo pas très favorables, les recherches avaient dû être interrompues. Voilà ces images en direct de Seyne-les-Alpes qui montrent qu'en effet les hélicoptères repartent en direction des lieux du crash. Oui, l'ensemble du gouvernement mobilisé hier, plusieurs ministres sur place, ça sera le cas aujourd'hui, l'idée c'est de montrer la solidarité nationale, le travail de l'Etat, c'est quoi l'idée ?
STEPHANE LE FOLL
D'abord l'idée c'est qu'il y a un drame, il y a une émotion à partager, avec toutes les familles des victimes, et puis avec des pays amis, que sont l'Espagne, l'Allemagne. Il y avait hier la visite du Roi d'Espagne, et donc il était nécessaire d'être présent, et solidaire, avec ces pays, ces familles, et puis de prendre la mesure d'une émotion, un crash comme celui-là, avec des enfants, ça suscite de l'émotion. Et puis deuxième point, après il y a ce qui est de la responsabilité de l'Etat, c'est-à-dire que derrière tout ça, maintenant il y a une enquête, il y a des investigations à faire, il y a un périmètre à protéger, il y a des moyens à déployer, tout ça nécessite de l'organisation et la présence du ministre de l'Intérieur, de la ministre des Transports hier, à la fois pour accueillir d'autres ministres, mais aussi être capable d'organiser. Alors je crois qu'il y a déjà près de 500 à 600 hommes, à la fois gendarmes et sapeurs-pompiers, sur place, Sécurité civile, eh bien c'est absolument nécessaire, parce que derrière ce drame, cette émotion, ces morts aujourd'hui, il va falloir qu'on trouve une explication à ce qui est aujourd'hui ce crash, avec un avion qui, d'après ce que je crois savoir, a connu une descente de plus de 8 minutes, bon voilà ! La première boîte noire a été retrouvée, elle a été endommagée, a dit Bernard CAZENEUVE ce matin, il va falloir travailler pour essayer d'en extraire les éléments, pour comprendre.
BRUCE TOUSSAINT
Le gouvernement pourra donner des réponses rapidement, selon vous ? Il y a une attente énorme.
STEPHANE LE FOLL
En tout cas ce qui est certain, et je le sais, c'est qu'il fera le plus rapidement possible. C'est-à-dire que, je l'ai dit, dans ce type de catastrophe, il faut avoir beaucoup de méthode pour pouvoir remonter les bonnes pistes, surtout n'en perdre aucune, et être méthodique pour à la fois préserver ce périmètre et éviter que quiconque ne vienne perturber les recherches. Deux, retrouver le plus rapidement possible les boîtes noires. Et puis trois, donner les informations dès qu'elles seront disponibles, c'est en tout cas la mission qui est fixée, par le ministre de l'Intérieur à l'ensemble de ses services. Et il y aura cet après-midi, je crois, la présence des trois chefs d'Etat à la fois, espagnol, allemand et français, avec le président de la République.
BRUCE TOUSSAINT
Trois hélicoptères viennent de quitter Seyne-les-Alpes, on vient de vivre cela en direct sur I TELE, tout cela dans des conditions extrêmement difficiles pour les sauveteurs.
STEPHANE LE FOLL
Oui, on est dans une zone… on s'aperçoit, mais pas toujours facilement, de la pente, on est dans une zone de montagnes, dans une zone difficile d'accès, donc c'est pour ça que ça nécessite beaucoup, je l'ai dit, de moyens, en particulier avec des hélicoptères, pour pouvoir être sur zone, comme on dit, et puis, je le dis, pour pouvoir assurer la préservation du périmètre dans lequel, malheureusement, cet avion s'est écrasé.
CHRISTOPHE BARBIER
Est-ce qu'il n'y a pas une troisième raison, plus politique, à la mobilisation de plusieurs ministres, des plus hautes autorités de l'Etat, au déplacement personnel du président, c'est tout simplement de montrer que l'exécutif est hyper professionnel, dans la foulée de ce qui s'est passé au moment des attentats de Charlie Hebdo, qui a rapporté aussi en termes de sondages, en termes d'opinions, à votre camp ?
