Déclaration de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, sur les relations franco-chinoises, à Rouen le 12 juin 2015.

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Circonstance : Ouverture du Forum Chine-Normandie, à Rouen (Seine-Maritime) le 12 juin 2015

Texte intégral

Monsieur l'Ambassadeur,
Monsieur le Président du conseil régional,
Mesdames et Messieurs, Chers amis,
D'abord, je veux remercier l'ambassadeur de Chine à la fois d'être là ce matin et des mots qu'il vient de prononcer, qui montrent à la fois sa parfaite connaissance de la France et son engagement très fort au bénéfice des relations entre la Chine et la France. Il est vrai que Jeanne d'Arc est l'un des personnages enseignés aux jeunes Chinois. J'avais eu cette discussion avec Deng Xiaoping. Je lui avais demandé quelles sont les personnalités ou les grands événements connues par les Chinois. Il m'avait dit - je ne me rappelle plus de l'ordre : Jeanne d'Arc, le général de Gaulle et la Commune de Paris.
L'année dernière a eu lieu la célébration du cinquantenaire de l'établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays et, comme vous l'avez rappelé Monsieur l'Ambassadeur, beaucoup d'événements, à la fois en Chine et en France, ont commémoré ce moment très important et c'est vraiment extrêmement positif de voir la façon dont se déroulent, dans tous les domaines, les relations entre nos deux pays indépendants, tous les deux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et puissances qui comptent dans le contexte international. Ici, tout le monde a été sensible à votre vision moderne du développement et des échanges.
Je veux vraiment vous remercier pour ce que vous faites et pour la pleine compréhension que vous avez des espoirs de la Chine et de la France.
Monsieur le Président du conseil régional, vous avez souhaité ce forum parce que vous avez une vision juste et un regard aigu à la fois sur les réalités régionales, nationales et mondiales. Je pense que c'est une chance d'avoir à la tête de la région quelqu'un qui a ce triple regard, parce que si l'on veut faire entrer la Normandie d'un pied dans le siècle actuel, il faut porter ce triple regard.
Je suis heureux d'ouvrir avec vous tous ce forum Chine-Normandie. Il y a au moins deux motifs de grande satisfaction. D'abord, la satisfaction quand on regarde le chemin que, Français et Chinois, nous avons accompli ensemble ces dernières années. On parle toujours de partenariat stratégique, mais ce qui compte, ce n'est pas seulement les définitions, c'est le contenu. J'ai pu porter témoignage, pour m'être rendu effectivement souvent en Chine, que cette expression du partenariat stratégique n'est pas, s'agissant de la Chine et de la France, une expression toute faite. C'est vraiment la réalité.
Dans mon domaine, la politique étrangère, il n'est pas de mois sans que je sois au contact avec mon collègue, M. Wang Yi, non seulement pour parler des relations entre nos deux pays mais pour parler de notre regard commun sur la vie du monde. L'autre satisfaction, c'est de voir une région qui m'est chère, qui est la mienne, la Normandie, développer des liens de plus en plus étroits avec la Chine.
Vous rappeliez, Monsieur l'Ambassadeur, que j'ai effectué mon dixième déplacement en Chine depuis trois ans. Je dis d'ailleurs souvent aux autorités chinoises que, heureusement pour elles, je ne viens pas plus souvent, sinon je ne vois pas comment elles travailleraient - et l'année n'est pas finie. Hors Union européenne, c'est d'ailleurs je crois le pays dans lequel je me suis rendu le plus souvent au cours de ces dernières années. Pourquoi ? Pas seulement à cause de la fascination qu'exerce la Chine sur beaucoup d'entre nous, mais parce que la France doit être présente là où se construit le monde de demain. Or, dans la géographie de la puissance, qui est à la fois nouvelle et ancienne - c'est quelque chose qu'on oublie -, la Chine est au premier plan. Le général de Gaulle avait d'ailleurs très bien vu cela.
J'ai repris les quelques mots qu'il avait prononcés lorsqu'en 1964 il expliquait sa décision qui, à l'époque, était extrêmement audacieuse, d'établir des relations diplomatiques avec la Chine. Il disait - c'était un homme qui faisait attention aux mots qu'il prononçait -, il expliquait sa décision par, je cite : «le poids de l'évidence et de la raison». Aujourd'hui, ce sont ces mêmes termes : la raison - on le comprend -, l'évidence, parce que rien de ce qui se fait et se fera dans le monde ne laissera à l'écart la Chine et réciproquement. La Chine est déjà, selon les calculs, la deuxième ou la première puissance économique mondiale, mais quels que soient les calculs, personne n'a de doute sur le fait que bientôt ce rang sera incontestable.
