Texte intégral
YVES CALVI
Notre invitée ce matin sur RTL la ministre de la Santé, Marisol TOURAINE, qui répondra je vous le rappelle à vos questions au téléphone à partir de 8 h 20 au 32.10 et qui répond tout d'abord à Jean-Michel APHATIE.
JEAN-MICHEL APHATIE
Bonjour Marisol TOURAINE.
MARISOL TOURAINE
Bonjour Jean-Michel APHATIE.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous êtes décidée à instaurer un tiers-payant généralisé à partir du 1er janvier 2017, ça va vite - c'est-à-dire que chaque assuré social qui ira chez son médecin ne paiera plus mais ce sont et la Sécurité sociale et les mutuelles qui rembourseront directement les médecins, il n'y a qu'un problème : les médecins n'en veulent pas du tout, du tout, du tout, ils manifesteront dimanche pour protester contre cet aspect de ce projet de loi qui sera discuté à l'Assemblée nationale à partir de mardi prochain. Peut-on, Marisol TOURAINE, instaurer une réforme de cette nature, voire de cette importance, contre les professionnels de la santé ?
MARISOL TOURAINE
Je vais répondre tout de suite à votre question, , mais permettez-moi tout d'abord de dire ma tristesse et mon émotion après l'accident qui a coûté la vie à huit de nos compatriotes et trois champions célèbres je crois que chacun s'accordera un moment d'émotion autour de cet accident tragique en Argentine.
JEAN-MICHEL APHATIE
Bien sûr ! Vous avez raison.
MARISOL TOURAINE
Pour ce qui est du tiers-payant, je voudrais rappeler que cette mesure est une des mesures de la loi de modernisation de notre système de santé qui va venir en discussion à l'Assemblée à partir de la semaine prochaine, d'abord en commission.
JEAN-MICHEL APHATIE
En commission ! Oui.
MARISOL TOURAINE
Pourquoi moderniser notre système de santé ? Quelques mots
JEAN-MICHEL APHATIE
Quelques mots ! Oui.
MARISOL TOURAINE
Non ! Mais quelques mots, parce que
JEAN-MICHEL APHATIE
Parce que le reste du projet de loi, visiblement, ne fait pas problème ?
MARISOL TOURAINE
Oui ! Mais justement, mais vous le dites, mais vous le dites, or ce projet de loi ce sont des dizaines des mesures qui répondent à une exigence : renforcer la prévention avec des mesures sur le tabac, enfin contre le tabac, contre l'alcool, pour favoriser les dépistages ; des mesures pour renforcer les droits des patients, par exemple le droit à l'oubli, quand on a été malade, qu'on ne soit pas poursuivi toute sa vie par cette maladie qui vous rend difficile d'emprunter dans les banques par exemple ; et puis des mesures pour favoriser l'accès aux médecins de proximité, avec un numéro de téléphone de garde unique pour trouver un médecin de garde le week-end ou le soir, ou avoir un médecin traitant quand on est un enfant. Donc, il y a des mesures
JEAN-MICHEL APHATIE
Et tout ça qui est utile fait consensus !
MARISOL TOURAINE
Il y a des tas des mesures ! Parce que chacun s'accorde à dire que, si on ne modernise pas notre système de santé, si on ne l'organise pas autour du médecin traitant et j'en viens au tiers-payant
JEAN-MICHEL APHATIE
A la généralisation du tiers-payant !
MARISOL TOURAINE
Si on ne modernise pas ce système de santé, alors il ne pourra pas tenir le choc face au défi que représentent le vieillissement de la population, l'apparition des maladies chroniques notamment et, donc, on ne peut plus se contenter d'avoir un système qui soit structuré autour de l'hôpital, il faut que le médecin généraliste traitant soit le point d'ancrage de notre système. Avoir un médecin qui est le référent, il faut pouvoir y accéder facilement et le tiers-payant
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais il y a
MARISOL TOURAINE
Et le tiers-payant
JEAN-MICHEL APHATIE
D'accord ! Oui.
MARISOL TOURAINE
C'est une façon de faciliter et de favoriser l'accès aux soins, c'est une mesure de justice.