STEPHANE LE FOLL
Moi je trouve que, au-delà des polémiques et des discussions qui peuvent être liées au débat politique, que ce gouvernement a montré, et vous l'avez rappelé, à la fois du professionnalisme, de la détermination, à chaque fois qu'il a été confronté à des grosses difficultés. Je le dis tout simplement parce que je suis membre de ce gouvernement, certes, porte-parole du gouvernement, oui, mais je le dis parce que, objectivement, c'est vrai.
CHRISTOPHE BARBIER
Avec la volonté aussi d'être dans le ton, d'être à l'unisson de l'émotion, même de l'émotionnel ?
STEPHANE LE FOLL
Oui, mais la volonté toute simple d'être là où les Français souhaitent que nous soyons. C'est-à-dire que par rapport à ce type d'événement, je l'ai dit tout à l'heure, il faut avoir beaucoup de méthode parce qu'il faut, dans l'ordre, être présent, mobiliser des moyens, organiser les recherches, tout cela ça nécessite de la présence, et ça nécessite, aussi, de la coordination, et surtout, tout de suite, les bonnes décisions. Je crois que c'est tout simplement cela. Alors après on peut l'interpréter d'une manière ou d'une autre, mais il y a de la sincérité toute simple, à dire que si on est présent, si on est là, c'est parce qu'il y a à faire face à une difficulté et à un événement, et voilà, on assume une responsabilité.
BRUCE TOUSSAINT
Stéphane LE FOLL, on se pose beaucoup de questions évidemment, parce que pour l'instant on a peu de réponses. Est-ce qu'on peut écarter l'idée d'un détournement de cet avion, est-ce qu'on peut écarter complètement l'hypothèse terroriste, est-ce que vous pouvez nous dire le sentiment du gouvernement sur cette hypothèse ?
STEPHANE LE FOLL
Alors le sentiment du gouvernement il est d'abord d'essayer de voir si, dans toutes les hypothèses qu'il faut prendre, laquelle, peut-être, aujourd'hui, est la plus ou moins vraisemblable. Il semblerait que compte tenu du fait qu'on est sur un lieu d'impact assez concentré, il n'y ait pas eu d'explosion de l'avion, voilà, ça c'est rationnel. Après, Bernard CAZENEUVE s'exprimait ce matin, on ne va pas non plus considérer que toutes les hypothèses ne doivent pas être investiguées, en particulier celle qui consisterait à dire mais qu'est-ce qui s'est passé et pourquoi cet avion a, d'une manière rectiligne et pendant près de 8 minutes, descendu de tant de mètres sans qu'il n'y ait aucun signe de réaction. Sujet, questions posées, enquête nécessaire, donc on en est là, mais aucune des hypothèses, bien sûr, n'est à écarter de manière définitive, même si, même si, compte tenu de ce que nous savons, de manière très claire, l'impact, il n'y a pas eu d'explosion de l'avion avant.
BRUCE TOUSSAINT
Il pourrait y avoir eu une intervention dans l'avion.
STEPHANE LE FOLL
On ne peut pas savoir, je ne peux vous le dire, je n'en sais rien, mais, je répète, il y a, à ce stade, aucune hypothèse ne doit être écartée, et en même temps, si vous me posez une question, on essaye d'y répondre avec les éléments dont on dispose.
BRUCE TOUSSAINT
Stéphane LE FOLL, évidemment, depuis presque 24 heures, l'actualité s'est concentrée sur cette catastrophe aérienne, mais il y aura un deuxième tour des élections départementales dimanche.
STEPHANE LE FOLL
Oui.
BRUCE TOUSSAINT
La campagne d'ailleurs, de Manuel VALLS, a été suspendue…
STEPHANE LE FOLL
Hier soir, oui.
BRUCE TOUSSAINT
Voilà, en signe de deuil, évidemment. Vous espérer encore quelque chose de ce deuxième tour ?
STEPHANE LE FOLL
Ah mais on espère, d'abord, une élection à deux tours, on ne jugera le résultat qu'au bout du deuxième tour, à la fin du deuxième tour, puisque derrière il y aura même un troisième tour, avec des désignations de présidents de conseils départementaux. Il y a encore des choses qui vont se passer. Donc, on mène campagne jusqu'à dimanche, jusqu'à samedi plutôt, pour être plus précis, pour que, sur la base du premier tour, on préserve le plus de départements possibles.