Elle s'engage activement sur la scène internationale. Depuis en particulier la prise de fonction du président Xi Jinping, elle prend l'initiative de nouvelles institutions, ou de nouvelles formes de coopération. Vous avez évoqué, Monsieur l'Ambassadeur, la banque asiatique d'investissements pour les infrastructures dont nous sommes partie prenante, j'y reviendrai. Le thème de cette réunion, les nouvelles routes de la soie, participe de la même approche. Je pense que les organisateurs de cette réunion et, singulièrement, le président de la région ont eu tout à fait raison de donner un coup de projecteur sur les nouvelles routes de la soie. En effet, ce projet a été lancé en 2013 par le président Xi Jinping pour des perspectives nouvelles, non seulement d'une façon générale pour les relations entre la Chine et la France mais en particulier pour la Normandie.
Je pense donc que ce que vous voulez faire aujourd'hui, c'est concrétiser le plus vite possible cette volonté qui est forte des deux côtés. L'initiative des nouvelles routes de la soie est une priorité diplomatique de la Chine qui a été définie par le président Xi Jinping en 2013. C'est une bonne illustration et nous voulons nous appuyer sur ces évolutions que l'on voit en Chine pour renforcer notre partenariat. Alors, réfléchissons ensemble quelques instants : qu'est-ce que cela signifie «les nouvelles routes de la soie ?»
D'abord, sur le plan politique et stratégique, c'est prendre acte du poids nouveau de la Chine dans les relations internationales.
La Chine, dans les décennies précédentes, est assez longtemps demeurée en retrait et elle préférait se concentrer sur son développement intérieur. Mais en définitive, le projet des nouvelles routes de la soie montrent que cette époque maintenant est derrière nous et qu'il y a une confiance nouvelle, un sens des responsabilités et une volonté de peser sur le monde dans une démarche qui est coopérative. Il est probable d'ailleurs que le développement des routes de la soie va conduire la Chine à prendre davantage de responsabilités internationales puisque par définition ces routes se déroulent à l'extérieur. Déjà c'est le cas aujourd'hui en coopération avec la France, notamment en Afrique où la Chine apporte une contribution positive, par exemple à la stabilisation du Sahel - nous sommes bien placés pour le mesurer - et du Soudan.
La Chine joue également un rôle de plus en plus important dans la résolution des crises situées dans le coeur eurasien des routes de la soie. Je pense par exemple au rôle que jouent nos partenaires chinois dans les négociations sur le nucléaire iranien, qui doivent se terminer, normalement à la fin de ce mois ou à l'engagement accru de la Chine en faveur de la paix en Afghanistan.
Par ailleurs, le développement de la route de la soie maritime - il y a une dimension maritime et terrestre - devrait renforcer l'attachement de la Chine à ces deux notions essentielles, que sont la sécurité maritime et la liberté de navigation qui sont des biens communs auxquels la France comme l'ensemble des pays asiatiques est extrêmement attachée.
Je pense que la France est tout à fait bien placée pour accompagner ce mouvement. D'abord, parce que la relation que nous avons établie en 1964 avec la Chine, et qui se traduit aujourd'hui par un dialogue exceptionnel, est inscrite dans la durée. Pour nous c'est quelque chose qu'il faut répandre. Si vous êtes là, c'est que vous aimez la Chine, vous connaissez son histoire mais, autour de nous, il faut bien expliquer que l'émergence chinoise est en fait le simple retour d'un déséquilibre ancien après l'anomalie qu'a constitué le siècle et demi de difficultés dont la Chine a su sortir plus forte. Cette émergence, que l'on appelle parfois une renaissance est un phénomène positif que nous voulons accompagner, dans le monde actuel que je qualifie souvent de «zéro polaire» après une aire bipolaire, l'URSS/États-Unis, une aire courte, unipolaire. Avant que la Chine et la France souhaitent être une multipolarité organisée, nous sommes souvent dans un monde «zéro polaire», ce qui explique que toute une série de crises n'arrivent pas à être résolue. Elles ne sont pas résolues car il y a un manque de régulation et il faut que nous allions, Chine et France ensemble, vers cette régulation.
