Déclaration de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'Etat aux anciens combattants et à la mémoire, en hommage aux combattants français libérateurs du Massif de l'Authion en avril 1945, à Nice le 28 avril 2015.

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Circonstance : 70e anniversaire de la Libération du Massif de l'Authion, à Nice (Alpes-Maritimes) le 28 avril 2015

Texte intégral

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Député-Président du Conseil Départemental,
Monsieur le Député-Maire,
Monsieur le Vice-Président du Conseil régional,
Monsieur le Président de l'Amicale de la 1ère Division Française Libre,
Monsieur le représentant de la Fondation de la France Libre,
Monsieur le Délégué militaire départemental, mon colonel,
Officiers, sous-officiers, soldats,
Mesdames, Messieurs,
Il y a 70 ans, le Massif de l'Authion était libéré après d'âpres combats. Les soldats de la France s'apprêtaient à franchir la frontière franco-italienne. Certains de ces hommes avaient parcouru 90 000 kilomètres au cœur d'une guerre qui sévissait en Europe depuis cinq ans, avant d'arriver là. 90 000 kilomètres durant lesquels s'étaient manifestés leur courage, leur sens du devoir et leur foi en la France libre et victorieuse.
Ils avaient été de tous les combats et de toutes les campagnes : depuis la Norvège jusqu'à l'Alsace en passant par Bir Hakeim, la Tunisie, l'Italie et les Alpes.
Ces hommes, ce sont ceux de la 1ère Division de la France Libre. Ce sont ceux de la 13eDemi-Brigade de Légion Etrangère et du Bataillon d'Infanterie de Marine et du Pacifique à qui le général de Gaulle adresse sa reconnaissance en remettant à leurs régiments la Croix de la Libération lors de son passage à Nice le 9 avril 1945, il y a 70 ans.
Depuis l'hôtel de ville, il annonce à la foule, comme il l'écrira plus tard dans ses Mémoires, que « nos armes vont franchir les Alpes ».
Si le débarquement de Provence le 15 août 1944 avait conduit à la libération de Nice le 28 août, il fallut attendre encore plusieurs mois avant que la région recouvre sa liberté.
Plusieurs mois durant lesquels la 1ère Division de la France Libre, aux côtés du Bataillon d'Infanterie de Marine et du Pacifique, doivent s'emparer du massif de l'Authion transformé en forteresse par les Allemands, libérer la vallée de la Roya et occuper une partie du territoire italien.
Le 24 avril 1945, les troupes allemandes battent en retraite mais au prix de lourds sacrifices : 56 hommes du 1er BIMP sont morts au combat. Le 25 et le 26 avril, les Français pénètrent dans Tende, La Brigue et Vintimille.
Voilà ce qu'est l'histoire de la libération du massif de l'Authion.
Une histoire de courage, de sacrifices et de fraternité des armes.
Une histoire qui marque la volonté de la France de participer pleinement à sa libération et à celle de l'Europe.
Une histoire que l'Amicale de la 1ère Division Française Libre propose de revivre, à travers un voyage mémoriel, sur les pas de nos aînés.
Je veux profiter de l'occasion qui m'est donnée pour rendre hommage plus largement à cette terre des Alpes-Maritimes qui durant cinq longues années, mena le combat contre le nazisme. Une terre occupée d'abord par les troupes italiennes en 1942, puis par les Allemands le 8 septembre 1943.
Une terre qui a eu ses combattants et ses héros : Jacques Mouchel-Blaisot et Edmond Magendie, Compagnons de la Libération ou encore le caporal Pécro, qui reçoit des mains du général de Gaulle la croix de Libération. Le lendemain, il meurt au combat, dans le massif de l'Authion.
Une terre qui a eu ses résistants : Pierre Durant alias « Georges » ou encore Henriette Dubois ; ses Justes parmi les Nations : Pierre Gagnier et Clémentine Riccobono, pour ne citer que ceux-là.
Une terre qui a eu ses victimes, ses réfugiés, ses déportés : plus de 3 600 juifs sont raflés et déportés dont 400 nourrissons, enfants et adolescents. Parmi eux, Georges Laurenti, né à Nice, déporté à l'âge de 3 ans, mais aussi certains des enfants de la maison d'Izieu raflés le 6 avril 1944 et à qui le président de la République a rendu hommage.
Mesdames et messieurs, j'ai tenu à venir rappeler aujourd'hui cette histoire parce qu'elle est constitutive de votre identité, mais aussi parce qu'elle est l'histoire de la France.
Une histoire qui a 70 ans et qui peut paraître lointaine à certaines générations qui n'ont pas connu la guerre. Mais une histoire dont les soldats d'aujourd'hui sont les héritiers. Je veux saluer la présence du 126e Régiment d'infanterie et du 1erRégiment Etranger.
Hier, nos combattants ont répondu à l'appel de la France, comme ils y répondent encore aujourd'hui, au Liban, au Mali, en Centrafrique, en Irak. Partout, ces femmes et ces hommes portent haut les couleurs de la France, avec fierté et responsabilité.
Si la liberté se défend par le travail de mémoire, elle est aussi un combat que la France mène en engageant ses soldats, pour la liberté des peuples qui en sont privés et pour la sécurité de la France et de l'Europe.
Officiers, sous-officiers, soldats, depuis six mois que je travaille aux côtés du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, je mesure ce qu'il faut d'engagement, de courage et de dévouement pour accomplir les missions que la France vous confie, à l'intérieur de ses frontières comme dans l'opération Sentinelle, ou à des milliers de kilomètres de vos villes, de vos foyers, de vos familles.
Ces missions, c'est de venir en aide à vos concitoyens et de garantir leur sécurité ; c'est de lutter contre le terrorisme ; c'est de faire respecter les droits de l'Homme ; c'est de secourir les populations menacées ; c'est d'œuvrer au rétablissement de la paix.
Je voudrais saluer ici votre engagement au nom d'un idéal. Celui que vous avez fait le choix d'embrasser en devenant des soldats de la République. La France en est honorée. Elle en est fière. Comme elle était fière de l'engagement de vos prédécesseurs en 1945, ceux-là même qui lui ont rendu son honneur.
Mesdames et messieurs, 70 ans après, la France revit sa libération. Chacune de ses places qui accueille une cérémonie, est une fenêtre ouverte sur l'histoire. Celle des héros de la libération venus de métropole, d'Outre-mer, des anciennes colonies, des pays alliés. Ceux qui font que notre histoire est une mais que notre mémoire est plurielle.
C'est pourquoi ici, à Nice, j'affirme que la France a su, il y a 70 ans, renouer avec son destin, celui d'une grande Nation. Je suis ici pour dire que notre pays est toujours plus fort lorsqu'il est rassemblé.
Pour dire que la République s'est enracinée en surmontant les épreuves que le XXe siècle a mises sur son chemin.
Pour dire que nous devons aujourd'hui, au nom de cette histoire, nous montrer à la hauteur du combat mené hier par nos aînés.
Tel est le message des combats de l'Authion que vous m'avez permis de rappeler aujourd'hui.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 30 avril 2015