Déclaration de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'État aux anciens combattants et à la mémoire, sur le centenaire du génocide arménien et sur les Arméniens et la France, à Vaulx-en-Velin le 22 avril 2015.

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Circonstance : Cérémonie commémorative du génocide arménien, à Vaulx-en-Velin le 22 avril 2015

Texte intégral

Monsieur le préfet,
Madame la députée-maire, chère Hélène,
Monsieur le Consul général de la République d'Arménie à Lyon,
Madame la conseillère régionale,
Mesdames et messieurs les élus,
Madame la présidente de la Croix Bleue des Arméniens de France,
Mesdames et messieurs, chers élèves,
Je veux vous dire avant toute chose que c'est pour moi un grand plaisir d'être à vos côtés et je veux remercier madame la députée-maire, chère Hélène, pour son invitation. Cette cérémonie témoigne de l'attachement profond des Arméniens à la France. Un attachement dont la France est aussi fière qu'honorée.
Nous commémorons aujourd'hui une tragédie. Une tragédie qui trop longtemps n'a pas eu de nom alors qu'il n'en existe qu'un pour la décrire : un génocide. C'est par ce mot que la France reconnaît depuis 2001 les terribles souffrances infligées au peuple arménien.
Il y a 100 ans, 650 intellectuels arméniens étaient arrêtés dans leur pays. Ils étaient les premiers d'une longue liste qui allait en compter 1,5 millions.
Les villages étaient vidés de toute humanité, les hommes fusillés, les femmes et les enfants déportés. Non pas pour ce qu'ils avaient fait mais pour ce qu'ils étaient : des Arméniens.
Je serai vendredi à Erevan aux côtés du président de la République pour saluer leur mémoire. C'était une volonté forte du président. C'est une manière de dire aux Arméniens que la France sera toujours à leurs côtés car ils font partie de notre histoire.
A l'occasion de cette cérémonie, nous penserons aussi à ces centaines de milliers d'Arméniens qui ont été chassés de leur terre.
Il fallut alors trouver une nouvelle terre où s'installer. Une nouvelle patrie à adopter. Une nouvelle Nation qui les adopterait.
Pour beaucoup, ce fut le choix de la France. Leurs enfants, leurs petits-enfants, leurs arrière-petits-enfants sont parmi nous aujourd'hui.
Une France qui, au-delà de la reconnaissance des souffrances endurées, veut adresser aux Arméniens un message de remerciement et de gratitude. Car ce n'est pas qu'en foulant notre sol que les Arméniens ont contribué à l'histoire de la France mais c'est en étant à nos côtés dans chacune des épreuves traversées.
Durant la Grande Guerre, en s'engageant sur le front pour lier leur destin personnel à celui de leur pays nouvellement adopté.
Durant la seconde guerre mondiale en participant à la Campagne de France et en rejoignant les rangs de la Résistance. Je pense à Missak Manouchian, celui dont les parents ont été arrachés à la vie en 1915, qui s'engage dès 1939 pour un pays qui ne l'avait pas vu naître. Ou encore à Dihran Voskeritchian, envoyé ici, à Lyon, après l'arrestation du groupe Manouchian. Autant de noms qui sont ceux de la France résistante et de la France Libre.
Etre Français de cœur, devenir français par la nationalité, parfois par le sang versé, sans jamais rien oublier de leurs origines, de leurs parcours, de leurs traditions, de leur histoire et de leur mémoire. Voilà ce dont témoignent magnifiquement les Arméniens.
Aujourd'hui, la mémoire arménienne vit partout en France.
Elle vit bien sûr au jardin d'Erevan à Paris, devant la statue de Komitas où je me recueillerai vendredi soir aux côtés du Premier ministre.
Elle vit au Mont-Valérien où Missak Manouchian fut fusillé le 21 février 1944.
Elle vit à Marseille, devant le mémorial du génocide.
Elle vit à Décines, tout près d'ici, où a été construit le Centre National de la Mémoire Arménienne.
Elle vit ici, à Vaulx-en-Velin. Elle est ancrée dans les consciences. Elle habille chacune des 100 roses que vous vous apprêtez à déposer. Elle sera abritée et préservée par cet arbre du souvenir.
Il était important de venir souligner que cette mémoire arménienne s'inscrit partout dans le territoire. Qu'elle est la mémoire de la France et de la République. Qu'elle appartient à cette belle et riche mémoire nationale qui doit se manifester partout.
Voilà le message de cette cérémonie et je veux tous vous remercier une dernière fois de m'y avoir associé.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 28 avril 2015