Déclaration de Mme Annick Girardin, secrétaire d'Etat au développement et à la francophonie, sur l'aide en faveur du développement du Burkina Faso et sur la lutte contre le dérèglement climatique, à Ouagadougou le 26 avril 2015.

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Circonstance : Déplacement en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et au Niger, du 25 au 28 avril 2015

Texte intégral


Mesdames, Messieurs,
Chers Amis burkinabè,
Mes Chers Compatriotes,
Je suis heureuse d'être parmi vous ce soir, à Ouagadougou, au Burkina Faso, où je suis venu parler de climat, et de développement.
Demain, j'aurai le plaisir de m'entretenir avec le ministre de l'environnement, pour parler avec lui du climat.
Le climat, c'est notre grand défi, le grand défi de la France, mais aussi de tous ceux qui veulent agir pour un monde plus responsable. En décembre, la France accueillera, à Paris, la 21e conférence sur le changement climatique. Ce sera la plus grande réunion internationale jamais organisée en France. Nous attendons 40.000 participants, de tous les pays du monde. Nous voulons parvenir à un accord de Paris, universel, juste, équitable et surtout ambitieux. Notre ambition, c'est limiter le réchauffement climatique à deux degrés, et ainsi éviter des conséquences irréversibles.
Car ces effets, ce sont d'abord les plus pauvres qui en font les frais. Au Burkina, comme dans l'ensemble des pays des sahels, les enjeux sont déjà très concrets : un climat qui change, c'est de l'insécurité alimentaire en plus. Un climat qui change, c'est des problèmes d'eau plus aigus. Et la pauvreté, c'est souvent le lit des conflits, des violences dans une région, le Sahel, qui n'a aujourd'hui pas besoin qu'on lui rajouter une crise climatique, alors qu'elle se bat déjà, quotidiennement pour le développement, la paix et la sécurité.
D'après les données que j'ai pu consulter, au cours du siècle écoulé, les pluies se sont réduites de 20% à Ouagadougou. Impossible de dire que le changement climatique est la cause unique de ce phénomène, mais ce que prédisent les scientifiques, c'est que si nous ne faisons rien, cela risque d'être pire dans le siècle à venir.
Ces sujets, ils sont totalement connectés aux enjeux de développement et de lutte contre la pauvreté, dans un pays principalement agricole, où une grande partie du revenu des populations vient de l'agriculture et de l'élevage. Le changement climatique est une machine à produire de la pauvreté, si nous ne faisons rien.
C'est pour cela que notre objectif, à Paris, et plus généralement en 2015, ce doit être «zéro carbone et zéro pauvreté». Car si les pays les plus pauvres sont les plus touchés, nous ne pouvons pas leur demander d'agir si nous ne prenons pas en compte les besoins de développement. Or les solutions existent. J'ai lu avec beaucoup d'attention un article dans Libération la semaine dernière, qui décrivait dans le détail les stratégie d'adaptation des paysans du Burkina, qui construisent des murets pour retenir l'eau, protéger les culture, et augmenter les rendements. J'ai visité aussi des projets de terrain sur les foyers améliorés qui montrent que nous savons répondre en même temps au défi du développement, de la préservation des ressources - ici le bois - et de la santé des femmes, qui sont les premières victimes, avec les enfants, de l'utilisation de foyers à mauvaise combustion.
Limiter le réchauffement climatique est donc l'affaire de tous. Et c'est pour cela que je suis aujourd'hui au Burkina Faso. Et chacun doit agir, à son niveau, pour limiter ces dérèglements : chaque État va donc définir sa contribution nationale, c'est-à-dire son propre modèle pour arriver à « zéro carbone et zéro pauvreté. Je veux saluer ici l'engagement des pays africains, car au fond, ce sont eux qui ont le moins pollués, et pourtant aujourd'hui, ils prennent toute leur responsabilité, en s'engageant, bien sûr à la hauteur de leurs moyens comme les autres pays, la Chine, les États-Unis pour la préservation de la planète.
Il ne s'agit pas de freiner le développement du pays, qui enregistre ces dernières années un taux de croissance encourageant pour diminuer la pauvreté. Mais il s'agit au contraire de profiter des opportunités offertes par l'économie verte, les énergies renouvelables permettent aussi de faire reculer la pauvreté et de créer des emplois. Nous voulons que d'ici 2020, 100 milliards de dollars soient mobilisés, chaque année, pour aider les pays en développement à devenir des économies vertes, sans carbone et sans pauvreté. L'Afrique fait partie de la solution, et l'Afrique a ses solutions pour un développement durable et respectueux de l'environnement. C'est ce que je suis venu dire, c'est ce que je suis venu voir.
Je voudrais aussi vous parler, ce soir, de l'aide au développement. La France est un bailleur important dans ce pays, à travers les projets d'aide au développement mis en oeuvre par l'Ambassade et par l'Agence française de développement. Mais il est souvent difficile, pour le citoyen français, pour le contribuable, mais aussi pour le citoyen burkinabé qui bénéficie de cette aide, d'en avoir une vision claire. La transparence de l'aide est pourtant une exigence citoyenne ; c'est aussi notre grand combat. En 2013, au Mali, nous avons mis en place un site internet pilote, qui permet à tous les internautes de voir clairement qui bénéficie de l'aide, combien ça coûte, où sont les projets, comment ils avancent. J'ai l'honneur et le plaisir de vous annoncer qu'à partir de demain, ce site internet dédié à la transparence de l'aide sera étendu aux 16 pays prioritaires de l'aide au développement française. Le Burkina Faso fait partie de ces pays. À partir de demain, en allant sur le site www.transparence-aide.gouv.fr, vous pourrez suivre et visualiser l'avancée des projets français au Burkina Faso. Ce site sera interactif : vous pourrez poster vos commentaires, vos questions ou des compléments d'informations, et exercer un véritable «contrôle citoyen» sur notre aide au développement.
Quand je parle de transparence dans l'utilisation des fonds publics, je parle en fait de bonne gouvernance. Les Français, comme les Burkinabè, réclament une meilleure gouvernance et une administration exemplaire. Vous vivez au Burkina Faso, vous aimez ce pays et vous contribuez à son développement. Vous savez à quel point la bonne gouvernance, c'est justement ce que le peuple burkinabé, notamment la jeunesse burkinabé, a réclamé lors des journées du 30 et du 31 octobre dernier. Après la démission de Blaise Compaoré, des autorités de transition ont été désignées, avec pour mission d'organiser des élections, afin de ramener le pays sur la voie de la démocratie. La France, comme le reste de la communauté internationale, continue d'appeler à une transition apaisée, responsable, inclusive et consensuelle Elle se tient aux côtés des institutions de transition pour garantir aux Burkinabé un avenir démocratique, une meilleure gouvernance et un développement juste et équitable.
Je vous remercie.
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 avril 2015