Texte intégral
Je remercie la Banque mondiale d'avoir bien voulu organiser cette année avec nous une table ronde sur la situation en République centrafricaine, comme nous l'avions fait l'an dernier. La table ronde de 2014 avait permis une première mobilisation de la communauté internationale en faveur de la République centrafricaine et en appui aux efforts du gouvernement de transition, qui venait alors d'être nommé.
Il s'agit aujourd'hui d'être cohérent avec nos engagements d'hier, de maintenir, et si possible accroître, nos appuis à la République centrafricaine, de rester mobilisés. Il s'agit de continuer à accompagner les actions de stabilisation, de rétablissement de l'administration et des services publics essentiels, afin de permettre au processus de transition de parvenir à son terme et de remettre en marche les moteurs du développement économique et social.
Je souhaite adresser des remerciements particuliers aux deux représentants parmi nous de la République centrafricaine, Mme Limbio, ministre du plan de l'économie et de la coopération internationale, et M. Kadre, ministre des finances et du budget, qui vont vous exposer dans un instant les efforts déjà déployés et les premiers fruits de leur travail.
Le 11 mars dernier, à Bangui, la présidente de transition, Mme Catherine Samba-Panza a eu l'occasion d'exposer aux ambassadeurs du Conseil de sécurité des Nations unies les avancées et les efforts conduits par les autorités centrafricaines, ainsi que leurs attentes vis-à-vis de la communauté internationale. Avant-hier, Mme Limbio et M. Kadré ont dressé un état des lieux du processus de transition et des besoins persistants en RCA devant le comité d'aide au développement de l'OCDE, que préside M. Erik Solheim, dont je salue la présence parmi nous aujourd'hui.
De ces différentes interventions, il ressort clairement que le gouvernement de transition a enclenché les réformes nécessaires, même si les défis restent immenses, pour aller jusqu'aux élections, rétablir l'État de droit et les fonctions gouvernementales de base, redresser les finances publiques, engager le processus de désarmement-démobilisation-réintégration et relancer l'économie.
Ces efforts ont besoin d'être encore soutenus et nous devons encourager de façon déterminée les processus positifs en cours afin qu'il permette un redressement dans la durée de la République centrafricaine. Dans l'immédiat, trois urgences sont devant nous qui menacent le processus de transition et de stabilisation, si elles ne sont pas traitées rapidement. Elles se traduisent par trois besoins immédiats, trois priorités («gaps») de financement auxquels il convient de répondre :
- humanitaire : le plan de réponse humanitaire de l'ONU pour la République centrafricaine en 2015, évalué à 615 millions de dollars, n'est financé aujourd'hui qu'à hauteur de 11% ;
- électoral : alors que le processus de préparation des opérations électorales a commencé grâce aux premières contributions reçues, notamment de l'Union européenne, dans le fonds (basket fund) élections géré par le PNUD, ce dernier accuse encore un déficit de 16 millions de dollars. Ce serait un comble que le processus électoral en RCA soit freiné par des questions de logistique alors qu'il constitue une étape essentielle de la sortie de crise ;
- budgétaire : notre réunion doit permettre d'échanger plus précisément sur ce sujet. Des efforts importants de redressement des finances publiques sont en cours, qui doivent, eux aussi, être encouragés par la communauté internationale, pour maintenir les services publics essentiels et pour rétablir l'autorité de l'État.
L'enjeu que représente la RCA, notamment pour la sécurité de l'Afrique, sont tels qu'ils nécessitent l'attention de tous. Un processus est engagé, il amène des progrès visibles et doit continuer d'être encouragé.
Au-delà de son engagement dans le domaine de la sécurité, la France s'est associée l'an passé, avec l'Allemagne et les Pays-Bas, à la décision de la Commission européenne de créer le fonds multi-bailleurs (trust fund) Bêkou pour la RCA - Bêkou signifiant «espoir» en langue sango. Comme vous l'expliquera tout à l'heure le commissaire européen au développement, M. Mimica, dont je salue la présence parmi nous, le Fonds Bêkou produit ses premiers résultats sur le terrain, et est prêt à s'ouvrir à de nouveaux contributeurs, y compris extra-européens.
Le 26 mai prochain, je serai à Bruxelles aux côté du commissaire Mimica dans le cadre d'une nouvelle réunion internationale sur la RCA, qui sera davantage centrée sur les besoins humanitaires et sur les conditions d'un redressement à moyen et long terme. Ce sera notamment l'occasion, je l'espère, de valoriser les résultats du Forum de Bangui qui doit se tenir à la fin du mois et qui constitue une étape essentielle du processus de stabilisation du pays.
Je vous remercie encore pour votre présence, et je cède maintenant la parole à nos partenaires centrafricains.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 avril 2015