C'est une des raisons pour lesquelles nous accueillons favorablement l'initiative des nouvelles routes de la soie. De larges parties de l'Eurasie sont en proie à l'instabilité, à la menace du terrorisme international et aux tensions de toutes sortes. Ce projet dans l'analyse que nous en faisons doit pouvoir apporter à terme une contribution importante à la stabilisation de cette zone. De ce point de vue-là, qui est politique et stratégique, l'initiative qui a été prise par le président Xi Jinping en 2013 nous parait positive. Au plan économique ensuite, cette même initiative a été conçue, l'ambassadeur l'a dit en d'autres termes mais c'est la même idée, parce qu'il s'agit d'un projet de coopération économique qui reprend les tracés historiques des routes de la soie terrestres et maritimes pour les redynamiser et créer ainsi de nouvelles opportunités économiques. Comme cette initiative est articulée avec, par exemple, la création de la banque asiatique d'investissement pour les infrastructures, c'est une nouvelle banque multilatérale à laquelle nous apportons notre soutien.
Cette initiative des nouvelles routes de la soie vise notamment à répondre aux besoins d'infrastructures de l'Asie, du Moyen-Orient et de l'Afrique. C'est donc une approche pragmatique mais aussi avec des moyens importants, avec notamment la création en février de ce qu'on appelle le fonds financier de la route de la soie. Pour toutes ces raisons, cette initiative est appelée à se situer au coeur de la stratégie économique chinoise dans les années à venir. Sur ce plan aussi d'économie, qui nous intéresse, la France et ses entreprises, la Normandie et ses entreprises, possèdent des atouts importants.
Historiquement, notre pays a constitué le débouché naturel des routes de la soie. Ensuite, la mutation du modèle de développement chinois offre beaucoup de perspectives à nos entreprises.
Disons les choses telles qu'elles sont : au cours du tournant de la première industrialisation chinoise, la France n'avait pas pris pleinement la mesure de ce qui se passait et c'est une des causes du déséquilibre que nous constatons actuellement dans nos échanges économiques. Il faut essayer de le rétablir, mais par le haut. Aujourd'hui, de façon claire et nette, la France est au rendez-vous de cette nouvelle période de l'économie chinoise.
J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer les perspectives offertes par le marché intérieur que nous souhaitons - Monsieur l'Ambassadeur, vous le savez - encore davantage ouvertes à nos investissements et à nos échanges de toutes sortes. Mais il y a cette autre dimension dont nous allons parler avec le Premier ministre, d'ici quelques jours, lorsqu'il viendra à la fois à Paris, Marseille, à Toulouse. Il y a cette présence sur ce qu'on appelle les marchés tiers.
Les nouvelles routes de la soie vont contribuer à l'internationalisation des entreprises chinoises ; elles ont besoin de partenaires pour de nouveaux marchés. Or les entreprises françaises possèdent des savoir-faire excellents, avec des technologies de pointe, avec une expérience particulière, et c'est le cas singulièrement des entreprises normandes dans des marchés non seulement européens mais aussi africains et asiatiques. Tout cela fait de nous, Chine et France, Chine et Normandie, des alliés naturels avec des atouts qui sont complémentaires.
C'est pourquoi, lors de la visite du Premier ministre français en Chine en janvier dernier, nous avons décidé de faire de la coopération sur les marchés tiers, une priorité et il y aura une déclaration qui devrait être adoptée en ce sens, lors de la visite du Premier ministre chinois à la fin de ce mois avec des projets concrets, répondant aux intérêts économiques des deux pays. Ce sera une traduction concrète de la philosophie qui anime les nouvelles routes de la soie.
Comme il y internationalisation des entreprises chinoises, il y a aussi, vous l'avez dit Monsieur l'ambassadeur, une forte croissance des investissements chinois à l'étranger. Et je veux dire ici ce que le président de la République française a rappelé à de nombreuses reprises, les investissements chinois sont les bienvenus en France.
Nous nous mobilisons pour assurer le succès des projets, pour lever les difficultés s'il y en a. Nous avons des infrastructures logistiques et financières exceptionnelles pour accueillir les entreprises qui souhaitent renforcer leur présence aux débouchés naturelles des nouvelles routes de la soie, et rayonner en particulier vers l'Afrique et le Moyen-Orient.
Nous savons aussi que les routes historiques de la soie, non seulement sur le plan stratégique et économique, mais sur le plan des échanges humains, ont constitué une occasion de rencontres entre nos civilisations. L'initiative qui est prise par la Chine reflète une présence humaine chinoise qui se développe rapidement à travers toute l'Eurasie, et au-delà dans le monde entier. Là aussi, nous sommes pour vous un partenaire privilégié puisque je rappellerai, ce qui n'est pas suffisamment connu, que la France abrite une importante communauté chinoise, qui est la plus ancienne d'Europe et la première par le nombre. Nous avons aussi 50.000 Français, dont 10.000 étudiants qui vivent en Chine et qui forment par exemple la première communauté d'Europe à Shanghai, dont je viens de nommer le consul général français, directeur d'Asie au Quai d'Orsay. M. Lenain, non seulement connait parfaitement la Chine, mais parle très bien le chinois.
