Texte intégral
Monsieur le Sénateur, vous posez la question très complexe des négociations de ce que l'on appelle le P5, les cinq membres permanents du conseil de sécurité, plus l'Allemagne d'un côté, et de l'Iran. Ce sont des négociations qu'au nom de notre pays j'ai menées de bout en bout.
Vous insistiez sur deux aspects. D'abord, qu'allons-nous faire d'ici le mois de juin, puisque, normalement, la date-butoir est au 30 juin. Pour ce qui concerne la France, nous allons maintenir la ligne que nous avions choisie dès le début qui, je crois, est respectée par tous et a produit un certain nombre de résultats. C'est-à-dire que nous avons une attitude constructive mais extrêmement exigeante. Parce que ce dont il s'agit dans cette affaire, ce n'est pas simplement de l'Iran. La question de la prolifération nucléaire est le cœur du sujet.
Nous avons toujours dit que, s'il cela était possible, nous souhaitions aboutir à un accord mais que cet accord nécessitait que rien ne reste dans l'ombre. Nous avons avancé. Nous avons avancé - je ne vais pas entrer dans les détails - sur les centrifugeuses, sur le stock d'uranium à la disposition de l'Iran, sur le pourcentage d'enrichissement, sur le réacteur d'Arak, sur ce qui sera possible dans le site de Natanz et sur ce qui est envisagé dans le site très souterrain de Fordo.
Nous avons avancé et c'est cela qui a permis un projet d'accord. Mais il reste quand même des sujets sur lesquels nous ne sommes pas encore en accord et notamment la question des sanctions économiques, qui est la deuxième partie de votre question. Et le guide suprême - on l'appelle ainsi - en Iran vient de faire des déclarations, auxquelles je vous renvoie, qui montrent qu'il y a encore, comme je l'ai dit l'autre jour à la commission des affaires étrangères, beaucoup de travail à faire.
Pour les sanctions, qui est une question très compliquée, ma position est la suivante : s'il y a un accord, il y aura une levée des sanctions, mais cette levée devra se faire en proportion du respect par l'Iran de cet accord. Et la question est posée : qu'arrivera-t-il s'il y a une contravention avec les engagements ? C'est le mécanisme que l'on appelle en anglais le «snap back», le retour en arrière. Et nous n'avons pas abouti, jusqu'à présent, à nous mettre d'accord sur ce mécanisme.
Nous allons travailler en ce sens. Il est évident que, si l'on arrive à un accord complet, il y aura des conséquences très importantes sur le plan économique, qui concerneront la totalité des pays et aussi la France.
Mais, puisque c'est l'essentiel de votre question, la France continuera à avoir une attitude indépendante et à se prononcer en faveur des exigences de la non-prolifération nucléaire et de la paix.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 avril 2015