Texte intégral
Merci beaucoup Monsieur le Maire et ancien Premier Ministre, Cher Alain pour ce propos et cet accueil,
Mesdames et Messieurs les Élus,
Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
Merci de nous accueillir dans cet Hôtel de Ville de Bordeaux. La dernière fois que nous avons prononcé un discours côte à côte, je crois que c'était en mai 2012, dans les jardins du Quai d'Orsay, au moment où vous m'aviez transmis les rênes de cette magnifique maison qu'est le ministère des affaires étrangères. Pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté, je précise qu'il ne s'agit nullement aujourd'hui du même exercice appliqué à la mairie de Bordeaux, c'est tout à fait clair.
Si je suis venu ici avec plaisir, c'est parce que Bordeaux et toute la région, en matière de tourisme, se développent d'une façon remarquable, et qu'il se trouve que le ministère des affaires étrangères maintenant s'occupe aussi du tourisme et du commerce extérieur.
Un jury indépendant a décidé que parmi les projets de «contrats de destination» qui lui ont été proposés, Bordeaux et sa région devaient être honorés.
Nous allons signer dans quelques instants ce «contrat de destination» que nous avons, je crois, déjà signés mais deux fois valent mieux qu'une.
Ce qui a été dit à l'instant par Alain Juppé sur le tourisme est parfaitement exact. Je ne sais pas pourquoi, pendant très longtemps, le tourisme n'a pas été considéré à part entière comme un secteur économique alors que c'est un secteur absolument essentiel et dans lequel - ce n'est pas vrai pour tous - la France est au tout premier rang et possède des avantages comparatifs, comme l'on dit. Lorsque l'on interroge les citoyens du monde, en leur demandant quel est le pays où ils souhaitent se rendre en priorité, ce qui sort en numéro un, c'est la France ; ce n'est pas vrai dans tous les domaines mais c'est le cas pour celui-là. Or, il se trouve que le secteur du tourisme va, dans les années qui viennent, se développer énormément.
Je ne vais pas vous abreuver de chiffres, mais retenez simplement ces deux-là qui sont simples à mémoriser : aujourd'hui, il y a un milliard de personnes qui voyagent dans le monde ; dans 15 ans, il y en aura deux milliards. Donc, si nous sommes capables de capter une partie significative de ce milliard existant et de ce milliard à venir, la situation économique de la France se présentera différemment. Comme cela a été très bien dit, le tourisme, c'est d'abord de l'emploi et de l'emploi non délocalisable. Ce sont des recettes par définition lorsque ce sont des touristes étrangers et on en a bien besoin pour équilibrer notre commerce extérieur. Il faut donc mettre l'accent sur le tourisme.
C'est l'objet de ces «contrats de destination». Jusqu'à présent il y en a onze. Nous allons, dans les semaines qui viennent, en signer neuf supplémentaires qui ont pour objet de rassembler les énergies, les bonnes volontés, que ce soit le public, le privé, les professionnels, les établissements - c'est ce qui a été fait ici. L'État apporte un peu d'argent mais c'est surtout une occasion de préciser les objectifs, qui sont ceux qui ont été dits et qui tombent d'ailleurs sous le sens :
- l'oenotourisme - ce matin, nous avons visité cette magnifique cité des civilisations du vin qui, j'en suis sûr, aura un grand succès ;
- le tourisme fluvial parce que la France est l'un des pays qui, par ses canaux et aussi par sa façade maritime, peut se développer le plus en matière de croisière fluviale et maritime. C'est pourquoi j'ai confié une mission à un professionnel du secteur touristique, M. Jacques Maillot, qui me fera en mai des propositions de développement à ce sujet : comment aller plus loin en matière de croisière ;
- et puis le patrimoine naturel et le patrimoine culturel qui, ici, dans toute cette région sont effectivement exceptionnels.
C'était donc pour moi l'occasion de saluer le tourisme en général et en particulier ce qui est fait ici, à Bordeaux métropole, et plus largement encore.
Une citation a été faite, je crois que Stendhal a dit la même chose sur Rouen donc il va falloir le convoquer, mais c'est le grand talent des auteurs de génie de pouvoir dire des choses uniques sur des lieux multiples. Puisque nous en sommes à citer des auteurs, je ne peux pas résister à cette citation d'Oscar Wilde que je trouve pleine d'humour à propos de Bordeaux - je ne sais pas si tu la connais et si les droits d'auteurs ne sont pas trop importants, je vous autorise tous à la réutiliser ensuite : «Les Français sont si fiers de leurs vins qu'ils ont donné à certaines de leurs villes le nom d'un grand cru». Je trouve que c'est refaire l'Histoire d'une façon intéressante.
En tout cas, il est vrai que si nous voulons développer le tourisme et l'emploi qui va avec, il faut non seulement que nous comprenions mais que nous organisions les choses de façon telle que ce ne soit pas simplement à Paris et dans la région parisienne que l'on se précipite. Il est vrai que Paris est un bijou extraordinaire mais chaque région de France possède des beautés et notre rôle est de faire en sorte que l'on mette en valeur ces beautés, qu'on les rende accueillantes, qu'il soit possible de s'y rendre sans difficultés, que les sites sur Internet soient aisément référencés. De ce point de vue, une décision a été prise - je parle pour les spécialistes - concernant Booking.com qui va dans le bon sens même s'il reste encore des choses à faire. Nous avons là énormément de perspectives positives.
Avec Alain Juppé, nous avons notamment un ami commun, Louis Schweitzer, commissaire général à l'investissement, qui a bien compris que le tourisme était un secteur économique d'avenir et qui a décidé que le prochain programme d'investissements d'avenir comportera un volet de soutien financier au tourisme. Je crois que c'est une excellente idée.
Certains pourront s'étonner du sérieux de s'occuper du tourisme pour un ministre des affaires étrangères. Non seulement c'est sérieux mais c'est décisif. Je pense qu'il est tout à fait possible - on le montre - à la fois de signer un pré-accord concernant le nucléaire iranien et, quelques jours plus tard, de signer un «contrat de destination» concernant le tourisme. Au fond, c'est une seule et même idée, c'est le rayonnement de la France. Nous nous trouvons dans une situation qui bouge en ce début du XXIe siècle où la diplomatie, puisque c'est de cela dont je m'occupe et c'est de cela dont s'est aussi occupé Alain Juppé, est nécessairement une diplomatie globale. C'est donc à la fois une diplomatie stratégique, culturelle, économique, sportive, scientifique et une diplomatie touristique. C'est tout cela qu'illustre le parcours que nous avons fait ce matin.
Cher Alain, merci encore de la gentillesse de cet accueil, je n'ai aucune inquiétude pour Bordeaux et pour sa région, vous êtes et vous serez de plus en plus une destination touristique magnifique.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 mai 2015