Afin de renforcer encore ces échanges, nous avons pris depuis trois ans des mesures importantes pour faciliter la circulation des personnes. Nous avons simplifié de visas et si les chiffres ont bondi, comme vous le rappeliez Monsieur l'Ambassadeur, c'est à cause des mesures que nous avons prises et que vous avez bien voulu accepter.
Je me rappelle un épisode savoureux avec mon collègue allemand, M. Steinmeier qui voyant les chiffres comparés de la progression du tourisme chinois en France et en Allemagne m'a dit - c'est un ami : comment avez-vous fait ? Parce qu'il faut que nous fassions la même chose.» Je lui ai dit : «Mon Cher Frank-Walter, non seulement ce que tu as dit est très bien mais je te demanderai de me l'écrire». Nous avons aussi développé l'accueil des étudiants et jeunes diplômés chinois. Nous prenons toute une série de dispositions en direction des touristes. Par exemple - ce sont des petites choses -, les touristes chinois, maintenant, en arrivant en France peuvent tapoter sur leur téléphone et avoir un mot d'accueil, de bienvenue. On leur indique, en chinois, un numéro de téléphone auquel ils peuvent se référer s'ils rencontrent telle ou telle difficulté.
En tout cas, non seulement les investissements chinois sont très bienvenus en France, non seulement les entreprises chinoises sont très bienvenues en France, mais les touristes chinois sont très bienvenus en France. Ils sont déjà 2 millions aujourd'hui et nous souhaitons en accueillir bientôt 5 millions par an. Vous avez fait un calcul que moi-même qui suit plutôt littéraire de formation j'ai pu suivre. 100 millions : 5 millions par rapport à 100 millions, je me tourne vers le mathématicien qu'à l'origine était Nicolas, cela doit faire quelque chose autour de 5%. 5%, ce n'est pas beaucoup. Si on en souhaite davantage, si c'est possible, je prends. Quand je dis «je prends», comme disait Rimbaud, «je» est un autre ; nous prenons, en particulier la Normandie parce qu'ici nous ne sommes pas du tout chauvins. C'est la plus belle région de France et c'est une région qui plaît à nos amis chinois parce qu'il y a une diversité de paysages, une forte culture, un patrimoine, parce qu'il y a à la fois une proximité avec la Chine et en même temps un dépaysement ; c'est ce qu'on demande lorsque l'on est en visite à l'étranger. Nous accueillons aussi 35.000 étudiants chinois chaque année, ce qui en fait déjà la première communauté étrangère, et nous souhaitons porter ce chiffre à 50.000.
Si je résume : à travers les nouvelles routes de la soie, la Chine retrouve la vocation universelle qui l'a animée pendant des siècles, et participe à la résolution des défis globaux.
Je forme le voeu que les nouvelles routes de la soie soient aussi, Monsieur l'Ambassadeur, des routes de la croissance verte, pas seulement parce ce que nous allons accueillir la COP21 et que je vais la présider, tâche pour laquelle tous les pays ont dit - sur le moment je n'avais pas compris pourquoi : «bonne chance» - maintenant je comprends mieux. Si je souhaite que nous travaillions ensemble, si je souhaite que les nouvelles routes de la soie soient un succès, c'est parce que je sais que dans l'esprit des autorités chinoises, c'est une façon pacifique de s'insérer encore davantage dans la communauté mondiale et c'est essentiel pour la paix et la sécurité du monde.
Avant de conclure, je veux souligner la place que peut et doit jouer la Normandie dans ces grands courants d'échanges qui se mettent en place. La Normandie a toujours été ouverte sur l'extérieur, au point d'ailleurs qu'un certain nombre de peuples en ont profité. Je n'ai pas vu d'ailleurs, Monsieur l'Ambassadeur, dans le fait que vous disiez que la Chine était avec la France le pays qui connaissait le mieux Jeanne d'Arc, je n'ai pas vu dans votre bouche - puisque vous êtes un diplomate averti - une attaque directe par rapport à nos amis anglais mais, après tout, pourquoi pas ? En tout cas, il faut que nous fassions le circuit court. La Normandie a toujours été ouverte sur l'extérieur et elle a un rôle à jouer dans les nouvelles routes de la soie. Pour cela, nous croyons, sans arrogance, que nous avons des atouts importants.
