Texte intégral
Chère Catherine Pégard,
Cher Alain Ducasse,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
D'abord merci d'être là, d'avoir bravé les encombrements pour rejoindre le château de Versailles et merci Chère Catherine de mettre à notre disposition cette modeste chaumine.
Comme cela a été très bien dit à l'instant par Alain Ducasse, en ce moment-même, avec les décalages horaires, le monde entier a le plaisir de déguster la gastronomie française et je veux remercier celles et ceux sans lesquels cette initiative n'aurait pas pu voir le jour. D'abord Alain Ducasse lui-même, Catherine Pégard, les chefs, les grands chefs connus et les autres parce que l'un des traits de cette opération c'est que non seulement elles se déroulent dans beaucoup de restaurants prestigieux à travers le monde mais aussi dans des petits bistrots, dans des endroits extrêmement simples car la gastronomie française est ouverte à tous.
J'ai parlé des ambassadeurs parce que ce qui caractérise cette soirée, c'est que j'y ai convié, au nom de mon pays, tous les ambassadeurs en poste à Paris. Je vous remercie d'être là et je veux citer un seul d'entre vous, qui vous représente tous et qui a eu raison de venir ce soir : M. l'Ambassadeur de Tunisie.
Monsieur l'Ambassadeur, prenez ces applaudissements comme un hommage au courage de votre peuple et un engagement de notre lutte commune contre le terrorisme.
Mesdames et Messieurs,
À travers le monde, aujourd'hui-même, sont servis des repas dans de nombreux restaurants. Il y a aussi ce repas et des invitations dans la plupart de nos ambassades pour faire partager la gastronomie française. Je ne vais pas faire un cours ou un discours sur cette gastronomie, d'autant que je trouve que la meilleure façon de l'honorer, c'est non pas la théorie mais la pratique. Dans quelques instants, nous allons passer à la pratique pour ce repas - vous avez pris connaissance de vos menus.
Nous avons voulu faire cela parce que la gastronomie fait partie de l'identité de la France au même titre que le château de Versailles. D'ailleurs, de ce point de vue, Versailles s'est illustré mais la créativité, l'excellence, le partage qui a lieu ce soir, ce sont au fond des traits communs qui définissent l'identité française. La restauration, la gastronomie et, plus largement, le tourisme - on l'oublie parfois - sont pour la France une source d'emplois considérables. Nous avons la chance d'être le premier pays à accueillir le plus grand nombre de touristes dans le monde. Lorsque l'on demande aux touristes pourquoi ils viennent en France, c'est d'abord la gastronomie et l'oenologie qu'ils choisissent ; alors il faut leur faire honneur.
C'est aussi une façon de partager le plaisir et ce que nous avons de meilleur et lorsqu'on a la chance d'avoir un art qui a été reconnu patrimoine mondial, quand on aime les autres, il faut leur faire partager ce que l'on sait faire de mieux.
Je veux terminer par un mot, une anecdote, que j'aime bien au sujet de Talleyrand, lors du congrès de Vienne. Au congrès de Vienne, la diplomatie française n'était pas très en forme compte tenu des événements qui l'avait précédée et Talleyrand s'est demandé comment il allait pouvoir remonter la pente. Il a alors pensé à la gastronomie. Metternich qui présidait ce congrès a eu l'idée de faire un concours des meilleurs fromages. Chacun donc a défendu un fromage : Monsieur l'Ambassadeur de Grande-Bretagne, votre ambassadeur de l'époque défendait le Stilton ; Monsieur l'Ambassadeur d'Italie, c'était le stracchino ; pour la suisse, il n'y a pas grand mystère, c'était le gruyère ; pour la Hollande, c'était le Limbourg. Metternich qui était autrichien n'avait aucun fromage à défendre et concernant Talleyrand, c'était le Brie, parce qu'il aimait ce fromage.
Tout le monde a voté et c'est le Brie qui a été désigné. Talleyrand a fait un petit discours disant que, décidément, le Brie était le roi des fromages. L'un des diplomates présents a ajouté que c'était la seule royauté à laquelle il ne sera jamais fidèle. Ce qui montre que les diplomates sont à la fois des hommes et des femmes de goût et d'esprit et ils nous enseignent que les discours comme les vins doivent être servis comme il faut, mais aussi distribués avec modération.
C'est pourquoi je me tais en vous souhaitant à tous une excellente soirée et en disant : «Vive la gastronomie française».
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 mars 2015