Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Cette réunion du Conseil de sécurité est une première. Jamais le Conseil n'avait consacré un débat à la situation des chrétiens et des autres minorités persécutées au Moyen-Orient. Je pense que c'est un geste fort.
Pourquoi, au nom de la France, ai-je pris l'initiative de cette réunion au titre de notre présidence. Parce que nous pensons que c'est notre devoir - et que c'est conforme à la tradition française - de répondre à l'urgence et à la gravité de la situation. Cette situation - tous ceux qui sont intervenus l'ont qualifiée - est une tentative d'éradication, c'est-à-dire de disparition ethnique et religieuse. Les terroristes de Daech, et c'est essentiellement d'eux dont il s'agit, ont un projet simple, et effroyablement simple : supprimer tous ceux qui ne pensent pas comme eux, soit les asservir, soit les forcer à l'exil, soit les tuer. Ils s'en prennent aux femmes, aux hommes, aux enfants. Vous avez entendus le témoignage très bouleversant de cette députée Yazidi qui a dit ce qu'elle vivait, ce qu'ont vécu ses collègues. Et les terroristes de Daech poussent la fureur jusqu'à s'en prendre au patrimoine culturel de l'humanité, parce qu'ils ne veulent pas qu'il puisse exister une histoire avant eux ou en-dehors d'eux.
Le danger dont il s'agit est le risque de disparition totale des minorités au Moyen-Orient. La communauté internationale dit beaucoup de choses, elle déplore, elle agit mais je l'ai qualifié dans ce domaine de «puissance impuissante». Nous demandons donc qu'il y ait une action efficace et rapide en direction de ces populations.
Dans le débat, qui n'est pas terminé, il y a eu beaucoup de convergences, cela m'a frappé. D'abord sur l'objectif ; la priorité ne doit pas être seulement de venir en aide aux minorités ou de les accueillir dans nos pays amis, mais de permettre qu'elles restent sur place ou qu'elles retournent dans leurs pays. Ce n'est pas un passe-droit, parce que ces terres sont les leurs.
Comment y parvenir ? J'ai proposé une charte d'action autour de quatre volets.
Tout d'abord, sur le plan humanitaire. On fait beaucoup de choses, mais on ne fait jamais assez. Nous souhaitons que l'action humanitaire soit non seulement pour recueillir ceux qui sont obligés de partir, mais pour faire en sorte qu'on encourage et qu'on permette le retour sur place. Pour cela, la France propose de mettre en place, sous l'égide de l'ONU, un Fonds spécifique d'aide au retour qui serve à la reconstruction des habitations, des écoles, des lieux de culte.
Deuxièmement, l'action militaire. Si on veut que les minorités puissent rester en sécurité, il faut qu'on crée des zones de sécurité. L'action militaire, je pense en particulier à l'action de la Coalition internationale, doit donc non seulement viser à faire reculer Daech mais à mettre en place ces zones de sécurité.
Troisièmement, la lutte contre l'impunité. Nous demandons que ces criminels soient traduits devant la Cour pénale internationale.
Enfin, l'aspect politique. Si on veut trouver une solution, que ce soit en Irak, en Syrie, en Libye ou, d'une autre manière, au Liban, il faut que les gouvernements soient «inclusifs», c'est-à-dire qu'ils ne protègent pas une seule communauté mais qu'ils assurent les droits de la diversité des communautés. C'est ce qui doit être fait en Irak, c'est ce qui peut être fait au Liban, c'est indispensable, notamment en élisant un président, alors que vous connaissez la paralysie institutionnelle qui frappe ce pays. C'est aussi ce que nous souhaitons en Syrie. Parfois on dit «la France ne veut pas de solution en Syrie». Bien sûr que si, nous voulons une solution politique. La solution ne peut pas passer par M. Bachar Al-Assad qui, compte tenu de son action, ne peut pas être l'avenir de son peuple. Mais la solution politique doit être à la fois des éléments du régime - je suis clair - et de l'opposition. Nous travaillons à cela avec toute une série de parties prenantes.
Le Secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon, que je remercie à la fois pour sa présence et sa proposition, a décidé de mettre sur pied un groupe de sages - c'est une bonne chose - pour se pencher sur ces questions. Je demanderai à ce groupe de sages d'abord de s'atteler à la définition de cette charte et, s'ils veulent bien, une conférence internationale à Paris pourrait accueillir leurs conclusions afin de les mettre en oeuvre le plus tôt possible.
On dira que c'est un cri d'alarme. Oui, il est indispensable mais nous souhaitons que ce ne soit pas seulement un cri d'alarme mais que ce soit vraiment quelque chose qui permette une action concrète, parce que plus que jamais les minorités au Moyen-Orient sont menacées.
Q - Do you think that solving the Israeli-Palestinian conflict would help stamp terrorism in the region and therefore protecting minorities ? And how do you see that Lebanon - by electing a new President - would be a model for good coexistence in the Middle East ?
