Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, en réponse à une question sur le génocide rwandais, à l'Assemblée nationale le 7 avril 2015.

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Circonstance : Questions d'actualité à l'Assemblée nationale, le 7 avril 2015

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,
Nous sommes bien sûr disposés à dire toute la réalité. Le génocide rwandais, vous l'avez rappelé, est l'une des pages les plus tragiques de l'Histoire récente : un million d'innocents ont été massacrés parce qu'ils étaient Tutsis ou parce qu'ils s'opposaient à la folie meurtrière d'un système.
Vous avez fait allusion à un rapport fait par l'Assemblée nationale. Vous avez raison, une mission parlementaire a étudié très soigneusement le rôle de notre pays. Le rapport est long, je vous cite ses conclusions : «Si la France n'a pas apprécié à sa juste valeur la dérive politique du régime rwandais, elle a été le pays le plus actif pour prévenir la tragédie de 1994». Je crois qu'il faut dire les choses telles qu'elles sont.
Par ailleurs, vous faites référence à l'actualité et à toute une série de procès et, là aussi, je voudrais donner la réalité des chiffres : il y a eu une condamnation l'année dernière, deux renvois aux assises cette année et plus de 20 dossiers qui sont en cours d'instruction et qui seront donc jugés. Il n'y a pas lieu de plaider pour je ne sais quelle impunité, le gouvernement français est parfaitement objectif dans cette affaire et l'impunité n'a pas lieu d'être.
Enfin, je voudrais rappeler un élément qui sort peut-être de notre sujet mais qui est intéressant pour l'avenir. Vous savez que nous nous mobilisons pour empêcher à l'avenir les génocides et, en ce sens, nous sommes la seule puissance, membre permanent du conseil de sécurité - je l'espère rejointe par d'autres -, qui proposons que les cinq membres permanents du conseil de sécurité renoncent volontairement à leur droit de veto en cas d'atrocité de masse. Cela dit assez la détermination du gouvernement français.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 avril 2015