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous voulez dire que c'est une mesure qui est indissociable du reste du projet de loi ?
MARISOL TOURAINE
C'est une mesure qui s'inscrit dans un projet de loi d'accès !
JEAN-MICHEL APHATIE
Pourquoi est-ce que les médecins ne le comprennent pas ?
MARISOL TOURAINE
Non ! Mais les professionnels de santé
JEAN-MICHEL APHATIE
Pourquoi est-ce qu'ils ne le comprennent pas, c'est simple ?
MARISOL TOURAINE
Les médecins, j'ai entendu leur préoccupation - je veux le dire - nous avons beaucoup travaillé au cours des derniers mois et des dernières semaines. Il y avait dans la loi quelques points sur lesquels ils souhaitaient des aménagements, ces aménagements nous les avons faits ensemble et, donc, nous avons avancé. La concertation avec les professionnels, avec les médecins, elle n'a pas abouti à rien, elle a abouti à ce que soit réécrit quelques-uns des articles peu nombreux - mais quelques-uns des articles de la loi qui leur posaient des difficultés. Je vous donne un exemple, qui est très concret : il y avait dans la loi l'idée que le pharmacien pourrait vacciner à la place du médecin, les médecins étaient inquiets, j'ai entendu cette inquiétude
JEAN-MICHEL APHATIE
Vous avez retiré cet aspect-là !
MARISOL TOURAINE
Et j'ai dit : « nous allons expérimenter pour voir si ça fonctionne et comment ça fonctionne ».
JEAN-MICHEL APHATIE
Ils sont de mauvaise foi, alors, quand ils continuent à appeler à manifester dimanche ?
MARISOL TOURAINE
Sur le tiers-payant
JEAN-MICHEL APHATIE
Ils sont de mauvaise foi ?
MARISOL TOURAINE
Il y a un malaise dans la profession médicale qui, je crois, est réel et ne renvoie pas pour l'essentiel au projet de loi. Les médecins s'interrogent sur les conditions dans lesquelles ils vont pouvoir exercer demain la liberté d'installation, je le dis elle n'est pas remise en cause dans le projet de loi, or beaucoup des jeunes que je rencontre me dise : est-ce que la loi va remettre en cause notre liberté de nous installer où nous voulons ? La réponse est clairement non ; Est-ce que demain, vous Jean-Michel APHATIE, vous pourrez continuer à choisir le médecin chez qui vous allez ? La réponse est oui, la loi ne changera rien
JEAN-MICHEL APHATIE
Oui ! Mais, madame, les médecins ont quand même compris que ça ce n'était pas menacé, la généralisation du tiers-payant ils n'en veulent pas
MARISOL TOURAINE
Non ! Donc, le tiers-payant
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais ils n'en veulent pas ?
MARISOL TOURAINE
Oui ! Mais le tiers-payant
JEAN-MICHEL APHATIE
Alors, vous, vous dites : « on va apporter des garanties
MARISOL TOURAINE
Bon ! Qu'est-ce que j'ai dit ? Donc, j'ai entendu les préoccupations
JEAN-MICHEL APHATIE
Sept jours
MARISOL TOURAINE
Vous savez ce que me disent les médecins que je rencontre sur le terrain, c'est : « nous, on ne veut pas d'un système compliqué, on ne veut même pas au fond de savoir comment ça va marcher derrière après tout c'est normal derrière l'ordinateur, ce qu'on veut c'est pouvoir le faire simplement ».
JEAN-MICHEL APHATIE
Simplement et être remboursé rapidement ! Voilà.
MARISOL TOURAINE
Et être payé rapidement ! Et donc j'ai indiqué qu'il y aurait des garanties, que les paiements devraient intervenir dans un délai de sept jours
JEAN-MICHEL APHATIE
Ils sont de combien aujourd'hui, en moyenne, les délais de paiement pour la Sécurité sociale ?
MARISOL TOURAINE
Oh ! Les délais sont inférieurs à sept jours, mais vous avez des situations qui sont anormales
JEAN-MICHEL APHATIE
D'accord !
