Texte intégral
Madame la Ministre du Logement, de l'Égalité des territoires et de la Ruralité, Chère Sylvia Pinel,
Monsieur le Secrétaire général, cher Francis Rol-Tanguy,
Mesdames et Messieurs les représentants de l'Association des Anciens combattants,
Mesdames, Messieurs,
Il y a de cela 70 ans, quelques mois avant l'achèvement définitif de la Libération de la France et la victoire des armées alliées que nous commémorons demain, très exactement le 21 février 1945, une ordonnance signée par le général de Gaulle, Chef du Gouvernement provisoire, créait sous l'autorité du Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme, ancêtre commun de nos deux administrations, une Direction du déminage dont les agents, nos collègues d'antan, allaient accomplir avec un grand courage et, pour beaucoup, au prix de leur vie une mission dangereuse mais vitale pour la remise en marche du pays.
Nous venons de leur rendre, ainsi qu'à ceux qui tombèrent au combat, qui furent déportés, qui furent fusillés, l'hommage que nous leur devons car ils firent, pour notre liberté et notre protection, le sacrifice de leur vie. La guerre avait truffé notre territoire de millions de mines, d'obus et de bombes qui faisaient chaque jour de nouvelles victimes et paralysaient la reprise des activités. Il y avait urgence.
Le Génie militaire était requis sur le front. Il n'était pas question d'abandonner cette entreprise d'ampleur aux intérêts privés qui avaient, après la 1ère guerre mondiale, très insuffisamment agi et, souvent, privilégié les sites potentiellement rentables. Il n'était pas non plus possible de s'en remettre aux groupes de bénévoles qui s'étaient spontanément formés mais ne pouvaient suffire à l'immensité de la tâche. Il fallait inventer et mettre immédiatement en place un service public capable de s'y atteler avec le maximum d'efficacité.
C'est à Raymond Aubrac, grand Résistant et ingénieur civil des Ponts et Chaussées, qu'en fut confiée la responsabilité. Il avait tout juste 30 ans.
Il a raconté les régions minées où la vie s'était comme figée, les gens qui n'osaient plus sortir de chez eux, les élèves qui n'allaient plus à l'école, les agriculteurs et les bêtes qui sautaient dans les champs.
Il a raconté le recrutement massif de 3 000 volontaires, souvent jeunes, par le Ministère de la Reconstruction ; les formations mises en place à la hâte pour les instructeurs et les démineurs ; les 6 tonnes de plans récupérées dans les archives de la Wehrmacht et livrées par 2 bombardiers ; l'effort de repérage à marche forcée et la pénurie de matériel. Et ces hommes, conscients des risques acceptés, qui avançaient en file, épaule contre épaule, fouillant la terre avec une tige de fer car ils n'avaient, au début, pas de détecteurs et, quand ils sentaient une résistance, grattant le sol à mains nues pour déterrer les engins. Raymond Aubrac a dit aussi la joie de voir la vie reprendre dans un territoire dépollué et désormais sécurisé. Il a dit la peur, bien sûr, car les accidents furent nombreux et très lourd le tribut payé par les démineurs : plus de 500 morts en opération, dont la stèle de la Tour Séquoia garde la mémoire et les noms, et 700 blessés. Mais aussi la fierté de l'énorme travail accompli en deux ans par 1.200 chantiers mobiles qui ont permis la reconstruction et assuré la protection civile.
Jusqu'à sa mort, en 2012, celui qui en fut le jeune chef s'est souvenu de ce monumental chantier et a combattu ces mines anti-personnelles qui déciment les populations civiles, raison pour laquelle il avait rejoint Handicap International.
C'est maintenant à notre tour de ne pas oublier, d'honorer et de transmettre la mémoire de tous les volontaires du déminage qui ont débarrassé nos littoraux et nos sols de ce risque majeur. Ayons pour eux une pensée empreinte de gratitude chaque fois que notre regard effleurera le granit de Bretagne qui conserve leurs noms.