CHRISTOPHE BARBIER
Et dans les départements où le FN pourra obtenir la présidence en majorité relative, est-ce que vos élus, s'ils sont minoritaires, pourraient voter pour un candidat de l'UMP de manière à éviter une présidence FN ?
STEPHANE LE FOLL
Moi je pense que l'objectif qu'on se fixe, il va être aussi lié, d'ailleurs, aux élections et au deuxième tour, c'est qu'il n'y ait pas de présidence de département pour le Front national. Ça paraît simple.
CHRISTOPHE BARBIER
Et vous pourriez proposer une majorité… ?
STEPHANE LE FOLL
On verra, je n'en sais rien, mais déjà, déjà, on a pris des décisions extrêmement claires, quand il y a des duels entre l'UMP et le Front national, le Parti socialiste a été, de ce côté-là, extrêmement clair, il appelle à voter pour le candidat républicain, c'est le premier point. Le deuxième c'est que, là où il y a un risque, dans une triangulaire, de faire élire un candidat Front national, on retire notre candidat.
CHRISTOPHE BARBIER
Donc la suite logique c'est un troisième tour.
STEPHANE LE FOLL
Donc voilà, on est parfaitement, et déterminé, et clair. Et puis on appelle aussi, de l'autre côté, et on s'en aperçoit d'ailleurs, entre ce qu'a dit Nicolas SARKOZY et ce qui se passe sur le terrain, il y a quand même des élus UMP, des responsables de l'UMP, qui appellent, eux aussi, à la réciproque. Après, tout ça, on verra, je vous le dis, au soir du deuxième tour, quels que soient les résultats, mais moi je rappelle que notre détermination c'est que la gauche soit présente dans ce débat pour défendre les valeurs qui sont les siennes, et il faut que l'électorat de gauche, je le dis, avec ce qui s'est passé dimanche, le niveau du Front national, se mobilise dimanche.
CHRISTOPHE BARBIER
Pour sauver quoi, 25 départements ?
STEPHANE LE FOLL
Mais pour sauver des départements, mais pour sauver des départements avec derrière un équilibre qui doit être préservé, entre ce qui est la nécessaire efficacité, et tous les bilans des départements de gauche, de ce côté-là, n'ont souffert d'aucune critique ; j'entends du côté du Front national dire « on va être efficace », non, mais c'est une plaisanterie ! Personne ne peut dire, aujourd'hui, dans ces bilans, qu'il y a eu mauvaise gestion ; et en même temps, la solidarité. Et ça c'est un enjeu. Donc il faut se mobiliser, il faut être là.
BRUCE TOUSSAINT
Dernière question Stéphane LE FOLL. Ce matin Éric CIOTTI, secrétaire général adjoint de l'UMP, déclare : « je ne voudrais pas que le gouvernement utilise le crash. »
STEPHANE LE FOLL
Je trouve qu'il y a eu deux réactions, donc celle, hier, de monsieur LUCAS, qui sont le pire dans la politique, le pire, c'est-à-dire l'abaissement de la politique, le niveau zéro de ce qui doit être le minimum de dignité dans un moment comme ça. Il faut arrêter, je le dis avec toute simplicité et sincérité.
BRUCE TOUSSAINT
Vous le dites aussi à Éric CIOTTI, je vous dis la phrase exacte : « je ne voudrais pas que le gouvernement, et on a vu hier certaines tentatives, je dirais un peu rapides, n'essaye d'utiliser cette situation. »
STEPHANE LE FOLL
Je réponds à monsieur LUCAS hier, là monsieur CIOTTI, qui s'interroge, il s'interrogerait et il dirait tout le contraire si, face à cet événement, le gouvernement ne prenait pas les mesures qu'il faut pour justement, et accueillir les familles des victimes, accueillir des chefs d'Etat, et surtout assurer le bon déroulement de l'enquête. Voilà. Il dirait « que fait le gouvernement ? » Donc nous sommes en responsabilités et nous assumons nos responsabilités, point.
BRUCE TOUSSAINT
Merci Stéphane LE FOLL, merci d'avoir été avec nous ce matin sur I TELE pour cette édition spéciale.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 mars 2015