MARISOL TOURAINE
Mais les délais de quatre cinq jours en moyenne, simplement il y a
JEAN-MICHEL APHATIE
Et, s'il se passe sept jours, il y aura des pénalités ?
MARISOL TOURAINE
Il y aura des pénalités
JEAN-MICHEL APHATIE
Ca pourrait coûter combien à la Sécurité sociale, vous avez des projections ?
MARISOL TOURAINE
Oh ! Pas forcément beaucoup, parce que je pense que dans ces cas-là les retards ont tendance à disparaître de façon assez rapide.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc pas de problème
MARISOL TOURAINE
Non ! Donc, il y aura une
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais la mobilisation risque d'être importante ?
MARISOL TOURAINE
Et puis, par ailleurs, j'ai indiqué qu'il y aura une montée en charge progressive. L'année prochaine, 1er juillet 2016, ce sont les patients qui sont pris en charge à 100 % par l'assurance maladie qui pourront bénéficier du tiers-payant, ce sont les malades graves - donc qui vont souvent chez leur médecin - mais c'est aussi par exemple les femmes enceintes - il y a 800.000 femmes qui accouchent chaque année et qui sont prises en charge à 100 % - elles pourront disposer du tiers-payant à partir du 1er juillet ; et il y aura un temps d'adaptation, c'est-à-dire que les médecins disposeront de plusieurs mois pour que le système monte en charge, pour qu'ils puissent se l'approprier, et c'est six mois après que cela deviendra un droit pour les patients ; et c'est la même démarche qu'à partir de 2017 nous mettrons en place progressivement une possibilité ouverte à partir du 1er janvier et à la fin de l'année 2017
JEAN-MICHEL APHATIE
D'accord !
MARISOL TOURAINE
Un droit pour tous les Français.
JEAN-MICHEL APHATIE
Donc vous tenez bon, des médecins sans doute vous interrogeront tout à l'heure sur l'antenne de RTL, par ailleurs peut-être quelqu'un aura-t-il l'occasion de vous parler de la loi sur la fin de vie qui sera discutée à l'Assemblée nationale.
MARISOL TOURAINE
Oui !
JEAN-MICHEL APHATIE
Mais je voudrais aborder avec vous un autre problème, on a lu hier une interview dans Le Parisien d'Aquilino MORELLE, un ancien conseiller de François HOLLANDE à l'Elysée qui a du démissionner il y a un an de son poste, une interview un peu menaçante pour le gouvernement et l'Exécutif - il est aujourd'hui sous votre responsabilité haut fonctionnaire à l'Inspection générale des affaires sociales - est-ce qu'on peut être haut fonctionnaire et puis menacer le gouvernement avec un livre, en disant : « Oui ! Il va dans le mur et il y aura des chômeurs supplémentaires à la fin du quinquennat » ?
MARISOL TOURAINE
Ecoutez ! Il est à l'Inspection générale des affaires sociales, qui est une inspection
JEAN-MICHEL APHATIE
Sous votre responsabilité !
MARISOL TOURAINE
Et celle du ministre du Travail ! Eh bien il n'y a rien dans le comportement à ce jour d'Aquilino MORELLE qui soit incompatible avec les fonctions qu'il exerce, mais c'est exact qu'un haut fonctionnaire est tenu à un devoir de réserve.
JEAN-MICHEL APHATIE
Qu'il a observé ou pas ?
MARISOL TOURAINE
A ce jour rien ne va à l'encontre de ce devoir de réserve et je suis convaincue qu'il continuera de cette façon.
JEAN-MICHEL APHATIE
Après un café, nous livrons la ministre de la Santé aux auditeurs de RTL.
YVES CALVI
Merci à tous les deux ! Entretien à réécouter et à retrouver sur le site rtl.fr. Vous l'avez compris, madame la ministre vous restez avec nous, les auditeurs vont pouvoir vous poser des questions, parmi eux pourquoi pas des médecins, tout cela au 32.10 et ce sera à partir de 8 h 15. Donc, bon café à tous les deux.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 mars 2015