Déclaration de M. Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'État aux anciens combattants et à la mémoire, sur l'exposition "Normandie-Niemen" au Musée de l'Air et de l'Espace, au Bourget le 4 juin 2015.

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Circonstance : Inauguration de l'exposition « Normandie-Niemen » au Musée de l'Air et de l'Espace, au Bourget (Seine-Saint-Denis) le 4 juin 2015

Texte intégral

Monsieur le Vice-ministre de la Défense,
Monsieur l'ambassadeur,
Monsieur le Sénateur,
Madame la directrice du musée de l'Air et de l'Espace,
Monsieur le président de l'Association Mémorial Normandie Niemen,
Messieurs les anciens combattants et leurs familles,
Mesdames et messieurs,
Le 20 juin 1945, il y a 70 ans, un Yak 3, celui qui est exposé ici, atterrissait au Bourget.
A son bord, des hommes du régiment de chasse « Normandie Niemen ». Des aviateurs. Des Français Libres. Des libérateurs.
Ils rentraient du front soviétique où ils avaient vécu, depuis près de deux ans, une guerre pas comme les autres. Celle des airs.
Cette exposition nous raconte plus que l'histoire d'une guerre vue du ciel. Elle nous raconte une véritable aventure.
Une aventure militaire qui commence en 1942, sur ordre du général de Gaulle, qui voit se succéder d'âpres combats, et qui révèle des héros : 4 pilotes sont élevés à la dignité de « Héros de l'Union soviétique » et 21 sont faits Compagnons de la Libération : parmi eux Roland de La Poype, qui nous a quittés en 2012.
Une aventure humaine surtout : 96 pilotes, tous volontaires, vont partager durant 3 campagnes, au nom de la lutte contre le nazisme, le quotidien de centaines de mécaniciens Soviétiques.
Une aventure faite de courage. Celui qu'il faut à des hommes pour quitter leur pays, s'adapter à une langue et une culture qu'ils ne connaissent pas, supporter des conditions climatiques éprouvantes.
Une aventure faite d'esprit de fraternité. Celui qui lia les pilotes français aux mécaniciens soviétiques. Celui au nom duquel nous sommes réunis aujourd'hui, Russes et Français.
Je veux remercier le vice-ministre de la Défense de Russie, monsieur Borisov, et les vétérans russes d'être à nos côtés pour cette inauguration.
Votre présence nous rappelle que nos deux pays, dont les destins ont été liés dans l'horreur de la guerre, ont vu leurs enfants témoigner, dans un même élan, d'abnégation, d'héroïsme et de sacrifices.
Voilà le quotidien de ces aviateurs dont les noms doivent être rappelés aujourd'hui à la mémoire de tous: commandant Tulasne, commandant Pouyade, sous-lieutenant Albert, capitaine Préziosi, lieutenant Marchi. J'aimerais pouvoir les citer tous.
Leur mémoire vit à Moscou, où leurs noms sont inscrits sur une plaque commémorative, scellée sur la façade de la maison de la Mission militaire française.
Leur mémoire vit aujourd'hui ici, dans ce hall du Musée de l'air et de l'espace qui leur est dédié et pour lequel je veux remercier la directrice du musée, madame Catherine Maunoury et l'ensemble des partenaires.
Leur mémoire vit enfin à travers les souvenirs des familles des pilotes et mécaniciens.
Je veux les remercier tous de leur présence, au côté de l'Association Mémorial Normandie Niemen, qui perpétue leur histoire et leurs héritages.
Je veux profiter de cette inauguration, en ces lieux, pour rendre hommage à tous les aviateurs qui, depuis 100 ans, font l'honneur et la fierté de la France.
A ceux qui, en 1914, à bord de leurs Nieuport 10 ou 12, de leur Farman F40 ou de leur Paul Schmitt 7, ont écrit les débuts de l'histoire de l'aviation militaire.
A ceux qui, en 1940, refusèrent la soumission et la barbarie et continuèrent le combat au sein des Forces Aériennes de la France Libre. Je pense à Romain Gary qui résuma son expérience de la guerre en ces termes : « ma France, c'est la France libre ».
Je pense aussi à Antoine de Saint-Exupéry à qui nous devons l'ouvrage Pilote de guerre paru en 1942 dans lequel il livre avec authenticité ses convictions et son idéal de liberté. Je pense enfin à Paul Ibos, du groupe de bombardement « Lorraine », qui s'est éteint le 12 mars dernier.
A celles et ceux qui, aujourd'hui, continuent de faire la fierté de notre armée et expriment leur fidélité à l'égard de leurs aînés, de leur pays et des valeurs pour lesquelles ils se sont engagés.
Oui, l'armée de l'air continue d'écrire l'histoire qui nous est racontée aujourd'hui à travers cette magnifique exposition. En tant que Secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Défense, je ne pouvais venir sans lui rendre un hommage appuyé.
Elle est l'héritière d'unités héroïques, à l'image du régiment de chasse « Normandie-Niemen » dont le nom restera à jamais associé à la grande et belle histoire de la Libération.
Mesdames et messieurs, une épopée comme celle du Normandie-Niemen nous apprend beaucoup. Elle nous dit jusqu'où peut s'exprimer le courage des hommes. Elle nous dit ce que représente l'engagement, jusqu'au sacrifice suprême. Elle nous démontre toute l'importance de l'aviation dans les combats militaires.
Elle nous dit aussi ce que sont les véritables valeurs humaines. Celles qui se lisent à l'aune de cette exposition. Celles dont nos aviateurs d'aujourd'hui ont héritées et qu'ils portent fièrement.
C'est tout l'enseignement que nous tirons du Normandie-Niemen et que nous devons continuer de préserver et de faire vivre à travers des moments comme celui qui nous partageons cet après-midi.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 16 juin 2015