R - On Lebanon, you know the constitution ; you know the way the different communities have to be respected. Now, there is a real problem that for months and months it has not be possible to elect a President, which brings to a sort of paralysis from an institutional viewpoint. Therefore, the real will of France, who is discussing with all the parties - because it is well-known that we are good friends of Lebanese and of Lebanon, is that the different parties could have an agreement in order to elect this President who is necessary for a good balance in Lebanon.
On the conflict between Israel and Palestine, you remember that France has been supporting a resolution of the UN defining the parameters and helping and accompanying the necessary negotiations between the two parties. We have not changed our mind and in the coming weeks in relations with the different parties, France will be part in proposing a resolution at the UN.
Q - Mr Minister, from CBS News, my question is the crisis in Yemen. With Daesh bombings and Saudi military actions, will that create a mass refugee crisis of ethnic and religious minorities ?
R - It's a new threat, you are right, and a risk of creating a new place where minorities will be persecuted. And it is one of the reasons why, as far as France is concerned, we have expressed and renewed here our support to the legitimate president of Yemen because the international community cannot accept that a part supported by a foreign country would change the legitimacy in Yemen.
Q - Will you support the resolution that is being proposed by the Gulf countries on Yemen, and do you see support in the P5 on such a resolution ?
R - Yes I think the Security Council has to support the return to the legitimacy.
Q - Mr Foreign Minister, can you talk about Iran ? France has been quite vociferous about a stronger position that seems (inaudible) in the United States.
R - Tonight, I will fly to Switzerland to join the discussions about Iran, I will be there tomorrow at noon. And, we shall discuss with the different partners. The position of France has always been the same. We hope that an agreement is possible. We are working for peace and security. What must be the aim ? The aim is well defined in the prologue of the interim agreement, which has been signed in November 2013. And this aim is a sentence which has been pronounced either by President Rouhani or by the Supreme Leader. And it says, quote : «Under no circumstances, Iran will never seek nor possess any nuclear weapon.» End of quote. And it's exactly the position of France. So, as far as the civilian use of nuclear is concerned, Iran has all the rights, 100%. But, as far as the atomic bomb is concerned, the answer is no. Because we don't want any nuclear proliferation ; which is very dangerous for obvious reasons. And therefore, we are trying to draw all the technical consequences of this quote. Which means that we had and we have still to discuss about the duration of the agreement, about R&D (research and development), about the transparency, about centrifuges, you know these issues, and I will not discuss them here publically. It means that we want an agreement, but this agreement has to be robust. There have been progress, but there are still obstacles that we have to overcome. And I hope that an agreement will be possible but it has to be a robust agreement. That's the position of France.
Merci.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 mars 2015
Cette réunion du Conseil de sécurité est une première. Jamais le Conseil n'avait consacré un débat à la situation des chrétiens et des autres minorités persécutées au Moyen-Orient. Je pense que c'est un geste fort.
Pourquoi, au nom de la France, ai-je pris l'initiative de cette réunion au titre de notre présidence. Parce que nous pensons que c'est notre devoir - et que c'est conforme à la tradition française - de répondre à l'urgence et à la gravité de la situation. Cette situation - tous ceux qui sont intervenus l'ont qualifiée - est une tentative d'éradication, c'est-à-dire de disparition ethnique et religieuse. Les terroristes de Daech, et c'est essentiellement d'eux dont il s'agit, ont un projet simple, et effroyablement simple : supprimer tous ceux qui ne pensent pas comme eux, soit les asservir, soit les forcer à l'exil, soit les tuer. Ils s'en prennent aux femmes, aux hommes, aux enfants. Vous avez entendus le témoignage très bouleversant de cette députée Yazidi qui a dit ce qu'elle vivait, ce qu'ont vécu ses collègues. Et les terroristes de Daech poussent la fureur jusqu'à s'en prendre au patrimoine culturel de l'humanité, parce qu'ils ne veulent pas qu'il puisse exister une histoire avant eux ou en-dehors d'eux.
Le danger dont il s'agit est le risque de disparition totale des minorités au Moyen-Orient. La communauté internationale dit beaucoup de choses, elle déplore, elle agit mais je l'ai qualifié dans ce domaine de «puissance impuissante». Nous demandons donc qu'il y ait une action efficace et rapide en direction de ces populations.
Dans le débat, qui n'est pas terminé, il y a eu beaucoup de convergences, cela m'a frappé. D'abord sur l'objectif ; la priorité ne doit pas être seulement de venir en aide aux minorités ou de les accueillir dans nos pays amis, mais de permettre qu'elles restent sur place ou qu'elles retournent dans leurs pays. Ce n'est pas un passe-droit, parce que ces terres sont les leurs.
Comment y parvenir ? J'ai proposé une charte d'action autour de quatre volets.
Tout d'abord, sur le plan humanitaire. On fait beaucoup de choses, mais on ne fait jamais assez. Nous souhaitons que l'action humanitaire soit non seulement pour recueillir ceux qui sont obligés de partir, mais pour faire en sorte qu'on encourage et qu'on permette le retour sur place. Pour cela, la France propose de mettre en place, sous l'égide de l'ONU, un Fonds spécifique d'aide au retour qui serve à la reconstruction des habitations, des écoles, des lieux de culte.