D'autres pollutions qui ne doivent rien à la guerre nous mobilisent aujourd'hui. Elles n'exigent pas de nous ce sacrifice ultime mais une volonté pas moins ferme quoiqu'infiniment moins périlleuse et, dans l'exercice de vos métiers, dans l'accomplissement de nos missions, un sens aigu de l'intérêt général au service de tous les Français car là est la raison d'être du service public.Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 18 mai 2015
Monsieur le Secrétaire général, cher Francis Rol-Tanguy,
Mesdames et Messieurs les représentants de l'Association des Anciens combattants,
Mesdames, Messieurs,
Il y a de cela 70 ans, quelques mois avant l'achèvement définitif de la Libération de la France et la victoire des armées alliées que nous commémorons demain, très exactement le 21 février 1945, une ordonnance signée par le général de Gaulle, Chef du Gouvernement provisoire, créait sous l'autorité du Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme, ancêtre commun de nos deux administrations, une Direction du déminage dont les agents, nos collègues d'antan, allaient accomplir avec un grand courage et, pour beaucoup, au prix de leur vie une mission dangereuse mais vitale pour la remise en marche du pays.
Nous venons de leur rendre, ainsi qu'à ceux qui tombèrent au combat, qui furent déportés, qui furent fusillés, l'hommage que nous leur devons car ils firent, pour notre liberté et notre protection, le sacrifice de leur vie. La guerre avait truffé notre territoire de millions de mines, d'obus et de bombes qui faisaient chaque jour de nouvelles victimes et paralysaient la reprise des activités. Il y avait urgence.
Le Génie militaire était requis sur le front. Il n'était pas question d'abandonner cette entreprise d'ampleur aux intérêts privés qui avaient, après la 1ère guerre mondiale, très insuffisamment agi et, souvent, privilégié les sites potentiellement rentables. Il n'était pas non plus possible de s'en remettre aux groupes de bénévoles qui s'étaient spontanément formés mais ne pouvaient suffire à l'immensité de la tâche. Il fallait inventer et mettre immédiatement en place un service public capable de s'y atteler avec le maximum d'efficacité.
C'est à Raymond Aubrac, grand Résistant et ingénieur civil des Ponts et Chaussées, qu'en fut confiée la responsabilité. Il avait tout juste 30 ans.
Il a raconté les régions minées où la vie s'était comme figée, les gens qui n'osaient plus sortir de chez eux, les élèves qui n'allaient plus à l'école, les agriculteurs et les bêtes qui sautaient dans les champs.
Il a raconté le recrutement massif de 3 000 volontaires, souvent jeunes, par le Ministère de la Reconstruction ; les formations mises en place à la hâte pour les instructeurs et les démineurs ; les 6 tonnes de plans récupérées dans les archives de la Wehrmacht et livrées par 2 bombardiers ; l'effort de repérage à marche forcée et la pénurie de matériel. Et ces hommes, conscients des risques acceptés, qui avançaient en file, épaule contre épaule, fouillant la terre avec une tige de fer car ils n'avaient, au début, pas de détecteurs et, quand ils sentaient une résistance, grattant le sol à mains nues pour déterrer les engins. Raymond Aubrac a dit aussi la joie de voir la vie reprendre dans un territoire dépollué et désormais sécurisé. Il a dit la peur, bien sûr, car les accidents furent nombreux et très lourd le tribut payé par les démineurs : plus de 500 morts en opération, dont la stèle de la Tour Séquoia garde la mémoire et les noms, et 700 blessés. Mais aussi la fierté de l'énorme travail accompli en deux ans par 1.200 chantiers mobiles qui ont permis la reconstruction et assuré la protection civile.
Jusqu'à sa mort, en 2012, celui qui en fut le jeune chef s'est souvenu de ce monumental chantier et a combattu ces mines anti-personnelles qui déciment les populations civiles, raison pour laquelle il avait rejoint Handicap International.
C'est maintenant à notre tour de ne pas oublier, d'honorer et de transmettre la mémoire de tous les volontaires du déminage qui ont débarrassé nos littoraux et nos sols de ce risque majeur. Ayons pour eux une pensée empreinte de gratitude chaque fois que notre regard effleurera le granit de Bretagne qui conserve leurs noms.
D'autres pollutions qui ne doivent rien à la guerre nous mobilisent aujourd'hui. Elles n'exigent pas de nous ce sacrifice ultime mais une volonté pas moins ferme quoiqu'infiniment moins périlleuse et, dans l'exercice de vos métiers, dans l'accomplissement de nos missions, un sens aigu de l'intérêt général au service de tous les Français car là est la raison d'être du service public.Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 18 mai 2015