L'histoire, d'abord. Sans remonter aux armateurs dieppois des siècles passés avec leurs navires destinés au commerce avec la Chine, je souhaite évoquer le souvenir du passage en Normandie d'un Chinois illustre : Deng Xiaoping. Il a étudié plusieurs mois au collège de Bayeux en 1920 et 1921. Il faut s'en souvenir. Les Chinois qui ont une mémoire longue, qui viennent aujourd'hui en Normandie sauront s'en souvenir.
Autre atout : la géographie, avec l'ouverture sur la mer. Depuis 1990, Rouen est jumelée avec Ningbo, un des plus grands ports du monde. Haropa, groupement d'intérêt économique qui regroupe les ports de Rouen, du Havre et de Paris, est le premier port d'arrivée en France pour les produits chinois. Et je fais observer à nos amis chinois qu'Haropa a été systématiquement désigné depuis quatre ans par les professionnels asiatiques comme le meilleur port européen. Je vous invite donc, à travers vous Monsieur l'Ambassadeur, à en faire un point d'entrée majeur à la fois de vos exportations vers l'Europe et de vos importations depuis l'Europe.
La Normandie, ce sont aussi des perspectives économiques très importantes, avec beaucoup de filières d'échanges. Je citerai, parmi beaucoup d'autres, le domaine de l'agroalimentaire. Il se trouve que le groupe chinois Biostime a pris une décision judicieuse en investissant dans la laiterie d'Isigny Sainte-Mère, qui, dès cette année, exportera un tiers de son lait vers le marché chinois. Une centaine d'emplois ont déjà été créés, et le développement de toute la micro-région a été favorisé. Il y a d'autres éléments, dans d'autres domaines et vous avez bien compris que nous appelons le maximum d'investisseurs chinois à suivre ce bon exemple.
Sur le plan de l'éducation et des liens humains que je suis en particulier pour nos deux gouvernements, les échanges entre la Normandie et la Chine sont très dynamiques. NEOMA abrite depuis l'an dernier un Institut Confucius, dans lequel les étudiants - qui sont aussi les entrepreneurs de demain - apprennent le chinois. Cette école a également signé, lors de ma dernière visite en Chine, un accord de coopération avec l'Université Nankai de Tianjin - dont je salue le représentant. Désormais, ces étudiants seront imprégnés de la culture chinoise dès le début de leur formation universitaire. Dans le même esprit, des échanges seront développés entre des établissements scolaires de Seine-Maritime et la ville de Shaoxing. Shaoxing est la ville natale du grand écrivain Lu Xun, dont les oeuvres ont eu une influence décisive dans la construction de la Chine moderne : le projet d'organiser les échanges autour de cette grande figure intellectuelle chinoise et de Victor Hugo me semble prometteur.
Enfin, dans le domaine du tourisme, on a donné des chiffres mais, s'agissant de la Normandie, des efforts restent à mener. Nous voulons développer la présence de touristes chinois en Normandie, aujourd'hui encore pas assez nombreux. La majorité des touristes chinois qui se rendent en France visitent surtout la capitale ; il est vrai que c'est magnifique mais, au-delà, notre pays regorge de destinations exceptionnelles. La Normandie en fait partie : ses atouts sont très nombreux. Nicolas Mayer Rossignol a cité l'impressionnisme, qui est né dans cette région. On peut citer le Mont-Saint-Michel. On peut citer énormément de merveilles et nous sommes résolus - je sais que c'est la volonté de la région de mettre davantage encore ces atouts en valeur. Je salue donc les initiatives positives prises en ce sens par la région comme, dernier en date, le «train de l'impressionnisme» mis en place en avril dernier, qui relie Paris à la côte normande. J'espère que les touristes chinois, qui je le sais sont amateurs d'art, seront nombreux à emprunter ce train et que des entrepreneurs chinois, français, des universitaires, des créateurs de toute sorte, favoriseront les échanges humains qui sont très prometteurs.
Monsieur l'Ambassadeur,
Monsieur le Président,
Chers amis,
Vos discussions d'aujourd'hui porteront donc sur un sujet riche en perspectives nouvelles pour les relations franco-chinoises. Je sais que tous ceux qui sont ici partagent certainement ma conviction que ces nouvelles routes de la soie ont vocation à être aussi des routes franco-chinoises et franco-normandes. Je vous souhaite donc à tous un très bon voyage sur ces chemins, qui sont à la fois anciens et nouveaux, qui sont à explorer. Je souhaite, Monsieur l'Ambassadeur, Mesdames et Messieurs nos amis chinois, un fort développement aux liens entre la Normandie et la Chine et je souhaite très longue vie à l'amitié profonde entre la Chine et la France.
Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 juin 2015