Deuxièmement, l'action militaire. Si on veut que les minorités puissent rester en sécurité, il faut qu'on crée des zones de sécurité. L'action militaire, je pense en particulier à l'action de la Coalition internationale, doit donc non seulement viser à faire reculer Daech mais à mettre en place ces zones de sécurité.
Troisièmement, la lutte contre l'impunité. Nous demandons que ces criminels soient traduits devant la Cour pénale internationale.
Enfin, l'aspect politique. Si on veut trouver une solution, que ce soit en Irak, en Syrie, en Libye ou, d'une autre manière, au Liban, il faut que les gouvernements soient «inclusifs», c'est-à-dire qu'ils ne protègent pas une seule communauté mais qu'ils assurent les droits de la diversité des communautés. C'est ce qui doit être fait en Irak, c'est ce qui peut être fait au Liban, c'est indispensable, notamment en élisant un président, alors que vous connaissez la paralysie institutionnelle qui frappe ce pays. C'est aussi ce que nous souhaitons en Syrie. Parfois on dit «la France ne veut pas de solution en Syrie». Bien sûr que si, nous voulons une solution politique. La solution ne peut pas passer par M. Bachar Al-Assad qui, compte tenu de son action, ne peut pas être l'avenir de son peuple. Mais la solution politique doit être à la fois des éléments du régime - je suis clair - et de l'opposition. Nous travaillons à cela avec toute une série de parties prenantes.
Le Secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon, que je remercie à la fois pour sa présence et sa proposition, a décidé de mettre sur pied un groupe de sages - c'est une bonne chose - pour se pencher sur ces questions. Je demanderai à ce groupe de sages d'abord de s'atteler à la définition de cette charte et, s'ils veulent bien, une conférence internationale à Paris pourrait accueillir leurs conclusions afin de les mettre en oeuvre le plus tôt possible.
On dira que c'est un cri d'alarme. Oui, il est indispensable mais nous souhaitons que ce ne soit pas seulement un cri d'alarme mais que ce soit vraiment quelque chose qui permette une action concrète, parce que plus que jamais les minorités au Moyen-Orient sont menacées.
Q - Do you think that solving the Israeli-Palestinian conflict would help stamp terrorism in the region and therefore protecting minorities ? And how do you see that Lebanon - by electing a new President - would be a model for good coexistence in the Middle East ?
R - On Lebanon, you know the constitution ; you know the way the different communities have to be respected. Now, there is a real problem that for months and months it has not be possible to elect a President, which brings to a sort of paralysis from an institutional viewpoint. Therefore, the real will of France, who is discussing with all the parties - because it is well-known that we are good friends of Lebanese and of Lebanon, is that the different parties could have an agreement in order to elect this President who is necessary for a good balance in Lebanon.
On the conflict between Israel and Palestine, you remember that France has been supporting a resolution of the UN defining the parameters and helping and accompanying the necessary negotiations between the two parties. We have not changed our mind and in the coming weeks in relations with the different parties, France will be part in proposing a resolution at the UN.
Q - Mr Minister, from CBS News, my question is the crisis in Yemen. With Daesh bombings and Saudi military actions, will that create a mass refugee crisis of ethnic and religious minorities ?
R - It's a new threat, you are right, and a risk of creating a new place where minorities will be persecuted. And it is one of the reasons why, as far as France is concerned, we have expressed and renewed here our support to the legitimate president of Yemen because the international community cannot accept that a part supported by a foreign country would change the legitimacy in Yemen.
Q - Will you support the resolution that is being proposed by the Gulf countries on Yemen, and do you see support in the P5 on such a resolution ?
R - Yes I think the Security Council has to support the return to the legitimacy.
Q - Mr Foreign Minister, can you talk about Iran ? France has been quite vociferous about a stronger position that seems (inaudible) in the United States.
R - Tonight, I will fly to Switzerland to join the discussions about Iran, I will be there tomorrow at noon. And, we shall discuss with the different partners. The position of France has always been the same. We hope that an agreement is possible. We are working for peace and security. What must be the aim ? The aim is well defined in the prologue of the interim agreement, which has been signed in November 2013. And this aim is a sentence which has been pronounced either by President Rouhani or by the Supreme Leader. And it says, quote : «Under no circumstances, Iran will never seek nor possess any nuclear weapon.» End of quote. And it's exactly the position of France. So, as far as the civilian use of nuclear is concerned, Iran has all the rights, 100%. But, as far as the atomic bomb is concerned, the answer is no. Because we don't want any nuclear proliferation ; which is very dangerous for obvious reasons. And therefore, we are trying to draw all the technical consequences of this quote. Which means that we had and we have still to discuss about the duration of the agreement, about R&D (research and development), about the transparency, about centrifuges, you know these issues, and I will not discuss them here publically. It means that we want an agreement, but this agreement has to be robust. There have been progress, but there are still obstacles that we have to overcome. And I hope that an agreement will be possible but it has to be a robust agreement. That's the position of France.
Merci.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 mars 2015