Texte intégral
Monsieur le Député,
Ce matin j'ai présidé, avec le Premier ministre irakien et le sous-secrétaire d'État américain, une réunion de la coalition contre Daech. Il y avait plus de vingt nations représentées et nous avons fait un bilan lucide, comme vous le faites, de ce qui se passe sur Daech.
Je dis souvent qu'il s'agit de faux religieux et de vrais criminels et qu'il faut les combattre d'une manière implacable. Ce combat, et vous avez raison de le souligner, sera long. Mais il n'est pas question de barguigner sur quelques moyens militaires que ce soient. Dès lors qu'il y a des moyens engagés nous les engageons et, vous le savez très bien, en Irak.
Mais le problème, Monsieur le Député, qui connaissez bien ces questions, c'est qu'il faut une détermination sans faille et s'agissant de la France elle est là. Mais il faut aussi réunir les conditions politiques et chacun ici doit savoir que l'on ne peut pas séparer le militaire du politique. Nous l'avons dit ce matin d'une manière unanime qu'en ce qui concerne l'Irak il faut que le gouvernement irakien ait une pratique inclusive. Ce sont des Irakiens d'abord que viendra la lutte contre Daech.
Et sur la Syrie c'est la même chose, il faut une solution politique. Et la France, et nous n'avons pas besoin de le dire sur les tréteaux, travaille à cette solution politique avec tous, y compris avec la Russie.
Monsieur le Député,
Il ne s'agit pas d'une question de moyens militaires car, lorsqu'il s'agit de défendre la liberté, la France mobilise toujours les moyens qu'il faut. Mais c'est une question de détermination et de création des conditions politiques et croyez que la France est au tout premier rang. Ce n'est pas un hasard, vous en conviendrez, que ce soit en France qu'ait eu lieu ce matin la conférence mondiale de la lutte contre Daech.
Madame la Député, ce matin j'ai co-présidé une réunion internationale de lutte contre Daech. En présence du Premier ministre irakien, nous avons fait un bilan lucide - il faut toujours être lucide - et sans complaisance sur la situation. Il y a eu récemment des revers qui portent les noms que vous avez cités : Ramadi, Palmyre et d'autres cités encore.
Nous avons insisté - ce n'est pas pour enjoliver le tableau - sur le fait que nous savions tous qu'il s'agissait d'un combat de longue haleine.
Nous avons pris un certain nombre de décisions sur le plan militaire et sur le plan politique.
Sur le plan militaire d'abord, le Premier ministre irakien nous a présenté son plan pour reconquérir la région d'Anbar, en particulier Ramadi située au nord de Bagdad. C'est un plan articulé, très précis. Nous avons, avec l'aide des militaires qui étaient là, discuté ce plan et nous l'avons soutenu.
Deuxièmement, sur le plan politique, le Premier ministre irakien s'est engagé à appliquer les mesures dites inclusives qu'il avait proposées dans le passé mais qui, et de loin, n'ont pas toutes été appliquées. Il y a là des mesures qui sont tout à fait indispensables pour que toute la population, à commencer par les sunnites, soutiennent le combat, car si les sunnites ont le sentiment que le gouvernement ne protège pas leur communauté, alors ils n'iront pas au soutien de l'armée et, au contraire, verront une certaine proximité avec Daech qui lui-même est sunnite.
Troisièmement, et c'est quelque chose de tout à fait nouveau, nous avons intégré dans notre plan ce qui concerne les minorités. Vous verrez des décisions sur ce point.
Quatrièmement, la directrice générale de l'UNESCO nous a fait des propositions.
Bref, je crois que c'est une réunion utile, sans concessions. Notre détermination est absolument entière.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 juin 2015